Info FM, Eve Perisset : « Vivre la même émotion que les Bleus et gagner cette Coupe du monde à la maison »

Par Dahbia Hattabi
9 min.
Eve Perisset se confie pour FM @Maxppp

Du 7 juin au 7 juillet 2019, la France organisera la Coupe du Monde Féminine. Une compétition qui fait rêver Eve Perisset. A 24 ans, la défenseure passée par l'OL Féminin espère bien être dans la liste des 23 de Corinne Diacre. En attendant, la footballeuse qui ambitionne de devenir coach sportif donne le meilleur d'elle-même au Paris Saint-Germain. Pour Foot Mercato, elle revient sur son parcours et dévoile ses objectifs en club comme en sélection. Entretien.

**Foot Mercato : Comment est née votre passion pour le ballon rond ?

Eve Perisset** : C'est une tradition chez nous. J'ai eu mon père qui a joué au football. Mon grand-frère est passé par l'Olympique Lyonnais. Du coup, dès mon plus jeune âge, tous les week-ends, j'étais déjà près des terrains dans le landau. On suivait tout le temps mon frère avec mes parents. En quelque sorte, on peut dire que je suis née dans le football.

À lire Ldc (F) : renversant, l’OL s’adjuge la manche aller contre le PSG

**FM : Rapidement, vous avez commencé à jouer en club...

E.P :** Dès que j'ai pu, j'ai commencé à jouer à l'âge de 6 ans à l'AS Manissieux, un club à côté de chez moi. Je jouais avec les garçons. J'ai fait trois années là-bas avant de rejoindre l'AS Saint-Priest, un autre club de la région lyonnaise. J'ai fait trois années en moins de 13 ans là-bas. À l'époque, je pouvais en moins de 14 ans fédéraux, mais la fédération n'avait pas voulu. Après cela, j'ai rejoint l'Olympique Lyonnais en sport-études à l'âge de 14 ans. J'ai fait ça pendant quatre ans avant d'obtenir mon bac STG. Suite à ça, j'ai signé mon premier contrat professionnel à l'OL.

**FM : Comment avez-vous été repérée ?

E.P :** Le club me suivait depuis un petit moment. J'avais déjà fait des journées d'accueil, des détections...Mais je voulais continuer à jouer avec les garçons jusqu'à l'âge limite qui est 15 ans. Quand j'ai dû choisir pour jouer avec des filles, deux clubs me suivaient : l'OL et l'ASSE. J'ai été faire deux entraînements. L'un avec Saint-Étienne, l'autre avec Lyon. Vu que Lyon était mon club de cœur, j'ai décidé de signer là-bas. Ça s'est fait tout naturellement. En tant que pure lyonnaise, c'était une immense fierté. Et puis Saint-Étienne est le club ennemi. Donc j'avais préféré Lyon à l'ASSE.

**FM : Vous avez passé pas mal d'années à l'OL. Quel est votre meilleur souvenir ?

E.P :** C'était mon premier match en pros. C'était en Ligue des Champions, à Gerland en novembre. J'avais joué une bonne dizaine de minutes. Mais ça avait été exceptionnel, c'était mon premier match. Toute ma famille était là, dans les tribunes. Ça restera un souvenir que je garderai à vie. C'était mon premier match avec mon club de cœur et en Ligue des Champions. Tout était réuni pour que ça soit un beau souvenir.

**FM : Vous avez parlé du fait que votre frère a aussi joué au football. A-t-il continué ? Est-ce qu'il vous suit aujourd'hui ?

La suite après cette publicité

EP** : Mon frère a eu une très grosse blessure. Après ça, il n'a jamais réussi à revenir à son niveau. Il a arrêté, même s'il continue à jouer avec des amis de temps en temps. Mais il m'a beaucoup aidé. Il connaissait bien ce milieu-là puisqu'il a joué jusqu'en CFA à l'Olympique Lyonnais. Il savait ce que c'était le sport de haut niveau. Encore aujourd'hui, il m'aide beaucoup sur la façon de gérer les matches, comment faire attention à son corps et aux blessures. C'est une personne très importante pour moi. Il m'aide énormément, il me conseille beaucoup dans ma vie de joueuse et de femme.

