Entretien avec… Cédric Hengbart : «Une convocation en équipe de France, ce serait un grand plaisir»

Foot Mercato : Tout d'abord Cédric, comment évolue votre blessure à la cuisse contractée face à l'Ajax Amsterdam en Coupe d'Europe ?

Cédric Hengbart : Ça va, ça suit son cours. Je ne suis qu'au début de ma blessure donc je fais beaucoup de soins, je ne fais pas encore beaucoup d'exercices.

FM : La possibilité que vous soyez de retour pour le match décisif face au Milan AC en Ligue des Champions existe-t-elle ?

CH : On va tout faire pour. Maintenant, on ne va prendre aucun risque, mais s'il y a une petite chance, on va essayer de la saisir. Normalement, ça va être limite, mais on va essayer pour Milan. Sinon, ce sera 3 ou 4 jours après.

FM : On peut dire que cette blessure arrive au mauvais moment, étant donné que vous avez été préconvoqué en équipe de France...

CH : Oui, c'est clair que ça tombe au mauvais moment, mais si ça se trouve je n'aurais pas été convoqué. C'est sûr qu'il y a beaucoup de matches intéressants durant ce mois de novembre, mais c'est comme ça, ça fait partie du jeu.

FM : On dirait que vous croyez de plus en plus à l'équipe de France...

CH : Oui, parce que beaucoup de gens m'en parlent, et de plus en plus. J'avais déjà été préconvoqué avant les matches contre le Luxembourg et la Roumanie même si ça ne s'était pas su. Cela montre que ce que je fais est bien, et je suis dans l'optique d'encore plus progresser, de montrer que je peux être aussi régulier que je l'ai été jusqu'à aujourd'hui. Ce serait une fierté pour moi d'être un jour appelé en équipe de France. Même une fois, ce serait une très, très grande fierté.

FM : Vous vous êtes bien relancés en Ligue des champions face à l'Ajax, croyez-vous encore la qualification pour les 8es de finale possible ?

CH : On y a toujours cru, avant le match de l'Ajax on savait qu'on avait deux matches à domicile très importants, si on arrivait à gagner les deux on se relancerait complètement. On en a réussi un, et on a une nouvelle finale contre le Milan AC. Si on arrive à gagner et que le Real Madrid accroche l'Ajax, on passerait devant les deux avant le dernier match donc tout est possible. Nous, on y croit. Maintenant, c'est quand même le Milan AC, et on connaît leur expérience à ce niveau-là. On sait que ce ne sera pas facile.

FM : Qu'est-ce qui vous a manqué sur les trois premiers matches de C1 ? C'est un manque d'expérience ?

CH : Oui je pense que c'est ça, un manque d'expérience sur certaines phases de jeu, on était peut-être un peu trop sur la pointe des pieds. Peut-être que la réussite nous a fuis, on n'a pas été décisifs à certains moments et c'est ce qui fait la force des grandes équipes. Face à l'Ajax à domicile on s'est lâché un peu plus, on a pris le jeu à notre compte et ça nous a réussi.

FM : Vous découvrez la Coupe d'Europe à 30 ans, directement par la Ligue des champions, c'est comme vous l'imaginiez ?

CH : Oui c'est exactement pareil. La Champion's League, c'est des grandes équipes, et c'est vrai que de la vivre de l'intérieur c'est encore plus beau. Il y a cet engouement autour, les grands joueurs contre qui on joue, la médiatisation... C'est extraordinaire à vivre et je souhaite à tout footballeur de vivre ça.

FM : Vous aviez pour objectif de récupérer le maillot de Cristiano Ronaldo. Mission accomplie ?

CH : (Rires) Non je n'ai pas réussi, mais j'ai récupéré celui de Di Maria, c'est déjà bien. Il y a un match retour, on verra bien, mais l'important avant de récupérer les maillots c'est de faire des résultats face à ces équipes-là. Et puis, on aura le temps à la fin du match de les récupérer.

FM : La Coupe de la Ligue, c'est un véritable objectif pour l'AJ Auxerre cette saison ?

