RB Leipzig-PSG : Tuchel-Nagelsmann, une histoire alambiquée…

Par Aurélien Léger-Moëc
4 min.
Thomas Tuchel et Julian Nagelsmann avant un match entre le Borussia Dortmund et Hoffenheim @Maxppp

Le PSG et le RB Leipzig vont s'affronter en demi-finale de la Ligue des Champions mardi soir. Particularité : leurs entraîneurs respectifs se connaissent très bien puisque c'est Thomas Tuchel qui a poussé le jeune Julian Nagelsmann à épouser une carrière d'entraîneur. Mais la relation n'a pas toujours été fluide et désormais, Nagelsmann prend ses distances avec l'entraîneur du PSG.

Bravo à ceux qui imaginaient un PSG-RB Leipzig en demi-finale de Ligue des Champions 2019-2020. Une affiche improbable dans un contexte particulier, avec deux entraîneurs qui se connaissent très bien. Vous n'avez pas raté l'information ces derniers jours, Julian Nagelsmann, l'entraîneur du club de l'est de l'Allemagne, a été l'adjoint de Thomas Tuchel avec l'équipe réserve d'Augsbourg. Dès la fin du quart de finale contre l'Atlético de Madrid, Nagelsmann était interrogé sur son compatriote et futur adversaire. « La relation est normale depuis qu'il est au PSG. Nous n'avons jamais eu de relation extrêmement étroite », a-t-il notamment déclaré au micro de Sky Allemagne.

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Une déclaration plutôt étonnante au regard du passif entre les deux hommes. Le discours de Nagelsmann a évolué par rapport à Tuchel parallèlement à son expérience d'entraîneur numéro 1. Rappelons d'abord l'historique. Défenseur de formation, Julian Nagelsmann se voit contraint de stopper sa carrière à l'âge de 20 ans, alors qu'il évolue avec l'équipe réserve d'Augsbourg, en raison d'une blessure récurrente au ménisque. Miné par cette nouvelle, Nagelsmann ne s'orientait alors pas vraiment vers le banc de touche, comme il le racontait dans un entretien au site allemand 11freunde).

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« En fait, au début, je ne voulais rien avoir à faire avec le football. C'était très triste pour moi d'avoir dû terminer ma carrière si jeune. Après tout, j'ai sacrifié toute ma jeunesse pour le football et c'était fini du jour au lendemain. Le fait que je sois entraîneur adjoint aujourd'hui (il était alors à Hoffenheim avant sa prise de poste en tant que numéro 1, ndlr) est finalement dû à Thomas Tuchel. Il était mon entraîneur dans la deuxième équipe d'Augsbourg à l'époque, et j'avais une très bonne relation avec lui. » C'est l'actuel entraîneur du PSG qui lui demande en effet d'aller superviser les futurs adversaires de l'équipe réserve d'Augsbourg. Une tâche inédite pour Nagelsmann qui va s'en acquitter avec un grand sérieux.

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« C'était drôle, au début je suis allé aux matchs des adversaires avec celle qui est devenue ma femme. Elle filmait avec la caméra portable et je prenais des notes en même temps. Des bouts de papier, un stylo et une caméra portable - il n'y avait rien de plus. Cela n'a rien à voir avec l'analyse vidéo d'aujourd'hui », se souvient-il, dans la biographie consacrée à Thomas Tuchel écrite par les journalistes allemands Daniel Meuren et Tobias Schächter publiée cette année.

Des tensions à Augsbourg

Le résultat impressionne Tuchel, qui va rééditer l'expérience puis faire de Nagelsmann son adjoint. « Thomas m'a dit de devenir entraîneur quand je ne pouvais plus jouer. Il pense que je suis doué pour cela par la façon dont j'appréhende les choses, et la façon dont je parle. Je devais absolument essayer cela », raconte ensuite Nagelsmann. Poussé dans cette voie par Tuchel, celui qui deviendra à 28 ans le plus jeune entraîneur de l'histoire de la Bundesliga en prenant en main la destinée d'Hoffenheim le 10 février 2016 tenait un discours bien plus positif sur l'impact de son compatriote.

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« Lors de l'année passée avec lui, j'ai beaucoup appris. Tuchel a beaucoup contribué à mon choix de carrière. » Ou encore : « Il m'a beaucoup marqué, parce qu'il était mon entraîneur au FC Augsbourg. Chez lui, les charges de travail extrêmes m'ont fasciné. Chaque entraînement était exigeant. C'est une époque qui a été précieuse pour moi. » Malgré ces déclarations élogieuses qui remontent à quelques années maintenant, il a toujours rejeté l'appellation mentor pour Tuchel. Et lorsqu'on lui demande son modèle, il évoque surtout Pep Guardiola. Il est vrai qu'à Augsbourg, les relations entre les deux hommes n'étaient pas toujours au beau fixe, chacun ayant ses idées et ses convictions, et ça ne collait pas à chaque fois. « Ce sont deux entraîneurs aux opinions tranchées, qui se considèrent comme des maîtres du football et qui s'aiment beaucoup », nous glisse Matthias Rudolph, journaliste pour Fussball Transfers.

En banalisant sa relation avec Tuchel, Julian Nagelsmann cherche aussi peut-être à s'émanciper alors qu'il le retrouve pour une demi-finale de Ligue des Champions qui en dit beaucoup sur ses capacités d'entraîneur. Leipzig a des moyens mais n'a aucun joueur de la dimension de Neymar ou Mbappé, ce qui rend sa qualification à ce stade de la compétition plus éloquente sur le talent de son coach actuel. Les deux hommes se sont fréquemment croisés en Allemagne. D'abord lorsque Tuchel, coach de Mayence, avait accueilli son ancien joueur, alors entraîneur des U19 d'Hoffenheim, pour un stage de formation. « C'était excitant pour moi de voir comment il réagissait car nous nous étions affrontés à plusieurs reprises à Augsbourg. Mais les retrouvailles ont été très chaleureuses et familières », raconte encore Nagelsmann dans la biographie de Tuchel.

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Puis ils se sont affrontés directement en Bundesliga, à trois reprises, lorsque Tuchel officiait au Borussia Dortmund. Résultat : 1 nul (2-2) et 2 victoires (3-1 et 2-1) en faveur de TT. Une motivation supplémentaire pour l'entraîneur du RB Leipzig en vue du duel prévu mardi soir à Lisbonne. « Quand j'étais à Hoffenheim, nous avons toujours bien joué contre le Dortmund de Tuchel, mais nous n'avons pas gagné. Cela doit changer maintenant ». Nagelsmann est bien prêt à couper définitivement le cordon et à franchir un nouveau palier en éliminant l'homme qui l'a lancé.

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