Comment Tite a transfiguré le Brésil

Par Alexis Pereira
4 min.
Brésil Adenor Leonardo Bacchi @Maxppp

Intronisé en juin 2016 en remplacement de Dunga, Tite a complètement relancé le Brésil, validant le billet de la Seleção pour le prochain Mondial 2018 en Russie. Une véritable performance en un peu moins d'un an.

Le jour et la nuit. Il y a un an jour pour jour, le Brésil sortait de deux nuls décevants contre l'Uruguay (2-2) et le Paraguay (2-2). Deux résultats qui plaçaient la Seleção à la 6e position au classement des éliminatoires de la zone AmSud, hors des places qualificatives, avec 9 points au compteur en 6 journées. Aujourd'hui, la Canarinha caracole en tête de ce même groupe qualificatif, avec 33 points en 14 journées. Mieux, en s'imposant ce mardi soir contre le Paraguay (3-0), la sélection auriverde a même validé son billet pour la prochaine Coupe du monde 2018 en Russie, devenant officiellement le premier pays qualifié après la nation hôte. Mais comment expliquer cette révolution ? La plupart des observateurs en conviendra, un homme est derrière ce profond bouleversement : Tite.

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Intronisé en juin 2016 en lieu et place de Dunga au sortir d'une Copa América terriblement décevante (élimination au premier tour), l'ancien coach du Corinthians a complètement changé la face d'une équipe à la dérive. Il suffit de lire les déclarations de Neymar, totalement libéré, pour s'en convaincre. «Tite mérite tout le soutien du public, des joueurs, de la direction, du staff. Il est vraiment génial. Il nous transmet énormément de confiance avant les matches. Il ne mérite pas seulement un cri d'ici (du Paraguay, ndlr), mais de tout le Brésil», a-t-il lancé en zone mixte, relayé par Lance !. Même son de cloche pour Marcelo. «Je crois que c'est la meilleure ambiance que je n'ai jamais vu en sélection. On peut voir l'atmosphère qu'il y a, l'investissement de chaque joueur, tout le monde travaille fort à chaque entraînement. Nous remercions le professeur Tite et ses compagnons pour leur venue, car ils ont pratiquement tout changé. Nous lui devons beaucoup», a-t-il analysé au micro de TV Globo.

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Plébiscité par tout son groupe, le sélectionneur national parvient même à faire l'unanimité chez les observateurs brésiliens, si difficile à contenter. Car si, sur le plan comptable, la donne a profondément changé, ce n'est pas le seul domaine dans lequel les Brésiliens ont réalisé des progrès faramineux. Les partenaires de Philippe Coutinho viennent en effet d'enchaîner 9 succès consécutifs en 9 matches. Une efficacité remarquable qui se traduit en statistiques, puisque l'attaque auriverde enfile les buts comme les perles (24 réalisations) et la défense a retrouvé une imperméabilité notable autour de l'axe Marquinhos-João Miranda (2 buts encaissés seulement). Des chiffres d'autant plus étonnants que le groupe de joueurs n'a pratiquement pas changé depuis le départ de Dunga.

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Les secrets de Dunga

Mais quel est donc le secret de Tite ? Il réside sans doute dans sa préparation. Figure tutélaire au Timão, il a multiplié les échanges et les stages en Europe pour être fin prêt à endosser le rôle de sélectionneur. «Je me suis préparé.Je me suis préparé, je me suis bien préparé. Et dans la mesure où tu suis les médias, où ton travail sur les 5 dernières années est reconnu dans la rue, avec une Libertadores menée à son terme sans perdre, un Mondial des clubs, des championnats brésiliens, une Copa Sudamericana... La question n'est pas de savoir qui est le plus fort, mais de savoir qui traverse le meilleur moment de forme dans son travail», expliquait-il à ESPN en 2014 après que la Confédération Brésilienne de Football lui ait préféré Dunga pour remplacer Luiz Felipe Scolari au sortir du terrible Mondial 2014. Il a attendu son heure et opéré des changements forts.

Ainsi, le capitanat est désormais tournant. Une décision qui a eu pour effet d'ôter un poids des épaules de Neymar, lessivé après la victoire aux Jeux Olympiques de Rio de Janeiro l'été dernier. Le Blaugrana a retrouvé un rythme de croisière impressionnant sous la tunique aux cinq étoiles : 52 buts et 31 passes décisives en 77 capes ! Tite a aussi su imposer le jeune Gabriel Jesus (19 ans) fin 2016. Un pari gagnant puisque la starlette aujourd'hui à Manchester City avait enchaîné 5 buts en 6 sélections avant sa blessure à la cheville. Il a également su relancer des éléments tels que Paulinho, sévèrement critiqué après 2014 et élu pire flop de l'histoire de Tottenham récemment, Renato Augusto ou encore Thiago Silva, rappelé alors qu'il était boudé par Dunga. Le tout en mettant le jeu au cœur de son discours. «Le professeur nous demande toujours de bien jouer et de mériter la victoire à chaque fois que nous entrons sur le terrain, alors nous sommes tous heureux», a expliqué Coutinho en zone mixte ce mardi soir.

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Soutenu par tous ses joueurs et tout le pays, Tite peut désormais se concentrer sur l'avenir. «Nous jouons bien, nous progressons, alors il ne faut pas avoir peur d'être heureux et optimiste», a-t-il lâché en conférence de presse ce mardi, relayé par O Globo. «À partir du moment où tu es qualifié, de nouvelles perspectives s'ouvrent. On peut donner leur chance à plusieurs joueurs. Mais la responsabilité ne change pas. Je ne suis pas d'accord avec certains clichés. Par exemple, on dit qu'il est plus dur de se maintenir au top que d'y arriver. La difficulté est la même. Si je devais reprendre des erreurs, je le ferai. Il faut seulement penser à jouer», a-t-il conclu. Avec un tel discours et des actes fondateurs, Tite a totalement relancé le Brésil.

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