CH : C'est un challenge intéressant. J'ai déjà été une fois en finale de la Coupe de la Ligue au Stade de France avec Caen (en 2005, face à Strasbourg (1-2), Ndlr) et quand on a un peu goûté aux finales et au Stade de France, on a envie d'y retourner. En plus, je n'avais pas joué, j'étais remplaçant. J'aimerais bien en jouer une et gagner. Avoir un palmarès c'est toujours sympa.

FM : Quel regard portez-vous sur la première partie de saison auxerroise en Championnat ?

CH : Elle a été bonne au niveau du jeu, un peu moins au niveau des résultats. Peut-être qu'à cause de la Ligue des champions, mentalement on était moins sur le Championnat, et les efforts qu'on faisait en Ligue des champions nous ont desservis en Ligue 1. Après, on a essayé de produire du jeu, on n'a peut-être pas eu de réussite à certains moments. Là, on en a un petit peu plus, mais je pense que vu le Championnat serré, on fait un bon début. Il faudrait qu'on arrive encore à accrocher une ou deux victoires de suite pour pouvoir vraiment bien se replacer. Mais bon, c'est vrai qu'on a raté quelques matches à cause de la Ligue des champions, ça c'est sûr.

FM : Comment expliquez-vous qu'Auxerre a eu autant de mal à s'imposer à domicile cette saison ?

CH : Peut-être par la fatigue physique. Nos fins de matches sont toujours un peu délicates, même en ce moment. On arrive à bien tenir une heure, à mettre beaucoup de rythme et à chaque fois les fins de matches sont plus difficiles. Donc peut-être qu'à cause de ça, la concentration est un petit peu moindre et à chaque fois on se fait remonter. On a donc essayé de rectifier le tir depuis et je pense que c'est pas mal, même si à Sochaux on s'est fait remonter. Mais bon, c'était quand même une belle équipe de Sochaux qui avait de bons résultats chez elle. Je pense donc que c'est surtout dû à la fatigue.

FM : C'est au moment où vous avez le plus de blessés et quand les matches s'enchaînent que vous êtes les plus performants. N'est-ce pas un peu paradoxal ?

CH : Oui, mais il y a eu la fraîcheur physique et mentale de ceux qui jouent un petit peu moins. Ils apportent un petit coup de boost, de folie, dans notre jeu offensif. Voir ce que les joueurs qui jouaient moins et qui ont leur chance aujourd'hui nous apportent, je pense que c'est qui fait la force du groupe de l'AJ Auxerre : le groupe. Même quand certains ne sont pas là, on arrive à faire des résultats, donc c'est une bonne chose.

FM : Un des joueurs qui en profite et que l'on commence à découvrir est Frédéric Sammaritano, qui marche sur l'eau actuellement. Êtes-vous surpris ?

CH : Il y a toujours des périodes de réussite dans une carrière et Fred travaille beaucoup. Quand il est arrivé, il n'a pas beaucoup joué ce qui n'est pas toujours facile, alors qu'il jouait tous les matches à Vannes. Il n'a rien dit, il a continué à travailler en attendant son moment, et aujourd'hui il nous apporte toute sa fraîcheur, tout son culot et ça réussit, donc tant mieux. Plus il va jouer des matches de haut niveau, meilleur il sera. Parce qu'il aura plus d'espaces, et ça, joue un peu moins physique et plus technique. C'est davantage son domaine.

FM : Anthony Le Tallec s'est blessé assez grièvement (luxation de la cheville, Ndlr). Avant cela, il semblait avoir du mal à s'intégrer au système de jeu d'Auxerre. Comment expliquez-vous cette difficulté d'adaptation ?

CH : On en a pas mal parlé avec lui, c'est un joueur qui aime être devant le but, qui aime beaucoup marquer et c'est vrai qu'au poste où le coach le faisait jouer, il devait beaucoup courir. Ce dont il n'avait peut-être pas l'habitude. Physiquement il a un peu peiné et il a peut-être eu un manque de lucidité quand il arrivait devant le but et je pense qu'il se cherchait un peu par rapport à ça. Mais c'est un garçon intelligent et qui travaille pour l'équipe. Au bout d'un moment, ça aurait fini par payer. Malheureusement, la blessure a changé la donne, mais je pense que quand il va revenir, il va revenir plus fort.

