Ligue Europa : à quoi ressemble la tactique du Shakhtar Donetsk, adversaire de l’OM ?

Par Valentin Feuillette
7 min.
Marino Pušić, entraîneur du Shakhtar @Maxppp

L’OM s’apprête à jouer jeudi une rencontre décisive contre le Shakhtar Donetsk, en barrage aller de la Ligue Europa. Un match au contexte sportif particulier puisqu’un nouveau coach a été nommé en octobre avant la longue pause du championnat national. Une tactique nouvelle est en train de s’installer à Donetsk.

L’Olympique de Marseille se déplace ce jeudi soir en terre allemande de Hambourg pour croiser le fer avec le club ukrainien délocalisé du Shakhtar Donetsk, en barrage aller de la Ligue Europa. Les Hirnyky, coachés par l’entraîneur croate Marino Pušić, ont dû encaisser un changement de staff en octobre et le nouveau chef d’orchestre avait promis d’installer sa philosophie : «Nous avons changé beaucoup de choses au cours des deux derniers mois. L’équipe a très bien réagi, j’en suis heureux. Selon ma philosophie, l’équipe fait l’individu, et non l’inverse. Nous sommes une seule équipe : nous attaquons ensemble, nous défendons ensemble et nous nous battons les uns pour les autres. C’est notre principale force, bien sûr, avec nos capacités tactiques, la façon de jouer, la force que nous avons en attaque. C’est toujours une histoire complète, vous ne pouvez pas mentionner une partie, parce que toutes les parties sont connectées. L’aspect le plus important pour moi est l’équipe. L’équipe est tout, il n’y a rien de plus élevé que l’équipe. C’est ce que mes joueurs montrent, et j’en suis très heureux. Fierté et courage», avait-il déclaré en décembre dernier, avant le choc de Ligue des Champions contre le FC Porto.

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Et depuis ce 13 décembre et ce match face au club portugais, le Shakhtar Donetsk n’a plus disputé une seule minute dans une rencontre officielle. Une préparation longue de deux mois pour mieux préparer ce duel contre l’OM. Des séances d’entraînements aux petits oignons et des matchs amicaux contre des équipes de calibres différents mais les troupes semblent prêtes à défier l’OM de Gennaro Gattuso. En tout cas, Marino Pušić a pris le temps d’observer les dernières semaines mouvementées du côté de la Canebière : «J’ai remarqué qu’ils ont également changé le style de jeu, donc ce sont tous des points intéressants que nous devons bien analyser et trouver une occasion de les contourner. Ils ont de très bons joueurs individuels, car c’est Marseille, au final, ils investissent beaucoup dans cette équipe. Si je ne me trompe pas, c’est un club qui est maintenant 5e ou 6e du tableau de Ligue 1, ce qui est très bon, et qui a certaines qualités pour avancer. Ce sera donc un match très difficile. C’est un adversaire exigeant dans certaines circonstances, surtout à l’extérieur, à Marseille. Je peux dire que ce sont des circonstances particulières, je le sais par expérience, mais nous avons aussi bonne mine. Ce sera un match très intéressant», a affirmé en ce début de semaine l’entraîneur néerlandais au micro du site officiel du club ukrainien.

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Une tactique en 4-1-4-1 en construction

Marino Pušić ne se cache pas, sa tactique c’est l’attaque. Issu de l’école néerlandaise et ancien assistant de Feyenoord, Twente et l’AZ Alkmaar, ce tacticien de 52 ans axe son football majoritairement sur l’aspect offensif. Pas un hasard s’il a rapidement installé un dispositif en 4-1-4-1, notamment face à Porto en C1 où les Ukrainiens avaient impressionné malgré la défaite (5-3). Fini le 4-3-3 classique de son prédécesseur Patrick van Leeuwen. Alors que la direction portée par la légende, Darijo Srna, continue de promouvoir le beau jeu, Pušić semble être l’homme idéal : «C’est juste de l’ADN, j’ai grandi dans un environnement où ils jouaient du beau football offensif et dynamique. Ensuite, il s’est approfondi et s’est développé aux Pays-Bas, ce qui m’a aidé. Je ne veux pas jouer autrement parce qu’en tant qu’entraîneur, je veux profiter du football. Je pense que de cette façon, les joueurs apprécieront aussi le football, et je veux toujours faire quelque chose au niveau maximum, donner quelque chose de beau pour que les fans voient leurs capacités sur le terrain, et pour moi, tout cela se fait par le football offensif.», a-t-il récemment présenté dans un entretien. Sur les sept rencontres amicales jouées depuis le match contre Porto, le Shakhtar a inscrit 17 buts. Un rouleau compresseur offensif dans un collectif huilé qui continue de se développer.

