Romain Folz, le jeune coach français qui cartonne au Botswana et enchaîne les records

Par Alexis Pereira
6 min.
Romain Folz sur le banc de Township Rollers FC @Maxppp

À tout juste 31 ans, Romain Folz, entraîneur français du Township Rollers FC, est à la lutte pour le titre au Botswana. Rencontre avec un phénomène de précocité, véritable passionné de son métier, plein d'humilité... et d'ambition. Entretien.

«S'il y a quelque chose de bien que Bennett (Mamelodi, directeur général du Township Rollers FC, ndlr) a fait pour nous, c'est d'engager Romain Folz. Maintenant, on prend du plaisir à regarder notre équipe jouer au football.» Cette petite phrase, prononcée par un supporter dans les colonnes du Sunday Standard, en dit long sur l'impact de Romain Folz depuis son arrivée à la tête de Township Rollers FC, début décembre 2021. Cinquième à l'époque, l'écurie, considérée comme l'une des toutes meilleures du pays et renommée sur le continent africain, est aujourd'hui deuxième, à la lutte pour le titre, à quatre journées de la fin de la Botswana Premier League. Une sacrée performance à mettre au crédit du coach français, qui a raconté son expérience au micro de Foot Mercato.

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*«Mon agent, avec qui je travaille depuis quelques mois, a trouvé cette opportunité́ pour moi. Ça collait avec ce que le club recherchait ici : un jeune entraîneur pour mener un projet de renouvellement au sein du club, qui maitrise bien l'anglais, qui a l'expérience de l'Afrique. Tous les feux étaient au vert. C'est ma première fois au Botswana. Je suis là depuis 5 mois, tout se passe bien, sportivement également. Nous sommes deuxièmes du championnat à l'heure actuelle.

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Disons qu'il y a quatre gros clubs qui se détachent ici : nous (Township Rollers FC), Gaborone United, Jwaneng Galaxy et Orapa United. Il y a une concurrence assez forte, mais nous réalisons une très bonne saison. Nous avons deux points de retard sur le leader actuel, mais il est probable que le titre se joue jusqu'à la toute fin du championnat »*, nous a-t-il expliqué.

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Une fin de saison haletante au Botswana

Ravi d'avoir atterri dans « un pays très agréable » et une ville, la capitale Gaborone, « très paisible », le technicien, qui espère pouvoir profiter davantage des merveilleux paysages qui l'entourent une fois la saison terminée, a surtout découvert un football compétitif. « C'est un championnat paradoxal, il n'y a pas d'équipe faible. Chaque match, même face aux équipes mal classées, est potentiellement compliqué. C'est une ligue très athlétique, avec beaucoup de duels. J'ai été́ agréablement surpris par l'aspect technique, qui est aussi très bon. J'étais au Ghana la saison passée, où j'ai trouvé́ de très bons joueurs notamment sur le plan défensif, très solides et très rigoureux. Ici, j'ai également cela mais aussi des joueurs offensifs très doués, très percutants dans les trente derniers mètres. Il y a des joueurs à très bon potentiel ici, qui méritent d'être vus », a-t-il apprécié.

L'entraîneur tricolore ne regrette donc pas d'avoir mis le cap sur le Botswana, où le football est le sport roi, pour sa troisieme expérience en tant que nº 1 à la tête d'un club professionnel de l’élite, après ses passages au Ghana à Bechem United (2020) et Ashanti Gold (2021). Un sacré début de carrière pour ce natif de Bordeaux qui, très tôt, a su qu'il souhaitait embrasser ce destin. « J'ai toujours voulu faire ça depuis mes 13-14 ans. Je savais que le chemin serait difficile pour arriver là où je veux, même si je n'y suis pas encore. Je savais que le parcours serait sinueux. Il faut toujours faire preuve d'humilité, mais travailler sans relâche pour atteindre des objectifs plus élevés. Il n'y a aucun mal à être ambitieux, mais tout en conservant humilité et éthique de travail. Je veux toujours aller chercher mieux, en étant ambitieux et déterminé dans mes actions. C'est la base à mon sens. Pour gérer un groupe de 25-30 joueurs et leur transmettre une ambition collective, il faut aussi être ambitieux sur le plan personnel », nous a-t-il confié.