FM : Il y en a un qui s'est parfaitement intégré au milieu, c'est Delvin Ndinga. Qu'en pensez-vous ?

CH : C'est un jeune qui a beaucoup de qualités et c'est vrai qu'il joue tous les matches. Enchaîner les matches c'est bien, ça lui permet de prendre confiance. Il a beaucoup de talent, il lui manque encore pas mal de choses pour aller dans un grand club mais il apprend, il est à l'écoute et il progresse de jour en jour.

FM : Vous avez pris pour habitude de marquer des buts décisifs, on pense bien sûr à ces deux buts à Sochaux lors de la dernière journée la saison passée, ou ce but face au Zenit Saint-Petersburg en barrage de la Ligue des champions. Quelle a été la plus forte émotion pour vous ?

CH : Le dernier but à Sochaux, parce que c'étaient les dernières minutes, et je savais que le match était quasiment fini, que si on marquait on était 3e donc c'était important. Alors que le Zenit, je marque au début, il reste encore tout un match. L'émotion, on l'a sur le moment, mais après il faut tout de suite de reconcentrer. Sochaux, ça conclut toute une saison magnifique de tout un groupe, une belle aventure tous ensemble.

FM : Après cette belle et grande saison, avez-vous eu des offres ?

CH : Non, je n'ai rien eu. On n'a pas spécialement cherché, j'avais encore deux ans de contrat à l'AJ Auxerre en ayant pour objectif la Champion's League. Je n'étais pas spécialement demandeur. Maintenant, peut-être qu'en fin de saison la donne va changer cette année.

FM : Il parait que la Liga espagnole vous attire...

CH : Oui, j'aime bien regarder le Championnat espagnol parce que c'est du football offensif, ça joue au ballon, c'est technique. C'est un plaisir de regarder ça à la TV. J'aimerais découvrir autre chose et à mon âge... J'ai fait la Champion's League, j'aimerais peut-être la découvrir avec un autre club européen.

FM : Vous aurez peut-être l'occasion de briller le 8 décembre prochain à Madrid face au Real...!

CH : Oui, c'est vrai que j'aimerais bien ! (Rires)

FM : Comment expliquez-vous les très bons résultats d'Auxerre avec peu de moyens ? Qu'est-ce qui fait votre force ?

CH : Une remise en question permanente, je pense. Certains clubs se pensent déjà arrivés en Ligue 1, et en L1, il faut sans cesse recommencer, se remettre au travail. A l'AJ Àuxerre, il y a une humilité qui fait qu'on démarre en se disant qu'on va jouer le maintien, que la saison va être difficile. Mentalement, on est prêt à affronter les moments difficiles. À chaque début de saison, c'est un peu difficile, mais on se relève tout le temps. Je pense que c'est ça qui fait la force du club.

FM : Vous n'avez pas encore marqué cette saison en Championnat, alors que l'avez fait 5 fois l'année dernière. Inquiet ?

CH : (Rires) Non pas du tout, ce n'est pas une obsession. J'ai marqué il n'y a pas longtemps contre Bastia (en Coupe de la Ligue, Ndlr). Pour moi, le but, c'est que l'on fasse le meilleur match possible et faire un maximum de passes décisives m'irait aussi bien.

FM : Quel est le joueur qui vous a posé le plus de soucis cette saison en Championnat ?

CH : Je dirais (Eden) Hazard, peut-être. J'apprécie énormément son jeu, je pense qu'il peut aller très, très haut. Il a très grosses qualités. C'est le joueur qui m'a le plus marqué.

FM : Enfin, que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

CH : Une convocation en équipe de France, ce serait un grand plaisir. Et puis, une qualification pour les huitièmes de finale de Champion's League avec l'AJA, ce serait énorme !