Le constat lucide et cinglant de Jérôme Leroy sur la L1 et l’EdF

Par Matthieu Margueritte
3 min.
France @Maxppp

Retraité du monde du football, Jérôme Leroy a livré son jugement sur l'état actuel du football français. Extrait.

A 38 ans et après dix-sept ans passés sur les terrains de football, Jérôme Leroy a donc raccroché les crampons après une ultime saison à Evian TG. Une mise à la retraite que le milieu de terrain a décidée malgré plusieurs propositions. « Oui, là, c’est fini. Cela fait un moment que la décision s’est imposée. J’ai pourtant eu de belles propositions, avec des projets de reconversion, venues de L 2 à l’intersaison. J’ai patienté en attendant une offre de L 1. Et puis j’ai vu le temps passer et j’ai finalement rappelé ces clubs pour leur dire que j’arrêtais », a-t-il déclaré dans les colonnes de L’Équipe.

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Revenu à rennes afin d’y retrouver femme et enfants, Leroy s’adonne désormais à son nouveau sport : le MMA, une discipline d’arts martiaux. Une nouvelle passion qui n’empêche pas cet ancien joueur atypique du championnat français de porter un jugement sur l’évolution de ce sport en France. Joueur réputé pour sa technique, mais souvent décrit comme inclassable, Leroy n’a jamais été un pur produit moulé par les centres de formation. Et cela se ressent dans son jugement. « Je me laisse porter. Je ne suis pas à plaindre. Je suis mon fils qui évolue avec les moins de 13 ans du Stade Rennais. Je l’aiguille, mais ce n’est pas facile. Je vois qu’il est déjà formaté quand il joue avec ses copains et qu’il se positionne à son poste en club… Il va là où on le met et il fait bêtement ce qu’on lui demande… Si je devais faire quelque chose dans le foot, ce serait avec les jeunes. Pour les déformater ! Il y a trop d’entraînements et ils sont mal entraînés, ça fait beaucoup, non ? Quand ils arrivent en pro, les gamins savent soi-disant tout maintenant. Ils connaissent trop de trucs, mais pas les bons. À dix-huit ans, il ne leur manque plus rien. Mais lorsqu’ils arrivent au plus haut niveau et découvrent qu’ils doivent encore faire plus, ils sont finalement déjà rincés après avoir été trop compressés. Le mal est là. »

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Peu friand des méthodes de formation, Leroy regrette également la volonté des clubs de Ligue 1 de vouloir lancer énormément de jeunes en même temps. Un choix préjudiciable au moment de défendre les chances françaises en Europe. Mais pas seulement. « On a de super joueurs en France. Mais on s’aperçoit qu’au plus haut niveau cela va beaucoup plus vite, notamment en Ligue des champions. Je l’ai encore vu cette saison. Nous, on met une touche de plus, car on ne sait pas bien contrôler… La différence est là. Il y a trop de jeunes joueurs en L 1. Avant, dans un club, on ne sortait qu’un joueur par saison, et encore, par un trou de souris ! Maintenant, il en sort huit ! Mais ce que je reproche le plus au Championnat de France, c’est d’être encore dans le catenaccio. Plus personne ne le pratique, à part nous ! »

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Enfin, l’ancien Parisien est revenu sur l’un des faits marquants de sa carrière : l’absence de sélections en équipe de France. Un constat que ne regrette pas le natif de Béthune. Et pour cause… il n’aurait pas voulu des Bleus. « Être appelé en sélection, cela se mérite. Moi, je l’ai déjà dit : si j’avais été appelé, j’aurais refusé. Oui, car je suis lucide. Moi, j’avais le niveau pour jouer en Ligue 1. Après, il faut un minimum d’expérience en Coupe d’Europe pour aller en équipe de France. En Ligue des champions, on voit bien que certains joueurs sont déjà débordés… En 1998, les joueurs de l’équipe de France ont créé une institution. Et tout doucement on a perdu ça en prenant des joueurs par-ci par-là, parfois après seulement une saison de L 1 ! » Une justification qui a le mérite d’être honnête quand on se souvient de sélections de joueurs tels que Savidan, Jurietti, Faubert ou plus récemment Amalfitano, tous appelés sans avoir réalisé de performances notables, notamment sur la scène européenne. Jérôme Leroy est décidément un homme à part.

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