Akim Abdallah, Comores : « l’objectif, c’est d’aller à ce mondial 2026 »
À 27 ans, l’international Comorien Akim Abdallah est un cadre de Rodez en Ligue 2. Auteur d’une belle saison avec le club aveyronnais, il fut aussi l’un des artisans de la qualification des Comores à la CAN 2026. Le joueur formé à Troyes a accepté de se livrer à Foot Mercato. Entretien.

Foot Mercato : l’an dernier Rodez jouait les premiers rôles en Ligue 2, le club avait fini 4e. Cette saison, c’est plus compliqué, vous êtes actuellement 12ème. Tu as une explication à cette saison compliquée ?
Akim Abdallah : ouais, c’est vrai que la saison est compliquée. On a perdu des joueurs qui étaient titulaires. Cette année, on a reconstruit une nouvelle équipe qui, au début, ne marchait pas bien parce qu’il fallait que les nouveaux comprennent bien les principes du club. Mais c’est vrai qu’au fur et à mesure du temps, ils ont vite compris. Et après, honnêtement, je pense que le classement ne reflète pas l’équipe qu’on est aujourd’hui. Il y a beaucoup de matchs où on a laissé des points. Mais bon, c’est le football.
FM : vous restez sur une bonne dynamique avec 4 matchs sans défaite, dont deux victoires à domicile. Tu penses que cette dynamique peut durer jusqu’à la fin de saison ?
AA : ouais, c’est vrai qu’on est sur une bonne dynamique. Aujourd’hui, tout se passe bien, le groupe vit bien. Malgré, comme j’ai dit, le classement qu’on ne mérite pas. Mais on est sur une bonne dynamique et on compte bien y rester.
«J’arrive à une période où je suis vraiment au top de moi-même»
FM : 1 but, 5 passes décisives. Tu réalises ta meilleure saison statistique de ta carrière en championnat. Tu estimes être à ton meilleur niveau ?
AA : mon meilleur niveau, non. Mais c’est vrai que cette saison, j’ai beaucoup plus de stats que la saison dernière. Et j’arrive à une période où je suis vraiment au top de moi-même. Je pense même que je peux encore pousser plus loin.

FM : à Grenoble, tu jouais latéral gauche dans une défense à 4, à Rodez depuis 2 saisons, tu joues piston gauche dans une défense à 5. Quel rôle préfères-tu ?
AA : en fait, je n’ai pas forcément de préférence. Parce qu’à Grenoble, on était en défense à 4. À Rodez, c’est une défense à 3. Ça me permet de plus prendre mon couloir. Donc, automatiquement, il y a plus de stats qui se font. Mais après, je n’ai pas forcément de préférence. Je peux jouer à 4, comme je peux jouer aussi à 3 derrière.
«L’objectif, c’est d’aller à ce mondial 2026»
FM : les Comores n’ont jamais participé à la Coupe du monde de leur histoire, mais vous êtes actuellement dans la course pour y participer vu que vous êtes deuxième de votre groupe de qualification à la Coupe du monde 2026, l’objectif, c’est d’aller à ce mondial ?
AA : bien sûr qu’aujourd’hui, c’est un de nos objectifs. Ce serait vraiment quelque chose d’extraordinaire pour le pays. On ne va pas se cacher. Je pense qu’on a rien à envier à n’importe quel pays. On peut se qualifier pour la Coupe du Monde 2026. On se bat pour notre pays. On veut vraiment le mettre en valeur. On se donnera les moyens pour y accéder.
FM : vous vous êtes qualifiés pour la seconde fois de votre histoire à la CAN, en finissant premier de votre groupe devant une grande nation africaine la Tunisie. Quels sont les secrets de ce magnifique parcours de qualification ?
AA : le secret, honnêtement, il n’y en a pas. En sélection, l’atmosphère est différente qu’en club. Mais on s’entend tous bien, ça se passe super bien. On a une bonne équipe qui joue au ballon. On a pas peur de jouer. Je pense qu’on l’a montré pendant ces phases de qualif. Pour nous, c’est vraiment quelque chose de concret qu’on a accompli. Mais on ne compte pas s’arrêter là.

FM : les Comores vont donc participer à la seconde CAN de leur histoire, quelles sont vos ambitions lors de cette CAN ?
AA : dépasser les huitièmes de finale, faire mieux que la CAN précédente. On veut faire mieux et après, le reste, on verra. C’est que du bonus.
«Jouer le Maroc d’entrée ? Non, ça ne fait pas peur.»
FM : le match d’ouverture de la compétition, ce sera vous face au Maroc. Jouer le Maroc chez eux d’entrée de jeu ça fait peur ?
AA : non, ça ne fait pas peur. Au contraire, ça fait extrêmement plaisir. Ça va être un bon match. Et je pense que la pression sera plus du côté du Maroc que du nôtre. Honnêtement, on a peur de personne. On ne se prend pas pour une nation plus grande qu’une autre. On sait que c’est une grande compétition, on respecte chaque équipe. Mais comme je l’ai dit, c’est un match de football. Et dans un match de football, tout peut se faire, tout peut se décider. Donc, on n’est pas du tout stressé. On va jouer ce match de football comme un autre.
FM : récemment des binationaux comme Zaydou Youssouf, Warren Omari, Myziane Maolida ont rejoint la sélection. L’arrivée de ces joueurs-là permet à la sélection de passer un cap ?
AA : je ne sais pas si elle a permis à la sélection de passer un cap. Mais en tout cas, c’est vrai que leur arrivée nous a fait du bien. Ça, c’est une certitude. Ça montre que le travail qu’on a fourni avant a payé. Tant mieux, si aujourd’hui, ils représentent le pays avec nous, c’est une très bonne chose.
FM : quel regard portes-tu sur les vagues de binationaux qui font le choix d’une sélection africaine au détriment d’une sélection européenne ?
AA : honnêtement, ce que je pourrais dire, c’est juste qu’ils ont vu leur pays évoluer. Je pense qu’aujourd’hui, ça amène beaucoup de joueurs à choisir une nation africaine. Après, libre à chacun de choisir la nation qu’il veut. Mais en tout cas, honnêtement, ça fait plaisir. Ça montre que dans les compétitions africaines, il y a du niveau.
FM : les Comores, peuvent-ils devenir une nation importante en Afrique dans les années à venir selon toi ?
AA : oui, bien sûr qu’on peut. Après, voilà, il faut rester humble. Il faut continuer à travailler, chose qu’on fait. Et puis, bien sûr, à l’avenir, je vois bien les Comores participer à chaque CAN et chaque Coupe du Monde.
