Pourquoi tout le monde recale le Bayern Munich

Par Dahbia Hattabi
6 min.
Thomas Tuchel et Xabi Alonso en match @Maxppp

Après le refus de Ralf Rangnick, le Bayern Munich va devoir continuer sa quête d’un nouvel entraîneur. Une mission qui se complique de jour en jour.

L’art de l’anticipation. Une chose qu’a souvent maîtrisé à la perfection le Bayern Munich, que cela concerne les recrues comme les entraîneurs. Mais en 2024, les pensionnaires de l’Allianz Arena ont toutes les difficultés du monde à trouver le successeur de Thomas Tuchel. Arrivé sur le banc allemand en mars 2023, l’ancien coach de Chelsea devait mener le projet durant plusieurs années. Sauf qu’il n’a pas vraiment fait l’affaire. Résultat : le Bayern Munich et TT ont officialisé la fin de leur collaboration à l’issue de l’exercice 2023-24. Une annonce qui a été faite le 21 février dernier. Cela avait pour objectif de laisser le temps à Tuchel de trouver un nouveau club et au Rekordmeister d’avancer sereinement concernant le futur coach.

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Les Munichois avaient d’ailleurs un plan précis en tête, à savoir recruter le prometteur Xabi Alonso. Également courtisé par Liverpool, l’Espagnol a finalement décidé de continuer avec le Bayer Leverkusen, sacré champion d’Allemagne sous ses ordres. Après cela, les Bavarois ont tenté un coup très étonnant. En effet, ils ont essayé de faire revenir Julian Nagelsmann, remercié un an avant après avoir négocié avec TT dans son dos. Loin d’être rancunier, le sélectionneur allemand a préféré prolonger avec la fédération et mener son pays au moins jusqu’au Mondial 2026. Nouveau coup dur pour le Bayern Munich, qui a aussi essuyé le refus d’Unai Emery, qui a prolongé dans la foulée avec Aston Villa.

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Le Bayern Munich n’a pas vu le coup venir

Dans le même temps, les dirigeants ont avancé leurs pions pour Ralf Rangnick, un technicien allemand qui présentait l’avantage de parfaitement connaître la Bundesliga. Seul hic, il était déjà en poste. Mais à Munich, on avait bon espoir de le convaincre et de se mettre d’accord avec la fédération autrichienne. Les signaux étaient d’ailleurs plutôt bons hier. En effet, plusieurs médias allemands ont annoncé que l’ancien coach de Manchester United avait transmis au club sa volonté de prendre les commandes de l’équipe la saison prochaine. Il fallait néanmoins se mettre encore d’accord sur quelques petits points lors d’une réunion organisée hier entre les diverses parties. Mais les Bavarois étaient plus que confiants.

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Les déclarations des dirigeants après le match face au Real Madrid allaient dans ce sens. « Nous sommes sur la bonne voie avec Ralf. Il serait un très bon choix pour nous», avait lâché le président Herbert Hainer. Sauf que Rangnick a décidé de jurer fidélité à l’Autriche et a décliné l’offre du Bayern Munich. Un coup que les Allemands n’avaient pas vu venir. Sport 1 explique que la direction du club a été très étonnée du choix du coach de 65 ans et qu’elle ne s’attendait pas du tout à ce qu’il rejette leur proposition, d’autant que les Munichois, notamment Karl-Heinz Rummenigge et Uli Hoeneß, s’étaient pliés en quatre pour le satisfaire. Mais Rangnick n’a pas voulu bouleverser sa vie et il a surtout eu envie de poursuivre avec l’Autriche.

Une situation "embarrassante"

Kicker confirme et écrit à ce sujet : «ni Eberl, ni Freund, ni personne d’autre ne s’attendaient à ce que l’homme de 65 ans reste entraîneur de l’équipe nationale autrichienne après des semaines de discussions. Il n’y avait pas de questions sans réponse, les Bavarois et le coach étaient d’accord sur tous les points et les données clés semblaient clarifiées. Mais Rangnick a vu le danger que pourrait subir le Championnat d’Europe en juin à la suite de sa décision pro-Bayern. Rangnick aurait pu gagner bien plus au FCB s’il avait eu en tête la finale de la Ligue des champions à Munich. Mais il ne voulait pas retourner aux affaires quotidiennes et ne voulait rien changer.»

