Rien ne va plus à l'OL !

Par Dahbia Hattabi
8 min.
Peter Bosz avec Philippe Clément au second plan @Maxppp

Hier soir, l'Olympique Lyonnais a touché le fond à Lens. Comment en est-on arrivé là ?

La crise d'octobre. Il y a trois ans, le 7 octobre 2019, l'Olympique Lyonnais décidait de limoger Sylvinho au lendemain d'une défaite face à l'AS Saint-Etienne en Ligue 1 (1-0). Le Brésilien, choisi par Juninho pour mener le nouveau projet lyonnais, n'avait tenu que dix matches sur le banc rhodanien. Avec un bilan de 3 victoires, 4 nuls et surtout 4 défaites, il avait à peine eu le temps de passer l'automne et de taper les mains des supporters présents à l'entraînement avant le derby, qu'il était temps de s'en aller. Mais Sylvinho est reparti avec un titre, celui de l'entraîneur de l'OL qui a pris le moins de points en moyenne en L1 (1 point par match) sous l'ère Jean-Michel Aulas.

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Il devance Raymond Domenech (1,26 point), Guy Stéphan (1,27 point) et...Peter Bosz (1,6 point). Nommé coach des Gones le 29 mai 2021, le Néerlandais, recruté pour apporter son expérience et sa philosophie de jeu très offensive, ne fait pas beaucoup mieux que son homologue auriverde alors qu'il a eu beaucoup plus de temps pour s'exprimer. Après une première saison très décevante à tous les niveaux, son OL avait terminé 8e et ne s'était pas qualifié pour une Coupe d'Europe. Malgré tout, Jean-Michel Aulas et ses équipes ont décidé de lui faire confiance. Un choix osé mais assumé par la direction et qui a même surpris Bosz. Ce dernier a avoué qu'il aurait dû être viré en fin de saison après de tels résultats.

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Peter Bosz, saison 2

Le Hollandais a aussi précisé que sa deuxième saison serait bien différente de la première puisqu'il a eu une année pour connaître son groupe et apprivoiser le championnat de France. C'est donc avec une énergie positive qu'il est reparti pour une nouvelle année, lui qui a été globalement épargné par les supporters. Pour l'aider dans sa mission, Peter Bosz a pu compter sur sa direction, qui a mis en place un nouveau projet basé sur l'ADN OL. Outre les prolongations de contrat ou la signature de premiers contrats pros d'enfants du club, Lyon a décidé de faire revenir des anciens, à savoir Alexandre Lacazette, Corentin Tolisso et Rémy Riou. Tetê (prêté à nouveau), Nicolas Tagliafico, Johann Lepenant et Saël Kumbedi complètent le casting 2022-23.

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Un exercice qui avait bien débuté puisque l'OL, qui bénéficiait d'un calendrier favorable, était invaincu lors des 5 premières journées de L1 (4 victoires, 1 nul, 14 buts marqués). Mais tout n'était pas parfait. Outre 4 buts encaissés (1 but à chaque match lors des 4 premières journées) et la suspension pour trois matches d'Anthony Lopes après un carton rouge inutile, Lyon n'a pas toujours été constant sur tout un match, une vieille habitude. Il manquait du liant et de la créativité dans le jeu. Aligné dans l'axe central aux côtés de Castello Lukeba, Thiago Mendes n'a pas toujours été très rassurant. Certains éléments, comme Corentin Tolisso ou Maxence Caqueret n'ont pas été à leur meilleur niveau, eux qui revenaient de blessures il faut le noter.

Lens, la défaite de trop ?

En revanche, le banc a apporté sur les premières rencontres. On pense à Rayan Cherki (3 assits) ou à Moussa Dembélé (2 buts). Cela mérite d'être souligné puisque Juninho avait pesté à plusieurs reprises sur le fait que les remplaçants n'apportaient pas assez. Malgré tout, Peter Bosz s'est entêté avec le même onze (à un ou deux joueurs près), avec le même système (4-3-3) alors que le capitaine Alexandre Lacazette a avoué préférer évoluer à deux devant. Il en a eu l'occasion face au PSG (18 septembre, défaite 1-0). C'est à ce moment-là que Bosz a testé ce système, lui qui n'a pas daigné le faire durant la préparation. Une erreur certainement.

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L'ancien entraîneur de l'Ajax semble chercher la bonne formule, alors que son équipe vient d'enchaîner sa quatrième défaite de suite. Après Lorient, Monaco et Paris, Lens s'est offert le scalp de Lyon hier soir (1-0, sp). Les Nordistes ont dominé de la tête et des épaules les Rhodaniens qui n'ont pas été à la hauteur. L'OL a manqué de beaucoup de choses. De leaders, de jeu, d'agressivité, d'intensité, etc... la liste est longue. Seule satisfaction, la prestation d'Anthony Lopes qui a évité une humiliation. Le portier lyonnais a d'ailleurs poussé un coup de gueule après le match, tout comme Maxence Caqueret. Alexandre Lacazette a aussi tenté de remotivé les troupes sur le terrain. Mais Lyon a sombré.