**FM : En quittant l'OL en 2016, vous avez aussi quitté le cocon familial. Comment avez-vous vécu votre départ ?

La suite après cette publicité

E.P** : Je ne vais pas vous le cacher, c'était assez difficile. En plus, je vivais encore chez mes parents. C'était dur de quitter mon club de cœur, surtout que je n'avais pas réussi l'objectif que je m'étais donné : réussir à l'Olympique Lyonnais. Je n'avais pas assez de temps de jeu à mon goût donc j'avais envie d'aller jouer dans un autre club pour en avoir et progresser durant les matches. Je progressais aux entraînements, mais le week-end j'allais jouer en DH et au bout d'un moment, j'avais envie de voir autre chose. Donc ça a été difficile de quitter ma famille, vu que j'en suis très proche. Les premières semaines ont été difficiles. Mais j'ai été bien accueillie au PSG. Mon adaptation s'est faite très facilement aussi bien dans le club que dans la ville.

**FM : C'était un nouveau départ et un pari pour le Paris Saint-Germain car lors de votre dernière saison à l'OL, vous aviez été blessée.

La suite après cette publicité

E.P** : En septembre 2015, je me suis blessée aux ligaments internes et externes de la cheville. Donc je me suis opérée. J'ai été indisponible pendant trois mois. Je suis revenue au mois de janvier. De janvier à juin, j'ai eu quelques minutes de temps de jeu. Il y avait beaucoup de concurrence à Lyon. Il y en a toujours d'ailleurs. Mais j'avais vraiment envie de passer un cap et d'aller voir si j'avais vraiment le niveau de la D1 Féminine et Ligue des Champions. Je voulais me mettre en difficultés, sortir de ma zone de confort et montrer mon potentiel dans une autre équipe. Je voulais vivre une nouvelle expérience. J'ai quitté mon cocon lyonnais et je me suis retrouvée seule, à Paris, dans une ville que je ne connaissais pas même si c'est en France. J'étais une joueuse qui n'était pas très connue et je voulais montrer que je pouvais faire partie du PSG et faire partie des joueuses qui pouvaient être titulaires. C'était un petit pari.

Gagner la Coupe du Monde avec les Bleues

**FM : Finalement, on voit que le pari est plus que réussi. Comment vous sentez-vous dans la capitale ? Quel rôle pensez-vous avoir ?

La suite après cette publicité

E.P** : Je me sens vraiment bien au PSG. C'est ma troisième année ici. Je me sens de mieux en mieux. Lors des deux premières saisons, j'avais le rôle de la jeune joueuse qui n'avait pas beaucoup d'expérience en D1. Cette saison, on va dire que j'ai un peu pris du grade. Le groupe est très jeune et je fais partie des plus anciennes au niveau de l'âge. Et puis, j'ai aussi deux ans de D1 derrière moi. Je fais partie des joueuses un peu plus expérimentées. Je suis une joueuse qui prend de plus en plus d'initiatives. J'essaye d'aider les plus jeunes à se sentir bien dans le groupe et à se sentir épanouies sur le terrain.

**FM : L'OL domine le football féminin en France voire en Europe. Mais le Paris Saint-Germain n'est plus si loin. Sentez-vous que l'écart se réduit entre les deux clubs ?

E.P** : Depuis que je suis au PSG, on voit que l'écart s'est réduit entre les deux clubs. L'an dernier, on a réussi à gagner la Coupe de France. Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas gagné de titre. Le PSG évolue dans le bon sens. On a une équipe jeune. On voit qu'on peut rivaliser avec Lyon. Il faut continuer à travailler pour espérer continuer à gagner des titres.

**FM : Vous évoluez dans un club dont l'équipe masculine est peuplée de stars. Quelles sont les relations entre les deux équipes ?

