La folle histoire du controversé Dmytro Ivanisenya, dernier Ukrainien évoluant en Russie

Dmytro Ivanisenya est le dernier joueur ukrainien à évoluer en Russie. International, il est logiquement au cœur de nombreuses critiques dans son pays et il est même considéré comme traître.

Par Hanif Ben Berkane
3 min.
Dmytro Ivanisenya @Maxppp

Le football et la politique sont liés depuis la nuit des temps. Et l’actualité politique a forcément un impact sur le sport le plus populaire du monde. Depuis 2022, une guerre éclate en Ukraine avec la Russie, qui a lancé une invasion à grande échelle du pays après avoir déjà annexé la Crimée en 2014. Ce conflit a provoqué une grave crise humanitaire et géopolitique en Europe et notamment dans cette région du monde. Pour ces deux pays frontaliers, cela a été un gros chamboulement. Et pour la population ukrainienne aussi, qui avait un fort lien avec la Russie, surtout sur le plan professionnel, avec beaucoup d’Ukrainiens travaillant en Russie. Au football, cela était également le cas.

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Cette guerre déclenchée par la Russie a rapidement poussé les Ukrainiens à réagir et à boycotter massivement tout organisme russe. Dans ce sens, nombreux ont été les joueurs ou entraîneurs ukrainiens à quitter la Russie. Le défenseur international ukrainien Yaroslav Rakitskiy, qui jouait au Zénith Saint-Pétersbourg, a résilié son contrat pour « raisons familiales difficiles » peu après le début de l’invasion. Même son de cloche pour Artem Polyarus, qui avait quitté l’Akhmat Grozny, ou encore la légende ukrainienne Andriy Voronin, qui avait quitté son poste d’adjoint au Dynamo Moscou en expliquant qu’il ne pouvait pas rester dans un pays qui attaque l’Ukraine. Depuis trois ans maintenant, tous les joueurs ukrainiens ont quitté la Russie. Tous, sauf un : Dmytro Ivanisenya.

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Un choix qui étonne

Le milieu de terrain de 30 ans évoluait au KS Samara au moment du début du conflit. Et il a décidé de rester poursuivre sa carrière en Russie. De quoi provoquer la colère des Ukrainiens, qui n’avaient pas manqué de rapidement le considérer comme un traître. Au début de la polémique, un proche du joueur avait confié à la presse ukrainienne que le club russe demandait une somme astronomique pour rompre son contrat, d’où son souhait de rester jouer en D1 russe. Une explication qui n’a convaincu personne, alors que la FIFA avait justement facilité les ruptures de contrat pour les joueurs ukrainiens lors de cette période. Et si le joueur avait publié, au début du conflit, un message de soutien envers l’Ukraine, il n’a plus fait aucune sortie médiatique par la suite sur ce sujet, tout comme sa compagne. Le couple avait notamment créé une autre polémique en se montrant tout sourire en vacances sur les réseaux après les nombreuses critiques.

L’histoire aurait pu s’arrêter là pour l’international ukrainien (1 sélection). Mais en 2024, il a relancé la polémique en faisant ce qui est décrit par la presse ukrainienne comme la trahison ultime. Surnommé « l’otage des Russes » dans les médias, Dmytro Ivanisenya a finalement récupéré la nationalité russe. Un choix administratif pour son club russe, qui a un quota de joueurs légionnaires dans les compétitions russes (étrangers). Sa naturalisation a permis de le considérer comme un joueur russe dans l’effectif. « Dmytro Ivanisenya a pris la nationalité russe. Il a préféré rester sur le territoire du pays agresseur. À 30 ans, ce traître à l’Ukraine joue encore aujourd’hui dans ce club », écrivait froidement Kiev-UK sur sa décision. « Dmytro Ivanisenya a reçu un passeport russe, consolidant son statut de traître, après trois ans de carrière en Russie », réagissait de son côté Sport24. De manière plus globale, ce cas a permis d’évoquer la politique russe de délivrance rapide de passeports, et les critiques internationales sur la « passportisation » des Ukrainiens depuis le conflit. Sportivement, le joueur, qui touche 400 000 euros par an, souvent blessé, continue de jouer avec son club, avec qui il disputait d’ailleurs ce mercredi la Coupe de Russie face à Krasnodar. Mais son image au pays est entachée, forcément. Il pourra se rassurer, son cas est similaire ou presque à celui de l’ancien joueur du Bayern Anatoliy Tymoshchuk (il n’a pas la nationalité russe) qui a choisi de rester dans le staff du Zenith contrairement à Andriy Voronin.

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