Comment l'OM s'est coincé dans l'imbroglio du Vélodrome
Le bras de fer entre la Ville de Marseille et le club olympien au sujet du loyer du Vélodrome est loin de connaitre une issue. Dirigeants marseillais et élus municipaux se renvoient la balle. L'OM savait pourtant qu'une grosse augmentation du loyer lui pendait au nez...

Marcelo Bielsa est enfin arrivé. Deux recrues, de qualité, ont signé. Tout va donc dans le meilleur des mondes à l'OM ? Non, un petit grain de sable est en train d'enrayer la belle mécanique de l'été. Un grain de sable qui pourrait vite devenir un obstacle conséquent au regard des conséquences qu'il implique. Le bras de fer entre la Ville de Marseille et le club s'intensifie, depuis qu'à l'issue d'un conseil municipal, les élus marseillais ont décidé de fixer un nouveau tarif pour le loyer du stade, à savoir 381 000 par match, soit environ 8 M€ à l'année. On crie à l'injustice du côté de l'OM et surtout, on a durci le ton en brandissant la menace de ne pas jouer au Vélodrome. Malheureusement, avec plus de 30 000 abonnés, il y a peu de stades dans la région qui pourront accueillir les joueurs et le public olympiens.
Une chose est sûre, la Ville s'estime dans son bon droit en réclamant les 381 000 euros par match. C'est la chambre régionale des comptes qui a proposé ce tarif, jugé par l'OM comme « irréaliste et le plus élevé d'Europe et de loin ». Par la voix de Philippe Pérez, directeur général du club, l'OM refuse de s'aligner. « Existe-t-il une chance qu’un accord raisonnable soit trouvé d’ici le début de la saison? J’en doute fortement », prévient-il dans les colonnes de La Provence. Son point de vue n'est pas partagé par l'adjoint au maire en charge des Grands Équipements, Maurice Di Nocéra. « Pour prendre possession du stade, le club doit signer une décharge, un contrat, donner des garanties... S’il ne signe pas, il n’aura pas accès au stade. Mais je sais qu’on n’en arrivera pas là; d’ici là, nous serons tombés d’accord. Je le pense et je le souhaite ! »
Pour justifier le positionnement de l'OM dans ce dossier, Philippe Pérez a comparé les montants déboursés par le PSG notamment (1 M€ par an) auprès de la Mairie de Paris ou encore celui de l'OL à Gerland (1 M€ également). Mais il n'a pas mentionné le fait que le club de la capitale a déboursé 75 M€ pour participer à la rénovation du Parc des Princes, ou que l'OL a lâché 135 M€ en parallèle pour la construction du Stade des Lumières. Alors que le maire Jean-Claude Gaudin a fait son possible pour diminuer le coût des travaux de rénovation du Vélodrome et trouver des financements, c'est aujourd'hui l'OM qui rechigne à payer un loyer évalué par la chambre régionale des comptes au regard des bénéfices tirés de la nouvelle structure. En effet, entre les nouvelles loges et l'augmentation du nombre de places (67 000 places désormais), l'OM peut estimer à 36 M€ les recettes des matches à la fin de l'année, contre 25 M€ avant rénovation. Soit 11 M€ supplémentaires, ce qui permettrait à l'OM de payer sans problème le loyer réclamé.
L'OM était prévenu
Si l'OM n'a pas contribué à l'effort financier durant la rénovation, il a bien sûr été touché par la réduction du nombre de places et donc une recette billetterie moins élevée. La perte a été estimée à 27 M€. Or, ce que n'a pas dit Philippe Pérez, c'est que la Ville a accepté, durant la période des travaux, de baisser considérablement le loyer, normalement de 1,5 M€ annuel à 50 000 euros par an ! En 2010, au moment de boucler le financement pour les travaux de rénovation, le maire Jean-Claude Gaudin prévenait déjà le club que le loyer allait forcément être revu largement à la hausse. L'OM n'a pas réellement anticipé le problème et c'est aujourd'hui ce que reproche Jean-Pierre Foucault, président de l’association OM, relayé par La Provence.« Nous ne sommes pas en guerre, on s’entend très bien avec Vincent Labrune. Mais là, il s’est laissé aller à un petit excès de confiance... » Et Foucault de rappeler certaines exigences au club phocéen, dont les menaces d'aller jouer dans un autre stade viennent se heurter au protocole.« Nous signons un protocole tous les cinq ans dans lequel l’OM s’engage à subvenir aux besoins du centre de formation et de la section amateur, ce qui est le cas; et où il est stipulé que le club a l’obligation de jouer au stade Vélodrome. L’OM ne peut pas ne pas respecter un protocole qu’il a signé », remarque-t-il.
Marseille a-t-il pris le problème par-dessus la jambe alors qu'il en était prévenu ? Aujourd'hui, le club a choisi le bras de fer, intimement persuadé que la Ville cèdera. Mais au regard des investissements concédés (132,5 M€ de contributions publiques dont 42,5 pour la ville, endettée pour cela sur trente ans) et des loyers réellement payés par les autres clubs de L1 qui bénéficient d'une nouvelle enceinte (en ajoutant les variables, Lille paye pas loin de 7 M€ par an, Nice entre 3 et 4, Bordeaux 3,5 en ayant participé à hauteur de 20 M€ au financement de son nouveau stade), elle est certaine d'être dans son bon droit. Reste que le montant de 8 M€ serait effectivement le loyer le plus cher, du moins en Ligue 1, et qu'il pourrait être revu à la baisse, si jamais l'OM accepte enfin de se poser à la table des négociations.