E.P** : On va les voir jouer au Parc des Princes régulièrement. Cette année, il y a quelques joueurs qui sont venus nous voir en Ligue des Champions. Kylian Mbappé était même descendu dans le vestiaire pour nous dire quelques mots. Ça nous a fait très plaisir. On était très honoré par la présence de Kylian. On l'a remercié. C'est cool de voir que les garçons s'intéressent aussi au foot féminin. Nous aussi, on est à fond derrière eux pour le championnat et la Ligue des Champions.

**FM : Que vous a dit Kylian Mbappé quand il est venu vous voir ?

E.P** : Il nous a dit qu'il était content, qu'il avait bien aimé le match et qu'il y avait eu plein de buts, donc qu'il avait bien aimé. Il nous a dit que c'était plaisant. J'espère qu'il reviendra lors des prochains tours. J'espère qu'on ira le plus loin possible dans cette compétition pour que d'autres joueurs viennent nous voir.

**FM : Il y a quelques jours, Ada Hegerberg a remporté le premier Ballon d'Or Féminin. Est-ce une chose qui vous fait rêver ?

E.P** : Je suis encore loin des joueuses qui pouvaient l'emporter. Quand on voit toutes celles qui ont été nommées pour ce trophée, elles avaient toutes une très belle expérience dans le football et un beau palmarès. Mais, oui ça fait rêver toutes les joueuses. Je ne pense pas à ça. Mon objectif est de continuer à progresser individuellement et collectivement, et de gagner des titres avec le PSG et aussi avec l'équipe de France.

**FM : Justement, vous êtes internationale tricolore. Quel souvenir gardez-vous de votre première sélection ?

E.P** : C'était un peu comme le premier match avec Lyon chez les pros. C'était un France-Brésil, donc c'était une affiche. J'étais un peu stressée sincèrement car il y avait de très grandes joueuses comme Marta. C'était vraiment une chose exceptionnelle. J'avais joué devant toute ma famille qui était venue au stade. La première fois que j'ai chanté La Marseillaise, j'avais le frisson. C'était exceptionnel.

**FM : Dans six mois environ débutera la Coupe du Monde Féminine. J'imagine que c'est un objectif pour vous d'autant que ce sera en France.

E.P** : Oui, c'est l'objectif de toutes les joueuses françaises. Ça va vite arriver. Mais le plus important, pour le moment, reste de faire de belles performances avec nos clubs. Et si on fait de bonnes choses en club et qu'on a de bons résultats, on sera appelée lors des prochains rassemblements. À moi de faire le nécessaire sur le terrain pour convaincre la sélectionneuse que j'ai ma place dans les 23 (...) La Coupe du monde, c'est déjà quelque chose d'extraordinaire. Le petit plus, c'est que ce sera à domicile. On sait qu'il y aura beaucoup d'attente autour de l'équipe de France. On sait que tout le peuple français va nous suivre. Beaucoup de moyens ont été mis en place pour ce Mondial. À nous de faire le travail sur le terrain;

**FM : Vous pourrez vous inspirer de ce qu'on fait les garçons l'été dernier en Russie.

E.P** : On veut s'inspirer de ce que les garçons ont fait en Russie. On était tous devant nos écrans pour suivre ce Mondial en Russie. On a vécu une belle émotion. J'espère qu'on pourra vivre la même émotion que les Bleus et rendre heureux tout le peuple français. Gagner cette Coupe du Monde à la maison est un objectif. On n'a encore rien gagné avec l'équipe de France, donc on veut le faire.

**FM : Quelle est votre relation avec Corinne Diacre ?

E.P** : C'est une personne qui est très à l'écoute des joueuses. Elle ne parle pas forcément beaucoup. Mais quand elle a quelque chose à vous dire, elle le dit que ce soit sur comme en dehors du terrain. C'est une personne très professionnelle. Elle apporte l'expérience qu'elle a pu avoir à Clermont avec les garçons. Elle nous apporte beaucoup.

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité