Leicester : le récit d’une saison cataclysmique

Par Jordan Pardon
6 min.
Les joueurs de Leicester @Maxppp

Mercato raté, cadres en perte de vitesse, résultats chaotiques, Coupe du Monde inopportune… Retour sur la saison cauchemardesque de Leicester City, qui pourrait devenir le premier champion d’Angleterre du XXIe siècle à renouer avec le Championship.

La saison avait commencé à reculons, elle s’est terminée à contre-sens, en pagaille et dans le décor. Confronté à West Ham ce dimanche pour ce qui constituera sa dernière sortie de la saison, Leicester, 18e de Premier League, aura tout de même une ultime opportunité d’esquiver les joutes du Championship, championnat dans lequel il n’a plus concouru depuis la saison 2013/2014. Pour cela, le club des Midlands devra impérativement s’imposer au King Power Stadium, et croiser les doigts pour qu’Everton chute dans le même temps face Bournemouth, à Goodison Park, à quelques 200 kilomètres de là.

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Si le pire des scénarios venait à se produire, Leicester deviendrait ainsi le premier champion d’Angleterre du XXIe siècle à renouer avec l’antichambre du football anglais, sept ans après avoir flirté avec des hauteurs qui semblaient pourtant insoupçonnables. Mais quelque soit l’issue de cette journée de clôture du championnat, c’est un grand ouf de soulagement qui gagnera les esprits des joueurs et des spectateurs, émoussés par une saison jalonnée d’infortunes, en long, en large, et en travers.

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Un mercato qui ne présageait déjà rien de bon

Outre le départ pour Nice l’été dernier de son emblématique capitaine courage Kasper Schmeichel (36 ans), substitué par Danny Ward puis Daniel Iversen, mais jamais véritablement remplacé, Leicester aura également payé un lourd tribut du transfert de Wesley Fofana. Pourtant, les Foxes avaient longtemps cru conserver leur Français pour une saison supplémentaire : «Il (Fofana) n’est pas à vendre. Nous sommes dans une situation où nous devons vendre certains éléments, mais cela ne signifie pas se débarrasser de nos meilleurs atouts. Il respecte vraiment le club et je n’ai aucun doute sur le fait que dans le futur, il sera sur cette plus haute scène, mais il est très à l’aise, il se sent bien ici», avait déclaré l’entraîneur de l’époque, Brendan Rodgers, avant de finalement voir filer son joueur pour Chelsea le 31 août, à seulement quelques heures de la fermeture du marché des transferts. Un départ d’envergure, comme celui de Kasper Schmeichel, et qui n’aura rendu service à personne cette saison.

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Si le montant du transfert de Fofana (85 M€) avait pourtant tout d’une aubaine pour Leicester dans son projet de reconstruction, forcé de constater que les erreurs de casting se sont accumulées. Arrivé au pied levé le 1er septembre pour remplacer l’ancien Stéphanois, Wout Faes n’est jamais parvenu à expédier les performances de son prédécesseur au rayon des archives. Peu rassurant et bien trop irrégulier, l’ancien joueur de Reims s’est davantage illustré pour son doublé contre son camp contre Liverpool en 7 minutes, que pour ses coups de casque et ses interventions défensives.

Dans d’autres proportions, le défenseur australien Harry Souttar, débauché de Stoke City contre 17 M€, et le Danois Victor Kristiansen, arrivé de Copenhague pour trois de moins, ont également vécu une première saison pénible, cumulant à eux deux seulement 24 rencontres de Premier League. Les échecs à répétition dans les dossiers Houssem Aouar, Jérémie Boga ou Jean-Clair Todibo, tous pistés comme nous vous le révélions en exclusivité, auront également poussé les têtes pensantes du club à reconsidérer leurs plans. En janvier, l’arrivée de Tetê en provenance de l’OL n’aura pas non plus eu l’effet escompté. Son but lors de sa première rencontre face à Aston Villa n‘aura été qu’un faux semblant (2-4). Plus jamais décisif depuis, le Brésilien a même terminé la saison dans un rôle de remplaçant.

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Des cadres sur le déclin et aux abonnés absents

Cette saison aura également marqué la baisse de forme considérable des cadres de Leicester. Homme à tout faire de ces dernières saisons, Jamie Vardy (36 ans) n’a pas affiché des hauteurs auxquelles il nous avait auparavant habituées. En perte de vitesse, l’Anglais a réalisé son exercice le moins prolifique, marquant seulement 3 petits buts en Premier League, dont 2 après la 32e journée. Bien moins en verve qu’à l’accoutumée, Youri Tielemans avait l’esprit quelque part cette saison, mais assurément pas dans les Midlands. Son transfert avorté vers Arsenal l’été dernier a probablement laissé des traces également. Quant à l’international nigérian Wilfred Ndidi, lumineux ces dernières saisons, il ne fut que l’ombre de lui-même.

Par ailleurs, Brendan Rodgers aura dû composer et bricoler avec les longues absences de certains de ses cadres, à commencer par Ricardo Pereira. Forfait d’août à février, le Portugais a cruellement manqué dans son couloir droit, où Timothy Castagne a souvent fait preuve d’inconstance. Même son de cloche pour Johnny Evans (35 ans). Destiné à récupérer le brassard de capitaine laissé vacant par Schmeichel, le défenseur nord-irlandais a vu sa saison s’écourter dès décembre après une blessure contractée au mollet. Si Jannik Vestergaard aurait logiquement dû le remplacer, l’épisode de son interview explosive accordée à un média danois en février, a scellé son aventure chez les Foxes. L’une des rares éclaircies de cette saison passée dans la pénombre aura été la confirmation de James Maddison. Meilleur buteur, meilleur passeur et meilleur joueur de Leicester, l’international anglais devrait permettre à son club de renflouer ses caisses cet été. Ces dernières semaines, la presse britannique faisait état d’un intérêt prononcé de Newcastle pour le joueur de 26 ans.

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Des résultats chaotiques et une Coupe du Monde inopportune

Toute cette conjoncture aura forcément laissé des traces dans les résultats du club. Après 7 journées de championnat, Leicester pointait à la 20e position et était encore à la recherche de sa première victoire, cumulant les revers dans les grandes largeurs notamment contre Brighton (5-2) et Tottenham (6-2). Une jolie parenthèse avait tout de même pointé le bout de son nez avec 4 victoires en 5 rencontres, avant que la Coupe du Monde ne vienne freiner cette dynamique. Au retour de ses sept mondialistes en décembre, Leicester aura de nouveau frustré dans ses espérances.

Avec 4 défaites de rang et deux éliminations en Coupe, d’abord face à Newcastle en quart de finale de League Cup (2-0), puis face au pensionnaire de Championship, Blackburn, en huitième de finale de FA Cup (1-2), les Foxes n’auront pas résisté longtemps à la pression de leurs concurrents directs en championnat. 13e à la 22e journée, Leicester aura plongé jusqu’à pointer à la 19e place, six journées plus tard, avant de complètement se liquéfier. Et le congédiement de Brendan Rodgers en avril, alors que le ver était déjà dans le fruit depuis des mois, n’aura pas changé grand chose. Depuis son arrivée, Dean Smith n’a remporté qu’un seul match à la tête des Foxes, concédant par ailleurs trois matchs nuls et trois défaites. Si à sa décharge, le technicien anglais a jusqu’ici eu plus l’embarras que le choix pour composer son équipe, une victoire ce dimanche sauverait irréfutablement son bilan, et évidemment son club.

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