PSG-Troyes : les notes du match
Le PSG s’est imposé face à Troyes (4-0). Le score ne reflète pas la réalité d’un match, où le club de la capitale a encore été particulièrement fébrile.

On entend souvent dire qu’il y a déjà deux clans au sein du vestiaire parisien : les français et assimilés français d’un côté, les étrangers de l’autre. Sur le terrain aussi il y a deux clans au PSG : ceux qui courent et ceux qui trottinent en permanence. Le match contre Troyes cet après-midi au Parc des Princes l’aura démontré dans toute sa splendeur, Paris n’est pas une équipe. Plus inquiétant, il semble régresser plutôt que progresser dans son expression collective. Un coup d’œil aux statistiques de la première période a de quoi faire rire tous les adversaires du PSG : une possession de balle en faveur des Troyens, avec plus de tirs au but. Cet après-midi, le 19e de Ligue 1 a réussi à de nombreuses reprises à confisquer le ballon à l’ogre annoncé du championnat. Cet ogre, pour l’instant, ressemble plus à une bande d’enfants où chacun joue dans son coin, sans rythme ni cette intensité si chère à Ancelotti, sans se battre pour le copain à côté, à l’exception de quelques-uns.
À lire ces lignes, on pourrait croire que le PSG a encore subi une défaite au Parc. Non, il a gagné 4 à 0 mais la largesse du score n’indique en rien une domination de tous les instants. Toujours aussi paradoxal, il a encore livré une première période indigente, sans envie, à l’image d’un Pastore une nouvelle fois fantomatique. Bien sûr, Paris garde cette capacité à offrir des fulgurances, en se basant sur le talent balle au pied de ses stars. Ibrahimovic, qui ratait tout jusque-là, s’en allait déborder Rincon pour centrer dans la surface. C’est Maxwell qui héritait du ballon et qui ouvrait la marque. Le début d’une longue domination sans fin ? Non, face au 19e de la L1, le PSG recule dès qu’il prend l’avantage… Pouvait-il faire autrement au regard des prestations de certains éléments (Verratti, Van der Wiel, Pastore) ? Troyes, de son côté, passait son temps dans le camp parisien, mais ne parvenait pas à transpercer la carapace parisienne, symbolisée par un tandem Alex-Silva qui fonctionne bien.
En remplaçant Pastore par Nenê à la pause, Ancelotti enlevait une épine du pied à son équipe. Mais c’est bien Troyes qui repartait avec les mêmes ambitions. À tel point qu’aux alentours de l’heure de jeu, lassé de voir son équipe se contenter de passes latérales et de sursauts d’orgueil, le public du Parc commençait à siffler. Le moment choisi par Ibra pour impulser un contre et lancer Matuidi dans la profondeur pour le 2-0 (63e). Le trou était fait, et l’air devenait plus respirable pour un PSG moins inhibé. Avec un Nenê à la baguette, Paris se procurait plus d’occasions et Ibra pouvait retrouver le chemin des filets en Ligue 1 avec un nouveau doublé. En mettant un terme à sa mauvaise série en championnat, il a accompli sa tache principale et retrouve provisoirement la tête du classement. Mais il est loin de rassurer, et encore plus loin de convaincre. Ancelotti n’a pas fini d’avoir les oreilles qui sifflent.
L’homme du match : Blaise Matuidi (8) : quel mérite il a ! Il donne parfois l’impression d’être le seul à courir sur le terrain. Il est là pour gratter les ballons, là aussi pour proposer des appels en profondeur. C’est d’ailleurs sur l’un d’eux qu’il inscrivait l’important second but, alors que le PSG était à la peine (63e). Il est également impliqué sur le 4e en servant idéalement Lavezzi sur l’aile (90e).
PSG :
Sirigu (6) : la maladresse des Troyens l’a poussé quasiment au chômage technique durant de longues minutes. Mais il a eu l’occasion de se réchauffer sur des frappes de Bahebeck et Nivet. Ce soir, il a réussi à capter les ballons, lui qui aime tant jouer du poing. Une belle parade sur un retourné de Marcos (83e)
Van der Wiel (4) : l’éternel constat en ce qui concerne le Néerlandais, il n’est ni rassurant défensivement ni percutant offensivement, même si ce soir, il a été un peu plus servi dans son couloir que d’habitude. Mais il affiche une telle difficulté à jaillir dans les pieds adverses que Jallet devrait vite retrouver une place de titulaire. Il a d’ailleurs remplacé Van der Wiel à la 73e et a mieux contrôlé les montées de N’Sakala notamment.
