OL : les confidences de David Friio sur la drôle de saison lyonnaise

Par Chemssdine Belgacem
8 min.
David Friio @Maxppp

Alors qu’il s’exprime rarement dans les médias, David Friio, directeur sportif de l’OL, a répondu aux questions posées par les médias du club ce lundi. L’occasion pour lui de revenir sur la saison atypique des Gones et de faire un point sur les échéances à venir de la formation rhodanienne.

Comment peut-on qualifier la saison de l’Olympique Lyonnais ? L’été dernier, tout indiquait que l’OL allait vivre une cuvée 2023-2024 compliquée. Nouveau président du club depuis quelques mois, John Textor a dû gérer sa guerre médiatique avec Jean-Michel Aulas. En parallèle, le mercato rhodanien a été perturbé par les restrictions de la DNCG qui a encadré les transferts et la masse salariale des Gones au tout début de l’été. Forcément, avec le gendarme financier du football français dans les pattes, Lyon n’a pas pu réaliser un mercato à la hauteur de ces attentes et a forcément dû bricoler pour renforcer l’effectif. Débute alors la saison, et les hommes de Laurent Blanc sont amorphes et s’enlisent directement dans les méandres du classement. La claque reçue à domicile face à son ancien club, le PSG, sera d’ailleurs fatale à l’ancien défenseur, remplacé par Fabio Grosso.

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David Friio reste énigmatique quant à l’avenir de Pierre Sage

Et alors que le champion du monde 2006, passé par l’OL durant sa carrière, était arrivé avec la cape du sauveur, le public lyonnais s’est très vite rendu compte de la mascarade. Incapable de remobiliser un groupe peu enclin à accepter ses méthodes peu adaptées à un sauvetage de milieu de saison et auteur d’incohérences dans son management, le défenseur italien n’a pas fait long feu et a été débarqué deux mois après son arrivée. N’ayant plus le droit à l’erreur et comptant seulement sept points au bout de 12 journées, les dirigeants lyonnais ont alors misé sur le novice Pierre Sage. Pour sa première sur le banc lyonnais, l’ancien adjoint de Habib Beye au Red Star a permis aux Gones de montrer un visage intéressant contre Lens (3-2). Et après une lourde défaite au Vélodrome le week-end suivant (3-0), l’OL a enfin pu avancer en glanant trois rencontres précieuses avant la trêve contre Toulouse, Monaco puis Nantes. Interrogé par OLPLAY sur la mise en place du coach de 44 ans, David Friio a expliqué les raisons évidentes du maintien à son poste : «l’arrivée de Pierre Sage a été la première décision prise par la nouvelle gouvernance, à savoir, mettre un coach en intérim et prendre le temps de savoir ce qui allait se passer ensuite. C’était vraiment au jour le jour. Après Lens, Marseille, et ensuite avec les trois victoires, il était évident que ça fonctionnait bien. Pierre Sage, moi-même, et les joueurs avons trouvé une vraie cohérence et il était naturel de s’engager jusqu’à la fin de la saison ensemble. Il voulait aider le club. On avait dit que ce serait lui qui allait prendre en main l’équipe. Mais à ce moment-là, on n’avait pas envisagé de long terme. Maintenant, Pierre est installé et il a totalement adopté son rôle d’entraîneur.»

À lire OL : le discours osé de Pierre Sage

Forcément, alors que l’OL pointe à une dixième place plus qu’inespérée au vu du début de saison chaotique des Rhodaniens, Pierre Sage a ses partisans dans la capitale des Gaules. Adulé des supporters pour sa simplicité et la relation de confiance qu’il entretient avec son groupe, beaucoup militent pour son maintien sur le banc de l’OL lors des prochaines saisons. Une équation pas si simple à résoudre pour David Friio. L’ancien dirigeant de l’OM n’a pas voulu s’avancer sur la suite des événements pour celui qui est affectueusement surnommé Stone Wise entre Rhône et Saône : «en ce qui concerne Pierre, nous prendrons une décision à la fin de la saison. Le club étudiera la meilleure chose à faire. Le club soutient totalement son initiative de passer le BEPF et d’ailleurs, c’était dans la logique des choses. À partir du moment où, au mois de janvier, nous nous sommes engagés avec Pierre jusqu’à la fin de la saison, il était naturel de le soutenir dans sa formation. Pierre est quelqu’un de très posé, très intelligent. Bien entendu, il n’avait pas d’expérience au plus haut niveau en tant qu’entraîneur principal. Maintenant, ce que j’aime chez Pierre Sage, c’est que nous discutons quotidiennement. Et j’aide aussi à faciliter les choses dans son approche du métier. Mais il est très réceptif, très intelligent. Donc, il comprend tout de suite et progresse de jour en jour, et je le vois dans ses prises de parole. Ce n’est pas la même chose qu’au début, c’est vraiment encourageant.»

