Le Celta à la croisée des chemins !

Par Max Franco Sanchez
7 min.
Celta de Vigo @Maxppp

Présenté comme un modèle de gestion sportive et financière depuis plusieurs années sous la houlette de Carlos Mouriño, le Celta Vigo s'apprête à changer de propriétaires. Et la vente du club à un groupe chinois ne fait pas que des heureux en Galice, loin de là.

Au fur et à mesure que les années avancent, les clubs de Liga retrouvent une santé économique qu'ils avaient perdu pour la plupart pendant la terrible période 2005-2010 après avoir vécu au-dessus de leurs moyens pendant de longues années. La dette des clubs ne fait que de dégringoler, et la quasi-intégralité des clubs professionnels espagnols fait des bénéfices tous les ans. S'il y a encore certains mauvais élèves, le Celta fait lui office de modèle de gestion sportive et financière depuis plusieurs années déjà, aux côtés de Villarreal ou d'Eibar par exemple. Un club économiquement sain, compétitif et à forte identité, avec notamment plusieurs joueurs formés localement dans l'effectif de l'équipe première. Il faut remonter au mois de juin de l'année 2006, qui a été un véritable tournant pour le club galicien. Carlos Mouriño, homme d'affaires de la région qui a fait fortune au Mexique, devenait propriétaire et président du club, remplaçant Horacio Gómez Araújo. Pourtant, son règne ne commençait pas sur les chapeaux de roues, loin de là, puisqu'à l'issue de la saison 2006/2007, le club était relégué en deuxième division et ce alors qu'il avait disputé la Coupe de l'UEFA lors de cette même saison...

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Un coup dur pour ce club habitué à flirter avec les places européennes. Et ce n'était pas fini, puisque dès sa première saison dans le deuxième échelon du foot ibérique, le club a frôlé la relégation, ne terminant que deux points au-dessus de la zone de relégation en D3 ! Une saison chaotique, avec pas moins de trois entraîneurs différents. La saison suivante allait encore être compliquée, et les finances du club se détérioraient au jour le jour. En juin 2008, le club était contrait d'entrer en Ley Concursal, processus au cours duquel un contrôleur judiciaire prend les commandes du club pour réduire au maximum les dépenses et tenter de relancer la machine. Mouriño lui était dans l'oeil du cyclone, beaucoup de ses décisions tant sportivement qu'économiquement étaient contestées par les supporters. Mais peu à peu, le club a pu redresser la barre, repartant à zéro financièrement et retrouvant un statut qui devait être le sien dès sa relégation, à savoir celui d'équipe candidate à la montée tous les ans... C'est finalement en juin 2012 que les Celestes atteindront le Graal tant attendu.

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La consécration en quelques saisons

Dès lors, le club connaîtra une progression exponentielle de saison en saison, jusqu'à réussir à se qualifier pour la Ligue Europa à l'issue du dernier exercice, de la main d'Eduardo Berizzo, considéré comme l'un des meilleurs coachs du championnat. Il faut aussi souligner l'excellent travail de la direction, avec le directeur sportif Miguel Torrecilla qui a réalisé énormément de bons coups à prix réduit avant de quitter le club cet été pour rejoindre le Betis cet été. On peut par exemple citer Daniel Wass, Pablo Hernandez, Fabian Orellana, Nolito ou Augusto Fernandez, pendant que le club a sorti de bons joueurs comme Hugo Mallo ou Jonny Castro. Autant dire qu'avec du recul, le bilan de Mouriño est particulièrement brillant. Le bilan est très positif. « Quand il est arrivé, le club était dans une situation économique très compliquée, et en six ans il a réussi à réduire la dette à 0, avec tous les pour et les contre. [...] Depuis la montée, le club continue de grandir, jusqu'à aujourd'hui, avec l'Europa League. L'équipe a été très revalorisée, avec son propre siège, tout comme la valeur du club a augmenté », nous confie José Méndez Castro, président de la fédération des peñas (groupes de supporters) du Celta.

