Loreintz Rosier : « je me considère comme un joueur complet et c’est grâce à mon parcours »

Par Josué Cassé
38 min.
Loreintz Rosier célèbre après sa tête victorieuse contre le Benfica. @Maxppp

Tel un phare au milieu de la nuit depuis son arrivée, Loreintz Rosier (23 ans) éclaircit de mille feux l'entrejeu d’Estoril. Sentinelle des Canarinhos, promus la saison passée et actuels cinquièmes de Liga Bwin, le natif de Gonesse, formé à l’INF Clairefontaine aux côtés d’un certain Kylian Mbappé, est l’une des révélations du championnat portugais. Retour sur le parcours atypique d’un joueur repassé par le monde amateur, aguerri et désormais prêt à écrire les plus belles lignes de sa carrière. Entretien.

Foot Mercato : bonjour Loreintz, avant de revenir sur votre actualité, commençons par votre parcours, pouvez-vous nous raconter en quelques mots vos débuts et cette rencontre avec le football ?

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Loreintz Rosier : j’ai toujours aimé le football aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours aimé regarder et jouer au football, j’ai commencé, je pense comme tout enfant, dans la cour de récréation et puis en bas de chez moi. Et dès 4 ans apparemment, je voulais déjà intégrer un club pour apprendre à jouer, c’est ce que mes parents m’ont dit, que je n’arrêtais pas de les soûler, mais je n’avais pas encore l’âge. Arrivé à l’âge de 6 ans, j’ai dit à mes parents, voilà maintenant j’ai l’âge et j’aimerais bien commencer en club, donc mon père m’a inscrit et il m’y emmenait et en voyant les premières séances, il a vu que c’était un gamin de 16 ans qui ne s’y connaissait pas en sport et encore moins en football qui m’entraînait et il s’est dit tant qu’à faire, moi je suis éducateur sportif, j’ai quelques notions donc je vais en profiter pour te coacher. Il s’est dit je vais passer du temps avec mon fils et lui progressera un peu plus donc c’est parti comme ça. Ma carrière footballistique même si c’était évidemment au niveau amateur a commencé comme ça, avec mon père à mes côtés.

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FM : vos premiers pas dans le football où finalement vous recherchez constamment le niveau supérieur...

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LR : oui dans la foulée, j’ai intégré le club de Saint-Brice et je commençais à faire parler de moi dans le département et les gens du club ils trouvaient que j’avais quelques capacités donc ils ont incité mon père en lui disant : oui ton fils il pourrait aller voir ailleurs, se confronter à un niveau un peu plus difficile, plus approprié pour lui. Du coup je suis parti au Bourget en quête de niveau, pour me confronter à des joueurs un peu plus forts. Donc j’étais en U12 régionaux sauf qu’à cet âge-là, j’avais 11 ans et c’était compliqué entre le trajet et l’école pour concilier les deux. Au final j’ai fait que 6 mois et au bout de 6 mois je suis revenu dans ma ville et j’ai intégré le club de Sarcelles, toujours avec l’objectif de m’entraîner et de me confronter aux meilleurs joueurs de ma région. Donc 6 mois au Bourget, 6 mois à Sarcelles et l’année suivante, pareil. J’ai eu quelques soucis au sein du club donc en début d’année je suis retourné au Bourget et une nouvelle fois je suis revenu à Sarcelles et c’est là en tant que joueur de Sarcelles, que j’ai été admis à Clairefontaine…

FM : vous rejoignez une institution prestigieuse très jeune...

LR : oui, mais je ne dirais pas que c’est tombé du ciel parce que je me suis préparé pendant l’année pour réussir cet objectif. Je me souviens qu’à cette époque, j’ai même loupé un jour d’école pour aller voir un peu comment ça se passe. Car pour intégrer Clairefontaine, il y a plusieurs tours et le premier tour régional, moi j’étais dans la troisième phase, j’avais été là-bas dès la première phase pour aller voir à quoi ressemblait une phase de tour régional. Je voulais voir les tests techniques qu’ils demandaient, sentir un peu l’ambiance et avoir déjà un avant-goût de ce qui allait m’attendre. Donc tout au long de l’année, je me suis préparé pour mettre tous les moyens en oeuvre pour intégrer l’INF. Et j’ai eu cette chance parce qu’il faut reconnaitre qu’au-delà du travail, il y a une part de chance. Sur 5000 participants, il y en a que 22 qui sont pris à la fin… et ça reste du football donc ce sont les goûts et les couleurs de chacun… Mais voilà j’ai réussi ce premier objectif et là-bas j’ai côtoyé des joueurs de plus en plus forts, de plus en plus difficiles à affronter, et ça m’a permis d’évoluer. Et ce jusqu’à signer un contrat professionnel, un contrat aspirant. En l’occurrence du côté du SM Caen.

«Kylian Mbappé ? À Clairefontaine, il faisait déjà partie du wagon de tête, mais très sincèrement ce n’était pas le seul.»

FM : sur cette étape de Clairefontaine, vous êtes de la même génération qu’un certain Kylian Mbappé, c’est bien ça ?

