La longue traversée du désert d'Adel Taarabt à Benfica a pris fin

On jouait la 70e minute d'un Benfica-Tondela décisif dans la course au titre en Liga NOS (1-0, 27e journée) lorsque Bruno Lage décidait de faire entrer Adel Taarabt, n° 49 dans le dos, en jeu, en lieu et place de Pizzi. Un événement puisque le Marocain, arrivé au SLB à l'été 2014, n'avait tout simplement encore jamais joué de match officiel avec les Lisboètes ! Une attente longue de 1387 jours qui fait les gros titres au Portugal. Il faut dire qu'on ne pensait plus voir le Lion de l'Atlas (18 sélections, 4 réalisations) jouer avec les Aigles.

Après une interview accordée à France Football en 2016 dans laquelle il critiquait ouvertement le précédent entraîneur Rui Vitoria et ses choix ainsi que la direction, l'ancien Lensois, entre virées nocturnes et prise de poids, avait écopé d'une amende avant d'entendre le président encarnado Luis Filipe Vieira promettre qu'il ne porterait plus les couleurs du club. Au sortir d'un prêt de deux ans au Genoa (28 apparitions en Serie A, 2 réalisations) et d'une mise au placard en équipe réserve, le natif de Berre-l'Étang a malgré tout réussi à refaire surface.

1387 jours après...

Depuis plusieurs semaines déjà, il avait vu Bruno Lage lui tendre la main. Les deux hommes, qui ont travaillé ensemble en équipe réserve, se sont retrouvés, en février. Le coach, promu après le limogeage de Rui Vitoria, lui a en effet redonné sa chance en l'intégrant aux séances de l'équipe première le 20 février. Et après trois titularisations en deuxième division (258 minutes de jeu au total), il l'a convaincu de lui donner sa chance en Liga NOS. Un processus raconté par l'actuel entraîneur de la réserve, Renato Paiva, dans les colonnes de A Bola.

«Ce travail a commencé en équipe réserve avec Bruno (Lage). Je l'ai poursuivi et j'ai témoigné de son bon travail. Adel m'a dit : "j'ai changé". Il veut terminer sa carrière de manière digne, en accord avec les qualités que nous lui connaissons tous. Depuis le premier jour, il a travaillé de la même manière avec moi. Il a toujours été un exemple aux entraînements. Il a des qualités techniques, mais aussi tactiques, qui font la différence, il ne lui manquait que le physique pour faire la différence. Il y a toujours le temps pour corriger ça et il a su le faire. En équipe B, il m'a plu, à Bruno aussi, il a plusieurs fois repris les plus jeunes. J'espère qu'il restera longtemps en équipe première. Je ne veux plus le voir ici», a-t-il confié.

La confiance de Bruno Lage

Pour pouvoir être réintégré, Taarabt a toutefois dû voir Lage aller plaider sa cause directement auprès de son président, selon les informations de O Jogo. Sa rédemption, étonnante, est décortiquée au Portugal : 21 minutes de jeu, 92% de passes réussies, dont 2 transversales, 1 duel aérien remporté, 1 récupération, 1 faute et 1 jaune. Surtout, Florentino Luis, annoncé dans le viseur du Paris SG, est resté à disposition de la réserve ce week-end, tandis que Gedson Fernandes, grand espoir du centre de formation, est lui resté sur le banc 90 minutes contre Tondela. Un signe fort de la confiance que lui témoigne son coach alors que Benfica est lancé dans un sprint final haletant avec le FC Porto pour le titre de champion et est toujours en course en Europa League (quart de finale à venir contre l'Eintracht Francfort).

Adel Taarabt le sait. «Très heureux d'être de retour et d'avoir pris les trois points. Maintenant, il faut continuer à travailler dur», a-t-il posté sur son compte Instagram, conscient de cette nouvelle et sans doute dernière chance. Miguel Veloso, qu'il a côtoyé au Genoa, en est persuadé. «Il a tout : la qualité technique, tactique, physique, tout. Et c'est une personne tranquille, sympa, un ami. Taarabt a une qualité immense et cela ne dépend que de lui et de sa tête. S'il le veut, il peut donner beaucoup à Benfica et arriver où il le souhaite avec ses qualités, qui sont énormes», a confié le Lusitanien à A Bola. Réponse d'ici la fin de saison.