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Alexander Djiku : « c’était le bon moment pour partir à l’étranger »

Par Dahbia Hattabi
9 min.
Alexander Djiku @Maxppp

Après plusieurs années passées à Strasbourg, Alexander Djiku a pris son envol cet été. Direction la Turquie pour le défenseur central, qui a signé en faveur de Fenerbahçe. Pour Foot Mercato, il évoque ses premiers pas en Turquie, sa découverte d’un nouveau championnat et ses objectifs avec le Ghana. Entretien.

Foot Mercato : on vous a laissé il y a quelques mois alors que vous veniez de quitter Strasbourg pour rejoindre Fenerbahçe, comment avez-vous vécu votre été ?

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Alexander Djiku : je l’ai vécu très tranquillement et sereinement. Je savais que c’était un choix très important pour la suite de ma carrière. C’est pourquoi avec mon frère Jenhisghan (Djiku), qui est agent licencié FFF, on a pris le temps d’y réfléchir pour faire le meilleur choix possible.

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FM : avez-vous toujours un oeil sur le club alsacien ?

A.D : oui, forcément j’échange et je regarde souvent mes anciens coéquipiers dès que j’en ai la possibilité. J’ai suivi le début de saison, ils ont très bien commencé, surtout au niveau comptable. Actuellement, ils sont un peu moins performants. Mais je ne m’inquiète pas pour eux, car il y a suffisamment de qualité dans cet effectif et ce club pour être à minima dans le top 10.

FM : plusieurs clubs étaient à vos trousses. Pourquoi avoir dit oui au Fener ?

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A.D : avec mon conseiller, nous avons fait ce choix pour plusieurs raisons. Tout d’abord, nous avons été emballé par le projet sportif qui nous a été exposé. Ils nous ont expliqué qu’ils voulaient bâtir une équipe ultra compétitive en signant de belles recrues comme Edin Dzeko, Dusan Tadic, Fred, Dominik Livakovic pour ne citer qu’eux. De plus, le club jouait une coupe d’Europe ce qui était primordial dans mon choix. Je l’avais déjà joué avec Strasbourg et je voulais revivre ça à court terme. C’est un club qui apporte aussi beaucoup de visibilité. On a vu que beaucoup de joueurs passés par Fenerbahçe ont atterri dans de plus grands clubs. Je peux citer Kim Min-jae, qui a signé à Naples, Arda Güler, qui a signé au Real Madrid, et Simon Kjær au FC Séville par exemple.  C’était donc le bon tremplin dans une logique de construction de carrière pour encore évoluer et ne pas rester dans une zone de confort. J’ai également atteint un âge où j’arrive à maturité. Pour moi, c’était le bon moment pour partir à l’étranger, après 200 matchs de Ligue 1. Sans parler de la ferveur dans ce club qui est un vrai plus. Les supporters sont de vrais passionnés qui donnent envie de mouiller le maillot. Ainsi, pour toutes ces raisons, c’est logiquement et naturellement que nous avons choisi de rejoindre le club de Fenerbahçe.

FM : comment vous sentez-vous là-bas ?

A.D : je me sens très bien ici. Ma famille s’est également très bien adaptée ici. Donc nous sommes très heureux de découvrir petit à petit cette ville  d’Istanbul très similaire aux grandes capitales européennes.

Djiku est heureux à Istanbul

FM : que pensez-vous du championnat ? Quelles sont les différences avec la Ligue 1 ?

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A.D : déjà, je peux vous dire que c’est un championnat sous-coté. C’est un championnat très athlétique. Je m’aperçois qu’il y a également beaucoup de qualités au vu des joueurs qui viennent des quatre plus gros championnats, depuis plusieurs décennies maintenant. C’est donc une très bonne ligue qui doit être plus performante sur la scène européenne à l’image du championnat portugais ou hollandais. Je trouve d’ailleurs qu’il y a plus de joueurs expérimentés ici par rapport à la France. En Ligue 1, il y a beaucoup plus de jeunes joueurs, qui sont exposés dans une logique de formation et de trading, contrairement à ici. Ensuite, sur le plan du jeu, c’est beaucoup moins fermé. Il n’y a pas de temps d’observation. Il y a une volonté constante de marquer des buts et aussi beaucoup d’individualités. Que ce soit les petites ou les grandes équipes, elles misent beaucoup sur les individualités. Il y a moins de projets de jeu collectifs variés. Le niveau du championnat se ressent d’ailleurs dans l’équipe nationale, qui est quasiment qualifiée pour l’Euro 2024, devant la Croatie et le Pays de Galles.

FM : l’ambiance dans les stades est-elle aussi bonne qu’on le dit ?

A.D : franchement, j’ai déjà joué avec de belles ambiances dans ma carrière, notamment au sein des clubs où je suis passé comme à Furiani à Bastia ou à la Meinau à Strasbourg. Mais là, c’est vraiment un ton au-dessus. On voit que les Turcs sont des passionnés. Il y a vraiment une ferveur incroyable. Il faut la vivre pour le comprendre. Ce qui est vraiment agréable, c’est qu’il y a de belles ambiances dans tous les stades. D’ailleurs, ils sont financés par l’État donc ils sont vraiment exceptionnels partout où on va. Il y a beaucoup de supporters partout, notamment de Fenerbahçe. Je crois qu’on est le club ayant le plus de supporters en Turquie. Franchement, l’ambiance est incroyable. C’est d’ailleurs sûrement pour ça qu’ils ont encore accueilli l’année dernière  la finale de Ligue des Champions, après celle de 2005, avec le fameux miracle d’Istanbul (AC Milan mené 3-0 à la mi-temps contre Liverpool, avant de se faire rejoindre et de perdre aux tirs aux buts).

