Sassuolo : Mehdi Bourabia : «Je ne m’étais jamais imaginé affronter Cristiano Ronaldo un jour»

Par Dahbia Hattabi
6 min.
Sassuolo Mehdi Bourabia @Maxppp

A 27 ans, Mehdi Bourabia a pas mal bourlingué. Après des débuts en France, le Marocain est passé par la Bulgarie et la Turquie avant de poser ses valises en Italie l'été dernier. Un parcours atypique qui est aussi la force du milieu de terrain qui espère défendre les couleurs des Lions de l'Atlas durant la CAN 2019. Portrait.

«Je suis quelqu'un qui voyage beaucoup». À 27 ans, Mehdi Bourabia a pu vivre sa passion aux quatre coins du monde lui qui est tombé dans le foot dès son plus jeune âge. «J'ai commencé à jouer à l'âge de 6 ans. J'avais pas mal de monde autour de moi qui jouait. Mes amis, mes trois grands frères qui jouaient en club. Donc ça m'a intéressé tout de suite. Dès le début, j'avais dit à ma mère que c'était ce que je voulais faire quand je serais plus grand, quand je regardais les matches de championnat ou la Ligue des Champions». Et c'est à Dijon que le footballeur a débuté. «J'ai été formé à Dijon. Je suis aussi passé par le centre de formation de Sochaux. Ensuite, j'ai fini ma formation à Grenoble où j'ai pu débuter ma carrière professionnelle». C'était le 7 novembre 2009 à Monaco. Un jour qui a compté pour Bourabia, âgé seulement de 18 ans et 3 mois. «Bien sûr, je m'en souviens encore aujourd'hui. J'étais entré une dizaine de minutes. J'ai eu l'impression que tout allait vite sur le terrain. Je me disais que ce n'était pas possible que le football se joue à cette vitesse en pros. J'avais l'impression d'avoir joué 45 minutes, tellement j'étais excité».

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Quelques mois après, le Lion de l'Atlas a connu des émotions contraires après la descente du GF38 en Ligue 2. «C'était un moment difficile pour la ville et pour le club qui avait réussi à revenir en haut de la scène en France. Mais ça a permis aux jeunes de pouvoir s'exprimer un peu plus en Ligue 2. On a eu plus de temps de jeu». Mais la suite de l'histoire n'a pas été facile. «Je n'avais pas prolongé mon contrat avec Grenoble. En fin de saison, une pubalgie me gênait. Après ça, j'ai passé deux ans à me battre pour pouvoir m'en sortir». Puis, il ajoute : «Rudi Garcia m'a tendu la main. C'était le coach de l'un de mes frères quand il était à Dijon. Un de mes proches l'a appelé pour savoir si c'était possible que je puisse m'entraîner avec la réserve du LOSC où il coachait à l'époque. Il m'a accueilli, il a fait le nécessaire pour que tout se passe bien pour moi. Je le remercie encore aujourd'hui». Il poursuit : «Je n'ai pas réussi à me relancer comme je le voulais. J'aurais voulu pouvoir passer avec le groupe pro et jouer quelques minutes en L1. Ça n'a pas été le cas. En sortant de cette année, c'était compliqué car je n'avais pas énormément de propositions en France».

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Bourabia à la découverte de la Serie A

Et c'est à l'étranger qu'il a finalement poursuivi sa carrière. «Un ami, qui était en Bulgarie, m'a dit que son club cherchait un milieu de terrain. J'ai fait un essai de plusieurs semaines avant de signer. Au final, j'ai passé trois ans en Bulgarie où j'ai changé trois fois de club». En effet, il a défendu les couleurs du Lokomotiv Plovdiv, de Cherno More et du Levski Sofia avant de rejoindre la Turquie. «J'ai fait une saison à Konyaspor. Ça a été une très bonne année. On a joué l'Europa League». Des prestations qui ont plu, notamment en Italie. «Mon entraîneur, Roberto De Zerbi, me voulait déjà au mois de janvier quand il officiait à Benevento. C'était compliqué pour que ça se fasse donc je n'y suis pas allé. Une fois qu'il a signé à Sassuolo, il a tout fait pour que je vienne l'été dernier. Et j'ai fini par venir. J'étais très heureux de découvrir un nouveau championnat, la Serie A, et un nouveau pays, l'Italie. Je me suis bien adapté. Je parle italien. Au niveau de l'équipe, tout se passe très bien». Le Marocain a aussi découvert une nouvelle façon de travailler.