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David Friio dévoile les coulisses d’un mercato hivernal spectaculaire

Mais ce redressement sportif initié par la nouvelle direction et Pierre Sage n’aurait sûrement pas été possible sans un mercato hivernal dantesque du côté de Lyon. Club le plus dépensier des cinq grands championnats lors du mois de janvier, les pensionnaires du Groupama Stadium ont accueilli pas moins de 7 nouveaux joueurs cet hiver (Mangala, Orban, Benrahma, Fofana, Adryelson, Perri, Matic). De quoi insuffler une nouvelle dynamique et de redonner de la fraîcheur à un groupe limité pour jouer les premiers rôles en début de saison. «Le mercato d’hiver ? C’est du 24 heures sur 24, confesse le directeur sportif des Gones. On ne dort pas beaucoup depuis le mois de décembre jusqu’au 1er février, je dirais même jusqu’au 2 février, parce qu’on a eu le cas Saïd Benrahma qui nous a rajouté un jour de plus. Quand le dénouement se passe comme ça, c’est un vrai bonheur. On a vu la joie chez les supporters, dans la famille de Saïd. C’est du 24 h sur 24 et on vit ensemble, dans le bureau, on visionne beaucoup de vidéos, on a beaucoup d’appels en visio avec John Textor et avec Matthieu Louis-Jean. Dans un mercato, une heure fait la différence. Ce n’est qu’une question de timing. On peut cibler les joueurs, on peut être en négociations avec eux, avec leur entourage, mais c’est le timing qui compte. Et quand on peut réagir vite en général, c’est de bon augure. Et pour cela, John Textor est fantastique.»

Homme de base dans ce grand changement hivernal, qui s’est donc fait de concert avec tous ses collaborateurs, David Friio a raconté comment il a opéré pour séduire ces nouvelles recrues : «je me sers de mon expérience des dernières années et je me suis rendu compte que l’humain jouait beaucoup. La situation du club était compliquée. Cependant, c’est une vraie institution qui jouit d’une vraie reconnaissance. Il faut toucher les joueurs, il faut être vrai. On va prendre le cas de Saïd en exemple. On a mis de côté l’aspect football car je savais que ce n’était pas un problème. Je connaissais ses qualités, je savais ce qu’il pouvait apporter au club. Je lui ai dit : « La seule chose, c’est que je pense que tu as juste besoin d’amour et on va être là pour ça avec le coach, on va te mettre dans les meilleures conditions », et c’est un peu le même discours pour chacun, en allant chercher ce que le joueur peut nous apporter, mais surtout ce que nous pouvons lui apporter à eux.»

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L’OL se méfie de Valenciennes en Coupe de France

Avec tous ses éléments, il est donc possible de répondre en partie à la question posée au début de l’article. Cataclysmique dans un premier temps, la saison rhodanienne a pris une tournure plus qu’appréciable. Proche de la mort, l’OL a connu une brillante rédemption sous l’impulsion d’une nouvelle direction soudée et compétente. Aujourd’hui, tous les rêves sont permis à Lyon et une qualification en Coupe d’Europe, inimaginable il y a quelques semaines encore, pourrait rapidement être d’actualité si les bons résultats continuent de s’enchaîner. Pourtant, qualifié en demi-finale de Coupe de France, les coéquipiers d’Alexandre Lacazette semblent bénéficier d’une voie royale dans la compétition nationale. À 90 minutes d’une finale au stade Pierre-Mauroy de Lille face au PSG ou Rennes, les Gones devront se défaire de Valenciennes, bon dernier de Ligue 2, dans un Groupama Stadium qui risque d’être incandescent.

Conscient de cette chance, David Friio souhaite voir son club remporter son premier trophée depuis août 2012 mais ne souhaite pas prendre le VAFC à la légére : «l’Olympique Lyonnais se doit d’être exigeant et ambitieux. L’essentiel, c’était de tirer un match à domicile. On était très content de ce qu’il s’était passé sur les matches contre Lille et ensuite contre Strasbourg. Je sais qu’il y aura une ferveur et un stade comble qui va nous emporter, je l’espère, au stade Pierre Mauroy à Lille. Concernant l’adversaire, je n’aime pas parler de mon passé mais j’ai eu une sacrée surprise il n’y a pas si longtemps, donc je vous prie de me croire que les joueurs seront prêts à aborder ce match avec une envie et une détermination sans faille. On va prendre ce match contre Valenciennes et on verra ensuite contre qui on jouera. Si on a la chance de passer. Mais je vous dis franchement, je suis totalement concentré sur le match contre Valenciennes et je vous garantis que les joueurs et notre staff seront prêts à aborder ce match.» Peu importe l’issue de la saison désormais, l’OL a vécu une édition mémorable. Rajoutez à cela une Coupe de France, et vous obtenez sûrement l’une des saisons les plus haletantes de l’histoire récente des Gones.

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