Plongée dans ces métiers de l'ombre de la planète foot : traducteur/interprète

Par La Rédaction FM
5 min.
Franckie Tourdre, le 9 avril dernier à Turin @Maxppp

Ils (ou elles) sont la partie immergée de l’iceberg. Ces hommes et ces femmes dont la présence est indispensable mais rarement soulignée. Stadiers, speakers ou par exemple interprètes, nombreuses sont ces personnes qui participent à leur manière à l'événement sportif de haut niveau, dans l'ombre des acteurs principaux. Pour Foot Mercato, l'interprète/traducteur du récent match Juventus-OL raconte son histoire et parle de sa profession.

Il est un peu plus de 15h, ce mercredi 9 avril 2014 à Vinovo. C’est ici, dans cette petite bourgade située au sud-ouest de Turin que la Vieille Dame a installé, il y a près de huit ans, son centre d’entraînement (Juventus Center) et les locaux de sa chaîne télévisée (Juventus Channel). C’est ici également que les médias italiens et internationaux avaient rendez-vous pour assister aux conférences de presse de Martín Cáceres et Antonio Conte, à la veille du quart de finale retour d’Europa League entre la Juventus et l’Olympique Lyonnais. Déclenchée un peu par hasard, la rencontre entre Franckie Tourdre, interprète français de 29 ans résidant à Rome, et Foot Mercato, fut aussi inattendue qu'enrichissante. Après quelques minutes d’échange, rendez-vous était pris le lendemain, piazza Carlo Alberto, en plein centre de la cité piémontaise, pour en savoir plus sur ce métier de traducteur/interprète dans le milieu du football.

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Des conférences de presse...

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Passionné de Calcio et rédacteur occasionnel pour le site français spécialisé sur le football italien, CalcioMio.fr, Franckie Tourdre a obtenu une licence de Lettres étrangères appliquées avant de passer, et réussir, son master d'interprète à Rome, en 2008. Homme de langues, ce dernier vit aujourd'hui de son métier, mais également de sa passion, le football, grâce aux différentes missions qu'il réalise pour l'UEFA : « En 2009, il y a eu la finale de la Ligue des Champions à Rome entre le FC Barcelone et Manchester United, je savais que l'UEFA cherchait des linguistes pour cet événement-là. J'ai envoyé mon CV, tout simplement, comme beaucoup d'autres personnes. Et ils m'ont choisi car j'avais selon eux une bonne combinaison linguistique avec l'anglais, l'espagnol, l'italien et le français.» Un bagage qui lui a permis de travailler ensuite pour d'autres évènements de l'UEFA, comme les finales de C1 de 2010 (Madrid), 2011 (Londres) et 2012 (Munich) ou encore plus récemment l'Euro espoirs en Israël et l'Euro féminin en Suède. Fort de ces différentes expériences, Franckie Tourdre a été choisi pour assurer la traduction des conférences de presse d'avant et d'après-match liées à la rencontre entre la Juventus et l'OL. Et a aussi « eu le plaisir de traduire le déjeuner officiel entre les dirigeants des deux clubs », ainsi que le discours de l'UEFA contre le racisme, avant la rencontre.

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… aux cours particuliers

Des missions qui ont permis au jeune homme de 29 ans de voyager et de se faire un réseau de l'autre côté des Alpes : « Avec la Roma, qui me connaissait bien, j'avais travaillé pour l'arrivée de Pjanic en traduisant notamment ses conférences de presse. Et puis là avec Gervinho, ils ont eu besoin d'une personne qui pouvait le faire progresser en italien, car il avait du mal à communiquer avec ses partenaires. » Car si le football est une langue universelle, la communication est très importante au haut niveau, et l'apprentissage d'une langue nouvelle est souvent une étape indispensable à l'intégration d'un nouvel étranger. D'où l'intérêt grandissant de nombreux clubs possédant plusieurs joueurs étrangers dans leur effectif, comme le PSG, de faire appel à des « professeurs spécialisés » maîtrisant à la fois les langues mais aussi la terminologie du football : « Pas tous les interprètes, loin s'en faut, connaissent la terminologie du football. Donc pour les clubs, c'est important d'avoir des gens qui s'y connaissent et qui sont capables de traduire le bon terme, au bon moment. » Des qualités qui permettent également aux journalistes, lors des points presse, d'avoir plus de matière à l'heure de rédiger leurs papiers et de retranscrire les propos de protagonistes ne parlant pas leur langue.

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Se diversifier pour exister

Métier-passion qui permet de voyager et de côtoyer les coulisses du monde du football, l'interprète/traducteur dans le milieu du football doit toutefois se « diversifier » pour espérer vivre de sa profession « en voie de disparition » du fait de l'émergence et du perfectionnement des outils technologiques de traduction. « Si on veut en vivre, il faut avoir des langues rares, qui payent mieux, ou une bonne combinaison linguistique ». Et aussi vivre si possible dans une ville où des clubs jouent régulièrement les Coupes d'Europe : « Dernièrement, la Roma et la Lazio n'ont pas obtenu de grands résultats sur la scène européenne, donc forcément il y a moins d'opportunités. Mais en ce qui me concerne, je ne travaille pas que dans le foot. Je travaille aussi par exemple avec les télévisions françaises qui viennent en Italie faire des reportages. Je m'occupe de l'organisation et de la traduction pour eux. Il m'arrive aussi de faire de la traduction écrite pour les clubs, que ce soit des revues de presse, des règlements ou encore des contrats. » nous a confié Franckie Tourdre. Se diversifier pour exister, et savoir s'adapter aux différentes situations qui se présentent, notamment en conférence de presse où la sensibilité est au cœur de la réussite d'une traduction : « Il faut s'adapter aux personnes que l'on traduit et aux contextes. On ne traduit pas de la même manière un Mourinho qu'un Conte, de la même manière qu'on ne traduit pas de la même façon un entraîneur qui vient de perdre à domicile qu'un coach qui vient de gagner. Il faut savoir faire profil bas quand il le faut ou au contraire se montrer souriant si le contexte s'y prête. Et même si notre rôle est important, nous ne sommes finalement que là pour traduire. On ne doit pas se prendre pour quelqu'un que l'on n'est pas. » Car dans cet art mêlant compétences linguistiques, footballistiques et humaines, la finalité reste avant tout d'être le plus discret possible. Un traducteur qui ne se fait pas remarquer étant un traducteur qui a bien fait son travail.

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