Corruption, menaces, impayés : zoom sur le côté sombre du football en Europe de l’Est

Par Alexis Pereira
3 min.
Derrière les strass et les paillettes symbolisés par le transfert d'Eto'o, le football en Europe de @Maxppp

La FIFPRO vient de publier un ouvrage accablant sur le football dans les pays de l'Est de l'Europe. Et derrière des exemples célèbres comme Samuel Eto'o en Russie, la vérité est tout autre. Décryptage.

« Si je garde le silence, cette histoire va se répéter avec d’autres. Je n’étais plus autorisé à m’entraîner avec l’équipe première, ni avec la réserve. J’ai alors décidé de changer de club, mais le FC Kuban n’était pas d’accord. Mes dirigeants voulaient que je résilie mon contrat sur-le-champ. Il a commencé par me demander de signer un document qui mettait fin à mon contrat. Il m’a ensuite fait savoir que si je refusais, je ne pourrais pas quitter Krasnodar (la ville où est situé le FC Kuban, Ndlr) ou alors que je rentrerais handicapé au Monténégro. » Rappelez-vous de l'histoire de Nikola Nikezic, ancien Havrais, soumis à un traitement de faveur plutôt particulier lors de son passage en Russie. Et bien la FIFPro (Fédération des associations de footballeurs professionnels) nous révèle que ce genre d'histoire est monnaie courante dans les pays de l'Est de l'Europe.

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Dans son Black Book Eastern Europe, présenté ce mardi à Bruxelles devant les membres de la Commission Européenne, du Parlement Européen et d'Europol, la FIFPro a mené une enquête en effectuant un sondage anonyme auprès de 3 357 joueurs professionnels évoluant en première division d'Europe de l'Est. Et les enseignements sont tout simplement édifiants, comme nous l'apprend L'Équipe. 12 % des sondés avouent ainsi qu'ils ont un jour été approchés pour truquer délibérément le résultat d'un match. Ce taux monte à 34,3 % au Kazakhstan et à 30,3 % en Grèce. Une situation critique illustrée par le témoignage de Dragisa Pejovic. «La direction du club m'a obligé à truquer des matches. On m'a menacé de me casser les deux jambes et les deux bras si je ne le faisais pas», a-t-il lancé. Ambiance...

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On découvre aussi qu'un joueur sur neuf a subi un acte de violence ou de racisme. Dans 55,8 % des cas, les supporters sont en cause. Suivent les dirigeants (13,3 %) et les entraîneurs (8,3 %) ! On connaît environnement plus propice à l'épanouissement personnel... Et que dire du volet financier puisque 41,4 % des footballeurs interrogés déclarent ne pas percevoir leurs salaires en temps et en heure. C'est au Monténégro (94 %) et en Grèce (67,5 %) que la situation est la plus critique. En attestent les propos de l'ancien Lensois Dejan Milovanovic au sujet de son prêt à l'Étoile Rouge de Belgrade dans le livre. «J'ai demandé pourquoi je ne touchais pas cette somme au président. Et j'ai été suspendu... Dans les médias, pour se justifier, ils ont raconté que je polluais l'atmosphère de l'équipe», a-t-il lâché.

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Un aveu qui en dit long sur certaines mœurs... Les conclusions de ce Black Book Eastern Europe pourraient bien avoir de grosses répercussions dans les semaines et mois à venir. Et pas seulement en l'Europe de l'Est. C'est un véritable appel de détresse à la FIFA que la FIFPro a lancé. «On ne peut plus continuer à tolérer tout ça», a conclu Nicolaï Grammatikov, membre russe du syndicat de joueurs. Pour marquer un peu plus le coup, une grève des joueurs au niveau international pourrait bien être coordonnée. On n'ose imaginer les pressions que ces derniers subiront si ce projet voit le jour...

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