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LR : oui tout à fait, Kylian, Arnaud Nordin, Alexis Claude Maurice, Yann Kitala, Armand Lorienté, mais oui le plus fameux c’est Kylian, ils ont tous atteint un très haut niveau, mais Kylian c’est celui qui a progressé le plus haut et le plus vite aussi. Mais oui c’est une génération que j’ai côtoyé à Clairefontaine et aujourd’hui on est encore en contact, sur le bord des terrains dès qu’on peut, mais même en dehors, alors pas avec tous, ça dépend des amitiés, mais on se fait des vacances quand on peut ou des petites activités de temps en temps.

FM : avec un peu de recul maintenant désormais et je fais référence à l’exemple le plus parlant, Kylian Mbappé c’était déjà un joueur différent des autres ?

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LR : alors il faisait déjà parlé de lui, il était déjà dans le wagon de tête, les têtes d’affiche de la génération, mais très sincèrement ce n’était pas le seul, il y avait d’autres grands joueurs, en parlant de Clairefontaine, il y avait par exemple Arnaud Nordin, Armand Lorienté et au sein de la région, il y avait aussi Jonathan Ikoné, Odsonne Édouard, mais oui il faisait partie de ce groupe de joueurs déjà.

FM : et donc après Clairefontaine, vous rejoignez la Normandie avec ce contrat aspirant à Caen où vous restez finalement deux saisons...

LR : effectivement, malheureusement je ne fais que deux saisons sur les trois qui étaient convenues. Durant la première saison, je commence très bien. Au bout de 10 journées, à la trêve, je suis le deuxième 98 le plus utilisé avec les U17 nationaux donc le U16 qui joue le plus avec les U17 sauf que je me blesse donc après je suis obligé de me faire opérer. Mais j’ai cet espoir de revenir très vite, de reprendre la compétition et finalement on constate que je souffre d’une pubalgie. Donc fin de saison et ma première saison est bousillée. La deuxième saison commence plutôt bien sauf qu’il y a quelques petits problèmes, en gros l’infrastructure du club était en train de se reconstruire, le projet du club était en train de changer, il misait un peu plus sur des joueurs de la région plutôt que des joueurs de la région parisienne. Du coup j’ai très vite compris que le projet n’était plus approprié pour moi donc j’ai préféré résilier mon contrat pour rebondir ailleurs.

FM : comment on se relève même si c’est plus facile en étant jeune de se remettre physiquement, mais comment on gère mentalement cette pubalgie ?

LR : à 15 ans la pubalgie oui… C’était frustrant parce qu’au départ il y avait l’opération, j’avais fait les soins et je me souviens l’opération était le 24 ou 25 décembre donc je n’avais pas passé Noël avec ma famille, c’était la première fois d’ailleurs… Je m’étais donné tous les moyens pour revenir le plus vite possible parce que je sais que dans le monde du football, tout va très vite donc le temps inapte, hors des terrains ce n’est pas bon pour un joueur et malgré tous mes efforts et cette envie de reprendre le plus vite possible, je déclenche une pubalgie donc oui ça m’a mis un coup au moral sur le moment, mais après je me suis directement remis dans un mood positif, j’ai commencé ma rééducation, je me suis penché sur mes soins, mon hygiène de vie pour revenir le plus vite possible, ça met toujours un coup au moral les blessures, surtout les grosses blessures, mais après je parle dans mon cas personnel, très vite j’arrive à passer à autre chose, à relativiser, à me dire que c’est pas terminé et que je vais revenir encore plus fort, en tout cas j’essaie de garder cet optimisme à chaque fois.

Le pari du monde senior en amateur ? «Je me souviens dans l’équipe il y avait un joueur, passé par le National, son surnom c’était « papi », il avait plus de deux fois mon âge, il avait 44 ans !»

FM : et là, vous faites un choix surprenant, un pari même puisque vous décidez de retourner dans le monde amateur...

LR : exactement oui, encore aujourd’hui il y a beaucoup de personnes qui me demandent pourquoi, c’est un pari oui. C’est très atypique et frappant et quand on voit mon parcours, c’est limite incompréhensible, mais en gros j’avais plusieurs choix. J’avais essayé de retrouver un centre de formation, mais vu l’expérience à Caen, c’était un peu compliqué, il y avait quelques bâtons qui avait été mis sur mon chemin. Sinon j’avais l’option des U19 Nationaux avec Sannois Saint-Gratien qui est un club assez structuré de la région parisienne, certes, pas professionnel, mais quasiment et connu de beaucoup en France. Sauf que j’ai préféré faire le pari, car c’est un vrai pari, j’ai préféré faire le choix d’aller à Saint-Brice-sous-Forêt, de retourner au bercail, mais dans l’objectif de prendre un temps d’avance sur les autres en intégrant directement une équipe senior.

FM : c'est à dire ?

