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Benjamin Bourigeaud vit un rêve au Qatar : «Marco Verratti est un être humain de grande classe»

Après une première saison réussie au Qatar avec Al Duhail, Benjamin Bourigeaud s’épanouit dans un championnat en plein essor. Pour Foot Mercato, l’ancien cadre du Stade Rennais évoque son adaptation, l’évolution du football qatari, l’arrivée de Marco Verratti, les transferts étonnants de Quentin Merlin et Valentin Rongier à Rennes, et livre son regard sur la Ligue 1 et sa crise intense. Entretien.

Par Valentin Feuillette
20 min.
Benjamin Bourigeaud @Maxppp

Parti à la surprise générale l’été dernier, Benjamin Bourigeaud a bouclé sa première saison sous les couleurs d’Al Duhail, au Qatar. Ancien capitaine du Stade Rennais et visage bien connu de la Ligue 1, le milieu de terrain français s’est lancé dans une nouvelle aventure loin des projecteurs européens. Entre découverte d’un nouveau championnat, ambitions de titres et adaptation à un environnement totalement différent, Bourigeaud n’a pas perdu de vue son exigence ni son amour du jeu. Pour Foot Mercato, il revient sur cette première année à Doha, évoque ses nouveaux coéquipiers — dont Marco Verratti, arrivé il y a quelques semaines, mais aussi son regard sur l’évolution du football français et la situation de son ancien club, le Stade Rennais.

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Si l’Arabie Saoudite a récemment attiré tous les projecteurs avec ses mercatos XXL, le Qatar, lui, poursuit discrètement mais sûrement sa montée en puissance. La Qatar Stars League, bien que moins médiatisée, se structure depuis plusieurs années avec ambition, attirant des joueurs expérimentés, des entraîneurs reconnus et en misant sur des infrastructures modernes. Pays hôte de la Coupe du Monde 2022 et candidat pour accueillir la prochaine Coupe du monde des clubs et les prochains Jeux Olympiques à attitrer, le Qatar s’est imposé comme un pionnier du développement du football au Moyen-Orient. Al Duhail, club phare du championnat, en est l’un des symboles, avec un projet sportif cohérent et des ambitions continentales. C’est dans ce contexte que Benjamin Bourigeaud s’est installé, au cœur d’un football en pleine transformation, à la fois exigeant sur le plan sportif et en constante évolution.

«Je suis très bien ici, ma famille s’y sent bien aussi»

Foot Mercato : Cela fait un an que vous évoluez au Qatar, comment s’est déroulée votre intégration et votre première saison dans ce championnat ?

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Benjamin Bourigeaud : c’était une première pour moi parce que j’avais jamais quitté la France, donc c’était une première découverte de l’étranger dans un championnat où la culture est totalement différente de ce que l’on peut connaître en Europe. Je me suis adapté assez rapidement. Les quinze premiers jours ont été difficiles parce que je suis arrivé dans une période où il y avait de fortes chaleurs. J’ai joué un premier match dans un stade qui n’était pas climatisé donc c’est là où j’ai vraiment ressenti la difficulté du temps. Mais après une fois que le championnat avait démarré, on a joué dans les stades climatisés, dans les stades de la Coupe du monde donc forcément, c’était beaucoup plus facile pour moi de m’adapter et de m’acclimater. Dans le groupe, ça s’est fait assez naturellement. Le terrain a parlé pour moi. Je ne parlais pas du tout anglais avant ça. Il a fallu m’adapter et je pense que j’ai eu de la chance aussi d’avoir un staff français qui m’a beaucoup aidé à m’intégrer dans ce groupe, ça a été assez rapide. Les gars se sont dits que j’étais un mec qui allait donner le maximum de ce que je pouvais, que je n’étais pas un tricheur, que je n’étais pas venu pour faire de la figuration.

FM : Qu’est-ce qui vous a poussé à quitter la Ligue 1 et le statut de pilier du Stade Rennais pour rejoindre Al Duhail ?

