Maxime Estève, Burnley : « mon rêve, c’est de jouer pour un club du top 6 en Angleterre »
À 22 ans, l’ancien joueur de Montpellier, Maxime Estève brille du côté de Burnley en Championship. Avec plus de 45 rencontres disputées et une défense qui n’a encaissé que 15 buts, il figure dans le XI type de la seconde division anglaise. Le défenseur actuel des Clarets a accepté de se livrer à Foot Mercato. Entretien.

Foot Mercato : pourquoi as-tu fait le choix de rejoindre l’Angleterre en janvier 2024 ?
Maxime Estève : à Montpellier, je ne me sentais plus très bien pour diverses raisons, je ne me sentais plus trop bien dans l’ambiance de travail, au club. Et moi, ça a toujours été mon rêve de jouer en Angleterre. Mon agent m’a envoyé un message en me disant que Burnley était potentiellement intéressé. Il est revenu début janvier en me disant qu’il y a le coach Vincent Kompany qui voulait me parler. Donc, un soir, je reçois un appel d’un numéro inconnu et c’était le coach Kompany. Donc on a discuté une bonne vingtaine de minutes. J’avais vu la situation de Burnley qui était délicate, mais bon, je voulais vraiment rejoindre l’Angleterre. Il m’a dit une phrase qui m’a marqué, c’est que tu joues des quarts de finale de Ligue des Champions tous les week-ends en Premier League. Donc après, les discussions se sont faites. Il y a eu une belle offre qui est arrivée sur la table de Montpellier. Dès que le rendez-vous était terminé, j’avais appelé mon agent. Je n’avais même pas demandé les chiffres, le salaire, etc. J’ai dit, on y va. Je sais que ça suivra, il n’y a pas de souci. Je veux à tout prix y aller.
«J’espère que Vincent Kompany fera une grande carrière de coach»
Foot Mercato : tu as été coaché par Vincent Kompany dès ton arrivée à Burnley l’an dernier, il est parti au Bayern cet été, quel souvenir gardes-tu de lui ?
ME : un très bon souvenir. Son discours, c’était « moi, j’ai été défenseur, je vais t’apprendre des choses ». Il me prenait directement dans son bureau. Il me donnait certains petits conseils sur le placement, sur comment défendre dans certaines situations. C’était un gain de temps et un gain d’expérience. Et quand tu écoutes les conseils de Vincent Kompany à ton poste, c’est du pain béni pour toi. De plus, c’est un coach qui n’a pas arrêté sa carrière, il y a très longtemps. Donc, en fait, il arrive vraiment à se mettre à la place du joueur. Et ça, je trouve ça hyper intéressant. En plus, il a des idées de football moderne. Franchement, je ne suis pas étonné qu’il soit parti au Bayern. J’espère qu’il fera une grande carrière de coach.
Foot Mercato : comment s’est déroulée ton adaptation dans un nouveau pays, championnat si jeune ?
ME : je ne parlais pas bien anglais au début, c’était compliqué. Il y a le Covid qui est arrivé avant. Donc mes années de lycée, c’est comme si elles avaient été sautées parce qu’on était en contrôle continu. Donc l’anglais, je ne l’ai pas pratiqué. Parce que c’était à la maison, il n’y avait pas de cours. Je suis arrivé, j’avais des bases, mais très standards, scolaires. Donc je suis arrivé avec un retard. Mais l’avantage, c’est que beaucoup parlaient français. Vincent Kompany parle français. Il y avait beaucoup de Français dans l’effectif, des Belges qui parlaient français, des Suisses qui parlaient français. Donc, en fait, ça m’a aidé à m’intégrer. Ce qui m’a aussi aidé à vite m’intégrer, c’est que j’ai joué directement. Quand tu joues, c’est tout de suite plus facile parce que tu as des discussions avec les cadres de l’équipe qui sont forcément forcées par le jeu. Donc l’intégration était beaucoup plus rapide.

Foot Mercato : tu arrives à Burnley dans une équipe qui descend directement de Premier League en Championship, tu pensais déjà à potentiellement jouer en Championship la saison d’après ?
ME : en fait, quand tu signes à Burnley avec 12 points en Premier League, tu fais un plan de carrière. Tu as plus de chances de descendre que de rester en Premier League. Il faut réfléchir, se dire, bon, est-ce que tu es prêt à jouer en Championship ? Oui et non. Quand tu es à Burnley en Premier League, tu es dans une équipe plutôt dominée. Et quand tu es Burnley en Championship, tu es dans une équipe dominante. En fait, les équipes te voient un peu comme les favoris et te laissent le ballon. Et moi, j’avais vraiment ciblé un axe de progression qui était avec le ballon. Cette année, j’ai touché 70 à 80 ballons par match. C’est une différence immense. C’est vraiment à cet endroit-là que je voulais progresser, c’était dans mes plans.