Alex (7) : Sakho peut se faire du mauvais sang, Alex s’installe confortablement aux côtés de Thiago Silva. Et il est difficile de lui reprocher quoi que ce soit, tant il se montre dominateur dans les duels, aussi bien dans les airs qu’au sol. Il arrive désormais à compenser sa lenteur par un bon sens de l’anticipation.
Thiago Silva (6) : un match tranquille pour le capitaine parisien, qui n’a pas eu beaucoup à s’employer. Moins impressionnant qu’Alex dans ses interventions, il s’est permis quelques montées balle au pied et a offert un très bon ballon à Ibrahimovic, qui aurait mérité meilleur sort (80e).
Armand (6) : l’historique de la bande a livré une prestation honnête pour sa 4e titularisation de l’année en Ligue 1. Moins fluide que Maxwell, il n’hésite malgré tout jamais à monter. Défensivement, il a été irréprochable.
Matuidi (8) : lire ci-dessus.
Verratti (4) : une première période catastophique, avec ses désormais classiques pertes de balle devant la défense, un carton jaune très vite reçu (18e) et une lenteur folle au moment de lâcher le cuir. Encore une fois, il s’est fait remonter les bretelles par Ancelotti et a joué de manière plus sereine par la suite. On attend encore une prestation aboutie de la première à la dernière minute de la part du jeune Italien.
Maxwell (5) : ce positionnement dans l’entrejeu lui sied moins que le poste de latéral gauche. Sans ses débordements le long de la ligne de touche, le PSG perd une arme précieuse. Moins utile, il prend aussi moins de risque, avec un jeu trop latéral. Il aura eu cependant l’immense mérite d’ouvrir la marque tôt dans la rencontre (17e) en étant à l’affût dans la surface. Remplacé par Rabiot (77e), qui n’a pas eu de quoi se mettre en évidence.
Pastore (2) : mais que faut-il faire avec l’Argentin ? Remplaçant mercredi à Kiev, l’Argentin n’a absolument pas profité de sa titularisation pour inverser la tendance auprès de son entraîneur. Il donne l’impression de ne pas avoir envie d’être là, trottinant toujours sur le même rythme. Ses quelques fulgurances sur des passes en première intention ne pardonnent pas tout. Preuve de son mal-être, il ne s’empêche pas d’aller contester des décisions arbitrales et a réussi l’exploit de récolter un jaune pour avoir râlé après un bon jugement de l’arbitre, en sa défaveur. Il serait bien inspiré de mettre cette énergie dans ses courses… Logiquement remplacé à la pause par Nenê (6,5). Le Brésilien n’a pas mis longtemps à surpasser l’activité de Pastore. Quelques mauvais choix dans le timing de ses passes vers Lavezzi et Ibra, avant de trouver la faille sur le 3e but en servant idéalement le Suédois. Par son activité et son sens du jeu, il est une option bien plus séduisante que celle offerte par Pastore.
Lavezzi (6) : avec son style de bouledogue, il ne lâche jamais tant que le cuir est encore dans l’aire de jeu. Il finit souvent ses déboulés dans les bâches publicitaires. C’est parfois vain, mais au sein d’un secteur offensif nonchalant, cela a le mérite de réveiller le public. Moins en réussite que face à Kiev, il a malgré tout eu une belle opportunité de marquer, sur la tête (32e). Il s’est finalement distingué par un dernier rush sur l’aile droite et un centre parfait pour le doublé d’Ibrahimovic (90e).
Ibrahimovic (7) : son 7 reflète sa ligne de stats sur le match : deux passes décisives (même si la première ne sera pas enregistrée comme telle) et deux buts. Que demander de plus ? Peut-être une attitude moins irritante et se montrer plus impliqué. En première période, hormis son rôle sur le but de Maxwell, il a tout raté, ses passes, ses dribbles et ses duels face au gardien (9e). Tout en râlant continuellement sur ses partenaires. Heureusement, il a enclenché la seconde au retour des vestiaires. D’abord pour régaler Matuidi (63e), puis pour augmenter ses statistiques personnelles avec deux buts (70e, 90e). Présent dans tous les bons coups après la pause, il aurait même pu inscrire un triplé.
