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Mehdi Moujetzky : «je savais que j’étais capable de mettre des buts contre l’OL»

Issu de la banlieue lyonnaise et plus précisément de Vaulx-en-Velin, Mehdi Moujetzky aura été le bourreau de l’Olympique Lyonnais en 16es de finale de Coupe de France ce mercredi. Auteur d’un doublé face à son club fétiche, l’attaquant de 21 ans a toujours cru en ses qualités et s’est longuement confié à Foot Mercato sur les coulisses de cet exploit retentissant.

Par Chemssdine Belgacem
8 min.
Moujetzky, le buteur de Bourgoin-Jallieu @Maxppp

Ce mercredi, l’Olympique Lyonnais a goûté aux fruits de l’incroyable vivier de joueurs qui réside dans la région lyonnaise. Pour autant, la digestion n’aura pas été la même qu’à l’accoutumée. Malgré la bonne prestation de Rayan Cherki, qui aura été le seul Lyonnais convaincant du côté des Gones, Mehdi Moujetzky aura été le Lyonnais le plus en vue de cette folle soirée de Coupe de France. Problème pour le club septuple champion de France : l’attaquant de 21 ans évolue sous les couleurs de Bourgoin-Jallieu. Ayant évolué pendant toute son enfance et adolescence sur les terrains synthétiques du club de sa ville de Vaulx-en-Velin, l’attaquant a rejoint l’Isère et le stade Maurice-Rajon depuis la saison passée. Ce mercredi, le droitier aura crevé l’écran et aura montré l’étalage des qualités dont il dispose pour grandement contribuer à la qualification historique de son équipe en 8es de finale de Coupe de France. Restant humble et direct comme sur le pré, l’intéressé s’est confié au micro de Foot Mercato.

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Foot Mercato : vous avez réalisé l’exploit de ces 16es de finale de Coupe de France en éliminant l’OL. Avant la rencontre, croyiez-vous en vos chances de sortir Lyon ?

Mehdi Moujetzky : franchement, quand j’ai vu la qualité de leur onze avant le match, j’y croyais, mais je savais que ça allait être très compliqué. C’est une équipe toujours difficile à manœuvrer avec des joueurs de grand talent et assez inspirés cette saison. Il fallait que l’on réalise un match impeccable et sans erreurs pour espérer une qualification.

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«J’ai toujours eu confiance en mes qualités»

FM : quel était votre état d’esprit avant de jouer ce match spécial pour vous ?

MM : forcément, j’étais excité de jouer, sur le terrain, devant nos supporters. C’était forcément un match différent pour moi qui suis de la banlieue lyonnaise et qui y vis toujours. Je n’ai jamais caché que j’étais un grand suiveur de l’OL et que je suis fan du club, comme certains de mes coéquipiers. Mais pendant 90 minutes, on fait abstraction des sentiments qu’on peut avoir pour l’OL.

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FM : plus que la qualification, vous avez brillé. Personnellement, vous avez été l’homme du match avec un doublé qui aura permis à Bourgoin-Jallieu d’arracher la séance de tirs au but. Pensiez-vous pouvoir réaliser une telle prestation ?

MM : j’ai toujours eu confiance en mes qualités. Je pensais pouvoir faire ce match, mais il ne faut pas oublier le match très sérieux de toute l’équipe avec moi. Je n’étais pas surpris du match que nous avons délivré et je savais qu’un exploit était possible. Sur le plan personnel, je savais que j’étais capable de mettre des buts contre l’OL, mais mettre un doublé face à cette équipe que je suis depuis tout petit, c’est assez fou quand même. C’est un rêve éveillé pour moi et mes coéquipiers.

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FM : pouvez-vous nous raconter ce qui se passe dans votre tête au moment de l’ouverture du score ?

MM : j’arrive avant Matic. Il tend son pied et je fais le crochet. Je vois que j’ai de l’espace, j’avance, mais je me dis que je peux tenter la frappe. J’essaye de mettre un petit rebond pour qu’elle parte plus vite avec la pelouse qui était un peu humide. Quand je vois que ça rentre, je suis heureux et on se met à vraiment croire à l’exploit.

FM : l’OL égalise puis prend l’avantage ensuite. Vous y croyiez encore à ce moment-là ?

MM : personnellement, je n’y croyais plus trop après le but de Mikautadze. Je me suis dit que ça allait être dur, mais je me suis quand même dit qu’il fallait rester concentré pour en avoir une autre.

FM : on peut dire que vous aviez senti cette dernière occasion pour vous avec le deuxième but que vous mettez ?

MM : non, je ne la sens pas spécialement. Mais je sais qu’Omari est un joueur qui ne joue pas beaucoup en ce moment et qui n’est donc pas très en confiance. Je sais donc qu’il peut rater certains gestes qu’il n’a pas l’habitude de rater. C’est arrivé sur cette action.