LR : en centre de formation, on nous apprend plein de choses sur le plan tactique, sur le plan technique on continue à travailler, à se perfectionner, mais il y a une chose qu’on nous apprend pas, c’est le monde senior. Ça a beau être un centre de formation d’un club professionnel, il y a une différence entre le monde juvénile et le monde senior… L’intensité des contacts, comment aborder les contacts, la pression du résultat aussi avec les objectifs en plus donc j’ai fait ce pari-là à un peu plus de 16 ans. Je me souviens dans l’équipe il y avait un joueur qui avait déjà côtoyé le niveau du National, son surnom c’était « papi », il avait plus de deux fois mon âge, il avait 44 ans si je me souviens bien… J’ai appris à ce niveau-là, ça m’a aguerri, chose qui me manquait à cet âge-là et ça m’a aidé à passer un palier pour finalement taper dans l’œil des recruteurs du Paris FC.

FM : avec ce bagage technique et tactique lié à votre parcours en centre de formation, mais aussi cette dimension physique intégrée, comment se passe votre arrivée au Paris FC ?

LR : mon adaptation s’est faite très facilement parce qu’il y avait déjà des joueurs que je connaissais, issus du cursus professionnel de différents centres de formation, il y en avait de Monaco, d’un peu partout qui n’avait pas réussi à passer professionnel dans ces clubs-là donc on avait une équipe avec des joueurs de différents endroits, mais avec une histoire commune, on a côtoyé des centres de formation de clubs professionnels, ça n’a pas abouti et on revient pour être dans une équipe qui continue à jouer au plus haut niveau de notre âge avec l’intention de récupérer le wagon, de rebondir.

Le Paris FC ? «C’est différent de Clairefontaine, prendre un transport après les cours pour venir s’entraîner, rentrer tard le soir, ne pas pouvoir forcément manger à la bonne heure... pourtant c’était une année merveilleuse !»

FM : j’imagine que ça entraine une alchimie, une mentalité commune au sein du club...

LR : exactement, cette année-là on avait un groupe qui travaillait super bien, qui s’entendait vraiment bien et je pense que toute notre force elle était là. Dans le fait qu’on ait tous connu les beaux terrains d’entrainement, les grands stades, voir les équipes 1 jouer chaque week-end etc… Sauf que maintenant, il y a plus ça. Après chaque entrainement, on doit prendre le métro pour rentrer chez soi, je me souviens on le prenait tous ensemble ou on essayait toujours d’arriver tous ensemble à l’entrainement pour se croiser dans les transports en commun. Tout ça a facilité l’esprit de groupe et c’était une année géniale malgré les difficultés. C’est différent de Clairefontaine, prendre un transport après les cours pour venir s’entraîner, rentrer tard le soir, ne pas pouvoir forcément manger à la bonne heure. Clairement pas les meilleures conditions, pourtant c’était une année merveilleuse.

FM : et cette aventure au Paris FC se termine comment ?

LR : sur un bilan extrêmement positif, à cette époque-là j’avais 18 ans, j’étais U19 et je suis le U19 qui a joué le plus avec la CFA2 du PFC. On avait été en huitièmes de la Gambardella, malheureusement. Ça, justement, c’est un petit regret parce que vu le groupe qu’on avait, on n’a pas… on méritait d’aller plus loin au regard du travail fourni durant la saison, mais bon ce sont les aléas du sport. Moi, sur le plan personnel, en plus de mon temps de jeu conséquent avec la CFA2, j’avais eu pas mal de propositions et de très bonnes statistiques personnelles concernant mon rendement sur le terrain donc franchement c’était top.

Sochaux ? «Je marque un but… Je crois que c’est le meilleur but de ma vie… Une frappe de 40 ou 50 mètres… Ça démarre sur les chapeaux de roues.»

FM : et donc sur toutes ces convoitises, c’est Sochaux à l’été 2017 qui rafle le gros lot...

LR : oui c’est Sochaux, j’avais d’abord fait un test sur la région parisienne, très vite après il m’avait appelé pour aller faire un stage qui s’était super bien passé, j’avais été très bien accueilli par l’ensemble du club, section jeune et professionnelle confondues. Je suis reparti une deuxième fois pour là faire un stage avec l’équipe professionnelle où je suis très bien reçu alors que c’est la saison où ils se battent pour une place qualificative pour les barrages à l’accès en Ligue 1 et malgré ça, le vestiaire m’avait parfaitement accueilli, les conditions de travail étaient excellentes, le projet me plaisait donc j’ai suivi cette direction sans hésiter…

FM : et pourtant vous ne restez qu’un an... Que s’est-il passé ?

LR : malheureusement oui, c’est un peu frustrant parce que le projet était de passer par le centre de formation pour avoir cette identité de la Franche-Comté, commencer dans leur centre de formation le temps de m’acclimater pour ensuite intégrer l’équipe première, ce qui a été très vite fait parce que, suite à une blessure, je les ai rejoints durant la préparation physique. Je fais 4 jours d’entraînement et à la fin il y a un match de préparation… Je marque un but… Je crois que c’est le meilleur but de ma vie… Une frappe de 40 ou 50 mètres… Ça démarre sur les chapeaux de roues, c’est le début dont tout le monde rêve. Tu intègres l’équipe pendant le stage, tu finis très très fort avec une belle performance clouée d’un but et au final je retourne avec les jeunes. Je fais une saison où en cumulant mes entrainements, je fais 4 mois avec les pros, mais je n’ai même pas une minute ni même un banc avec l’équipe première.