Troyes :
Thuram (7) : au vu de son début de match, on a cru voir le fantôme de Cheikh N’Diaye de retour au Parc des Princes ! D’abord un réflexe exceptionnel sur un dégagement contré par Matuidi (9e) puis un bon arrêt sur une frappe trop molle d’Ibrahimovic (9e) avant de s’incliner bien malgré lui sur l’ouverture du score de Maxwell (17e). Encore une grosse parade sur une tête de Lavezzi (32e) et des interventions pleines d’à-propos dans les pieds de l’Argentin (34e, 42e). Un peu abandonné par sa défense en seconde période, il ne peut strictement rien sur les buts parisiens.
Colin (4) : le latéral casqué a beaucoup proposé sur son côté droit, multipliant les dédoublements pour soulager Thiago. En revanche, il a souffert face à la vitesse de Lavezzi qui a proposé sans relâche et multiplié les appels de balle.
Saunier (5) : à l’instar de son partenaire de la défense centrale, il n’a pas grand-chose à se reprocher, n’a fait aucune erreur répréhensible mais est forcément concerné par l’importance de l’écart au tableau d’affichage.
Rincon (4) : c’est lui qui se fait enrhumer par Ibrahimovic sur l’ouverture du score de Maxwell (17e), mais dans l’ensemble il s’est montré solide et vigilant. Moins concentré en fin de match, il est clairement coupable sur le dernier but de Zlatan Ibrahimovic.
N’Sakala (5) : il a souffert face à la puissance d’Ibrahimovic et les dribbles de Pastore mais a rendu une copie honorable, sans jamais sombrer. Plutôt solide défensivement, il a presque toujours pris l’avantage sur Van der Wiel mais il n’a pas réussi à apporter grand-chose offensivement.
Obbadi (6) : grosse activité du capitaine troyen qui a impulsé le pressing et montré l’exemple à ses troupes. A l’instar de Benjamin Nivet, il a eu une grosse influence au milieu de terrain, a gagné un nombre incalculable de duels et multiplié les tentatives sur le but de Salvatore Sirigu. En vain.
Darbion (4) : au contraire d’Obbadi qui n’a eu de cesse de harceler le porteur parisien, il a eu du mal à peser au milieu et n’a jamais fait la différence. Remplacé par Yattara (67e).
Xavier Thiago (3) : titularisé côté droit, il a beaucoup souffert et a subi l’impact des joueurs parisiens. Pas suffisamment présent offensivement, il aurait pourtant pu profiter des montées de son latéral droit mais s’est obstiné dans ses dribbles et a multiplié les pertes de balles. Remplacé par Marcos (58e) qui a régalé le Parc des Princes en fin de match d’un retourné acrobatique bien claqué par Sirigu (83e).
Nivet (6) : positionné derrière l’attaquant dans un rôle d’électron libre, il a eu une influence considérable sur le jeu de son équipe. Dans tous les bons coups, il s’est montré extrêmement disponible, offrant constamment des solutions au porteur du ballon. À noter cette superbe frappe à l’entrée de la surface qui frôle le cadre de Sirigu (48e).
Camus (3) : que d’imprécisions techniques, de passes ratées et de mauvais choix pour l’ancien Marseillais qui a semblé bien mal à l’aise et emprunté pour son premier match dans l’antre du Paris SG. Mieux en seconde période, il a pris sa chance de loin mais a dû s’incliner face à un Sirigu vigilant.
Bahebeck (4) : de retour au Parc des Princes pour la première fois depuis son prêt à Troyes, le jeune attaquant formé au Paris SG a fait ce qu’il a pu à la pointe de l’attaque troyenne. Hormis une bonne frappe captée sans problème par Sirigu (40e), il n’a pas eu grand-chose à se mettre sous la dent. À noter qu’il aurait dû obtenir un penalty en fin de première période pour une faute de Marco Verratti. Remplacé par Enza Yamissi (79e).
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