OGC Nice : la sortie saignante de Christophe Galtier lors de son procès

Par Dahbia Hattabi
9 min.
Christophe Galtier lors de sa présentation à Nice @Maxppp

Ce vendredi marque l’ouverture du procès de Christophe Galtier. Exilé au Qatar, l’entraîneur français est accusé de harcèlement moral et de discrimination envers certains joueurs de l’OGC Nice lors de l’exercice 2021-22. Une aberration selon Galtier et ses conseils.

Du banc de touche au banc des accusés. Ce vendredi, Christophe Galtier a laissé son costume d’entraîneur d’Al-Duhail au vestiaire pour se présenter au tribunal correctionnel de Nice. Le technicien tricolore est jugé à la suite de l’enquête ouverte le 13 avril dernier par le procureur de Nice concernant «des chefs de harcèlement moral et de discrimination à raison de l’appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une prétendue race ou une religion déterminée.» Tout est parti d’un e-mail envoyé par Julien Fournier, ancien directeur du football des Aiglons. Ce dernier, qui n’entretient pas de très bonnes relations avec l’ancien coach du PSG, a fait des révélations choquantes à son sujet.

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Son comportement envers certains joueurs, par rapport à leur couleur de peau ou leur religion, a été pointé du doigt. Galtier a toujours nié, lui qui risque trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. Arrivé avec le visage fermé à son procès, "Galette", qui a porté plainte pour diffamation à l’encontre de Fournier et deux journalistes, ne comptait pas se laisser faire. Appelé à la barre, il a accepté de répondre à toutes les questions alors que la LFP et la LICRA se sont portées parties civiles et qu’aucun joueur du club azuréen n’était présent. Puis, les conseils de Galtier, Me Sébastien Schapira et Me Olivier Martin, sont passés à l’offensive. Leurs propos sont relayés par RMC Sport.

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Galtier s’est expliqué à la barre

Me Schapira a parlé de déloyauté et a chargé Julien Fournier. Par la suite, les avocats de Christophe Galtier ont demandé la nullité de la procédure pour leur client. Le tribunal va donc juger cette demande en même temps que le reste. Après une suspension d’audience, Christophe Galtier a été appelé à la barre. Après avoir refusé de répondre à une question sur ses revenus, le coach de 57 ans a pu s’exprimer. «Quand j’ai été convoqué en garde à vue, cela a été une période difficile sur le plan de ma sécurité. Je me suis déplacé de Cassis à Nice. Je fais face à des policiers corrects, qui ont fait leur travail. Au fur et à mesure que la garde à vue avançait, j’ai compris que j’étais dans un interrogatoire à charge. Au fur et à mesure, je me suis fermé et j’ai eu du mal à répondre. Je vais aujourd’hui répondre à toutes les questions.»

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Son départ au Paris Saint-Germain, après seulement une seule saison à Nice, a interpellé le tribunal. Galtier s’est expliqué sur le sujet. «Le lendemain de notre dernier match et la qualification européenne de Nice, j’ai eu un contact avec Luis Campos. Ensuite, cela a pris du temps. Car il y avait les décideurs et j’avais un contrat. Pendant cette période, j’ai continué de travailler avec Nice, parce que l’on me le demandait. Et c’est ma conscience professionnelle car je ne savais pas si j’allais être l’heureux élu. J’ai travaillé mi-juin sur la saison suivante de Nice.» Puis, le président du tribunal a procédé à la lecture du fameux e-mail envoyé par Julien Fournier à Ineos.

Il a répondu aux diverses accusations

Très sérieux et attentif, "Galette", qui était accompagné de ses proches, a été soulagé à la lecture du procès-verbal de Jean-Pierre Rivère, qui accuse Julien Fournier d’avoir «décidé de tuer professionnellement» Galtier. Idem concernant l’audition de Dave Brailsford, qui a évoqué des relations "toxiques" entre Galtier et Fournier. Puis, "Galette" a été invité à s’exprimer sur le Ramadan. «Comme je l’ai fait dans tous les clubs et les groupes que j’ai eu à gérer, la question du jeûne est une problématique. Nous avons ces questions-là au tout début de la saison. Cela n’engendre rien. C’est juste quand on voit le calendrier avec des ambitions d’Ineos d’amener Nice en Ligue des champions. Je suis très heureux de travailler avec Julien Fournier et à Nice. Et je regarde le calendrier. Quand je vois les matchs décisifs de la période avec trois par semaine. Mon vécu en tant qu’adjoint et responsable d’équipe, je sais que la fenêtre est importante par rapport à ce qu’on va mettre en place dans la période.»

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Interrogé sur les propos racistes qu’il aurait tenus, Galtier, accusé par son ancien adjoint Frédéric Gioria auquel il aurait demandé de voter pour le Rassemblement National, a été très clair. «Si j’avais tenu ces propos, ils seraient racistes et discriminatoires. Je veux revenir en arrière. Quand j’arrive de Lille, je dois arriver avec la totalité de mon staff. Il s’avère qu’au bout de 24h, je n’ai pas pu les recruter. Et donc, Frédéric Gioria est venu dans le staff, c’est un très proche. Quand j’arrive dans un club, je m’appuie sur quelqu’un qui le connaît pour me nourrir du vestiaire et de l’histoire. En janvier 2022, j’ai une discussion avec Julien Fournier où je lui demande de ne pas travailler avec Frédéric Gioria. Pourquoi me demande Julien Fournier? Pour incompétence. Point. Ces propos (racistes, ndlr), je ne les ai pas tenus.»

