Monaco : Eric Dier, l’Anglais le plus portugais
Le défenseur anglais est l’une des recrues phares du mercato estival de l’AS Monaco. Un joueur dont la carrière a été lancée au Portugal.

Eric Dier est un homme de surprises. Le défenseur anglais âgé aujourd’hui de 31 ans avait étonné les observateurs du mercato lorsqu’il a quitté Tottenham en janvier 2024 pour signer au Bayern Munich. Voir un Britannique filer en Bundesliga n’est pas si commun même si Jadon Sancho, Jude Bellingham ou encore Harry Kane ont fait le même choix. Après un an et demi de bons et loyaux services, Dier a encore une fois surpris tout son monde. Alors qu’on pensait le voir retourner en Angleterre, le natif de Cheltenham a finalement choisi de venir se tester en Ligue 1 du côté de Monaco. Joueur à la trajectoire atypique dont la carrière a pris racine… au Portugal. Ceux qui n’étaient pas au courant et qui ont suivi les pas du Bayern Munich en coupe d’Europe ont d’ailleurs surpris de voir Eric Dier répondre aux questions des médias lusophones dans un portugais parfait.
Sa mère à l’origine du déménagement au Portugal
Dès l’arrivée du joueur en Bavière, le Bayern n’a d’ailleurs pas mis longtemps avant de l’interroger sur son passé lisboète. « J’ai déménagé au Portugal quand j’avais 7 ans, j’ai commencé à jouer au Sporting à 8 ans. J’ai fait mes débuts en équipe première à 18 ans et à 20 ans, j’ai signé à Tottenham. Le Sporting c’est comme le Bayern Munich pour Thomas (Müller). C’est ma maison, c’est là d’où je viens, où j’ai été construit. C’est difficile à expliquer, mais je dirais que je suis anglais, mais que je viens du Portugal. Le Portugal, c’est le pays qui m’a fait devenir ce que je suis aujourd’hui. Toute ma vie était en portugais durant de nombreuses années. Ma mère était inquiète à l’idée de me voir ne plus savoir parler anglais. Le Portugal c’est ma maison. » Pour en savoir un peu plus, Foot Mercato est allé rencontrer le tout premier entraîneur de Dier au Sporting Portugal, Pedro Gonçalves. Actuellement à la tête de la sélection nationale d’Angola, le Portugais se souvient très bien des premiers pas de l’Anglais au Portugal.
« Si je me souviens, je crois que sa mère est allée travailler au Portugal pour une organisation de grands événements (l’Euro 2004). Donc toute sa famille l’a suivi. Son père était joueur de tennis et il donnait des cours de tennis dans la zone de Lisbonne. Ils ont vu que leur garçon aimait le football et ils l’ont amené au Sporting. Quand il s’est entraîné, nous avions noté ses qualités même si à cette époque on ne parle que d’enfants. Eric a eu deux parcours au Sporting. J’ai été son premier entraîneur. Je l’ai accompagné entre 8 et 9 ans et après entre 14 et 15 ans. Je l’ai entraîné durant quatre saisons. Je me souviens bien du jour où Eric est arrivé avec son père, sa mère et ses frères et soeurs. Son père est venu me voir et m’a demandé en anglais si son fils pouvait s’entraîner avec le Sporting. À cette époque, Eric avait 8 ans, mais il était déjà plus grand que tous les enfants de son équipe. Je me souviens, il était très introverti, très timide. C’était un enfant qui ne parlait qu’anglais, il ne savait pas encore interagir avec ses coéquipiers en portugais. »
Un souci de croissance pour s’affirmer
Et pour cause. Voir un enfant britannique faire ses premières classes au sein d’une équipe portugaise n’est pas monnaie courante. « Nous avions beaucoup de joueurs venant de pays parlant le portugais. Il y avait un Écossais qui n’a pas continué. Ce n’était pas commun de voir un Anglais si jeune ici. Du point de vue athlétique et physique, il était au-dessus. Peu à peu, après un an il était complètement intégré, parlait parfaitement portugais. » Une capacité d’intégration et d’adaptation dont se souvient très bien Gonçalves. Car après avoir eu à gérer le problème de la barrière de la langue, Eric Dier a dû affronter un souci durant sa croissance. Une difficulté qui a toutefois révélé son vrai caractère. « Quand il est arrivé, il se distinguait avec un équilibre entre sa qualité physique, sa perception du jeu et ses qualités techniques. Plus tard, vers 13 ans, il a continué à grandir alors qu’il était déjà très grand. Et ça, ça l’a affecté même au niveau de sa personnalité. Il grandissait, mais ça ne suivait pas musculairement donc il était lent. Il a traversé une phase où il a senti une perte de rendement. C’est là qu’il s’est affirmé. Il a continué à travailler énormément. Il s’est attaché à faire face à ses difficultés de lenteur liées à son processus de croissance. Il était le plus lent de son équipe et au final, c’est là où il a affirmé son caractère. Il a vraiment travaillé comme un fou. »
Un travail qui a fini par payer. « Durant ses premiers entraînements, il y avait forcément des difficultés de communication. Nous essayions de l’aider parce que nous parlions anglais, mais ses coéquipiers étaient des enfants donc ils ne parlaient que portugais. Cependant, il comprenait rapidement les exercices et faisait preuve d’un grand sens d’adaptation. À l’époque, il jouait au milieu, même plus tard d’ailleurs durant son parcours chez les jeunes. Ensuite, il va en prêt à Everton quand il était en U17 et U18, puis revient au Sporting et intègre l’équipe B. Puis il joue avec l’équipe première pendant deux ans. Une équipe qu’il a intégrée au poste de latéral droit. Ça prouve ses capacités intellectuelles. Il a la capacité de jouer plusieurs rôles. Même s’il n’était pas le plus rapide et que le poste de défenseur central est sa position de prédilection, il a prouvé qu’il savait s’adapter. S’il fallait le résumer, il a la combativité britannique avec la technique latine. » Un profil qui a convaincu l’ASM de sauter sur l’occasion.