FM : outre le flair pour récupérer le ballon, vous faites aussi preuve d’un grand sang-froid pour finir. Pourquoi avoir décidé de finir comme ça ?

MM : je me suis mis à la place des gardiens et je sais que la frappe enroulée est privilégiée dans cette position-là. Du coup, je l’ai mise dans cet angle-là et ça a fait mouche.

FM : pensez-vous que l’OL a également déjoué à cause de l’état de la pelouse ?

MM : le terrain a été un avantage, c’est assez évident. Au Groupama, je pense que ça aurait été un tout autre match. Notre public a également été génial pour nous pousser même quand on a été mené.

«La panenka ? Un choix tactique.»

FM : vous êtes le premier joueur à avoir inscrit un doublé contre l’OL cette saison. Cela doit quand même être assez spécial de vous dire que vous êtes le seul à avoir cette statistique cette saison…

MM : c’est une fierté de pouvoir mettre un doublé qui va rester dans la mémoire des gens et qui est unique cette saison. Mais je ne change pas par rapport à ça même si j’en suis très satisfait. J’espère que l’aventure en Coupe de France va pouvoir continuer encore longtemps. Je pense que la manière des rencontres remportées contre Martigues et Lyon va nous permettre de pouvoir vraiment marquer les gens. On est rentrés dans la mémoire avec ces deux matches de manière collective.

FM : vous auriez pu parachever cette soirée idyllique avec une panenka qui aurait qualifié Bourgoin. Pourquoi avoir tenté ce geste ?

MM : beaucoup ont parlé d’arrogance et on dit que j’avais manqué de respect à l’OL. Ce n’était clairement pas mon but. Pour tout vous dire, c’était un choix tactique. Je sais que c’est un gardien qui est grand et qui a beaucoup d’envergure. S’il plonge du bon côté, il y a de grandes chances qu’il sorte le ballon. Ma panenka s’est un peu déportée, mais si je l’avais mise bien dans l’axe, ça serait passé. Si certains l’ont pris pour un manque de respect, je m’en excuse et ce n’était absolument pas mon intention.

FM : cette audace aurait également pu vous coûter la qualification si le dernier tireur (Sofiane Atik, ndlr) avait raté sa tentative ? Est-ce que vous avez craint ce scénario ?

MM : j’avais prévenu mes coéquipiers que j’allais faire ce geste dans une optique purement tactique. J’avais réussi à le prendre légèrement à contre-pied, mais c’est un grand gardien qui a eu le réflexe d’aller la chercher. C’était bien joué de sa part et je n’avais pas trop de regrets sur ce geste.

FM : avez-vous constaté des changements dans la perception qu’ont les gens de vous depuis l’exploit de la veille ? Que cela soit auprès de vos proches, dans votre lieu de travail ?

MM : personnellement, je ne fais que du foot. Je n’ai rien d’autre à côté donc je n’ai pas réellement senti de changements en ce sens. On a passé une soirée magique qui restera forcément dans ma mémoire à vie. Après, on revient vite à la réalité, on s’est entraînés aujourd’hui. Il faut réaliser nos objectifs en championnat. On veut vite se remettre au travail pour remporter le match de ce week-end.

FM : de plus en plus de personnes connaissent désormais votre nom. Y a-t-il un quelconque changement dans votre état d’esprit depuis ce mercredi ?

MM : ça ne change pas grand-chose, il faut rester humble. Il ne faut pas se prendre pour quelqu’un d’autre non plus. Je ne suis qu’un joueur de National 3. Je suis celui qui a mis les deux buts certes, mais c’est un travail d’équipe et cela aurait pu être n’importe qui. Il faut toujours rester humble. Ça peut aller très vite dans le foot, d’une minute à l’autre. Tu peux avoir un peu de lumière maintenant et totalement sombrer dans l’oubli juste après.

FM : on peut par exemple parler de Boulaye Dia qui a, pendant longtemps, joué avec des clubs amateurs avant de devenir un attaquant prolifique à l’échelle continentale. Est-ce que cela peut vous donner des idées ?

MM : bien sûr que ce genre de trajectoires donnent des idées. Je n’ai que 21 ans et je sais que j’ai toujours cru en moi. J’ai toujours des objectifs très élevés en tête et que je garde pour moi.

FM : quelle équipe aimeriez-vous affronter au tour suivant ?

MM : je ne me suis pas trop penché sur le sujet à vrai dire. Ce n’est que du bonus, je n’avais jamais atteint un 8e de finale de Coupe de France dans ma vie. Je n’étais jamais allé plus loin qu’un 64e. On veut aller le plus loin possible dans cette compétition. Peu importe qui sera sur notre passage en 8es, on voudra l’éliminer.

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