Le projet de la BeNeLeague divise en Belgique et aux Pays-Bas

Par Maxime Barbaud
5 min.

Dans un contexte de football mondialisé, les meilleurs clubs en Belgique et aux Pays-Bas ont décidé de s'associer pour lancer le projet d'un championnat commun : la BeNeLeague. Les contours de cette hydre footballistique sont déjà dessinés mais les obstacles sont encore majeurs et peut-être même insurmontables.

Décidément la mode est aux championnats transnationaux. Il y a le projet d'une super ligue européenne connu depuis bien longtemps et qui avance à petits pas. En parallèle, il existe la BeNeLeague dont l'entreprise est déjà bien plus avancée que son hypothétique grande sœur continentale. Depuis plusieurs mois maintenant, les gros bras de Belgique et des Pays-Bas se rassemblent régulièrement autour d'un projet commun : un championnat réunissant les meilleurs clubs des deux pays, dans le but de renforcer leur attractivité et leur compétitivité. L'idée n'est pas neuve dans la région mais contrairement au passé, elle fait désormais son petit bout de chemin même si elle est encore loin d'être acceptée par tout le monde.

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D'un côté, il y a le G5 belge composé d'Anderlecht, du Club Bruges, du Standard de Liège, de la Gantoise et de Genk, et de l'autre nous avons le G6 néerlandais avec les présences de l'Ajax Amsterdam, du PSV Eindhoven, de Feyenoord, de l'AZ Alkmaar, d'Utrecht et du Vitesse Arnhem. Ensemble, ces équipes veulent créer un super championnat du Benelux qui leur permettrait de pouvoir revenir au premier plan sur la scène européenne. Car évidement avec un potentiel de 28 millions de fans à travers les deux pays, ce championnat occasionnerait des revenus en hausse grâce notamment à de nouveaux droits TV.

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Le format est déjà fixé...

Le projet avance vite puisque récemment, les responsables du G5 et du G6 ont commandé une étude auprès du cabinet d'audit Deloitte, dont le 3e volet doit présenter ses conclusions dans les semaines à venir. Le format de ce championnat est déjà bien structuré puisqu'il y aurait 18 équipes (10 hollandaises et 8 belges). En plus des 11 clubs initiateurs, il faudrait encore déterminer les sept derniers participants, sélectionnés sur les résultats des cinq dernières saisons. La BeNeLeague a même déjà ses porte-voix. Comme Vincent Kompany avant lui, un certain Robin van Persie, aujourd’hui entraîneur des attaquants de Feyenoord s'est déclaré pour.

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«Je suis favorable à une BeNe League. Tout le monde veut jouer le plus de matches possible au plus haut niveau. C'est ce qui rend l'équipe meilleure. Les grosses équipes néerlandaises affrontent parfois des équipes assez faibles à domicile. Il y a chaque saison des matches comme ça. Pourquoi ne pas remplacer ces équipes par des cadors belges comme Anderlecht, La Gantoise ou Genk ? Ce serait bien pour les deux championnats. Les deux pays sont proches, les équipes n'auraient pas de longs voyages» argumentait ce week-end l'ancien international oranje.

... mais ne devrait pas tout de suite voir le jour

Difficile en revanche de fixer une date de sortie pour ce championnat tout neuf. En octobre dernier, le président du FC Bruges, Bart Verhaegese, se montrait pourtant très pressant, espérant même lancer la ligue dans les prochains mois. «Cela peut aller vite. Si ce n'est pas pour la saison prochaine, sans doute dans les deux suivantes.» L'ancien joueur amateur s'est sans doute un peu emballé. D'une part parce que la crise sanitaire actuellement traversée par le monde retarde les discussions mais ce n'est pas tout. Du côté de la Jupiler Pro League belge et de la KNVB (la fédération néerlandaise de football), on assure qu'aucun planning n'a été établi. Par ailleurs, Eleven Sports vient tout juste de rafler les droits télé du championnat belge pour les 5 prochaines saisons.

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Si ce championnat doit sortir de terre, ça ne devrait se faire qu'à moyen terme (dans les meilleures estimations). Les obstacles sont encore nombreux et risquent de s'accumuler car il faudra aussi faire avec les avis des plus petits clubs des deux pays, ceux qui sont laissés pour compte. En Eredivisie cela s'annonce presqu'impossible. Pour qu'une décision soit adoptée, il faut une majorité de 13 voix sur 18. Hors, il n'y aurait que 10 équipes néerlandaises qui rejoindraient la BeNeLeague. Il faudrait également harmoniser pas mal de règles comme le nombre de joueurs extracommunautaires ou encore le taux d'imposition, différents entre les deux pays. Et quid de l'avis de l'UEFA et de son président Aleksandr Čeferin qui se montre hostile à toute idée de championnat supranational. Lors de sa prise de pouvoir en 2016, ce dernier considérait même ce genre de compétition comme un ajout au calendrier actuel. Il n'y aurait donc pas de places qualificatives pour les coupes d'Europe par ce biais-là...

Les détracteurs de la BeNeLeague sont nombreux

Enfin, il faut trouver un public qui adhérerait à cette nouvelle formule. Problème : ici aussi ce n'est pas gagné. L'identité des deux championnats et les traditions qui les entourent seraient complètement bafouées d'après les anti-BeNeLeague. Il faudrait par exemple faire une croix sur de nombreux derbys, chose qui semble inaudible chez les supporters. Si en Belgique, on s'interroge davantage sur les conditions générales de ce championnat à deux têtes, au pays du football total on est beaucoup moins enclin au mélange des genres avec une compétition considérée comme mineure. Ce qu'il faut croire à travers le communiqué cinglant envoyé par le président de Supporterscollectief Nederland, Matthijs Keuning. Attention les yeux.

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«Notre culture du football est jetée par-dessus bord dans une telle fusion. L'Eredvisie a l'image d'un championnat avec un football attractif et de bons joueurs. (...) Nous ne comprenons vraiment pas qu'on puisse jeter cette image par-dessus bord en fusionnant avec la Belgique, où la compétition a une image différente à cause de la corruption et à d'autres choses folles. (...) Aux Pays-Bas, il est déjà très difficile d'obtenir l'accord de tous les clubs et ce le sera encore plus si deux pays doivent s'entendre. Notre conclusion : nous n'en voulons pas. Si l'objectif est d'améliorer la qualité du football, il existe de nombreux autres moyens. (...) Nous n'avons vraiment pas besoin de clubs belges pour accroître la résistance. Le football néerlandais en tant que marque est beaucoup plus fort que le belge.» L'Eredivisie et la Jupiler League ont visiblement encore de beaux jours devant elles.

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