Ligue 1

OM : ce que pensent les supporters de Jorge Sampaoli

Adulé en début de saison, Jorge Sampaoli a pu entendre son nom légèrement sifflé lors de l'annonce des compositions d'équipe contre Bâle ce jeudi. Comment en est-on arrivé là ? Que pensent les supporters de l'OM d'El Pelado ? Foot Mercato en a rencontré quelques-uns.

Par Constant Wicherek
6 min.
Jorge Sampaoli à l'entraînement @Maxppp

Après la défaite contre l'AS Monaco, dimanche dernier (0-1), les travées du Vélodrome ont commencé à gronder. Les joueurs, Jorge Sampaoli, tout le monde y est passé. Face à Pablo Longoria, mardi, ils ont réexpliqué leurs critiques. Ce jeudi, contre le FC Bâle, le nom d'El Pelado a été relativement sifflé par le virage sud...

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Lui, se dit prêt à rencontrer les supporters s'ils le veulent et si le président lui demande, évidemment. Mais comment en est-on arrivé là alors que l'idylle semblait prendre forme en début de saison ? Que l'OM est encore en lice en Conference League et surtout toujours bien placé pour se qualifier pour la prochaine Ligue des Champions (3e)?

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Loin des paroles du début

Foot Mercato est parti à la rencontre des supporters du club marseillais pour essayer de comprendre comment ce désamour est arrivé. « Déjà, son arrivée est en grande pompe, on est curieux, impatients de voir. On n'est pas exigeants les premiers mois, on comprend que son effectif est bancal, cela a joué sur sa capacité à motiver les joueurs. Le début de saison est plutôt bon, tu prends des buts, tu en marques beaucoup, il y a de la folie offensive. Tu vas au stade avec beaucoup, beaucoup, beaucoup d'allant. Les avants matches contre Saint-Étienne, Bordeaux, le PSG, sont vraiment chauds. Les matches sont chauds aussi, il y a une vraie alchimie autour de l'équipe. On se dit qu'on va retrouver un jeu offensif, une volonté d'être actifs durant les matches. Petit à petit il y a des renoncements, plus ou moins évidents, plus ou moins visibles. On se questionne sur sa capacité à supporter l'OM, le championnat qui est particulier. On traîne un peu les pieds pour aller au stade. Mais on reste derrière lui. On se dit qu'il n'est pas là depuis longtemps, qu'il enchaîne les matches, qu'il y a des nouveaux », commence par expliquer Benjamin.

Mais, justement, ce qui semble poser problème, c'est que le coach a vite changé de façon de penser et de jouer. « Le principal reproche que je lui fais et que j'entends, c'est qu'il a commencé à jouer d'une certaine manière, que dans ses prises de paroles il évoquait une manière de faire, qu'il regardait plus la surface adverse que la sienne. Mais progressivement il s'en est éloigné avec un jeu de possession outrancière qui vise à ne pas prendre de buts qu'à en marquer, donc l'animation défensive est défaillante », développe quant à lui Marwen, abonné au stade.

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Les supporters ont été fiers de regarder la Lazio dans les yeux

Est-ce que les rapports évoqués de filiation entre lui et Bielsa ont joué ? C'est en tout cas l'avis de Benoit, éducateur et dirigeant du CA Gombertois (13e arrondissement de Marseille) : « on a beaucoup rapproché Bielsa et Sampaoli, mais Bielsa est animé par des notions d'éthique et de respect du public. Pour lui, le supporter quand il vient, l'équipe a un devoir de rendu sur le terrain en termes de spectacle. Sampaoli, ce n'est pas ça. Par exemple, sur le fair-play de l'entraîneur de Qarabag, il avait dit que lui ne le ferait pas, alors que Bielsa l'aurait fait. On considère que dans le processus d'apprentissage, l'erreur est importante. Avec Sampaoli, on a l'impression qu'il ne leur laisse pas de marge de manœuvre là-dessus. On le voit le dire aux joueurs, mais parfois j'ai l'impression qu'il ne croit pas en ce qu'il dit ».

Malgré tout, tout n'est pas mauvais et tous les avis sont dans la nature. « On lui reproche quoi exactement ? De vouloir nous ramener en Europe ? La grande, pas celle qu'on joue là. Il ne faut pas oublier le contexte dans lequel il est arrivé, la Commanderie brûlait, il est arrivé en pompier et nous a qualifié pour la Ligue Europe. Quel entraîneur nous a permis de dire, malgré les mauvais résultats "on a tenu tête à la Lazio ?" Pas grand monde depuis quelques années », avance Julien, abonné au Virage Nord.

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« Un coup de canif dans le contrat »

Pour autant, c'est surtout le doute qu'il instille qui semble gêner nos interlocuteurs. « Cette volonté de contrôle résume le fait qu'il est peureux et qu'il a transmis cette peur aux joueurs qui ne prennent plus de risques », explique Marwen, rejoint par Benoit : « je ne suis pas expert en jeu de position, donc je suis mal placé pour en parler, mais son école, ce contrôle qu'il veut avoir... L'approche qu'il a, conserver le ballon pour ne pas être en danger et mener une guerre psychologique, ça traduit juste quelqu'un qui a peur, qui n'a pas confiance. Guardiola, avec son jeu de position élaboré, va travailler à limiter les temps de possession. Parce que ce n'est pas le but, mais le moyen. Le foot que défend Sampaoli, c'est quelque chose qui inhibe les joueurs, un Guendouzi qui va se projeter et quand il est dans la zone de finition, il ne prenait pas sa chance et ce n'est pas le seul. On a l'impression que c'est un comportement induit par Sampaoli lorsqu'il les entraîne et les éduque à travers son discours ».

Benjamin va encore plus loin et se sent complètement trahi. « Là, depuis quelques semaines, on est sûr de la trahison, coup de canif dans le contrat. On retrouve ce sentiment de honte, cette non-envie de voir l'OM jouer. On est passé par pas mal de sentiments, mais là, c'est de la déception, de la trahison, on a l'impression d'avoir tout changé et qu'on est au même point de Michel, de la fin de Villas-Boas, de la fin de Rudi Garcia. C'est arrivé rapidement. Globalement, on est fatigué, on a l'impression que la saison a commencé il y a dix ans. C'est usant. Quand je discute avec les collègues, il y a cette idée qu'on y a cru, qu'on s'est laissé hypé, la Ligue 1 est très ouverte. On aurait pu avoir de l'aisance », souffle-t-il, avant de conclure et d'inclure le président dans ses propos.

« Comme si on était les Girondins de Bordeaux... »

« Il y a eu beaucoup de renoncements et de mensonges comme lorsque l'entraîneur et le président ont dit qu'ils voulaient une équipe qui ressemble à la ville. Alors que c'est une équipe patiente, réfléchie, qui pose les pour et les contres, comme si on était Bordeaux, qu'on mettait le pull sur les épaules... Ici on est dans l'excès, on en veut toujours plus et ce n'est pas ce qu'on retrouve avec cette équipe », s'amuse-t-il.

Depuis deux rencontres, l'allant offensif est quand même revenu et il ne reste plus beaucoup de matches à Sampaoli pour atteindre ses objectifs, à savoir une qualification pour la Ligue des Champions. Le jeu est revenu, mais pourra probablement attendre. C'est comme ça que conclurait Samir : « on peut encore gagner un trophée européen et finir sur le podium et donc jouer la Ligue des Champions. Peut-être que Sampaoli a besoin de plus de temps, peut-être qu'il partira cet été, car il semble épuisé. Mais c'est à la fin du bal qu'on paye les musiciens et, pour l'instant, je crois encore entendre une petite mélodie... »

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