Au cœur du lancement de la Coupe nationale des quartiers, nouvelle version de la CAN des quartiers

Par Hanif Ben Berkane
5 min.
La CAN des quartiers est devenue la Coupe nationale des quartiers. @Maxppp

Ce dimanche avait lieu la première journée de la Coupe nationale des quartiers, anciennement CAN des quartiers, à Créteil. La compétition qui verra sa finale être notamment diffusée sur Prime Video a bien grandi depuis son lancement en 2019.

L'ascension a été fulgurante. Il y a maintenant trois ans, en 2019, l'été avait été rythmé par le lancement de la CAN des quartiers en France. Alors que la vraie Coupe d'Afrique des Nations se déroulait en Égypte, des dizaines de tournois dans le même genre, avec des équipes issues de chaque communauté, avaient eu lieu partout en France. Le succès avait été immédiat, bien aidé aussi par certains joueurs professionnels qui n'avaient pas hésité à participer aux rencontres, comme par exemple Pierre-Emerick Aubameyang du côté du Mans. Depuis, cet événement a attiré l'œil de plusieurs sponsors et c'est donc une nouvelle version qui a débuté ce dimanche du côté de Créteil. La CAN des quartiers devient désormais la Coupe Nationale des Quartiers (CNDQ). Conséquences : il y a maintenant deux fois plus d'équipes engagées, plus de moyens, puisque la compétition est sponsorisée par Nike ou encore Heetch, mais aussi et surtout une finale diffusée en direct à la télévision sur Prime Video.

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Ce développement entraîne forcément plus de responsabilités. «C'est beaucoup de pression, mais beaucoup de fierté d'abord. C'est un événement très attendu. Gérer l'humain, c'est dur. Et dans un événement comme ça avec des milliers de personnes au bord des terrains, tout maîtriser ce n'est pas simple», confie dans un premier temps Moussa Sow, parfait homonyme de l'ancien international sénégalais du LOSC, à l'origine de la CAN des quartiers et président de l’Assaut du collectif.« Ce succès d'un côté, je pourrais même dire que c'est malheureux dans le sens où cette demande a été faite il y a un moment au niveau des mairies. Mais personne croyait en notre projet. On a montré qu'on pouvait rassembler du monde et qu'on était organisé. Avec des sponsors, on est encore plus vigilant. Avoir des gens qui nous ouvrent leurs portes, c'était inimaginable avant. Tu imagines que Nike sponsorise la compétition, ils donnent des maillots, des shorts qu'on a nous même imaginé. C'est énorme.»

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Un public toujours au rendez-vous

Il fallait d'ailleurs voir l'ambiance au moment de lancer les premiers matches du tournoi pour se rendre compte de l'ampleur de l'événement. Dans le stade Dominique-Duvauchelle, situé juste à la sortie du métro, les suiveurs étaient au rendez-vous. L'ambiance aussi. Un DJ était même présent juste pour l'occasion afin d'animer les rencontres qui se sont jouées dans un stade encadré de certains slogans bien trouvés de la marque Heetch comme "Ici, on fait le tour du monde sans quitter le quartier" ou encore "Restons soudés comme les croisés". Cette fête concernait les grands, mais surtout les petits. Les enfants profitaient d'ailleurs du moindre petit espace de libre sur les terrains au coup de sifflet final pour venir taper dans le ballon avant de vite sortir du rectangle vert à la reprise des matches. «Tout n'est pas parfaitement structuré aussi. Je ne veux pas dénaturer la compétition. On ne met pas beaucoup d'interdits aux gens, car ils sont aussi là pour profiter. Les petits jouent avec leurs ballons et parfois ça gène un peu les matches, mais ce n'est pas grave. Ils viennent s'amuser donc c'est un succès. Pour eux, c'est comme s'ils venaient voir des joueurs professionnels. Ils ont des étoiles plein les yeux. Et ça montre qu'on a réussi», avoue Moussa Sow.

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Mais alors sur le terrain qu'est-ce que ça donne ? Pour le lancement officiel de la compétition, quatre matches avaient lieu. Le premier concernait le Maroc, tenant du titre et toujours au rendez-vous concernant l'ambiance, et l'Italie, nouvelle équipe dans ce tournoi. Sous l'œil avisé de l'ancien joueur du PSG Sammy Traoré, originaire de la ville et présent pour l'événement, les Marocains ont fait le job dans le premier match de poule avec une victoire (5-2). Mais c'est sur l'autre terrain qu'il fallait jeter un coup d'œil. Car le public semblait s'enflammer sur chacune des actions. Et pour cause, la Guinée et les Antilles offraient un match assez spectaculaire et divertissant, au moins autant qu'en tribunes où les traditionnels "Tue le", "Fume le", "Travaille-le" fleurissaient sur chacune des offensives des deux équipes. De quoi donner des ailes aux joueurs, qui ont longtemps cru se quitter sur un match nul trois partout. Mais les Antilles finissaient, de très belle manière, par s'envoler dans la deuxième période pour s'imposer finalement (7-3). «Physiquement, ils se donnent à fond. Il y a du niveau cette année franchement. La Guinée s'est faite bouffer en fin de match, mais ils ont bien tenu. Les Antilles, ils sont chauds» explique Mehdi qui suit les matches avec grand intérêt.

Une finale diffusée à la télévision et devant 12 000 spectateurs

Et pour répondre à la question que tout le monde se pose : les équipes sont-elles composées uniquement des joueurs issus de la même communauté ? La réponse est non. Du moins pas toujours. «Le numéro 10 de l'Italie là, c'est un Marocain je te jure», ironise un supporter présent sur la pelouse. Moussa Sow, organisateur, donne plus d'explications.«Sur certains pays, tu ne peux pas avoir autant de joueurs à Créteil. Le Portugal, c'est possible, mais l'Italie par exemple, c'est impossible. Mais sur plusieurs pays, on a eu énormément de demandes, notamment les Antilles. On ne peut pas satisfaire tout le monde malheureusement. Nous, on a fixé une règle, c'est d'avoir au minimum huit joueurs de Créteil dans chaque équipe. On veut avoir une maîtrise sur les équipes. S'il y a des soucis, je ne pourrai pas parler avec quelqu'un d'une autre ville comme je le ferais avec un ami pour régler le problème.»

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Maintenant que la CNDQ est officiellement lancée, et alors qu'un tournoi féminin va aussi avoir lieu, l'objectif reste d'accéder à la finale et avoir la chance de passer en direct à la télévision sur Prime Video, mais aussi devant les 12 000 spectateurs attendus. Une belle évolution et une belle récompense pour un projet qui avait aussi pour but de souder une ville et des quartiers. «Quand j'ai créé ce tournoi, j'avais imposé à ce que chaque équipe soit composée d'un joueur issu de chaque quartier de la ville. Car on sait très bien comment c'est. Parfois, il y a des guerres entre certains quartiers. Des personnes sont en guerre juste parce qu'ils n'habitent pas le même quartier. Il fallait trouver ce dénominateur commun. Vous êtes en guerre alors que vous êtes de la même origine, et bien vous allez défendre le même maillot. Et ça va vous obliger à vous connaître», conclu Moussa Sow. Le pari est réussi.

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