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BB : c’est surtout l’envie de découvrir l’étranger. Malheureusement, je n’ai pas eu de propositions qui pouvaient m’intéresser en termes de projet. J’avais déjà passé la barre des 30 ans. Certains clubs que je visais n’étaient pas forcément ouverts à une arrivée parce qu’il fallait investir de l’argent. Tous les clubs qui pouvaient investir étaient forcément des grands clubs, mais les grands clubs aujourd’hui préfèrent prendre des joueurs plus jeunes pour avoir une plus-value derrière. J’avais passé la tranche d’âge qui pouvait me permettre d’atteindre ce niveau-là, même si j’étais à la recherche de ça à la base. Et puis je n’avais pas envie de finir ma carrière en me disant le seul regret, c’est de ne jamais avoir joué à l’étranger. Et puis j’ai eu Christophe Galtier qui m’a appelé avec le président et j’ai senti une forte envie de m’avoir dans leur effectif et c’est surtout que j’ai vu un club qui avait de l’ambition. L’ambition fait partie de moi, je suis pour les challenges et je pense que la découverte d’un autre championnat, d’une autre culture m’a permis de faire ce choix.

FM : Le championnat qatari reste encore relativement méconnu en Europe, comment jugez-vous son niveau, et que répondez-vous aux critiques qui accompagnent ce type de transfert ?

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BB : j’ai été agréablement surpris parce que moi-même, je ne connaissais pas le championnat, ça a été une découverte. J’ai été surpris par le niveau des équipes adverses. J’ai eu la chance en plus d’être dans un effectif qui joue au ballon. Le club met en place de vraies choses pour qu’on puisse justement avoir une équipe compétitive. Aujourd’hui, on est à la recherche de titres, parce que ça fait deux ans qu’ils n’ont pas gagné le championnat, qu’ils n’ont pas gagné de gros titres. C’est ce qui explique ce gros mercato. On a un match qui arrive très vite le 12 août pour la qualification en Champions League (contre le club iranien de Sepahan, ndlr). Le club met en œuvre de grandes choses pour qu’on soit l’équipe la plus compétitive du championnat et pour qu’on essaye d’aller chercher des titres. Sur le niveau de la Ligue, forcément, c’est différent. Ce que les gens ne peuvent pas comprendre, c’est que la comparaison n’est pas faisable avec les championnats d’Europe puisqu’il y a une culture qui est totalement différente. Il y a de très bons jeunes aussi. Moi, je peux le voir tous les jours à l’entraînement, il y a de très bons jeunes. C’est un championnat qui ne reste pas facile. Forcément, il y a des équipes qui sortent du lot. Il y a même entre 5 et 6 équipes qui se battent régulièrement pour les premières places. Mais il y a des matchs difficiles aussi contre les équipes un peu moins fortes, mais qui donnent aussi du fil à retordre parce que l’année dernière, on a perdu contre 3 équipes qui étaient mal classées et puis ça ne nous a pas permis, justement, de remporter le titre de champion. C’est un championnat qui est différent. Ce n’est pas possible de comparer. Quand on regarde à la télé, il y a peut-être un peu moins de rythme, mais quand on est sur le terrain, croyez-moi que le rythme, tout va assez vite. Il y a beaucoup de chaleur aussi, ce qui fait que le rythme est beaucoup plus bas.

FM : Quel est votre ressenti sur l’engouement autour du football ici, dans les stades, dans les rues, dans les villes ?