«Mon but, c’est de devenir un joueur de Premier League affirmé»
Foot Mercato : tu figures dans le XI type de Championship dès ta première saison à 22 ans, quels sont les secrets de cette réussite ?
ME : ce sont surtout beaucoup de discussions avec le coach. Il m’a vraiment fait comprendre de ce qu’il attendait de moi, les responsabilités qu’il voulait me donner, l’importance que j’allais avoir dans le vestiaire et au sein de l’équipe. Quand tu me donnes des responsabilités, moi, je prends confiance et je me rends compte de l’importance que je peux avoir dans l’équipe. De fil en aiguille, les matchs avancent et la confiance grandit. Tu fais de plus en plus de clean sheets. Tu te rends compte que ça parle de plus en plus du côté défensif de l’équipe qui commence à être assez exceptionnel. Quand tu mets tout bout à bout, il y a plein de choses qui sont hyper positives et forcément ta confiance grandit. Ça commence à être top ce qu’on est en train de faire. Je me sentais de mieux en mieux physiquement. J’ai aussi travaillé énormément en dehors du terrain, d’un point de vue vidéo. J’ai vraiment essayé de tout mettre en œuvre hors terrain pour faire en sorte que la saison se passe bien. Et ça s’est passé comme je le voulais.
Foot Mercato : vous avez encaissé seulement 15 buts en 45 matchs c’est juste dingue comment tu expliques ça ?
ME : c’est assez fort, franchement. On est à 30 clean sheets cette saison, il n’y a qu’une seule équipe qui a fait ça en Angleterre, c’est Port Vale en 1954. Si on fait un clean sheets ce week-end, on sera à 31 et on rentrera encore plus dans l’histoire. On ne se focalise pas du tout sur ça, mais ça serait un bon chiffre à atteindre. C’est incroyable quand tu vois 30 clean sheets en 45 matchs. Franchement, ça a été une saison exceptionnelle du point de vue défensif. Après, je ne dis pas qu’on fera la même chose en Premier League parce que c’est un autre monde, mais il faut aussi se rendre compte de la saison qu’on a fait défensivement.
Foot Mercato : tu as marqué de ton empreinte cette saison de Championship le prochain objectif c’est de faire pareil en Premier League l’an prochain ?
ME : tout à fait, j’ai plus de confiance, je me sens beaucoup mieux, beaucoup plus responsabilisé, donc j’attaquerai la saison en étant confiant, en me disant que dans tous les cas, on a tous deux bras, deux jambes. C’est onze humains contre onze humains. Mon but, c’est de devenir un joueur de Premier League affirmé, donc ça doit passer par là. Donc c’est à moi de montrer que j’en suis largement capable de m’imposer et d’être bon dans ce championnat, tout simplement. Donc oui, c’est un step important pour moi, mais je vais tout mettre en œuvre pour que ça se passe bien aussi de la même façon.

Foot Mercato : que penses-tu du niveau de la Championship ? Ça peut rivaliser avec la Ligue 1 ?
ME : je pense que les 6 premiers de Championship pourraient se situer dans une bonne tranche haute du championnat de Ligue 1. Leeds, nous, peut-être Sheffield United, West Bromwich, Sunderland ce genre de clubs, je pense que ça se situerait sûrement dans le top 10 de Ligue 1, je pense. La tranche haute de la Championship ne serait pas ridicule en Ligue 1, mais je pense que la tranche basse ça jouerait vraiment le maintien par contre.
«J’espère que Montpellier remontera l’année prochaine»
Foot Mercato : tu es un joueur formé à Montpellier, quel regard portes-tu sur la triste saison que le club réalise en ligue 1 cette année ?