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Records de précocité en série

Après des premiers pas dans des clubs amateurs et entreprise de la région bordelaise, ses expériences aux États-Unis et au Maroc notamment, l'ont conforté dans sa vocation. La rencontre et la collaboration avec Sébastien Desabre, une de ses références, qui l'intégrera dans ses staffs en sélection nationale d'Ouganda, au Pyramids FC en Égypte ou encore à Niort en Ligue 2, aussi. Avant de voler de ses propres ailes, a 29 ans seulement. « Au Ghana, j'ai battu le record en devenant l'entraîneur le plus jeune de l'histoire de la ligue professionnelle, à 29 ans. Ici aussi, au Botswana, j'ai également eu cette chance, à 31 ans. C'est un fait, je suis jeune. » Une force plutôt qu'un handicap selon lui. « Je vois mon âge comme une chance, et je pense que l'âge ne détermine pas la compétence. À mon sens, on apprend à tout âge, et j'ai continuellement le désir de me perfectionner, et l'envie d'aller chercher beaucoup d'autres choses dans le futur. »

La Licence Pro UEFA en poche, après une formation passée en France, en Espagne et en Angleterre, le tacticien, admiratif du travail de Carlo Ancelotti et inspiré par le jeu sans ballon des équipes de Jürgen Klopp, pourra donc exercer où il l'entendra lorsqu'il le souhaitera, alors que son nom circule déjà du côté de grosses écuries en Afrique du Sud. Mais la priorité reste la fin de saison avec Township Rollers FC. « J'ai signé jusqu'à mi-juin. Nous avons une fin de saison très intéressante à jouer. On aura le temps de discuter ensuite. Nous n'avons ni le temps ni le droit de nous disperser. Comme je demande aux joueurs de mettre leur situation personnelle de côté, je me dois d'en faire de même », nous a-t-il lancé, en parfaite osmose avec son staff technique composé de locaux.

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Une méthode déjà au point

Organisé et sûr de sa force, il mise sur sa méthode pour continuer à gravir les échelons. « Si on sait adapter son discours à la personne en face, il y a toujours possibilité de parvenir à tirer le meilleur de chacun. Il faut savoir lire entre les lignes et faire en fonction des profils. Ce qui compte prioritairement, c'est la qualité du travail effectué sur les différents aspects, à savoir technique, tactique, physique, et mental. Ensuite, c'est le message et la manière dont il est transmis et reçu. Il faut bien comprendre certaines spécificités, mais aussi par exemple les manières de faire propres à l'endroit où on exerce. Je crois à l'individualisation des relations coach-joueurs, sans accorder de passe-droit, bien évidemment. C'est pour cela qu'il faut une connaissance parfaite de son vestiaire et de l'environnement. J'ai des idées et une philosophie de jeu très claires, que ce soit avec ou sans ballon. Je crois beaucoup au fait d'imposer son plan de jeu à l'adversaire plutôt que l'inverse et de tomber dans une adaptation qui serait trop importante par rapport à l'opposition», nous a-t-il partagé.

Malgré son parcours pour le moins atypique et sa trajectoire fulgurante, celui qui est notamment surnommé The Boss par les fans de son club, reste plutôt discret. « Je ne suis pas tellement dans la recherche de lumière. Je donne le maximum dans mon travail au quotidien. Si je reste dans cette ligne, on parlera de moi en bien le moment venu. C'est mon travail qui comptera, ce sera ma meilleure publicité », nous a-t-il assuré. Écrire les premières lignes à son palmarès d'ici la fin de la saison pourrait bien accélérer le processus.
Au Township Rollers FC et lui de jouer ! Quoi qu'il arrive, les supporters, eux, sont déjà conquis et l'assurent : Romain Folz gagne clairement à être connu.

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