BB : je pense que les Qataris sont beaucoup passionnés à l’image de notre président. Notre président, c’est un passionné de football, chaque fois qu’on a la chance de pouvoir parler avec lui, par exemple, il connaît le football de A à Z. Il regarde tous les matchs, que ce soit le football européen, le football asiatique, le football américain. Il connaît très bien le sujet. Il y a quand même une grande connaissance du football, même si dans les stades, on peut voir qu’il n’y a pas forcément beaucoup de supporters. C’est un petit peu le seul bémol que je peux trouver aujourd’hui et qui me manque clairement parce que moi, j’ai fait partie de clubs qui étaient très populaires en France au niveau des supporters donc c’est un gros changement. Il a fallu s’adapter à ça parce que ce n’est pas forcément toujours facile de se motiver quand il n’y a pas de supporters, mais on essaye de retrouver les ressources. Après tout, on est footballeur, on est passionné par ce qu’on fait, on doit prendre du plaisir dans notre travail. Je pars du principe qu’à partir du moment où tu donnes tout sur le terrain, et puis que tu essayes d’aller chercher en toi la passion pour prendre du plaisir sur le terrain malgré qu’il n’y ait pas beaucoup de monde dans les stades.

FM : En dehors du terrain, comment se passe votre quotidien au Qatar ?

BB : j’ai ma femme et mes deux enfants qui m’ont suivi. J’ai un petit garçon de 8 ans, le deuxième a un an passé donc les deux premiers mois, j’étais seul parce que forcément je suis arrivé dans une période de forte chaleur, il a fallu aussi trouver le logement, trouver les inscriptions scolaires. Une fois que tout a été mis en place au niveau des papiers, au niveau des inscriptions, ma famille a pu venir. Forcément ça a été un soulagement pour moi parce que ça m’aide beaucoup au quotidien. Après, il a fallu trouver une routine tout simplement et puis je pense que je n’ai pas trop le choix d’avoir une routine quotidienne parce que j’ai mon fils qui va à l’école. Il commence de 7 heures du matin jusqu’à 13 heures donc je me lève le matin à 6 heures et je le récupère à 13 heures, j’ai l’après-midi devant moi qu’on s’entraîne plutôt en fin de journée à cause des fortes chaleurs et que le centre d’entraînement n’est pas forcément dans un stade climatisé. Il faut s’adapter aussi à ce rythme. Il a fallu trouver une routine de vie pour pouvoir justement lier le foot à ma vie quotidienne et aujourd’hui, j’ai de la chance de pouvoir passer beaucoup plus de temps avec ma femme et mes enfants. C’est aussi pour ça que j’ai fait ce choix parce que ça a permis de me retrouver avec ma famille, de pouvoir profiter un peu plus de mes enfants aussi et donc je suis content d’avoir trouvé cet équilibre.

FM : L’an dernier, vous étiez dirigé par Christophe Galtier, quelle relation avez-vous entretenue avec lui ?

BB : ça s’est super bien passé. Déjà avant tout, j’ai découvert un humain formidable. J’ai eu une très bonne relation avec lui. Forcément, quand on est à l’étranger, on s’entraide entre Français. Il était déjà là un an avant moi, donc il m’avait déjà fait part de son expérience, de tout ce qu’il y avait de bien et de moins bien entre guillemets, mais il a fallu trouver un équilibre pour pouvoir justement être le plus performant possible et continuer justement ma progression, parce que ma carrière n’est pas terminée. En termes de progression, j’essaye de me fixer des objectifs personnels qui sont basés sur les mêmes datas que j’avais en Europe, c’est-à-dire que sur les temps de course, sur les distances parcourues, par exemple, que ce soit l’entraînement ou en match, j’essaye de garder exactement les mêmes datas que j’avais en Europe pour ne pas régresser et continuer ma carrière comme je le veux. Et puis, si un jour, peut-être, je ne sais pas, l’opportunité se représentera de revenir en Europe. Mais pour l’instant, je n’en suis pas là, je suis très bien ici, ma famille s’y sent bien aussi. Mais je veux me donner l’opportunité de rester en forme et surtout de rester performant, parce que ça fait partie de mes performances de courir beaucoup, d’abattre un travail sur le terrain et de tout donner du début à la fin.

«C’est une chance d’avoir Marco Verratti»

FM : Aujourd’hui, c’est Djamel Belmadi qui a pris les rênes de l’équipe : comment se sont passés vos premiers mois sous son staff ?