Le coach n'est pas le seul responsable

Avec 4 défaites de suite, l'OL a d'ailleurs réalisé sa pire série depuis 1991. Comment expliquer ce terrible fiasco ? Le choix de conserver Peter Bosz, qui restait sur un échec, n'était certainement pas le meilleur. Comment lancer un nouveau projet avec un entraîneur qui a presque tout raté ? En 47 matches au total sur le banc rhodanien (75 points), il a pris moins de points que Rudi Garcia (76 points) lors de sa dernière saison avec les Lyonnais. Le Néerlandais, qui a reçu un ultimatum de la part de sa direction selon nos informations, s'entête parfois un peu trop notamment avec certains éléments. Thiago Mendes en défense centrale est une solution de dépannage mais pas une option à long terme.

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Mais Bosz, qui est coupable de beaucoup de choses, n'est pas le seul à avoir commis des erreurs. Le mercato n'a pas été totalement réussi. Oui, l'OL et Bruno Cheyrou peuvent se frotter les mains en ayant fait revenir libre le duo Lacazette-Tolisso. Une belle performance, il faut l'avouer. Mais les dirigeants ont échoué à vendre des éléments qui seront libres en juin 2023 (Aouar, Dembélé, Boateng, Da Silva). Ce qui pose problème puisqu'ils ne rapporteront rien (sauf s'ils prolongent) et que le coach a un effectif trop riche en quantité. Résultat, les jeunes à qui on avait vendu le projet ADN OL et qui patientaient ne sont pas dans le groupe pour le moment. De quoi en frustrer pas mal puisque, sans Coupe d'Europe, c'était l'année idéale pour commencer à les inclure tout doucement dans l'effectif.

Des dirigeants aux joueurs, tout le monde prend cher

Le club se retrouve aussi avec des joueurs qui voulaient s'en aller. On pense à Houssem Aouar. Professionnel, le milieu sera au service de son coach, mais ce n'est jamais bon de vivre de tels évènements. Enfin, la plus grande faute cet été est certainement de ne pas avoir recruté un défenseur central, surtout en ayant perdu Jason Denayer. Un vrai concurrent à Malo Gusto à droite aurait aussi été un plus. Blessé hier, le latéral droit a été remplacé par Henrique, une solution qui n'a pas été très bonne. De quoi agacer les supporters, dont certains pointent du doigt le duo Vincent Ponsot (directeur du football)-Bruno Cheyrou (responsable du recrutement). Et ils ne sont pas les seuls. Hier sur RMC Sport, Juninho, qui n'a toujours pas été remplacé en tant que directeur sportif ce qui pose problème, a taclé Ponsot.

«Toi déjà pourquoi tu parles de foot, tu n’es pas directeur sportif. Vincent Ponsot ne doit pas se mêler déjà. Tu te mêles publiquement, tu mets ton entraîneur en difficulté, ça ne se fait pas. Tu discutes à porte fermée. Tu discutes avec le coach, c’est la réalité, on n’a pas de bons résultats ces derniers temps mais à porte fermée. Tu discutes, tu expliques mais à chaque fois, ça devient public, c’est fatiguant. Il faut arrêter de toujours mettre le bordel dans le club. C’est aussi pour ne pas assumer». Hier après la rencontre, Jean-Michel Aulas, qui a appelé les médias à stopper le bashing envers l'OL, a apporté son soutien à son directeur du football. Il l'avait déjà soutenu en interne l'an dernier quand il commençait à y avoir de la friture sur la ligne entre Juninho et lui.

Une réaction est attendue

« On va préparer le match contre Toulouse (vendredi) pour le gagner et après on fera le point, a répondu le président lyonnais. On perd contre une très bonne équipe et surtout par un arbitre qui décide du sort du match. Le sort des matches se joue sur pas grand-chose. On est 7es et il faut gagner vendredi. Vincent (Ponsot) et Bruno (Cheyrou) font du très bon travail... Et il faut être patient avec Peter», a commenté JMA dans L'Equipe. Malgré tout, la pression s'accentue sur Peter Bosz, qui jouera gros face à Toulouse vendredi. Mais ce dernier reste serein. «Non (il ne se sent pas menacé, ndlr). Tous les matches sont déterminants. On ne peut pas continuer à glisser. Quatre défaites, c'est trop. Tous les matches sont clés pour la suite mais la pression est toujours là, surtout à Lyon». Une ville où les supporters en ont assez des paroles et veulent des actes.

Ils veulent voir le beau jeu qu'on leur a promis et pas une équipe qui semble perdue. Peter Bosz a tenté de défendre sa formation hier soir. «Je ne veux pas chercher des excuses et il ne faut pas oublier que Lens est une bonne équipe. Mais il y avait beaucoup d'absences, presque la moitié de l'équipe. C'était dur mais on pouvait mieux faire. On doit mieux faire». Il n'est pas le seul. A Lyon, on attend plus des joueurs, notamment Alexandre Lacazette et Corentin Tolisso, revenus pour encadrer l'équipe et la tirer vers le haut. Ils doivent faire mieux. La solution peut aussi venir des jeunes comme Caqueret, qui a plus de responsabilités, Lepenant, meilleure recrue, Cherki, qui doit répondre présent quand il est titularisé, ou des joueurs qui sortent du banc comme Diomandé, pas si mal hier. Bref, c'est tout l'OL qui doit se réveiller et faire faire corps car d'ici la prochaine trêve, les Gones auront un sacré calendrier (TFC, Rennes, Montpellier, Lille, OM, Nice). Il reste à savoir si Peter Bosz sera toujours là pour mener les troupes.

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