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Un camouflet de plus pour les Bavarois. Bild, qui parle d’une situation "embarrassante", cherche d’ailleurs des explications à ces nombreux échecs. «Le glorieux FC Bayern est secoué par un séisme d’entraîneur comme il n’en a jamais connu dans son histoire. Tout le monde préfère rester dans son club ou son équipe nationale plutôt que d’aller au FC Bayern ! Quelle gifle pour les champions ! Les deux questions cruciales sont : 1. Pourquoi tout le monde annule ? 2. Et qui peut arriver maintenant ?», écrit le journal allemand. D’autant que le temps presse puisque l’idée du club était de recruter son nouvel entraîneur le plus vite possible afin de préparer au mieux la transition et la saison prochaine, ainsi que le mercato.

Pourquoi tout le monde refuse ?

Sauf qu’à quelques encablures de la fin de la saison, personne n’a encore signé. Bild a quelques idées concernant ces refus. «Le président d’honneur Uli Hoeneß a peut-être encore une fois fait comprendre à Rangnick, avec sa récente apparition grossière, ce que ce poste impliquait. Chaque entraîneur déteste ces absurdités publiques et imprévisibles. Et le FC Bayern 2024 vacille également sur le plan sportif malgré sa qualification en demi-finale de la Ligue des Champions. Le plan de défense de 90 millions d’euros Kim/Upamecano n’en vaut pas la peine jusqu’à présent. Les attaquants Sané, Gnabry et Coman sont sujets aux blessures. La personnalité de Müller est un problème de longue date, la question de Kimmich (prolonger ou vendre) reste en suspens.»

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Cela a donc joué pour Bild qui écrit que «Xabi Alonso, Nagelsmann, Emery et Rangnick ont ​​opté pour la stabilité sur et en dehors du terrain.» Après cela, les dirigeants, qui avaient dans l’idée d’officialiser la venue de Rangnick après la 1/2 finale retour face au Real Madrid le 8 mai, vont devoir se remettre au travail. D’ailleurs, pour le média allemand, les Bavarois ont 2 à 3 options à présent. La première est de tenter de retenir Tuchel, si jamais il mène l’équipe au titre en Ligue des champions. D’autant qu’il n’a pas encore signé officiellement ailleurs. Mais cette solution paraît farfelue puisque TT s’est déjà mis en quête d’un club et que son départ a été annoncé. Bien sûr, nous ne sommes pas à l’abri d’une volte-face à la Xavi au Barça.

Une cinquième piste à creuser

Mais cela paraît peu probable, voire impossible pour Tuchel. Outre ses liens parfois compliqués avec certains de ses joueurs, il entretient des relations glaciales avec Uli Hoeneß, qui l’a attaqué publiquement à plusieurs reprises. La deuxième solution avancée est de trouver en quelque sorte un entraîneur intérimaire qui gèrera l’équipe l’an prochain avant de laisser sa place à Jürgen Klopp, s’il se sent prêt en 2025. Là encore, cette option paraît absolument folle. Difficile d’imaginer un technicien accepter de signer dans de telles conditions. L’ultime solution, la plus plausible, est de recruter un nouveau coach. Pour éviter un cinquième échec, les Allemands vont devoir être bien plus prudents.

Mais ils ont quand même des pistes intéressantes à suivre. Le nom de Lucien Favre, libre et qui connaît le football allemand, est avancé. Celui de Zinedine Zidane aussi. S’il ne maîtrise pas la langue, le Français a une solide expérience et une aura, lui qui est très apprécié dans le vestiaire bavarois. Ancien de la maison, Hansi Flick (libre) est toujours sur le marché, d’autant que le Barça ne le recrutera pas. Christian Streich, Roger Schmidt (Benfica), Sebastian Hoeneß (Stuttgart) ou encore Roberto de Zerbi (Brighton) sont aussi cités. Le directeur sportif, Max Eberl, a du pain sur la planche, lui qui ne vit pas des premiers pas de tout repos en Bavière. Il joue d’ailleurs sa réputation sur ce premier dossier chaud, qui donne bien des maux de tête à tout un club.

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