BB : je pense qu’il a été très franc et très clair dans sa manière de manager. Il nous a clairement dit pourquoi il était là, il nous l’a fait comprendre. Je l’ai bien senti justement avec l’ambition que le club a. Il a été très franc et très honnête avec son groupe. On a un premier objectif le 12 août, donc on est en préparation pour faire le plus gros match possible parce que comme il le répète assez souvent, c’est la vie ou la mort entre guillemets parce que c’est un match clé, c’est sur un match que se joue la qualification en Champions League donc c’est un des objectifs principaux. Il connaît le club comme sa poche parce qu’il a été au départ de ce projet (entraîneur d’Al Duhail entre 2015 et 2018, ndlr). Il connaît tout ce qu’il a à faire pour être le plus compétitif possible pour gagner des trophées. Il ne fait que de le répéter. C’est un coach avec une exigence européenne, c’est clairement ce que je ressens, c’est une exigence du très haut niveau avec une envie de gagner le maximum de trophées. Il le transmet sur le terrain, dès les premiers entraînements, on a pu voir l’exigence du très haut niveau parce qu’elle a moindre passe ratée, le moindre petit écart dans nos replacements, il le fait tout de suite savoir. On fait beaucoup de retours vidéo aussi sur nos analyses de matchs et d’entraînements. Il y a une vraie envie de rectifier la moindre petite erreur pour qu’on puisse être le mieux possible.

FM : L’arrivée de Marco Verratti a fait grand bruit cet été, êtes-vous impatient de composer le milieu aux côtés de votre ancien adversaire en Ligue 1 ?

BB : Marco, c’est quelqu’un que je découvre en tant qu’humain, parce qu’en tant que joueur, je le connaissais déjà depuis très longtemps. Quand j’ai commencé ma carrière pro, il était déjà au Paris Saint-Germain donc le voir arriver dans notre vestiaire et le voir dans mon effectif, c’est forcément un plaisir de pouvoir évoluer avec un tel joueur à côté de moi. C’est une chance de pouvoir me retrouver au milieu avec un tel joueur. C’est un joueur que j’ai admiré malgré le fait qu’il ne soit pas énormément plus vieux que moi. C’est un joueur que j’admirais depuis Lens, de par sa capacité footballistique tout simplement, de par son talent et en plus de ça, sur le plan humain, je découvre une personne qui est vraiment simple, qui est vraiment humble et je pense que tout le monde est agréablement surpris, parce que quand on voit arriver un joueur d’un tel niveau et avec une telle carrière, on peut parfois se dire qu’il va se prendre pour un autre ou des choses comme ça. Mais lui, il est très humble et très sociable. On a des échanges faciles et en plus de ça, il parle français donc pour moi aussi, c’est un peu plus facile, mais maintenant Marco, pour moi, c’est une classe mondiale de par sa qualité humaine aussi, je trouve que c’est un joueur de très grande classe et c’est un être humain de grande classe aussi.

FM : Avec un mercato étoffé (Piatek, Sabaly, Castelletto…), le groupe s’est considérablement renforcé, quel impact cela a-t-il sur l’ambiance et vos ambitions ?

BB : il y a de gros objectifs. Notre président connaît le football, il est très passionné. Ce qui l’intéresse, c’est de gagner des titres, donc il essaye de faire le meilleur mercato possible pour nous renforcer, et pour qu’on soit prêt aussi dès le 12 août à gagner ce match de qualification pour avoir une saison derrière avec de grandes échéances. J’espère gagner le maximum de titres avec ce club parce que je suis venu aussi pour ça.

«Je ne serais pas capable d’aller dans un club rival comme Nantes»

FM : Suivez-vous toujours la Ligue 1 depuis votre départ de Rennes ?

