Girona : la locomotive du City Football Group qui vise les étoiles

Par Valentin Feuillette
5 min.
Reinier, prêté par le Real Madrid à Gérone @Maxppp

Dans l'ombre des grandes écuries espagnoles de la Liga, le Girona FC commence à attirer les regards en Espagne. Malgré des résultats encore en deçà, les Blanquivermells construisent un véritable projet qui se veut cohérent et moderne avec, en toile de fond, le City Football Groupe qui détient notamment Manchester City. Cependant, le club espagnol, de retour dans l'élite ibérique pour la première fois depuis 2019, aspire être plus qu'un simple pion dans l'échiquier émirati des Citizens.

«Nous sommes dans une catégorie très relevée, aujourd'hui c'est un bon point car nous venions de perdre trois matchs. Nous avons tiré 23 fois et ça veut dire que l'équipe tente et joue», avait affirmé l'entraîneur Míchel Sánchez après le match nul arraché par Girona contre Cadix (1-1), lors de la 9ème journée de Liga, samedi dernier. Il est vrai qu'avec deux victoires en neuf journées, synonymes d'une 15ème position au classement, les Catalans de Gérone ne possèdent pas un bilan comptable bien fameux, mais compte tenu de leur statut de promu, ils sont loin d'être ridicules.

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Un réseau autour de Manchester City

Au cours de l'été 2017, peu de temps avant que les Géronais ne disputent la première campagne de leur histoire en Liga, le club est vendu officiellement, le 23 août, au City Football Group (CFG), qui s'offre 44,3% des parts de l'équipe. Cette holding émirati, détenue par le cheikh Mansour ben Zayed Al Nahyane, possède de nombreux clubs de foot dans le monde avec en fer de lance Manchester City. On retrouve aussi dans leur liste : le New York City FC (Etats-Unis), le Melbourne City FC (Australie), le Yokohama F. Marinos (Japon), le Montevideo City Torque (Uruguay), le Sichuan Jiuniu FC (Chine), le Mumbai City FC (Inde), le Lommel SK (Belgique), mais aussi l'ESTAC Troyes en France et plus récemment Palerme FC en Serie B italienne. En plus de détenir ces clubs, cette entreprise, qui possède des bureaux à Abu Dhabi, Londres, New York, Melbourne et Tokyo, se fixe l'objectif de gérer le marketing, la communication, l'innovation et la formation de toutes ses équipes, afin d'apporter sa vision moderne du football.

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Utilisant ainsi ce fort réseau international, Girona en a profité pour se faire prêter plusieurs joueurs issus du réseau City Football Groupe, dès 2016 quand les négociations avaient débuté en coulisses. Pablo Mari, Angeliño Tasende, Pablo Maffeo et Ruben Sobrino, achetés par les Citizens, se sont fait immédiatement prêtés à Gérone. D'autres ont ensuite suivi le même parcours comme le Brésilien Douglas Luiz, l'Anglais Patrick Roberts, l'Espagnol Aleix Garcia. Au cours du dernier mercato estival, la direction des Blanquivermells a remis le couvert en faisant jouer le carnet de contacts pour les prêts de Yan Couto et Yangel Herrera, deux joueurs de Manchester City, mais également de Valentin Castellanos, ancien meilleur joueur de la MLS sous le maillot du New York City FC, une autre écurie du groupe. Mais le club refuse d'incarner une simple école secondaire au service d'Abu Dhabi et de Manchester City. Chaque décision est pesée, réfléchie et rentre dans une logique singulière à Girona.

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L'ancrage local comme fondation solide

Alors que le microcosme du football écume, année après année, de nombreuses critiques pour une évolution jugée trop internationalisée sous emprise de puissances mondiales, Girona dénote légèrement dans ce paysage. Pour guider son projet, le club reste sous la présidence de Delfí Geli, ancien joueur international espagnol et natif de la petite ville de Salt, dans la province de Gérone en Catalogne. L'équipe se veut porteuse des valeurs régionales et populaires auprès de ses habitants. En 2017, lors de la victoire surprise de Girona face au Real Madrid (2-1) en championnat, des chants indépendantistes avaient été repris en cœur dans les travées du stade de Montilivi, alors que d'autres socios déployaient des drapeaux de la Catalogne dans un climat tendu en Espagne, alors que le Parlement de la Catalogne avait proclamé l'indépendance de la région deux jours avant le match. Parce que Girona, c'est aussi cette dimension politique et sociale. Un point qui a été au centre des négociations : «La stratégie à long terme de City Football Group et le respect de l'héritage de ses clubs ont été évidents dans tous ses investissements à ce jour. Nous nous sentons privilégiés de faire partie de cette famille élargie», avait déclaré Delfí Geli lors de l'officialisation de l'arrivée des Emiratis au club.

Contrairement à certains autres équipes du groupe City Football, comme Troyes par exemple, les Géronais ne sont pas exclusivement sous le joug du City Football Group. Le 23 août 2017, une part avoisinant les 44,3%, soit autant que celle du CFG, est également cédée au Girona Football Group, dirigé par Pere Guardiola, frère de l'entraîneur de Manchester City. Originaires de la commune de Santpedor, non loin de Barcelone, les Guardiola connaissent les enjeux régionalistes d'une ville catalane comme Gérone : «Nous connaissons et respectons à la fois Gérone et sa tradition footballistique. Je suis convaincu que nos fans et autres actionnaires tireront des bénéfices tangibles de cet investissement dans les semaines, mois et années à venir», avait souligné Pere Guardiola.

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La qualité du centre de formation

Afin de conserver son identité, Girona a renforcé considérablement sa formation depuis plusieurs saisons. Cette année, pas moins de 19 joueurs, passés par au moins une catégorie inférieure du club, ont été appelés dans l'équipe première. Plusieurs d'entre eux étant d'ailleurs devenus des éléments importants de l'équipe de Míchel : Arnau, Bueno, Kebe, Valery, Terrats, Ureña, Artero, Gabri, Sala et Dawda notamment. Les équipes nationales se nourrissent également des natifs de Gérone, ce qui était il y a encore années difficilement imaginable. Les Blanquivermells sont désormais, avec l'Atlético de Madrid, l'équipe qui fournit le plus de joueurs à la Roja U-19. Ils surpassent les grosses écuries que sont le Barça et le Real, mais aussi les habituels viviers à jeunes qui ont traditionnellement fourni de nombreux joueurs aux catégories inférieures de l'équipe nationale, comme Villarreal, Valence ou Bilbao.

Au coeur de cette philosophie se trouve un homme fort : Míchel qui est assis sur le banc de Girona depuis juillet 2021, paraphant par la même occasion un contrat de deux saisons. Jeune tacticien de 46 ans, il est habitué aux projets sur le long terme, lui qui a déjà fait les beaux jours du Rayo Vallecano et de Huesca en seconde division, remportant le titre avec ces deux équipes. Mieux encore, l'entraîneur natif de Madrid est en parfaite adéquation avec l'objectif des dirigeants de responsabiliser les jeunes éléments, en s'appuyant sur le centre de formation en constante progression. Son engagement indéfectible envers les jeunes pousses a aidé plusieurs d'entre eux à s'installer dans l'équipe première, notamment le latéral droit Arnau très prometteur. A Gérone, l'avenir semble radieux et surtout cohérent.

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