FM : comment jugez-vous votre adaptation personnelle ?

A.D : mon adaptation s’est très bien passée car j’ai été très bien accueilli par mes coéquipiers. Je les ai rejoint en stage et j’ai fait quelques matches amicaux avant de pouvoir commencer la saison. J’ai réussi à montrer mes qualités puis j’ai réussi à enchaîner les matches dès le début de saison. Ce qui est très important lorsqu’on arrive dans un club. J’espère faire la même chose quand je reviendrai sur les terrains.

FM : en effet, vous êtes actuellement blessé. Comment vivez-vous ce premier coup d’arrêt, vous qui êtes un titulaire en force ?

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A.D : c’est vrai que c’est compliqué. On a fait un début de saison historique pour le club. On a réussi à enchaîner 19 victoires d’affilée en 19 matchs en étant la meilleure défense d’Europe. Ce qui n’est jamais arrivé pour ce club. Quand on est dans une bonne passe, on n’a pas forcément envie de s’arrêter. Malheureusement, ce sont les aléas de la vie. Ce n’est pas ma première blessure, et ce ne sera sûrement pas ma dernière. En tout cas, j’essaye de mettre tout en œuvre sur le plan de la nutrition, de la rééducation physique et des soins médicaux pour me rétablir le plus sainement et durablement possible, afin de ne surtout pas rechuter à mon retour.

Une adaptation réussie

FM : vous avez aussi évolué en C3. Que pensez-vous de vos premiers pas dans cette compétition ?

A.D : ça faisait partie de mes ambitions. C’est ce que je recherchais en venant ici. Donc j’ai réussi à retrouver la Coupe d’Europe à Fenerbahçe et j’en suis très heureux. Ce sont des moments assez particuliers dans la carrière d’un joueur de pouvoir jouer la Coupe d’Europe. J’en suis très fier. Pour le moment, ça se passe super bien puisqu’on est premiers de notre groupe. Il va falloir continuer et garder cette place pour se qualifier directement en 1/8ème de finale puis aller le plus loin possible ensuite car à Fenerbahçe on se doit de performer sur tous les tableaux.

FM  : le Fener vient d’enchaîner trois matches sans succès, peut-on parler d’un coup d’arrêt ?

A.D : je ne pense pas qu’on puisse parler d’un coup d’arrêt. On savait qu’une période comme ça arriverait dans l’année car toutes les séries ont une fin. Nous ne sommes pas épargnés par les blessures en ce moment. On a à peu près neuf ou dix absents et on joue tous les 3 jours depuis mi-juillet, sans parler des trêves internationales où la plupart des coéquipiers jouent encore 2 matchs en plus à chaque trêve. Certains ont déjà plus de 25 matchs alors qu’on est mi-novembre. Donc c’est sûr qu’il y a moins de fraîcheur dans l’équipe pour faire basculer ces 3 derniers matches en notre faveur. Mais je ne m’inquiète pas. On va retrouver le chemin de la victoire très rapidement car, avec le coach Ismail Kartal, on est un groupe très travailleur, très exigeant envers lui-même, et avec une mentalité de conquérant. Tous les jours, à chaque entraînement, on perfectionne les petits détails à la vidéo, sur le terrain, et lors de la mise au vert, pour essayer de nous emmener au titre de champion de Turquie.

FM : vous jouez avec Cengiz Ünder qu’on connaît bien aussi en L1. Comment ça se passe pour lui ?

A.D : Quand il est arrivé, il a très bien commencé. Il a délivré une passe décisive pour Edin Dzeko lors de son premier match. Malheureusement, il s’est blessé par la suite. Là, il commence à revenir petit à petit. Il a une très belle qualité de dernière passe, de dribbles et de finition, on a donc hâte qu’il puisse en faire profiter l’équipe.

Objectif CAN

FM : nous sommes en pleine trêve internationale, on imagine que vous aurez un oeil sur le Ghana. Est-ce que votre blessure vous inquiète à quelques semaines de la CAN ?

A.D : oui, je me tiens au courant de tout ce qui se passe en sélection que ce soit aux entraînements ou aux matches. Concernant ma blessure, si le processus suit son cours, je serais de retour bien avant le début de la CAN. Je ne suis pas inquiet par rapport à ça. Il faudra uniquement enchaîner les matches et retrouver la meilleure forme possible pour performer car c’est un objectif de ma saison.

FM : selon vous, quels sont les favoris ?

A.D : pour moi, les favoris sont le Sénégal, tenant du titre, et le Maroc, par rapport à la Coupe du monde qu’ils ont fait. Après dans le football, il y a toujours des surprises. 

FM : en France, nous avons découvert votre compatriote Ernest Nuamah (OL). Que pensez-vous de ce joueur ? Quelles sont ses forces et les points qu’il doit encore améliorer ?

A.D : Ernest est un joueur très jeune à fort potentiel. Il a beaucoup de qualités comme la percussion, la vitesse. Il aime beaucoup le dribble, le un contre un. Néanmoins, il peut progresser dans la régularité des performances et sur ses statistiques, car à présent on regarde beaucoup cela, même trop, à mon goût. C’est toutefois un joueur qui devrait progresser facilement de ce côté-là, à force d’enchaîner les matches. Il aura  aussi besoin d’un temps d’adaptation dans un nouveau championnat pour lui, surtout dans une équipe lyonnaise qui est en pleine reconstruction administrative et sportive.

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