BB : je suis quasiment tout le temps, j’ai dû rater deux ou trois matchs du Stade Rennais par exemple. Je regarde beaucoup Lens aussi, quand j’ai la chance de pouvoir regarder parce que parfois, on joue en même temps, parfois les horaires font que j’ai un entraînement, mais je suis toujours la Ligue 1 de très près, je reste passionné par cette ligue parce que j’y ai passé pas mal d’années aussi. Mes deux clubs favoris sont toujours Rennes et Lens, parce que ce sont deux clubs dont j’ai fait partie et avec qui j’ai grandi, donc je reste fortement attaché. C’est pour ça qu’aujourd’hui, je continue à suivre ces deux clubs particulièrement.

FM : Le Stade Rennais connaît des hauts et des bas depuis votre départ, avez-vous été surpris par leurs difficultés la saison dernière ?

BB : on est toujours étonné de voir le club que l’on vient de quitter, passer une saison aussi difficile. Le football nous réserve des surprises. Il y a eu beaucoup de mouvements, il y a eu beaucoup de joueurs étrangers qui ont eu du mal à s’adapter dans un premier temps. Il a fallu retrouver un équilibre parce qu’ils ont aussi changé deux fois de coach. Ils ont passé de Julien Stéphan à Sampaoli, puis de Sampaoli à Habib Beye. Aujourd’hui, Habib Beye a réussi à redresser la barre avec un effectif équilibré parce qu’il y a eu des recrues qui ont fait aussi redresser la barre du club et il le fallait parce que ça faisait mal de voir mon club en train de souffrir à ce point-là. Ce n’est pas toujours simple. Il y a des saisons qui sont parfois compliquées et j’espère qu’ils retrouveront leurs ambitions. Après une saison compliquée, ils vont justement essayer de recoller dans les premières places même si je pense que l’objectif principal ne sera pas forcément d’aller chercher l’Europe maintenant, mais il faut retrouver justement un équilibre au sein du club et je pense que c’est le plus important aujourd’hui. Moi, j’ai eu la chance de faire partie d’une aventure qui a duré 7 ans où on a connu l’Europe tout le temps, que ce soit l’Europa League, la Ligue des Champions, l’Europa League à nouveau puis la Conference League. On a mis la barre haut. La place du Stade Rennais se doit d’être en Europe et aujourd’hui, on voit qu’il y a aussi des clubs qui ambitionnent l’Europe, qui ont des gros effectifs en Ligue 1. Parfois, il y a des saisons qui sont plus compliquées, mais l’année qui suit, justement, permet de rebondir parce que ça fait partie d’un grand club français et les grands clubs, souvent, ont la capacité à rebondir très rapidement.

FM : Avec les signatures de Quentin Merlin et Valentin Rongier, comment accueillez-vous la polémique déclenchée par certains groupes de supporters ? Les voir arriver avec ce statut d’ancien Nantais vous a-t-il étonné ?

