Leicester : Claudio Ranieri va-t-il vaincre sa malédiction ?

Par Aurélien Léger-Moëc
4 min.
Leicester City FC Claudio Ranieri @Maxppp

Avec 5 points d'avance sur les 2es Tottenham et Arsenal, Leicester est désigné par les consultants et bookmakers anglais comme le favori pour le titre. Claudio Ranieri parviendra-t-il enfin à l'accrocher, lui qui court après cette suprême distinction depuis toujours ?

À Leicester, les stars se nomment Jamie Vardy et Riyad Mahrez. Un statut acquis grâce à des statistiques ébouriffantes, qui font d'eux le meilleur buteur (pour le premier nommé) et le meilleur joueur du championnat d'Angleterre (pour le second). Mais Leicester, c'est avant tout une équipe soudée et solidaire bâtie par Claudio Ranieri. Débarqué l'été dernier chez les Foxes suite au limogeage de Nigel Pearson, l'entraîneur italien avait pour mission principale de maintenir le club dans l'élite. Aujourd'hui, le voilà favori des bookmakers pour remporter le titre de champion. Mais l'ombre d'un doute plane sur les Foxes. Un doute justifié par les échecs de la carrière de Ranieri.

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Vous ne l'ignorez pas, tant José Mourinho s'est amusé à le pointer du doigt, Claudio Ranieri n'a jamais gagné de titre de champion dans une première division (champion de D3 italienne avec Cagliari, de D2 italienne avec la Fiorentina et française avec Monaco). Pourtant, il a managé l'Inter Milan, la Juventus, l'AS Rome, Valence ou encore Chelsea. Des clubs qui avaient les moyens financiers de bâtir une équipe compétitive. Ranieri s'est souvent approché du Graal, mais s'est toujours effondré dans le money time. Pour nous Français, le souvenir le plus proche reste celui de l'AS Monaco.

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Le douloureux échec de la Roma

Le club de la Principauté, pour son retour dans l'élite, avait non seulement frappé fort sur le mercato avec les arrivées de Falcao, Moutinho ou encore James Rodriguez, mais il avait aussi marqué les esprits par un jeu emballant, une détermination impressionnante, un pressing intensif et notamment des débuts de match à 100 à l'heure. Premier jusqu'à la 10e journée de Ligue 1, l'ASM a finalement perdu le contact avec le PSG, terminant à 9 points derrière mais sans avoir jamais démérité malgré la blessure de Falcao en janvier. Aujourd'hui, c'est dans la peau du leader que Ranieri aborde les derniers mois du championnat. Le Daily Telegraph s'est amusé à revenir sur les années de la carrière de l'Italien où il était en mesure de jouer la gagne. Pour remarquer toujours la même chose, un trou d'air dans le sprint final qui lui coûte le titre.

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Le plus parlant reste l'exemple de l'AS Roma en 2009-2010. 14e après 13 journées, puis 3e en février, le club de la Louve enchaîne une série de 24 matches sans défaite pour prendre la tête du Calcio à 4 journées de la fin, devant l'Inter Milan d'un certain José Mourinho. Inexplicablement, la Roma va perdre à domicile contre la Sampdoria (1-2) après avoir mené 1-0. Malgré 3 victoires lors des 3 derniers matches, ce sera trop tard, l'Inter Milan ayant profité du faux-pas pour récupérer et ne plus lâcher le fauteuil de leader. Et Mourinho pourra faire de nouveau un pied de nez à l'une de ses victimes favorites.

Les piques de Mourinho

« Je n'ai jamais dit que j'étais un phénomène, mais, ce n'est sans doute pas de ma faute si, à mon arrivée à Chelsea en 2004, quand j'ai demandé pourquoi Ranieri était remercié, on m'a répondu que Chelsea voulait gagner et qu'avec lui, cela ne serait jamais arrivé. Ça, ce n'est pas ma faute », racontait-il ainsi en 2010 lors de ce duel en Serie A. À son retour à Chelsea, en début de saison, le Special One se permettait encore une pique peu élégante. « Il a vécu cinq ans en Angleterre et il a encore du mal à dire good morning et good afternoon. À presque soixante-dix ans, il a gagné une Supercoupe et une autre petite coupe. Il est trop vieux pour changer de mentalité ». Les chemins se sont croisés et pendant que Mourinho cherche à rebondir, Ranieri caracole en tête de la Premier League. L'occasion peut-être de rappeler à Mourinho que, s'il n'avait pas remporté de championnat à l'époque, Ranieri avait construit les bases des futurs succès de l'entraîneur portugais à Chelsea, entre 2000 et 2004.

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Frank Lampard et Claude Makelele ont été recrutés par l'Italien, qui a aussi lancé John Terry dans le grand bain dès la saison 2000-2001. Ironie de l'histoire, c'est après la défaite de Chelsea contre Leicester (1-2) que Mourinho a été viré par Abramovitch, offrant à Ranieri une sacrée revanche. Mais cela ne suffira pas au bonheur de l'Italien, qui possède aujourd'hui 5 points d'avance sur les poursuivants les plus proches, Arsenal et Tottenham. Pourra-t-il réussir là où il a toujours échoué ? Depuis 1990, Ranieri a terminé trois fois 2e, deux fois 3e, quatre fois 4e. Surtout, sur ses 20 saisons passées sur un banc, il n'a réussi que 5 fois une meilleure 2e partie de saison en terme de points. C'est le principal défi qui l'attend pour parvenir à vaincre sa malédiction et faire taire définitivement ses détracteurs.

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