Entretien avec… David Suarez : « Monter en L1 avec Bastia, c’est comme si on avait gagné la Ligue des Champions »

Par Khaled Karouri
5 min.
Bastia David Suarez @Maxppp

Évoluant à Bastia depuis deux saisons, David Suarez a été l'un des hommes forts des deux montées successives qui permettent désormais au club corse de retrouver l'élite. Pour Foot Mercato, le joueur revient sur cette épopée bastiaise et évoque son avenir.

**Foot Mercato : Bastia est officiellement champion de Ligue 2, et remonte donc parmi l'élite. Quel est votre sentiment après cette saison exceptionnelle ?

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David Suarez :** On a vécu deux saisons vraiment magnifiques sur tous les plans, par rapport aux supporters. C'est fabuleux de vivre de tels moments avec le public, les gens du club, toute la région qui était derrière nous. Ça nous a porté pendant ces deux saisons, on a un groupe de mecs exceptionnels qui se battent les uns pour les autres. On y a cru à tous les matches.

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**FM : En début de saison, auriez-vous pu croire à un tel scénario ?

DS :** Non. En début de saison, on savait ce qu'on avait fait en National, ce qui était déjà remarquable. Il y aussi eu l'apport des recrues, comme Jérôme Rothen ou Toifilou Maoulida, qui nous ont apporté toute leur expérience. Petit à petit, on a été costaud mentalement, concentré, et on a produit un football régulier. On avait des certitudes dans notre jeu.

**FM : Que pourriez-vous nous dire sur votre coach Frédéric Hantz ?

DS :** Il a su redonner au Sporting toute sa notoriété. Il a été à l'écoute des supporters, il a construit son groupe avec des joueurs dont plus personne ne voulait en 2010. Il a fait des paris dans le recrutement en 2011. Il a mis en place un système de jeu simple, et puis une communication d'une grande transparence entre toutes les composantes du club. Ça a permis de faire l'union sacrée, de mettre en place l'unité du groupe. Des joueurs qui jouent moins à ceux qui jouent beaucoup, tout le monde a tiré dans le même sens.

**FM : Est-ce l'unité du groupe qui a vraiment fait la force de Bastia cette saison ?

DS :** Oui, ça a été notre force. Le danger venait de partout. Celui qui ne jouait pas trop et qui avait sa chance la saisissait. Ceux qui jouaient moins ne tiraient pas la gueule à l'entraînement mais continuaient à donner toute leur énergie pour jouer. Personne n'a tiré le groupe vers le bas, tout le monde a apporté sa pierre à l'édifice.

**FM : Et est-ce une fierté de ramener le SCB parmi l'élite pour tout le peuple corse ?

DS :** Honnêtement, ce qu'on a vécu là en deux ans avec les supporters, c'est juste magique. C'est comme si on avait gagné la Ligue des Champions. À mon niveau, avec ma carrière, ces deux années resteront à jamais gravées dans ma mémoire. Que l'on aille à Arles, Gueugnon ou n'importe où, on était attendu par 500 personnes. Il y avait toujours 15 000 personnes au stade, des vrais connaisseurs de football, qui nous poussent... Ils nous ont forcément aidé à gagner des matches, c'est sûr et certain. Quand on était moins bien, ils nous aidaient au lieu de siffler, on était donc obligé de puiser dans nos réserves. Un match à Furiani, ce n'est pas un match comme les autres. On est très heureux d'avoir réussi ça pour tout le peuple corse et pour tout Bastia. Ça redonne une image plaisante du football corse.

**FM : Comme vous l'avez dit, cela donne une bonne image du football corse. Que pourriez-vous justement dire aux détracteurs de ce football corse ?

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DS :** Qu'ils regardent les résultats. Ajaccio est monté la saison dernière en Ligue 1, j'espère qu'ils vont se maintenir. Bastia monte. Le Gazelec monte en Ligue 2. Le football corse est très bon aujourd'hui parce qu'il se base sur ce qu'on peut voir de mieux dans le football : l'esprit d'équipe. Il y a plus de relations entre les joueurs, les supporters et les dirigeants. On sait qu'avec nos moyens plus limités, on se doit d'être plus solidaires.

**FM : Les 20 ans du drame de Furiani ont été célébrés le 5 mai. Comment l'avez-vous vécu de l'intérieur ?

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DS :** On joue dans un stade où s'est passée une véritable catastrophe. On le ressent. On a senti la tension monter. Pour les familles des victimes, si le fait que le Sporting remonte en Ligue 1 peut redonner un peu de moral, c'est déjà ça. Il faut penser à eux. Il n'y a pas eu de matches le 5 mai, et heureusement, c'est la moindre des choses.

**FM : Pour en revenir à des choses plus joyeuses, avez-vous été ravi de voir que votre travail avait été reconnu comme il se doit lors des Trophées UNFP ?

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DS :** Oui. Jérôme a fait une super saison, Sadio Diallo aurait pu être récompensé tant il a éclaboussé cette saison de son talent. On a été solide toute la saison, c'est une juste récompense. Ça permettra de construire des bases solides.

**FM : Et alors que le club monte, de quoi sera fait votre avenir ?

DS :** C'est la question délicate, ce n'est pas évident. On va parler avec les dirigeants de Bastia et l'entraîneur. La Ligue 1, c'est un rêve, ça fait longtemps que je voulais y revenir. On a commencé les discussions, on verra où ça va mener. Si ce n'est pas à Bastia, j'ai encore envie de participer à un challenge comme celui-là, je me suis vraiment éclaté.

**FM : Avez-vous malgré tout eu quelques échos concernant votre situation ?

DS :** Pour l'instant, je ne sais pas. J'évolue à un poste d'attaquant qui est compliqué à gérer. Peut-être que les dirigeants réfléchissent à prendre quelqu'un de plus fort, je ne sais pas. Je ne peux pas vous dire, c'est dans le flou. Bien sûr, j'ai envie de rester.

**FM : Retrouver la Ligue 1, serait-ce un rêve ?

DS :** Oui. J'ai participé à plus de 70 matches au Sporting avec les coupes, j'ai marqué une quarantaine de buts, j'ai participé à la montée. Mais après, il y a des choix pour le collectif, des choix d'entraîneur et de dirigeants. J'ai connu la Ligue 1, je n'ai pas eu la réussite nécessaire pour perdurer en Ligue 1. Mais je n'ai pas lâché, je suis revenu, j'ai montré à tout le monde que je pouvais revenir.

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