FM : vous avez eu des explications des dirigeants ou de l’entraineur à cette époque ?

LR : pas de l’entraineur parce qu’au final il n’est resté qu’un an donc pas du tout, mais moi de ce que j’ai eu de la part des dirigeants du club, c’est qu’il avait ses têtes, il était prêt à mourir avec ses convictions, c’est ce qu’il a fait jusqu’au bout d’ailleurs. Et malheureusement c’est tombé sur moi, tout comme Salem Mbakata, un autre jeune qui a connu le même discours, 4 mois avec les pros, pas une minute, pas un banc… Lui a finalement décidé de leur faire confiance et de signer avec eux. Moi, au vu de la saison que j’avais eue et au regard de l’offre du Vitória de Guimarães à l’époque, je ne voulais pas me faire avoir une nouvelle fois par des promesses non tenues et surtout que le projet portugais était très intéressant.

FM : des débuts en France avant de faire le choix donc de ce changement de cap. Juillet 2018, vous quittez l’Hexagone pour signer avec le Vitória de Guimarães. Pouvez-vous nous raconter la transaction et pourquoi ce choix ?

LR : l’objectif était que je m’entraine avec l’équipe première. Si j’ai le niveau, je joue, si je n’ai pas le niveau, je redescends chaque week-end avec l’équipe B en Ligue 2. Donc ça restait quoiqu’il arrive du niveau professionnel et je savais que je m’aguerrirais plus vite en m’entrainant avec des joueurs qui disputent tous les deux trois ans l’Europa League. C’était un projet très attrayant… Un projet qui dépendait que de mes performances, c’est ce qui me plaît aussi parce que c’est lié à mon investissement et aussi au rendement évidemment parce qu’on a beau se donner les moyens, si on n’y arrive pas, on n’y arrive pas et il faut progresser, être patient, certes. Mais là-bas, je savais du coup qu’en fonction de mon investissement et de mon rendement, j’avais une récompense à la clé. J’aime ce système, cette manière de penser donc c’est aussi pour ça que le projet m’a plu.

«Je suis la première recrue du mercato de Vitória de Guimarães, avec un certain tapage médiatique et des attentes !»

FM : nous allons évidemment revenir sur votre aventure au Portugal, mais, avant ça, j’ai lu qu’entre Sochaux et le Vitória de Guimarães, le RB Leipzig était venu aux renseignements, c’est une information fondée ?

LR : il y avait eu une prise de contact après c’est pas parce qu’un club est intéressé, qu’il prend des informations sur un joueur que… il n’y avait rien eu de concret en toute franchise, il n’y avait rien eu de concret, mais oui voir quelques matches, trouver un joueur intéressant par rapport à ses qualités, ce qu’il propose sur le terrain, oui, mais c’est tout. Après dans le football d’aujourd’hui, avec les applications, les agents, tous les montages qui se font, ça peut très vite aller sur les tables de grands clubs, sans pour autant qu’il y ait une offre à la clé. Un intérêt plus que prononcé en gros.

FM : comment se passe votre expérience du côté du Vitória de Guimarães ?

LR : j’arrive à Guimarães sauf que là contrairement à Sochaux où ça a duré un an et les belles promesses n’ont pas duré, là ça était très vite le cas parce que j’arrive je fais trois jours avec le club, je suis la première recrue de Guimarães il faut savoir, il y a un tapage médiatique un peu conséquent parce que c’est un club avec une très grande ferveur au Portugal, autant que les trois plus grands clubs si ce n’est plus. Les fans de Guimarães sont vraiment fous du club, je suis la première recrue du mercato donc ce n’était pas rien, surtout au vu de mon âge, il y avait certaines attentes…

FM : une forme de pression aussi sur vos épaules ?

LR : certes on peut le voir comme ça, mais moi je me dis que s’il y a de la pression, c’est que les gens pensent qu’il y a de la qualité donc c’est bien, il faut se servir de cette pression comme motivation. Quelqu’un qui n’a pas de pression ou pas d’attente, c’est quelqu’un en qui on ne croit pas forcément. Plus il y a des attentes, plus il y a de pression, plus ça veut dire que le joueur a des qualités et on pense qu’il peut nous apporter un plus donc je l’ai vécu comme une bonne chose. Sauf que malheureusement, les clubs portugais et ça je l’ai découvert par la suite, je signe et après on est une trentaine dans le groupe, je suis le plus jeune du groupe donc je fais trois jours et on m’envoie direct avec l’équipe B…

FM : lié à l’effectif trop garni ?

LR : oui… malheureusement, c’est un peu l’effet porte-avions comme les gens disent.

FM : donc vous restez en équipe B lors de votre passage à Guimarães ?