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Aujourd'hui, le club de Vigo fait partie des places fortes du football espagnol. Ses finances se portent à merveille : une dette inexistante, 13 millions d'euros de bénéfices sur le dernier exercice sans même jouer de compétition européenne et budget de 66 millions d'euros, plus de 20 millions de plus que le dernier exercice ! Et depuis quelques mois déjà, les rumeurs vont bon train concernant un éventuel rachat par un groupe d'investisseur chinois. Des rumeurs qui n'en sont d'ailleurs plus, puisque la vente devrait bientôt se sceller. Le groupe CITS (China International Travel Service) devrait ainsi s'emparer des actions laissées par Carlos Mouriño, à savoir 52% des actions du club. On parle d'un montant conséquent qui pourrait atteindre les 150 millions d'euros selon plusieurs médias locaux ! Une somme colossale, mais pas forcément surprenante si on analyse de plus près les forces du Celta : des droits TV bien à la hausse et mieux répartis en Espagne, un stade en rénovation et qui aura fière allure d'ici quelques mois ainsi qu'un centre de formation performant. En conférence de presse mardi dernier, Mouriño a même confié avoir reçu une offre du Qatar !

Les supporters ne voient pas le rachat d'un bon oeil

Mais les supporters eux, ne semblent pas forcément enchantés à l'idée de voir leur club changer de mains. « On ne sait pas trop pourquoi, mais c'est probablement à cause de ce qui se passe dans d'autres clubs espagnols (cf Granada racheté cet été et lanterne rouge) et le manque de confiance autour de ce type de ventes, dans lesquelles l'investisseur cherche la rentabilité coûte que coûte, sans prendre en compte les valeurs, l'histoire, la ville, le niveau des joueurs et surtout, les sentiments des supporters », explique José Méndez Castro. Il faut dire que jusqu'ici, le club a toujours été géré comme une entreprise familiale, avec un fort contingent d'hommes de la région ou d'anciens joueurs aux postes clés, et un sentiment d’appartement fort à la Galice. « Les politiciens de la région sont comme les supporters, préoccupés par ce qui peut arriver, et surtout à cause du manque d'information fiable sur la véritable situation de la vente du club », ajoute Méndez Castro.

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Pour l'instant, les clubs ayant accueilli des gros actionnaires étrangers n'ont pas forcément connu du succès, à contrario d'équipes comme Villarreal ou l'Athletic. Du côté de Valence, l'expérience est par exemple plus que mitigée. Peter Lim, propriétaire singapourien du club, a mis la main à la poche, mais la gestion sportive du club est catastrophique. Ce qui a forcément des répercussions sur le terrain, et après une belle 4e place lors de l'exercice 2014/2015, Valence n'a même pas pu se qualifier pour l'Europe la saison dernière. A Granada, c'est pire encore, puisqu'après l'arrivée d'investisseurs chinois cet été, le club est... lanterne rouge du classement. La situation n'est pas forcément plus réjouissante à l'Espanyol, lui aussi repris par des Chinois et 12e malgré des investissements relativement importants par rapport à ce qu'on avait l'habitude de voir du côté de Cornellà.

Quel projet pour le Celta ?

Quoi qu'il en soit, le projet sportif que réserve CITS au Celta semble encore flou et les intentions du groupe ne sont pas encore connues. Dans les cas précédemment cités, l'objectif est d'assainir les finances du club dans un premier temps, puis ensuite de construire une équipe pour jouer l'Europe. Le Celta lui est déjà dans le vert et joue déjà l'Europe. Quelle sera donc la prochaine étape à franchir ? « Je pense, comme beaucoup de supporters, que lorsqu'un investissement aussi conséquent est réalisé, c'est pour qu'il soit rentable et donc essayer d'améliorer ce qu'il y a actuellement, pour arriver là où on peut », confie Méndez Castro.

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Mais du côté de Vigo, on évite quand même de tirer des plans sur la comète un peu trop tôt : « tu peux investir autant d'argent que tu veux, arriver au niveau de ces équipes (Barça, Real Madrid et Atlético) est presque impossible, parce qu'ils sont à des années-lumière du reste des clubs à tous les niveaux, que ce soit en terme de masse sociale, de résultats sportifs, économiques. La presse parlera toujours d'eux et donnera plus d'informations, donc le Celta maintiendra son statut ». On peut cependant imaginer que si CITS prend contrôle du club, il tenterait aussi d'améliorer les structures du club. Un achat du stade - déjà mentionné par Mouriño mais refusé par la Mairie - pourrait par exemple être une des premières opérations du groupe. Les prochaines semaines devraient nous apporter plus d'informations sur l'état du processus de vente du club et nous indiquer les premiers contours du nouveau Celta...

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