ME : j’ai suivi quasiment tous les matchs, j’ai dû en rater un ou deux en direct, parce que je jouais en même temps. Forcément, c’est triste pour le club, c’est triste même pour les joueurs, parce qu’il faut aussi penser aux joueurs, parce que ce n’est pas ce qu’ils voulaient. Les gens tombent sur les joueurs, mais on est tous des êtres humains et une saison comme ça, ça peut arriver dans une vie. C’est un club pour moi qui est quand même historique en France, c’est un très beau club français, donc des fois ça fait pas non plus de mal de descendre d’un étage pour mieux remonter, et par la suite aussi se rendre compte des erreurs que le club a pu faire. J’espère qu’ils remonteront l’année prochaine. Après, petit message aux supporters de Montpellier, là, je pense que ce ne sera pas une saison facile, les gens se disent: « tiens, on va en Ligue 2, on va tout casser, ça va être facile ». Ce n’est absolument pas le cas, les gens se disent, « c’est sûr, l’année prochaine, on fait aller-retour, etc». Ce n’est pas facile du tout, tu as des belles équipes en Ligue 2, et puis les gens vont vouloir battre Montpellier, parce que c’est une équipe qui descend, donc ça va être compliqué.
Foot Mercato : tu es toujours en contact avec des joueurs du club ?
ME : j’étais un peu plus proche des jeunes quand j’étais là-bas, je parle toujours avec Enzo Tchato, Khalil Fayad, Théo Sainte-Luce même avec Christopher Jullien aussi, des fois, on discute aussi. Eux, ils sont dégoûtés de la situation, je pose des fois quelques questions, après les matchs, on débriefe, je suis toujours comme un supporter. La dernière fois, j’avais des jours off, je suis descendu à Montpellier voir le match, bon malheureusement, je suis tombé sur le pire match, je suis allé voir contre Saint-Etienne, où il y a eu l’invasion des supporters. Je reste en contact même avec des gens du club, des kinés, des personnes très compétentes.

Foot Mercato : as-tu un club de rêve que tu aimerais rejoindre dans ta carrière ?
ME : je n’ai jamais été vraiment un fan d’un club quand j’étais petit. J’étais plus fan de certains joueurs, mais pas fan d’un club. Juste moi, j’ai rêvé d’Angleterre vraiment quand j’étais petit, je regardais que ça, quasiment que ça à la télé. Mon joueur préféré, c’était Gareth Bale quand il jouait à Tottenham à l’époque. Parce que quand j’étais petit, j’étais ailier gauche, latéral gauche. Mon rêve, c’est plus de jouer pour un club du top 6 en Angleterre. Mais je n’ai pas un club où je te dirais, mon rêve, c’est d’aller là-bas.
Foot Mercato : as-tu des joueurs qui t’inspirent actuellement à ton poste ?
ME : il y a un joueur que j’aime beaucoup en Premier League, il n’y a pas toute la terre qui en parle, c’est Micky van de Ven, le central de Tottenham. Il va très vite et je l’aime bien, parce que j’ai l’impression que j’ai un peu les mêmes qualités de vitesse, même s’il va beaucoup plus vite. Je m’inspire de lui, car c’est un joueur qui a à peu près le même profil que moi. J’essaye vraiment de regarder les centraux gauchers, parce qu’il y en a un peu moins, c’est un peu plus rare.
«Jouer pour son pays, c’est toujours top, c’est toujours une fierté»
Foot Mercato : l’été dernier, il y avait les Jeux Olympiques en France, tu n’as pas pu y participer. Est-ce que tu as aujourd’hui des regrets de ne pas avoir fait partie de l’aventure ?
ME : non, je ne suis pas quelqu’un qui a des regrets dans la vie, c’est-à-dire que, pour moi, si ça doit arriver, c’est comme ça. En fait, il y a eu un blessé, un défenseur central suédois qui a été blessé, et le club, à ce moment-là, n’avait pas de coach, ils allaient nommer le coach Scott Parker, qui est à l’heure actuelle notre coach. À ce moment-là, il n’y avait plus de défenseurs, ou très très peu, et le club m’a appelé, m’a dit: « écoute, Max, il y a un nouveau coach qui va être nommé, le coach, il a besoin de voir tout le monde, même si toi, il te connaît déjà, il compte sur toi, mais voilà, il aimerait bien qu’il y ait tout le monde, il ne peut pas s’opposer au fait que tu ailles aux JO, mais le club aimerait bien que tu sois là ». Il fallait que je reste, donc pas de regret, j’ai néanmoins suivi ça, j’ai regardé tous les matchs.
Foot Mercato : il y a l’Euro espoirs cet été, tu es potentiellement sélectionnable, c’est un objectif d’y participer ?
ME : je suis potentiellement sélectionnable, on verra bien si je suis dedans ou pas, ce n’est pas moi qui décide. Jouer pour son pays, c’est toujours top, c’est toujours une fierté. On verra bien ce qui se passe, j’essaie de faire tout mon possible vis-à-vis de la saison que j’ai pu faire, et puis après, si j’y suis tant mieux et si je n’y suis pas tant pis ce n’est pas moi qui décide.
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