LR : je reste en équipe B oui, un passage assez mitigé parce que j’évolue sur le plan personnel que ce soit dans ma vie quotidienne ou en tant que professionnel sur le terrain. C’est une autre culture même si ma mère est portugaise… vivre dans un autre pays, apprendre une langue, apprendre les mœurs du pays, c’est totalement différent. Vivre tout seul aussi parce que même si depuis que j’ai 12 ans je vis plus chez moi à proprement parler, là c’était vraiment être autonome à 100%. Après je me suis très vite habitué parce qu’il y a les entraînements, il y a la routine, il y a les matches, l’excitation de la compétition etc donc il y a de quoi s’occuper l’esprit, mais c’est vrai que ça a été un petit peu difficile par moment, mais un passage nécessaire dans ma trajectoire.

«Sur le plan tactique, c’est plus difficile de briller au Portugal !»

FM : en lien avec ce parcours, vous êtes donc, dans un premier temps, très cramponné au football français avant de vivre cette expérience au Portugal. Où situez-vous la différence entre le football français et portugais s’il en existe une ?

LR : je la situe plus au niveau tactique, c’est à dire, et j’ai déjà eu ce débat-là avec beaucoup de joueurs qui jouent actuellement en France ou qui ont déjà joué en France avec toujours cette recherche pour moi de me projeter, d’analyser un peu autour de moi, donc je parle souvent avec eux pour avoir ce ressenti et la chose qu’on a souvent pointé du doigt au cours de ces discussions, c’est qu’en France les joueurs sont très bons techniquement et physiquement, mais tactiquement, par moment, il n’y a pas forcément de fond de jeu concret. Il y a une idée de jeu, mais pas forcément d’automatisme alors qu’ici, au Portugal, c’est vraiment tout dans le détail, au mètre près, les analyses, les staffs ici ils sont… Même moi je le vois encore aujourd’hui, quand on va au match, on va à l’hôtel, la veille de match, le staff est encore en train d’analyser des coups de pied arrêtés de l’équipe adverse, ils sont très minutieux sur le plan tactique. Je dis ça parce qu’en France, je gagnais pas mal de duels et à la sortie d’un duel gagné, directement j’avais de l’espace pour progresser avec le ballon, avancer, créer du danger. Au Portugal, même si ça arrive, l’espace il sera toujours réduit, ils vont toujours réussir à me faire perdre du temps, à me ralentir ou il y aura directement un deuxième joueur plus proche. Sur le plan tactique, c’est plus difficile de briller au Portugal.

FM : c’est finalement une bonne chose aussi pour vous dans votre trajectoire personnelle de pouvoir être capable de gérer un tel quadrillage du terrain...

LR : exactement et à ce niveau-là j’ai toujours eu une notion tactique de par mon père quand j’étais jeune, mais aussi Clairefontaine et les différents centres de formation que j’ai fait ou les différents coachs que j’ai eus, mais c’est vrai que cette arrivée au Portugal et encore plus avec le coach que j’ai actuellement (ndlr : Bruno Pinheiro), j’ai vraiment passé un cap parce qu’il y a des choses que je faisais, mais c’était de manière inconsciente. Le jeu le demandait, c’était pour moi logique donc je le faisais, mais maintenant j’arrive à anticiper les choses avant même qu’elles se passent. En fonction de tel système, je vais devoir faire tel mouvement et ce mouvement va déclencher tel mécanisme pour notre équipe.

FM : justement parlons d’Estoril que vous avez donc rejoint en juin 2020 et là si nous parlons de quelques frustrations depuis le début, on peut ici parler d’un choix qui s’est avéré plus que payant...

LR : oui, oui alors ce qu’il faut savoir avant c’est que quand je suis à Guimarães, la deuxième saison je la passe en troisième division vu qu’on était descendu et là ce n’est plus le niveau professionnel. Il y a d’ailleurs une réelle différence entre la Ligue 2 portugaise et la Ligue 2, autant le National et la Ligue 2 française c’est assez proche, assez similaire, autant là il y a une nette différence que ce soit concernant le niveau, mais aussi les infrastructures. Je savais que ça allait être difficile avec l’équipe une de Guimarães surtout que j’arrivais en fin de contrat et donc Estoril s’est présenté. C’était un projet intéressant avec de belles infrastructures que j’avais pu voir en vidéos. J’en avais déjà entendu parler, le club avait une très belle réputation donc j’ai foncé. J’avais pas 10000 possibilités de toute façon et c’était l’offre la plus concrète avec le meilleur projet donc je ne me suis pas posé de questions et j’ai pas regretté mon choix. C’est un club qui m’a vraiment permis de me développer sur tous les aspects de mon jeu. C’est un club où l’esprit de travail est à la fois strict, mais sans être non plus dans une mauvaise ambiance. On a toutes les conditions réunies pour bien bosser. On le fait sans prise de tête, il y a une bonne ambiance de travail, il y a des bonnes méthodes. Tout le monde apporte un plus, chaque personne du staff, l’intendant, le nutritionniste, tout le monde parle avec tout le monde, c’est vraiment top ! Le club est top !

FM : une belle ambiance qui se ressent d’ailleurs dans les résultats sportifs du club depuis votre arrivée avec notamment une montée en Liga Bwin...

