Ligue 2

Lorenzo Callegari : « le PSG c’est du passé »

Finaliste de la Youth League, champion d'Europe U17 et champion de France U19 : en jeunes Lorenzo Callegari a tout raflé. Passé professionnel à 17 ans au PSG, le franco-italien dispute une poignée de minutes en Ligue 1 avant de disparaitre des plans de son entraîneur de l’époque, Unai Emery. Un état de fait qui le pousse à quitter la capitale francilienne à l’été 2018 à la recherche de temps de jeu. Une quête qui l'a conduit en Serie C et en National, puis depuis le 25 juin dernier à Chambly. Avec un objectif clair en tête : « passer un cap, sans brûler les étapes. »

Par Augustin Delaporte
6 min.
Lorenzo Callegari est passé par le PSG et Chambly @Maxppp

De Paris à Chambly, il n’y a qu’une cinquantaine de kilomètres. D’ailleurs, même si Lorenzo Callegari est depuis le 25 juin un joueur du fccoise, le milieu de 22 ans habite encore chez ses parents en région parisienne. Comme un pont entre les deux villes. Une jonction qui a pourtant mis deux ans à se dessiner dans la carrière du titi parisien.

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Parti du PSG en juillet 2018, Callegari a d’abord traversé les Alpes pour rejoindre le Nord du pays de ses parents et plus précisément le Genoa. Parlant couramment l’italien et avec le promesse de s’entraîner avec le groupe professionnel, le natif de Meudon y voit une belle opportunité de lancer sa carrière. Seulement, à deux semaines de la fermeture du mercato le club lui indique qu’il doit se faire prêter. « On ne m’avait jamais parlé d’un prêt. Sinon j’aurais cherché un club où être prêté plus rapidement. Finalement, j’ai dû trouver un club en deux semaines ! Ce n’était pas idéal, mais tout n’est pas tout beau tout rose », lâche songeur le jeune homme. Premier accroc.

Rappelle-toi le catenaccio

Un mois après avoir atterri à Gênes, Callegari doit donc reprendre sa route vers le Sud. Et cette fois, c’est dans la ville de Terni qu’il posent ses bagages. C’est là, à cent kilomètres de Rome, qu’il découvre le monde professionnel avec le club de Ternana Calcio, en Serie C. Une destination dictée par le fait que son agent connait Luigi De Canio, l’entraîneur de la formation, et que ce dernier cherche justement un 6. Un an et demi après avoir goûté à ses trois premières minutes (et seules) de jeu en Ligue 1 lors d'une victoire de Paris devant Angers (2-0), le Franco-Italien fait face à une réalité bien différente.

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Mais pas inutile. « Ça m’a fait beaucoup de bien », pose-t-il tout de suite, avant d’expliciter son propos : « j’avais des défauts sur l’aspect défensif et l’Italie c’est réputé pour ça. Ça m’a donné l’envie de défendre, quelque chose qu’au PSG on ne te donne pas forcément parce que tu es habitué à avoir le ballon. On sent directement la différence avec la France, on fait des entraînements basés que sur la tactique, sans quasiment toucher le ballon. Je parle surtout de mon ressenti, mais j’avais cette impression que beaucoup de clubs étaient focalisés sur la défense. »

« Je n’étais pas sûr qu’il voyait qui j’étais »

Le bilan est honorable (16 apparitions) mais le réveil brutal. De retour à Gênes, Callegari est sans nouvelle du club où il appartient encore pour les trois prochaines saisons. Et quand il apprend que l’un de ses coéquipiers a, lui, été tenu informé, l’ancien de Paris décide d’envoyer un message à son directeur sportif. « Comme il venait d’arriver (Francesco Marroccu est nommé en décembre 2019, ndlr), je lui ai envoyé un message en me présentant car je n’étais pas sûr qu’il voyait qui j’étais. Je lui demandé des nouvelles et il m’a appelé dans la foulée », se remémore-t-il. Et de conclure : « il m’a dit que le club ne comptait plus sur moi et qu’il fallait trouver une solution rapidement. Donc, là aussi, je l’ai appris du jour au lendemain. »

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Cette fois la déchirure est nette : « c’était un peu bizarre la manière dont ça a été fait. Me dire du jour au lendemain que le club ne comptait pas sur moi alors qu’il m’avait fait signer un contrat de 4 ans l’année d’avant… Le club m’avait à peine vu. Mais tout ça maintenant c’est du passé. Plusieurs choses étaient étranges, mais à partir du moment où un club ne compte pas sur moi je ne vois pas l’intérêt de continuer à travailler avec. »

« Ce sont des années qui te permettent de te forger »

Reste à trouver où rebondir. Une solution finalement amenée par un ex-coéquipier côtoyé lors de la saison 2017–2018, avec la réserve du PSG. Comme quoi, Paris n’est jamais très loin. « Hicham M'Laab m’a contacté et je lui expliqué ma situation, explique Callegari. Il m’a dit que le club (Avranches, ndlr) cherchait un numéro 6 et je lui ai dit que j’avais résilié mon contrat. Il en a discuté avec le coach, mon agent a appelé le club et ça s’est fait comme ça. Le plus important pour moi à ce moment-là c’était la stabilité, le temps de jeu. Faire partie d’un projet où tu sais que tu fais partie de l’équipe. »

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Voilà donc Lorenzo Callegari de retour en France, en National. Comble du hasard, il est ensuite rejoint par Alec Georgen et Samuel Essende, deux jeunes du PSG avec lesquels il a été champion de France U19 en 2016. Le premier ayant même débuté au CSM Clamart Football avec lui. Comme un retour aux sources. Plutôt salvateur d’ailleurs, car dès l’hiver son agent va entrer en contact avec Chambly (Ligue 2). Et même formateur, à en croire le joueur : « c’est mon avis mais je pense que c’est un palier important. Certains les sautent donc c’est encore mieux mais que cela soit la CFA, la National ou la Serie C, ce sont des années qui te permettent de te forger, de te confronter à des adultes. Il y a une différence entre la formation et le monde adulte. C’est important de passer par là. »

Chambly, family business

L'expérience est finalement écourtée en mars dernier par la pandémie de Covid-19 et les discussions avec Chambly s'accélèrent, jusqu'au 25 juin donc. Chez le surprenant 10e de Ligue 2 de la saison passée, Callegari découvre depuis à peine plus de deux semaines une formation qui, comme lui, a des origines italiennes. Un maillot noir et bleu aussi, inspiré de celui de l'Inter Milan. Enfin, il met les pieds dans un club familial comme il n'en existe quasiment plus en Europe. Son nouveau coach, en poste depuis 19 ans (un record en Europe), était notamment joueur de Chambly à la fondation du club en 1989 et détient le record de but. « On ressent vraiment le côté familial. Le président vient régulièrement aux entraînements, il sourit, on sent qu’il est proche de ses joueurs... Le coach pareil. C’est bénéfique pour chacun des joueurs, pas que pour moi. »

Un cocon qui pourrait permette à l'ex-pépite de la formation parisienne de poursuivre sa progression pas à pas et loin des projecteurs. Et notamment ceux de Paris : « aujourd’hui le PSG c’est du passé, ça a été une belle expérience. J’y ai vécu vraiment de belles choses en jeunes ou lors du peu temps que j’ai eu avec les pros mais maintenant tout ça c’est du passé. Je veux me focaliser sur les saisons qui sont à venir. Je veux passer un cap, sans brûler les étapes, et je pense que la Ligue 2 c’est dans la continuité de ma progression », affirme-t-il.

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