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Freddy Adu, l’ancien Mozart du football aujourd’hui porté disparu

Par La Rédaction FM
6 min.
La lente descente aux enfers de Freddy Adu @Maxppp

Considéré comme la future star du football mondial, Freddy Adu, 25 ans aujourd'hui, évolue en Serbie dans l'anonymat le plus complet. Comment en est-il arrivé là ? Tentative d'explication...

Si vous connaissez le football sur le bout des doigts, vous n’avez pas pu passer à côté du phénomène Freddy Adu. Et pour cause : lorsqu’il fait ses premiers pas professionnels à l’âge de 14 ans, tout le monde s’accorde à dire que cet Américain d’origine Ghanéenne (il est né à Accra et a embarqué pour les États-Unis à l’âge de 8 ans) sera la future star du football mondial. Après des débuts en pro à l’âge de 14 ans en Major League Soccer sous les couleurs de DC United le 3 avril 2004, il inscrit son premier but en pro deux semaines plus tard, devenant ainsi le plus jeune joueur à marquer à ce niveau. Il termine ainsi sa première saison avec 5 buts inscrits en 30 matches, un total plus que correct, notamment pour un joueur qui devrait évoluer en U15.

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Très technique et très puissant pour son âge, ce gaucher dont les dribbles font des malheurs en MLS suscite rapidement la convoitise de clubs européens. L’Inter Milan en tête prêt à mettre 750 000 € pour l’accueillir, mais sa mère refuse en bloc. Après trois ans et une centaine de matches avec DC United (11 buts), il est transféré au Real Salt Lake. Au même moment, le Ghana le sollicite pour intégrer la sélection en vue de la Coupe du Monde en Allemagne. Son cœur étant désormais américain, il fait ses grands débuts avec les USA contre la République Tchèque quatre jours avant la Coupe du Monde en Allemagne, mais rate le voyage de peu.

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Son arrivée au Benfica, le début de la fin

Un an plus tard et après une expérience contrastée à Salt Lake, Adu franchit l’Atlantique et débarque au Benfica Lisbonne contre 1,5 M€. Un choix judicieux pense-t-on, notamment pour la réputation du club portugais à dénicher de grands talents et à les faire éclore au grand jour. Mais paradoxalement, c’est à ce moment précis que la carrière de l’ancien Mozart du football va commencer à décliner. Incapable de s’imposer au Portugal, il ne brille que trop rarement et est finalement prêté avec option d’achat à l’AS Monaco. Cette fois encore, l’expérience en L1 va s’avérer catastrophique.

Pourtant, à l’écouter à l’époque, il avait conscience de ses difficultés et assurait que la L1 pouvait l’aider à franchir un cap. « Étant donné que marquer un but est compliqué, cela pousse à travailler dur et à trouver de nouveaux moyens pour y arriver. Il faut plus bouger sur le terrain, plus réfléchir. Aux États-Unis, dès que je ne marque pas, on dit que j'ai fait un mauvais match. Je suis jeune et je dois déjà me comporter comme un adulte. Les gens me regardent différemment d'un gamin de 19 ans. Normalement, les jeunes ont le droit de commettre des erreurs, pas moi. On m'a trop mis sur un piédestal. »

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Adu devient un globe trotter du football

Après 11 apparitions avec le club monégasque, Adu retournera à Lisbonne, au grand dam des dirigeants du club lisboète, qui vont dès lors lui offrir des valises toutes neuves pour sillonner l’Europe du football. Après Monaco, Adu sera prêté au Portugal à Belenenses, en Grèce à l’Aris Salonique puis en Turquie du côté de Rizespor. C'est ainsi qu'il achèvera son contrat au Benfica dans l’indifférence générale. En 2011 et à 22 ans, il tente un come-back au pays, du côté de Philadelphia Union. Malgré la présence de son ancien coach de DC United, Adu s’offre quelques fulgurances et claque 7 buts en 2 ans pour son retour en MLS. Prometteur, mais insuffisant pour espérer continuer l’aventure à Philadelphie.

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À 23 ans, il tente un énième coup de poker et s’envole pour le Brésil à Bahia. Un choix finalement logique pour celui que l’on considérait 10 ans en arrière comme le nouveau Pelé. Mais dans la patrie du football, Freddy Adu déchante une fois de plus et ne dispute que quatre petites rencontres. Libre de tout contrat l’été dernier, il retourne en Europe et multiplie les essais. Blackpool (Angleterre), Stabaek (Norvège) et l’AZ Alkmaar le recalent tour à tour. « Le joueur n’a pas réussi à passer les objectifs fixés par l’AZ », rapportait le club néerlandais dans un bref communiqué. Au fond du trou, c’est finalement en Serbie du côté de Jagodina que l’ancien Monégasque tente de rebondir, surfant encore sur son glorieux passé et sur les performances de son double virtuel à Football Manager, visiblement très couru en Serbie. Après des difficultés d’adaptation, notamment au niveau de la langue, Adu fait ses grands débuts en championnat serbe fin septembre en jouant 13 minutes face à BSK Borca devant… 500 spectateurs. Ses seules et uniques minutes disputées sous ses nouvelles couleurs.

La Serbie comme exutoire

Aujourd’hui perdu au fin fond de la Serbie, Freddy Adu doit regretter le temps où il était considéré comme l’un des plus prometteurs joueurs de sa génération. Il y a quelques mois, lors de son essai raté à Blackpool, il confiait à la presse anglaise ses regrets, les raisons de ses nombreux échecs, mais assurait ne pas être fini. « J’ai seulement 25 ans et ma carrière a débuté il y a 10 ans. Ça fait un moment maintenant. J’ai beaucoup appris à travers mes voyages, il y a eu de bons et de mauvais moments. Je reste heureux de ce que j’ai pu vivre quand j’étais plus jeune, mais je n’ai que 25 ans à l’heure actuelle. J’ai le temps de rattraper les erreurs que j’ai pu faire. Il y avait beaucoup de pression. À 14, 15, 16 ans, vous êtes jeune, vous êtes immature. Heureusement, j’avais ma famille et mes amis autour de moi pour me diriger dans la bonne direction. Mais peut-être que je ne me suis pas entraîné aussi dur que j’aurais dû. Ça m'a fait mal, cela a sans doute empêché mon développement. Mais ce que la plupart des gens ne savent pas, c’est que j’ai décidé tout seul de signer pro à 14 ans parce que ma famille était pauvre. À ce moment, ma mère était une mère célibataire ayant deux à trois emplois. Qu'aurais-je dû faire? Dire non à des millions de dollars à cet âge alors que ma famille ne s’en sortait pas ? »

Entre mauvais choix, méformes chroniques et incapacité à franchir un palier, les raisons qui peuvent expliquer un tel accident industriel sont nombreuses. Une chose est sûre, cet exemple doit servir aux jeunes talents précoces, qui risquent par un simple choix de se perdre dans les méandres du foot business...

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