LR : champion de Ligue 2, demi-finale de la Coupe du Portugal, quart de finale de la Coupe de la Ligue dès ma première saison donc c’est top. Sincèrement, quand je signe là-bas, je me rappelle avoir eu la discussion avec mon père et mon meilleur ami et je dis en rigolant : oh je me souviens, la dernière fois que j’ai été en Ligue 2 on est descendu, ça serait marrant que cette année on monte. Eux ils me disent, non, mais Loreintz, votre équipe elle est assez jeune, c’est un nouveau club, commence pas à rêver plus haut. Mais je me souviens de ma réponse, je leur dis : quand tu joues un match, tu joues pour gagner ? Donc si tu abordes tout comme ça, forcément des choses positives vont arriver derrière et c’est exactement ce qui s’est passé.

FM : et vous continuez sur ce rythme cette saison… Cinquième après 15 journées en étant promu, Estoril s’attendait à une telle réussite en Liga Bwin ?

LR : en toute honnêteté, je ne pense pas qu’on l’attendait, mais ça ne me surprend pas non plus, dans le sens où on a gardé la même base de travail avec la même ossature au niveau de l’équipe, la même organisation au niveau du staff même s’il y a eu quelques petits changements. Les infrastructures restent semblables. Les joueurs pour la moitié d’entre eux restent les mêmes, les principes de jeu sont les mêmes… donc c’est amplement justifiable le fait que Estoril se retrouve à cette position actuellement.

FM : vous constatez une réelle différence entre la Ligue 2 et la Liga Bwin ?

LR : alors par contre la différence entre la Ligue 1 portugaise et la Ligue 2 portugaise, elle est plus au niveau technique et physique. Tactiquement ça ne change pas, les deux sont difficiles, c’est difficile de briller, toujours cette même recherche de l’espace libre par contre il y a cette qualité individuelle en plus qui fait que… bah il y a des joueurs comme Rafa Silva, Adel Taarabt qui a des qualités de passe, avec le Sporting, il y a Pedro Gonçalves qui marque beaucoup, Paulinho, Pablo Sarabia qui a rejoint le championnat. Donc voilà, en Liga Bwin, c’est très fort tactiquement, ça court beaucoup, mais il y a aussi cette qualité individuelle de certains joueurs qui peut débloquer certaines situations par moment.

FM : pour vous maintenant en se retrouvant cinquième à l’approche de la trêve, quels sont vos objectifs pour cette seconde partie de saison ?

LR : déjà continuer à progresser sur le plan personnel parce que, certes, on est bien placé, mais on a aussi perdu certains points par manque d’expérience, de concentration dans les moments clés… On ne sait pas de quoi demain est fait, mais on regrettera peut-être ces points perdus. On a fait une bonne première phase on va dire, il reste quelques matches, mais on est déjà à la moitié du championnat. Ça serait bien de faire pareil ou même mieux en seconde partie de saison.

«Le coach nous dit qu’on a pas cette obligation de gagner !»

FM : vous ne vous fixez pas un objectif au classement ?

LR : non, non, pas du tout et même l’année dernière en toute honnêteté, c’est quelque chose qui a déjà été révélé dans la presse, Estoril n’a pas de … le coach nous dit qu’on a pas cette obligation de gagner. On a absolument aucune pression au niveau de notre classement, c’est vraiment chaque match, jouer mieux et plus que l’adversaire, se créer le plus d’occasions possibles, marquer le plus, ne pas souffrir et on fait toujours le bilan à la fin de chaque match, sans se mettre de pression. Bien sûr qu’on regarde de temps en temps le classement pour voir où on se situe, c’est sûr, mais aucune pression.

FM : parlons justement de Bruno Pinheiro, votre entraîneur, qui est aussi un des grands artisans de cette réussite collective. Quelle est sa philosophie de jeu ? Que cherche-t-il à inculquer au groupe ?

LR : pour le coach ce qui est important, c’est de repartir le plus souvent de derrière, dès le six mètres avec le gardien, mais aussi dans le jeu. On a un style de jeu avec cette recherche du joueur libre parce que le football c’est peut être du onze contre onze, mais tu as toujours un joueur qui se retrouve libre à un moment, mais pour ça il faut analyser le système adverse pour pointer le joueur de notre équipe qui peut se retrouver libre et donc ensuite essayer de le trouver pour se créer ces décalages qui nous amènent à marquer.

FM : il évolue aussi dans son système tactique avec un 4-3-3 qui peut aussi pencher vers un 4-1-4-1 comme récemment contre Famalicão (2-2) où vous avez donc évolué en tant que sentinelle...

LR : oui même le 4-1-4-1 c’était ce qu’on avait prévu, mais au final par moment dans le match on a évolué vers un 5-4-1 en fonction de l’animation offensive de nos adversaires. Le coach parfois me demande de redescendre dans cette position de défenseur axial et c’est quelque chose sur lequel je dois encore travailler, sur les derniers matches je le faisais très bien et malheureusement contre Famalicão je le fais bien, mais sur une action je le fais moins bien et ça donne but. Ça m’a un peu trotté dans la tête après le match, mais en tout cas je sais que je peux le faire, le coach me le demande, je le faisais bien jusqu’à présent et je vais continuer à bien le faire, mais oui sur les centres notamment le coach me demande de m’insérer dans cette ligne défensive.

