Coupe du monde 2022 : le hors-jeu semi-automatique, évolution ou révolution ?

Par Josué Cassé
5 min.
Clément Turpin arbitre lors d'une rencontre @Maxppp

Déjà mis en place cette saison en Ligue des champions, le système de hors-jeu automatisé va être utilisé pendant la Coupe du monde au Qatar, prévue du 20 novembre au 18 décembre prochain. Une avancée technologique supplémentaire à en croire les propos des six arbitres français retenus pour ce Mondial.

Après l’introduction de la VAR, l'assistance vidéo à l'arbitrage, à l’occasion du Mondial 2018 en Russie, voici le hors-jeu semi-automatique. Déjà utilisé par la FIFA lors de la Coupe du monde des clubs, puis par l’UEFA à l'occasion de la Supercoupe d’Europe et en Ligue des champions, ce dispositif sera encore présent en terres qataries. Ou plutôt dans le ciel de cette petite péninsule s'avançant dans le golfe Persique... Grâce à une douzaine de caméras placées sous le toit des stades, ce système innovant permettra ainsi d’établir à tout moment la position exacte des joueurs, qui disposeront jusqu’à 29 points de données contrôlés 50 fois par seconde, et du ballon, porteur d'un capteur d’unité de mesure inertielle, facilitant alors la détection d'un hors-jeu. Sans remplacer l’appréciation des arbitres, cette nouvelle avancée offre, comme le rappelait la FIFA, «un outil de soutien aux arbitres vidéo et aux arbitres sur le terrain pour les aider à prendre des décisions plus rapides, précises et cohérentes sur les situations de hors-jeu».

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Une évolution technologique visant la clarté et l'efficacité

À l'heure où l'arbitrage tend à être décrié - notamment dans l'Hexagone - cette détection semi-automatisée apparaît donc comme une nouvelle aide pour le corps arbitral. «Toutes les évolutions technologiques sont très positives. Avec celle-ci, on attend moins les décisions et on gagne donc du temps pour le jeu. On y est forcément favorable», précisait d'ailleurs, à ce titre, Stéphanie Frappart, lors d'un point presse organisé à l'INF Clairefontaine. Et pour cause. Avec une modélisation 3D offerte aux spectateurs sur l'écran géant du stade et aux téléspectateurs dans leur salon, ce nouveau dispositif va également apporter «plus de clarté et de compréhension», là où le traçage de deux lignes par le VAR fait souvent débat. «Ça donne de la fluidité au jeu et c'est donc beaucoup mieux», affirmait de son côté l'assistant Cyril Gringore, qui prendra sa retraite en fin d'année. Aux côtés de Nicolas Danos et de l'arbitre central Clément Turpin, il avait d'ailleurs déjà pu tester cette technologie lors de la Coupe du monde des clubs en février, puis en Ligue des champions, à l'occasion du choc entre l'Inter Milan et le Bayern Munich (0-2, le 7 septembre).

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Une précision ultime et des premiers retours positifs...

En s'appuyant sur l'intelligence artificielle et en combinant l’ensemble des données, ce système permet ainsi d'envoyer, automatiquement, une alerte aux arbitres vidéos. Dès lors, ces derniers seront chargés de valider, ou non, la décision proposée en vérifiant manuellement le moment de passe ainsi que la ligne de hors-jeu, elle aussi générée automatiquement, avant d’informer l’arbitre sur le terrain. «On a une véritable confiance dans cet outil, qui permet à la fois d'être bien plus rapide (quelques secondes contre souvent plus d'une minute) et plus précis, donc plus efficace», reconnaissait, en ce sens, Jérôme Brisard, aux côtés de Benoît Millot, le deuxième arbitre français qui officiera comme VAR lors du prochain Mondial. Interrogé par la suite sur une possible tendance à la déresponsabilisation via l'introduction de cette SAOT (Semi-Automated Offside Technology), l'ensemble des officiels présents dans l'espace Jules-Rimet de l'INF Clairefontaine assuraient, cependant, que ce nouvel outil de contrôle, très performant, restait une assistance.

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«Il ne faut pas restreindre notre job au fait de lever le drapeau ou pas sur un hors-jeu. Il y a aussi un partage de responsabilités avec le central, qu'on aide en permanence pour mieux voir certaines fautes par exemple. On est aussi là pour quadriller le terrain. Avec ce système, on gagne du temps et de l'efficacité», assuraient, dans cette optique, les deux arbitres-assistants Nicolas Danos et Cyril Gringore. Même son de cloche pour Stéphanie Frappart, l'une des six femmes convoquées pour l'échéance qatarienne. «On est pas déresponsabilisé car depuis l’apport de cette nouvelle technologie, on parle des oreillettes, du drapeau électronique. Ce n’est pas que la VAR mais à la fin on reste l’unique décisionnaire. Juste, si on commet une erreur manifeste, on est appelé mais devant l’écran, on reste encore le dernier décideur. Il y a juste cette partie sur le hors-jeu où c’est du factuel, c’est binaire. Tu es hors-jeu ou non et sur ça, il n’y a aucune plus-value à se déplacer. La philosophie de l’IFAB et de la FIFA, c’est que l’arbitre reste décideur donc pour l’instant on est pas déchargé de nos décisions. C’est peut-être une révolution pour l’arbitrage mais en tout cas sur le terrain ça ne changera pas notre rôle».

Au sifflet pour sa deuxième Coupe du monde, après celle de 2018 en Russie, Clément Turpin semblait, lui aussi, séduit par l'introduction de cette nouvelle technologie. «Ce gain en précision et en efficacité est important pour nous, mais surtout pour les équipes. Car on va vers encore davantage de justice sportive...» Le 6 septembre dernier, Rasmus Falk en a d'ailleurs fait l'amère expérience lors du match de Ligue des Champions entre Dortmund et Copenhague (3-0). L'attaquant danois s'est ainsi vu refuser un but à cause d'un genou gauche dépassant légèrement la ligne imaginaire, pointant le dernier défenseur allemand. Difficilement visible à l'œil nu, ce hors-jeu avait été modélisé en 3D, à la fois en plan large, en diagonal et en plan rapproché à hauteur de pelouse. De quoi clarifier la situation pour tous les supporters...

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