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Jouer l’attaque sans oublier la défense. C’est toute la difficulté de ce système offensif employé par Marino Pušić. Assumer le déséquilibre dans un dispositif ne signifie pas laisser des espaces en défense. L’entraîneur néerlandais veut que la défense serve l’attaque. En ce sens, l’arrière-garde ukrainienne défend très haut depuis l’arrivée de Marino Pušić au Shakhtar. Les Hirnyky déploient un jeu basé sur une grande intensité, une agressivité assumée et une énergie débordante en attaque. Récupérer haut pour attaquer rapidement et efficacement : «Attaquer le football ne peut survivre que lorsque l’équipe est capable de bien défendre, et cela ne signifie pas que vous défendez dans votre propre moitié, mais que vous défendez haut dans la moitié adverse - et je l’aime bien. J’aime attaquer, presser, être actif et faire preuve d’initiative dans une telle situation. La situation était telle que nous prenions de plus en plus d’initiative, nous avions de mieux en mieux la possession, nous pressions de plus en plus, nous jouions de mieux en plus intensément», a précisé le natif de Mostar. Pour mener à bien ce projet, Marino Pušić peut compter sur une jeunesse flamboyante qui adhère pleinement aux principes tactiques installés par le Néerlandais de 52 ans.

La jeunesse au pouvoir

Si le Shakhtar Donetsk a dû encaisser de nombreuses pertes sur les récents mercatos (Mudryk, Trubin, Marcos Antônio, Dodô, Neres), la direction a travaillé en faisant jouer son réseau sud-américain, notamment au Brésil, pour accueillir dans leurs rangs de nouvelles jeunes pépites à développer autour du crack ukrainien, Heorhiy Sudakov : «Dans la vision du jeu, il n’y aura pas de grandes différences : ce sera, comme toujours, un style offensif, mais nous allons essayer d’améliorer notre intensité avec et sans le ballon. Ici, nous devons apporter des changements et faire des progrès. C’est assez de temps pour nous préparer dans ce segment, et nous allons certainement faire un pas en avant. Avoir de la flexibilité dans certains segments, par exemple, dans la construction d’un jeu, c’est quelque chose de nouveau, et nous allons introduire plusieurs innovations. Le travail constant avec une équipe, en particulier cette période préparatoire, me permet en tant que coach de faire certains détails. Vous ne pouvez pas introduire beaucoup de nouveaux détails, mais j’en considère quelques-uns, en analysant les gars pour les deux premiers mois, en regardant quels segments nous devons faire la prochaine étape. Je suis donc heureux que nous soyons ici depuis un mois et que nous puissions spécifiquement former et travailler sur ces segments», a encore analysé l’entraîneur de Donetsk. Dans cet effectif à potentiel, on retrouve notamment les Brésiliens, Marlon Gomes (20 ans, actuellement blessé), Pedrinho (21 ans), Kevin (20 ans), Eguinaldo (19 ans) mais aussi Newerton (18 ans), le Vénézuélien Kevin Kelsy (19 ans), les Géorgiens Giorgi Gocholeishvili (22 ans), Luka Latsabidze (19 ans) et Irakli Azarovi (21 ans).

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Ce groupe très cosmopolite, dans lequel on retrouve également le Tanzanien Novatus Miroshi (21 ans) et le Tadjik Khusrav Toirov (19 ans), peut aussi compter sur quelques jeunes Ukrainiens tels que Dmytro Kryskiv (23 ans), Danylo Sikan (22 ans), Valeriy Bondar (24 ans) et Artem Bondarenko (23 ans). Cette jeune équipe revancharde, suite à l’élimination en Ligue des Champions et à la mauvaise première partie de championnat - le Shakhtar est actuellement 4ème, a soif de succès et de progression: «je veux que nous jouions toujours dans le même style, je veux que nous représentons le club et le pays au plus haut niveau et de haute qualité. On prend le jeu le plus au sérieux possible. J’ai donné la chance à tout le monde de jouer, 22 joueurs y ont joué, ce qui n’est pas facile du tout. Cela signifie que tout le monde comprend et développe pleinement les principes du football, tout le monde est impliqué dans le processus», a aussi expliqué Marino Pušić. Contre Marseille, le Shakhtar Donetsk aura également besoin de ses rares mais fidèles vétérans expérimentés comme Taras Stepanenko, Dmytro Chygrynskyi et Yaroslav Rakitskyi, la trentaine passée mais qui sont prêts à envoyer un message à l’Europe, un message symbolique. La saison dernière était une campagne de transition entre la guerre et l’installation du projet de rajeunissement. Ce Shakhtar est une équipe avec moins d’individualités mais plus de maitrise collective. L’OM est prévenu.

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