Le rapport accablant détaillant les dysfonctionnements au sein de la FFF refait surface

La polémique concernant les abus et autres dysfonctionnements au sein de la Fédération Française de Football n'est pas près de s'essouffler. Le rapport, lié à l'audit réalisé par le cabinet de conseil privé Plein Sens en septembre 2020 et diligenté par la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, a été décrypté et il est accablant notamment pour la directrice générale de la FFF, Florence Hardouin.

Par Léo Scalco
5 min.
Le siège de la Fédération Française de Football à Paris @Maxppp

Depuis maintenant plusieurs mois, la Fédération Française de Football enchaîne les polémiques. Outre la question des droits à l'image des joueurs de la sélection tricolore, qui est d'ailleurs toujours en discussion en interne même si les conclusions devraient arriver rapidement, les révélations à propos des nombreux abus et autres dysfonctionnements au sein de l'instance dirigeante du football français, il y a deux ans de cela, ont fait l'effet d'une bombe. Noël Le Graët et Florence Hardouin, les deux têtes de proue de la FFF, pourraient d'ailleurs se retrouver encore un petit peu plus dans l'œil du cyclone après la parution des dernières indiscrétions du Monde sur le sujet.

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En effet, alors que la Coupe du monde approche à grands pas, les nouvelles révélations de nos confrères du Monde, qui ont eu accès au rapport effectué par le cabinet de conseil privé Plein Sens en septembre 2020 et diligenté par la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, devraient encore agiter la direction de la Fédération Française de Football et alourdir l'atmosphère qui règne au siège parisien de cette dernière. Ce document confidentiel n'a d'ailleurs jamais été divulgué intégralement aux salariés, mais aussi aux élus fédéraux. Long de dix-neuf pages et intitulé «Enquête au sein de l’équipe de direction suite à plusieurs plaintes pour harcèlement», ce dernier confirme notamment les abus, les dysfonctionnements et les conflits violents qui gangrènent l'institution depuis maintenant plusieurs années.

La directrice générale de la FFF en ligne de mire

Le climat se serait notamment tendu après le sacre mondial des Bleus en Russie en 2018. L'après-Coupe du monde serait même le point de bascule qui correspondrait à la déliquescence au sein de la direction de l'instance française. L'ambiance délétère qui s'est installée depuis daterait justement de cette époque, au moment même où président de la Fédération Française de Football soignait sa leucémie. «À cette époque, Florence Hardouin se serait affranchie un peu de l’autorité du président. Cette période va se caractériser par un rapprochement de la DG avec l’équipe de France et un éloignement de cette dernière de la Fédération tant physique que managérial. Ce glissement est mal vécu par certain-e-s, qui voit dans cette position une façon maladroite de se faire valoir et de prendre la lumière auprès du sélectionneur national et de l’équipe de France» écrivait d'ailleurs à ce sujet Plein Sens.

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Dans la foulée des auditions réalisées dans le cadre de ce rapport, le cabinet de conseil privé parlait d'un «climat délétère confirmé par l’équipe de direction dans son ensemble», d'une «situation jugée intenable» et même de «relations définitivement abîmées». Le point d'orgue de ce document est la confirmation d'un conflit ouvert et particulièrement dur au sein même de la direction de la Fédération Française de Football qui concerne cinq directeurs de l'époque (Pierre-Arnaud Custody le directeur des ressources humaines de la FFF, Alexandre Chamoret le directeur de la communication, Marc Varin le directeur financier, Armelle Kus Saint-Supéry la directrice des systèmes d’information et Pierre Samsonoff, le directeur de la Ligue du football amateur) – dont trois ont quitté la FFF en 2021 – et la directrice générale. Ce conflit trouverait ses origines durant un déplacement en avion après la victoire tricolore face à l'Argentine (4-3) en quart de finale du Mondial russe durant lequel des «comportements outranciers» ont eu lieu.

Les techniques de management de Florence Hardouin mis en cause

Le climat s'est par la suite encore plus tendu entre les différents directeurs de la Fédération Française jusqu'au point de non-retour en septembre 2019, un an donc avant le rapport, après un nouvel accrochage au cours d'une réunion entre Jean Lapeyre, le directeur juridique de la FFF, et Marc Varin, le directeur financier. Ce dernier aurait été insulté par son homologue ce qui aurait favorisé le «délitement des relations au travail dans l’équipe de direction.» M. Varin se plaignait également déjà que l'affaire liée à la plainte pour «agression sexuelle», dont il était accusé quelques mois plus tôt, «ait été montée en épingle et instrumentalisée pour porter le discrédit sur lui.» De graves accusations qui confirment néanmoins les conflits lourds qui pourrissent les relations.

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Alors que Florence Hardouin avait refusé de participer à la médiation proposée par Noël Le Graët suite aux incidents survenus lors du vol de juillet 2018, treize directeurs ont envoyé une lettre pour exprimer leur «ras-le-bol», et dénoncer des «comportements managériaux inacceptables» et un «dénigrement professionnel» comme lorsque la directrice générale à demander le départ de M. Custody et de Mme Kus Saint-Supéry à son président. «Pour certains, le style de Mme Hardouin est à la limite de l’acceptable, voire dépasse ce qui est acceptable», selon le directeur associé de Plein Sens, Eric Molière. «Ce type de management ne peut d’aucune façon être encouragé par la Fédération. Il apparaît donc qu’un rappel sans ambiguïté doit être formulé à l’attention de Mme Hardouin. Il semble également nécessaire de voir formuler un engagement écrit, là encore sans ambiguïté, de la part de Mme Hardouin, afin de passer à un style managérial axé sur la bienveillance, sur l’accompagnement des directeurs-trices (et non systématiquement critique) et sur des décisions concertées et non arbitraires», conclut d'ailleurs l'auditeur.

Les témoignages recueillis au cours de l'audit sont unanimes et vont dans ce sens. Ces derniers confirment «un désastre managérial» alors que «personne n’ose intervenir dans les réunions ; elle menace toujours de virer tout le monde.» «Le style managérial de Mme Hardouin n’a d’évidence pas aidé à la résolution des conflits. Il les a sans doute amplifiés», concluait même le rapport. Malgré ces graves accusations, la directrice générale est toujours en place, mais les ponts semblent définitivement coupés avec ses collaborateurs comme avec son président, Noël Le Graët, notamment. Voici l'ambiance qui règne au siège de la Fédération Française de Football depuis maintenant plusieurs années. Espérons cependant que ces nouvelles révélations ne perturbent pas la préparation de l'équipe de France pour la prochaine Coupe du monde au Qatar qui débute dans quelques jours (20 novembre - 18 décembre).

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