BB : il y a cette rivalité Nantes Rennes. Même si moi, je n’y suis pas formé, j’ai été formé à Lens, donc il y avait une rivalité déjà avec Lille. Mais forcément, après 7 années passées à Rennes, on se sent un peu Rennais. On a du sang rouge et noir à l’intérieur. J’ai été étonné du recrutement de Valentin Rongier et Quentin Merlin. Sur le papier, ça reste deux bons joueurs de foot. Valentin, pour moi, c’est un très bon joueur de Ligue 1. Dans le football, il y a parfois des chambrages, d’autres qui sont un peu plus marqués, des images qui restent, et donc forcément, j’étais un peu étonné. Il faut aussi comprendre les supporters. Ce qu’ils ont fait, moi, je n’en serais pas capable. Je ne serais pas capable d’aller dans un club rival, parce que à partir du moment où j’ai tout donné, j’ai donné toute mon âme, tout mon cœur pour un club, je pense qu’aller dans le club rival, c’est… (il hésite, ndlr) Pour moi, je n’y arriverais pas. Pour d’autres joueurs, ils ont la capacité de le faire, et le football parlera pour eux. Ludo Blas, par exemple, au début, son adaptation a été difficile, les supporters ne comprenaient pas forcément son arrivée, puis, au fur et à mesure du temps, il a été apprécié par les supporters, parce que c’est quelqu’un qui ne triche pas, c’est quelqu’un qui est performant, et je pense qu’à partir du moment où le joueur sera performant, les supporters aussi mettront un peu d’eau dans leur vin. Au départ, quand on vient de Nantes, arriver à Rennes, c’est normal que ça fasse parler, et c’est le football qui veut ça, c’est la rivalité dans le football. Il y en a partout, du chambrage, il y en a aussi, que ce soit entre les supporters, entre les joueurs. Même nous, dans les derbys, on n’était pas très fins entre nous. Il y a eu des paroles qui ont volé, des accrochages aussi très intenses, mais maintenant, Valentin et Quentin ont décidé de rejoindre le Stade Rennais, je pense que ce seront à eux d’inverser la tendance, mais moi, oui, forcément, j’ai été quand même… enfin, pas choqué, mais j’ai été… J’en parlais avec J.C. Castelletto parce qu’il vient de nous rejoindre (à Al Duhail, ndlr). On se chambre beaucoup entre Rennais et Nantais, d’autant plus qu’il y a eu un match amical très récemment (victoire 2-1 de Rennes, ndlr). On a pu se chambrer un petit peu et on continue de le faire malgré qu’on soit dans le même club. Il a fait partie du FC Nantes, j’ai fait partie du Stade Rennais. Il y a ce petit chambrage qui s’installe. On défend nos couleurs telles qu’on les connues.

FM : Le football français traverse une période agitée (droits TV, critiques envers la LFP, audits de la FFF, réformes, polémiques d’arbitrage…), comment expliquez-vous cette crise ?

BB : en tant que passionné football, ça nous attriste de voir le football français être en difficulté. Après, au niveau politique, je ne suis pas très bien placé pour parler parce que je reste un joueur de foot et j’essaie de rester à ma place. Il y a d’autres gens qui sont compétents pour parler de ça. Moi, ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est plus le terrain et savoir comment les joueurs font pour justement rendre le championnat attractif. Je pense que l’année dernière, ça a été le cas. Malgré les difficultés que peut rencontrer le football français, il y a eu une saison très attractive, on l’a vu jusqu’à la fin. Quand on voit Le Havre, par exemple, qui arrive à se sauver à la fin avec un pénalty qui est respectable, parce que faire une panenka comme ça avec toute la pression qui peut y avoir derrière, il faut en avoir une grosse paire. Je pense que lui, il l’a montré durant sa célébration. La Ligue 1 reste un championnat qui est attractif. Il y a d’autres joueurs qui ont envie de venir parce que c’est un championnat qui n’est pas facile. On parle souvent de la comparaison des championnats qui peut y avoir, notamment en Espagne, la qualité technique, en Angleterre, la qualité physique. Et en Italie, la qualité tactique. Sauf que la Ligue 1 aujourd’hui regroupe un peu ces mondes-là. Quand on parle de qualité de championnat, aujourd’hui la Ligue 1 est un championnat qui est très difficile. On voit parfois des étrangers qui ont du mal à s’adapter à la Ligue 1. On le voit le recrutement de Marseille. Les joueurs de Paris ont fait un très gros parcours en championnat, en coupe nationale et même en Ligue des champions. Voir une équipe française remporter la Ligue des champions, ça prouve aussi la qualité qu’il y a dans les effectifs français. Et aujourd’hui ça fait mal de voir le foot évoluer de cette manière parce qu’en étant passionné en plus, on est forcément touché. Mais au niveau de tout ce qui est droit TV et le tout, je ne pense pas que je sois la meilleure personne pour parler. Moi, je suis avant tout acteur sur le terrain. J’essaie de donner le maximum de ce que j’ai à donner sur le terrain. Et forcément, ce qui se passe en dehors, ça regarde vraiment les gens qui sont compétents pour ça.

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