"Galette" lâche ses vérités

Il poursuit : «il y a des propos faux et d’autres déformés. Au mois d’août 2021, je suis au restaurant et trois personnes viennent m’interpeller sur la constitution de l’équipe. Les remarques faites sont des remarques racistes. Dans tous les clubs où j’ai travaillé, je n’avais jamais eu ce genre de remarques, à Saint-Etienne et Lille. Je suis choqué et interpellé. Je prends ces propos. Le matin, je lui fais cette remarque et lui explique que j’ai pris, cette remarque comme raciste. Il (Gioria) me dit: "c’est cela Nice". Après l’entraînement, je lui explique ma soirée d’août. Je lui dis bien que c’est raciste. Lui (Julien Fournier) ne dit rien. Je confirme les propos des clients dans le restaurant à la barre». Puis il a indiqué que ses propos ont été déformés et qu’il n’a jamais traité Hicham Boudaoui et Youcef Atal de "sales types" rapporte RMC Sport.

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Concernant le cas Todibo, il a confié : «le 26 mars, j’échange avec Jean-Clair Todibo sur les performances. C’est plus qu’un échange coach-joueur. Frédéric Gioria est la personne la plus raciste que j’ai rencontrée dans le football. Le ramadan, l’année d’avant, c’était un vrai bordel. Certains dormaient par terre. Je demande à voir Todibo. Je le reçois dans un bureau et je lui parle de la gestion du jeûne le jour du match. Il me regarde poliment. Il est converti, je le savais. On fait court et il me dit: "Coach. J’ai un chef qui s’installe chez moi. Il a mis toutes les conditions pour rester le plus performant. Je ne change pas de position. Je pratiquerai le jeûne le jour du match". Je suis plus que contrarié car la relation avec mes joueurs est celle de père-fils. Et je me retrouve face à un joueur, face à mon joueur, qui s’est fermé car Frédéric Gioria m’a envoyé dans un piège et dans un mur.»

Le dossier du Ramadan au centre des débats

Il ajoute : «j’ai rapidement compris et j’ai fait la remarque à Frédéric Gioria. Je lui ai demandé: "comment cela se fait que toi qui a vécu le Ramadan l’an passé, tu m’envoies dans un mur comme cela?". Jean-Clair Todibo a pratiqué le jeûne du ramadan le jour du match.» Galtier a ensuite évoqué ses relations cordiales avec Didier Digard, avec lequel il a échangé au sujet de la gestion du Ramadan. Selon lui, il n’y a rien de particulier à signaler et il dément avoir tenu des propos racistes à son sujet. Après une première matinée assez éprouvante pour le technicien français, le tribunal a suspendu l’audience. Celle-ci a repris dans l’après-midi avec de nouveaux témoignages sur le sujet. Galtier, qui a versé des larmes au moment d’évoquer le cas Todibo, s’est expliqué sur le fait d’avoir employé le terme "King Kong". Un ancien analyste vidéo niçois a indiqué que le coach avait utilisé cette expression pour évoquer les joueurs de l’ASSE.

«Je me souviens j’ai hésité à dire molosse et King Kong. J’ai utilisé ce terme. King Kong, c’est force et puissance. Il n’y a pas de connotation autre que de force et de puissance. Avec beaucoup d’humilité, je peux dire que le jeune Nadé en 2017 à Saint-Etienne, s’il y avait bien une personne qui était bien placé pour parler de sa force… J’ai dû utiliser ce terme. Quand on joue contre Nantes, en finale de Coupe de France, j’ai utilisé la même formule pour Nicolas Pallois. Avec du recul, cela a heurté. Si cela l’a heurté, je dois m’excuser. Oui je l’ai utilisée mais pas dans une optique raciste.» Galtier est également revenu sur ses supposés propos polémiques concernant les Algériens de l’OGCN qu’il aurait traités de "sales types". Il a été un peu plus bavard que ce matin sur le sujet.

Le technicien français revient sur ses fameux propos sur les Fennecs de Nice

«Mes propos sont déformés. Mon vécu, c’est que quand on aborde le sujet du jeûne lors du jour du match, je sais que c’est très difficile de leur faire comprendre l’intérêt de ne pas le faire. La gestion du jeune le jour du match est quelque chose chez nous les entraîneurs et pour moi, cela prend beaucoup d’énergie. Il faut faire attention à la santé, la performance "Et j’ai mis en place toute une organisation dès septembre 2022 pour que quand arrive le Ramadan, on ait le meilleur rendement. Sur mes conseils, Julien Fournier a recruté ma diététicienne. Et avec le docteur, tout a été organisé. Mme Rombaut se levait le matin à 4h30 et mettait en place le seul repas de la journée pour un joueur le jour du match. Je demande beaucoup d’efforts à mon staff pour le bien être des joueurs.»

Il poursuit : «le matin, je me lève et Mme Rombaut me dit que Hicham Boudaoui ne s’est pas levé. Rapidement, j’intègre le fait qu’il a eu son dernier repas à 21h la veille. Je me dis comment il va faire pour jouer, être performant et ne pas se blesser. Nous jouons à 17h. Le dernier verre d’eau, c’était vers 21h. Oui, je suis très en colère car nous mettons tout en place pour qu’ils préparent les matchs en faisant le Ramadan. Toute la journée, je ne me suis pas adressé à Hicham. J’ai un échange avec mon staff, Julien Fournier et Frédéric Gioria. Comment peut-il être performant, et être utile à l’équipe dans ces conditions? Il y a un problème avec la santé. Ma colère passe. Hicham Boudaoui a participé au match.» Toujours entendu au tribunal de Nice, Galtier, qui assure n’avoir jamais interdit à Boudaoui d’assister à l’enterrement de son père, continue de lâcher ses vérités.

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