«Je participe beaucoup à la création du jeu comme un playmaker, c’est ça qui me plaît !»

FM : pour nos lecteurs, venons-en à votre profil de milieu de terrain justement. Comment vous vous décrivez en tant que joueur ?

LR : je suis milieu de terrain plus à vocation défensive, c’est à dire que je suis plus un 6 qu’un 8, mais ça m’arrive aussi de jouer 8, je sais le faire. Je sais aussi jouer dans l’axe de la défense parce que, par exemple, à mes débuts à Clairefontaine, j’ai évolué en tant que défenseur axial pour avoir aussi cette palette de jeu plus large. En 8, on travaille la créativité, en défenseur central, on est plus sur l’agressivité, la lecture des trajectoires. Si je dois me définir, oui je suis plus un 6, en sentinelle dans un 4-3-3, c’est là où je me sens à l’aise, je touche des ballons, j’ai cette liberté pour bouger, droite, gauche, je ne suis pas un électron libre non plus, mais je participe beaucoup à la création du jeu, un playmaker et c’est ça qui me plaît, toucher, redemander, faire jouer les autres et par moment, si l’action le permet et que j’ai l’énergie pour, me projeter pour marquer ou faire marquer. Cette année j’ai deux buts et une passe décisive…

FM : vous avez l’air attaché aux statistiques non ?

LR : je ne vais pas vous mentir, oui beaucoup parce que même mon agent (ndlr : Bernard Collignon) à la fin de chaque match, il m’envoie mes données statistiques parce que de temps en temps, on a une idée du match, mais elle peut être erronée. Un joueur qui marque ne fait pas forcément un bon match, il peut perdre des ballons, rater des passes donc oui les statistiques, en les remettant dans un contexte précis, ça permet de se faire une image plus précise du match qu’on a fait.

FM : vous marquez d’ailleurs le but de l’égalisation contre Benfica (1-1), un but important lors de la 10ème journée ?

LR : c’est bien oui car on arrive à la période de Noël où on a que deux défaites en quinze matches pour un promu de Ligue 2 dont une défaite contre le Sporting, champion en titre et une autre contre Braga chez eux donc c’est sûr que ce but face à Benfica, il fait du bien au moral de toute l’équipe et ça donne encore plus de motivation parce qu’on voit qu’on peut aller titiller les gros et gagner des points contre eux. On a les armes pour faire mal aussi, c’est motivant et très satisfaisant.

FM : j’ai conscience que c’est une performance évidemment collective, mais, vous, comment jugez-vous votre début de saison à titre individuel ?

LR : très bien, je continue, je me sens très bien sur le plan physique, je suis reconnu au sein de mon équipe et même désormais dans le championnat comme un joueur très bon dans le duel aérien que ce soit sur phases arrêtées ou dans le jeu. Je gagne la plupart de mes duels après oui j’ai encore un cap à passer si je veux atteindre des clubs plus intéressants, des compétitions plus prestigieuses comme la Ligue Europa ou la Ligue des Champions. Sur le plan technique, je perds peu de ballon, j’essaie de jouer au maximum vers l’avant et quand ce n’est pas possible, je fais le choix d’écarter un peu à la manière du handball ou du FC Barcelone. Après là où je peux franchir un cap, c’est sur la créativité dans les 30 derniers mètres, c’est une zone sur laquelle j’interviens moins à cause de mon poste de sentinelle, mais sur les quelques situations que j’ai ou quand j’évolue en 8, j’aimerais apporter plus de danger encore. Je le fais assez bien avec des appels sans ballon, mais maintenant le faire avec ballon et casser des lignes.

Estoril, un tremplin avant la Bundesliga ?

FM : au regard de ce parcours très riche, vous n’avez que 23 ans...

LR : oui j’ai déjà une carrière bien chargée pour quelqu’un de 23 ans (rires), mais c’est une bonne chose, c’est bien d’avoir une carrière atypique avec des bonnes et mauvaises expériences, ça fait la personne que je suis à l’heure d’aujourd’hui. J’ai appris de mes erreurs, j’ai tiré les leçons aussi de mes réussites. C’est un ensemble et avec toute cette expérience, je suis devenu cet homme et ce joueur agressif, technique, mais qui peut aussi parler tactique durant des heures. C’est le résultat de mon parcours : les différents centres de formation, ce retour dans le monde amateur. Je me considère comme un joueur complet et c’est grâce à mon parcours.

FM : quels sont vos objectifs désormais ?

LR : Estoril au sein du Portugal, c’est connu comme un bon club portugais de Ligue 1 qui a toujours servi de tremplin que ce soit pour des joueurs comme pour des coachs. Le club est très réputé pour ça, après moi je reste très concentré sur cette saison parce que c’est ma première saison au plus haut niveau d’un championnat européen, ce ne sont que mes premiers mois, il faut le dire. Je suis maintenant bien acclimaté donc continuer sur cette lancée sur le plan individuel, mais aussi collectif et à la fin de la saison on verra. Je dis une bêtise, pour l’instant on est 5ème, si on arrive à faire bis repetita sur la deuxième phase de championnat, qui sait-on pourrait peut-être aller accrocher une place européenne, ça pourrait être un kiff de faire une montée avec son club et d’atteindre l’Europe dès la deuxième saison, ça serait beau, c’est un rêve. Le groupe et moi personnellement, on travaille dur chaque jour pour réaliser ce rêve. Si ça ne se fait pas, on gardera quand même cette satisfaction d’avoir tout donné. Après on verra les portes qui s’ouvrent à moi sur le plan personnel.

