Liga : que vaut ce nouveau Séville de Julen Lopetegui ?

Par Max Franco Sanchez
5 min.
FC Séville Julen Lopetegui Argote @Maxppp

Les premiers pas de Julen Lopetegui à Séville se passent plutôt bien, malgré une équipe totalement renouvelée pendant l’intersaison et un effectif qui n’est pas forcément compatible avec sa vision du football. Ce soir, il retrouve une équipe du Real Madrid d’où il a été chassé bien trop tôt à son goût…

Un été encore, ça a beaucoup bougé du côté de Séville. Monchi a repris les commandes de la direction sportive de la formation andalouse et a confié les clés du camion à Julen Lopetegui. Ce dernier, qui restait sur une expérience mitigée à Porto, un passage réussi mais terminé en scandale en sélection et quelques mois compliqués à Madrid, était donc face à une occasion en or pour refaire grimper sa cote et prouver qu’il a sa place sur des bancs d’équipes du plus haut niveau. Une fois n’est pas coutume, l’effectif andalou a connu une véritable révolution. Wissam Ben Yedder, Pablo Sarabia, Gabriel Mercado, Simon Kjaer, Quincy Promes, Roque Mesa ou Sergio Rico, entre autres, se sont ainsi envolés vers de nouvelles destinations, en plus des prêtés qui n’ont pas été retenus comme Marko Rog ou André Silva.

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Des joueurs clés, d’autres utiles dans la rotation et certains qui n’étaient que des fonds de tiroir, mais de tels bouleversements sont toujours difficiles à gérer. Dans le même temps forcément, de nombreux joueurs ont posé leurs valises au Sanchez Pizjuan. Quatorze joueurs sont ainsi arrivés en Andalousie lors de ce mercato estival. Des profils divers, avec des joueurs bien connus des fans de Ligue 1 comme Rony Lopes, Diego Carlos, Jules Koundé ou Lucas Ocampos, des éléments plus expérimentés comme Fernando ou Chicharito, mais aussi des valeurs sûres de Liga, comme Joan Jordan, Sergio Reguilon ou Yassine Bounou. Au total, plus de 150 millions d’euros ont été déboursés pour compenser les départs et tenter dans le même temps de renforcer l’équipe.

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Une équipe qui n’a pourtant pas la patte Lopetegui

Mais s’il y a quelque chose qui peut nous frapper lorsque l’on regarde le mercato sévillan, c’est que les joueurs recrutés ne semblent pas forcément correspondre à l’idée de jeu qu’a Lopetegui de base, ou du moins celle qu’il nous a montré lors de ses expériences précédentes. L’ancien gardien est un adepte convaincu du jeu de position. Pourtant, la plupart des joueurs qui sont arrivés n’ont pas vraiment le profil requis pour briller dans de telles conditions. C’est le cas de Lucas Ocampos par exemple, a priori plus à l’aise dans une équipe pratiquant un jeu très direct, ou de Luuk de Jong, joueur de surface qui n’a aucune influence sur l’élaboration des actions de son équipe. De quoi se poser des questions sur la cohérence du mercato sévillan. On sait que le coach a poussé pour Oliver Torres, qu’il avait eu sous ses ordres avec les équipes de jeunes de la Roja, et qui lui correspond bien à ce style de football, mais pour beaucoup d’autres joueurs, c’est un mystère.

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Les résultats sont cependant très bons et donnent raison à Monchi, puisqu’après quatre journées de Liga, la formation andalouse était première, avec trois victoires et un petit nul. Il faut aussi compter une belle victoire sur la pelouse de Qarabag en Europe. On a donc un Julen Lopetegui qui s’est adapté à l’équipe qu’il avait à disposition, et pas un Lopetegui qui a voulu imposer sa patte au groupe. C’est peut-être d’ailleurs là qu’est la différence avec ses précédentes expériences en club. Lorsque l’on voit jouer cette équipe sévillane, on a même du mal à croire que c’est le Basque qui la dirige. Si le 4-3-3 reste de rigueur, on mise avant tout sur l’équilibre, avec ce milieu composé de l’infatigable Fernando, l’ancien de Manchester City, le génie Ever Banega pour la touche créative et Joan Jordán, sorte de box to box à l’espagnole aussi précieux défensivement que létal lorsqu’il se projette. C’est ce milieu qui tient l’équipe, qui utilise également beaucoup les flancs pour attaquer, avec deux latéraux redoutables offensivement que sont le Madrilène Sergio Reguilon et Jesus Navas, qu’on ne présente plus.

Une vengeance à prendre ?

Derrière, Diego Carlos s’est très bien intégré et forme une charnière solide avec le vétéran Daniel Carriço. Un seul but encaissé en cinq rencontres, preuve que l’assise défensive de l’équipe est solide. C’est plutôt dans le secteur offensif que le bât blesse, puisque c’est Nolito, qui était pourtant indésirable et à deux doigts de partir cet été, qui est le meilleur élément offensif de l’équipe en Liga. Le bilan du mercato estival est d’ailleurs finalement assez mitigé. Certains se sont très vite intégrés et mis au niveau, à l’image de Reguilon, Diego Carlos ou Jordan, alors que d’autres sont encore en cours d’adaptation, enchaînant le bon et le moins bon, comme Lucas Ocampos. Mais le recrutement de Luuk de Jong, titularisé à quatre reprises en attaque, commence à faire grincer des dents, puisque le Néerlandais affiche de sacrées difficultés. Chicharito devrait rapidement s’emparer de sa place, alors que Munas Dabbur, recruté quelques mois avant le mercato estival pour plus de 15M€, n’entre pas dans les plans du coach. Quant à Jules Koundé, il est barré par la concurrence en défense, mais c’est a priori sur le moyen et le long terme qu’on jugera la réussite de son recrutement.

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Quoi qu’il en soit, ce que réalise Lopetegui est admirable, dans la mesure où il semble déjà y avoir de la cohésion et des automatismes dans son équipe, alors que la plupart du temps, seuls quatre voire cinq joueurs (Vaclik, Carriço, Navas, Banega et Nolito) présents au club l’an dernier sont titulaires ! Un groupe neuf qui a donc appris à jouer ensemble très vite, et peut-être qu’avec le temps, Julen Lopetegui pourra se rapprocher un peu plus de son idéal footballistique. En attendant, il défiera Zinedine Zidane et le Real Madrid à la maison ce soir. À plusieurs reprises, il a confié regretter ne pas avoir eu assez de temps pour prouver sa valeur du côté de la capitale espagnole. L’occasion de prouver à Florentino Pérez qu’il s’est peut-être trompé en le mettant à la porte après seulement quatorze matchs…

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