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«C'est vrai que les entraînements sont longs. C'est parfois pesant. On travaille beaucoup la tactique. Le jeu est beaucoup plus réfléchi. Tout est analysé. Rien n'est laissé au hasard. C'est un championnat très rigoureux». Après avoir bien débuté, Sassuolo est actuellement 13ème de Serie A. «On avait fait un bon début de championnat lors des six premiers mois. Là, on a perdu un peu de terrain sur la première partie de tableau alors qu'à la base on aurait voulu viser au moins les 6 ou 8 premières places. On avait largement les capacités de le faire. On est dans une passe un peu plus dure. J'espère qu'on va bien finir la saison». Le prêt de Kevin Prince Boateng au Barça cet hiver est l'une des raisons expliquant cette deuxième partie de saison plus compliquée. «Il nous manque. C'était un leader dans le vestiaire. C'est devenu un ami. C'est une personne très attachante. On a perdu une personne importante pour l'équipe. Au niveau du jeu, il pouvait garder les ballons facilement. Ça nous a pénalisés. On est content pour lui. Le Barça ne se refuse pas. Mais c'est vrai que ça nous pénalise actuellement».

Il a croisé son modèle Cristiano Ronaldo

En Italie, Mehdi Bourabia a aussi pu croiser le chemin d'un certain Cristiano Ronaldo. «Avant d'arriver en Serie A, il était un modèle par rapport à son professionnalisme et sa constance au très au niveau. Le fait de le rencontrer confirme tout le bien que j'en pensais. C'est aussi une reconnaissance du travail que j'ai pu faire jusque là. Je ne m'étais jamais imaginé l'affronter un jour. Il est impressionnant, que ce soit en tant que personne ou en tant que joueur. Il a des statistiques folles. Je le trouve incroyable. Il est toujours présent au bon endroit, au bon moment. C'est un leader pour le Juve. Il leur fait énormément de bien cette année. On sent que c'est lui qui fait le boulot pour l'équipe. En tout cas , j'ai senti ça quand j'ai joué contre lui». Il ne le recroisera pas lors des dix derniers matches de la saison en Serie A. Après cela, le milieu né en 91 espère vivre un bel été 2019. «Je veux à la CAN cet été avec le Maroc». Une sélection où il a fait ses débuts le 16 octobre 2018. «C'était quelque chose que j'avais toujours rêvé de faire. Toutes les émotions qu'on peut vivre en club ne remplaceront jamais ce qu'on peut vivre avec la sélection. C'était quelque chose d'indescriptible. C'est une fierté d'être en sélection».

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Le fait d'avoir dû patienter jusqu'à ses 27 ans lui permet de savourer encore plus. «Après toutes les difficultés que j'ai pu avoir durant mon parcours, je savoure et je profite de chaque instant que ce soit en club ou en sélection. J'espère pouvoir apporter tout ce que je peux lors des années qu'il me reste à jouer». En plus de la Coupe d'Afrique des Nations, l'international marocain devra aussi gérer le mercato d'été. «J'avais déjà des sollicitations au mois de janvier de la part de plusieurs clubs. On verra comment le mercato se passera». Il poursuit : «La France, ce n'est pas forcément un championnat où je voulais revenir. J'ai toujours aimé voyager, je suis quelqu'un d'ouvert donc ça ne me dérangeait pas d'aller tenter l'aventure à l'étranger encore une fois. Je sais que l'OM me suivait par rapport à mon parcours en Europa League (l'an dernier). Il n'y avait pas eu d'offre concrète. Mais c'est le seul club qui me suivait». Un retour dans l'Hexagone n'est pas une priorité à l'heure actuelle pour Mehdi Bourabia, un joueur qui revient de loin.

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