FM : votre avenir à Estoril dépend d’une place européenne en fin de saison ?

LR : non, non, ça dépend juste de la qualité que je peux avoir en match et des propositions qui pourront arriver du fait de mon niveau.

FM : si des portes s’ouvrent, un championnat vous attire particulièrement ?

LR : un championnat qui me plaît beaucoup c’est le championnat allemand. C’est un championnat où ça joue au football, j’aime bien l’intensité qui en découle. Il n’est pas aussi spectaculaire ou attrayant que la Premier League anglaise mais après la Premier League, c’est ce championnat qui m’attire le plus, même au niveau des styles de joueurs qu’il recherche, ça court beaucoup, il y a des duels, mais faut aussi être capable de garder le ballon, c’est un championnat qui me plaît beaucoup.

FM : et la Bundesliga, telle que vous la décrivez, semble correspondre à votre profil...

LR : sur pas mal d’aspects oui. Sur la dimension athlétique, je suis un milieu de terrain qui court beaucoup, j’ai toujours 11,5 ou 12 kilomètres de moyenne par match. Les duels gagnés, c’est quelque chose d’important dans ce genre de championnat, notamment au milieu de terrain. Que ce soit moi, l’idée que je me fais de ce championnat, mais aussi en voyant les joueurs qui y évoluent, oui je trouve que ça peut me correspondre.

La sélection ? «Que ce soit la France ou le Portugal, si ça vient, je verrai ça en temps voulu !»

FM : sur un autre volet, vous m’avez dit que votre mère est portugaise, quel est votre positionnement au niveau de la sélection ?

LR : en toute transparence, le club actuellement travaille pour ma double nationalité, c’est quelque chose que je peux faire depuis un moment, mais je n’avais pas forcément la tête à ça pour le faire. Je le fais juste pour être à la disposition de la sélection et je ne vais pas vous mentir. Certes, j’ai fait ma formation à l’INF Clairefontaine, une institution française réputée là où l’équipe de France fait ses stages, mais ça fait bientôt 5 ans que je suis au Portugal et ma carrière professionnelle s’est faite au Portugal donc ça engendre des liens particuliers et ça pèse dans la balance. Après, si ça doit venir, ça viendra. Que ce soit la France ou le Portugal, si ça vient, je verrai ça en temps voulu, pour l’instant je reste concentré sur mon évolution personnelle qui pourrait découler sur une sélection.

FM : ça reste un objectif quoi qu’il en soit ?

LR : bien sûr, bien sûr, représenter un pays c’est quelque chose de beau, c’est quelque chose de fort. Pour les binationaux, c’est parfois une décision difficile à prendre, mais je pense que ça reste quelque chose de positif.

FM : à l’aune de ce début de carrière, de l’ensemble de votre parcours, vous avez certains regrets ?

LR : des frustrations j’en ai quelques-unes par rapport au manque d’honnêteté que certaines personnes du milieu ont pu avoir parce que je préfère qu’on me dise les choses clairement surtout envers quelqu’un qui se donne à 100% pour réaliser ce rêve d’être footballeur. Après sur le plan personnel, je n’ai pas de regrets particuliers, je suis content de mes décisions, je réfléchis toujours beaucoup pour les prendre, j’ai la chance d’avoir un entourage exceptionnel à ce niveau-là qui m’aide à bien peser le pour et le contre. Quand je prends une décision, les risques sont toujours plus ou moins calculés. Je réfléchis même peut-être un peu trop selon certaines personnes (rires), mais je préfère être comme ça.

FM : vous êtes par ailleurs le cousin de Valentin Rosier qui est aujourd’hui du côté du Besiktas après être passé par le Sporting. Vous vous êtes d’ailleurs loupé de peu, vous suivez ses performances en Turquie ? Quelle est votre relation ?

LR : bien sûr on échange, on a chacun nos routines, mais on est en contact, on se taquine un peu par moment quand il fait une passe décisive ou quand je marque, son père c’est mon parrain et malheureusement quant il était au Portugal, il était dans le sud et moi j’étais dans le nord, quand je suis arrivé dans le sud, on a passé la moitié d’un été ensemble, on a pu se voir, mais pas énormément, mais je suis fier de ce qu’il est en train de réaliser, de la carrière qu’il a, lui aussi il n’a pas eu une carrière très facile. J’espère, un jour, qu’on aura l’occasion de se rencontrer sur un terrain parce que je n’ai jamais eu la chance de jouer contre lui ou avec lui, ça arrivera peut-être un jour. En tout cas, je lui souhaite le meilleur pour le reste de sa carrière.

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