Quevilly-Rouen Métropole, Nicolas Lemaître : «briller en National pour montrer qu’on a le niveau pour jouer au-dessus»

Par Maxime Barbaud
10 min.
Nicolas Lemaître sous les couleurs de QRM @Maxppp

A Quevilly-Rouen Métropole, il n'y a pas qu'Andrew Jung ou Bruno Irlès qui prennent la lumière. Actuel 2e du championnat de National avant le sprint final des dix dernières journées, le club normand espère retrouver la Ligue 2, trois ans après l'avoir quittée. Un objectif assumé par Nicolas Lemaître, lui dont le prêt par le Stade de Reims est pour le moment une belle réussite. Après avoir été doublure de Mendy et Rajkovic, le gardien de 24 ans vit sa première saison pleine et ne compte pas s'arrêter là.

Foot Mercato : Quevilly-Rouen Métropole est 2e de National (à un point du leader bastiais après 24 journées) et bien parti pour la montée. Vous, vous êtes titulaire et réalisez de belles performances à l’image de la dernière rencontre face à Laval (victoire de QRM 2-1), on peut dire que cette expérience en prêt est pour le moment satisfaisante.

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Nicolas Lemaître : je sors de deux saisons où je n’ai pas beaucoup joué. Je suis passé de numéro 3 à numéro 2 à Reims. Ce rôle est particulier et ne me correspond pas vraiment pour un jeune gardien. Même si on fait partie d’un groupe et qu’on gagne en expérience, on perd en automatismes et en repères. Il n’y a rien de mieux qu’un match. Pouvoir enchaîner me fait vraiment du bien et en plus je suis dans une équipe qui cette année tourne très bien, donc le choix est très bon.

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FM : Après avoir été doublure d’Édouard Mendy puis de Pedrag Rajkovic à Reims, votre objectif était de devenir titulaire ailleurs ?

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NM : je pense que c’était le bon moment pour partir en prêt et faire des matches pour gagner du temps de jeu. Avec la direction d’un commun accord, je suis resté numéro 2 une saison de plus pour accompagner Rajkovic. Une année supplémentaire comme cela aurait été de trop. C’était le bon moment pour sortir de mon confort à Reims. C’est ma ville, mon club, ma famille est là-bas, c’est la facilité. Il fallait sortir de mon cocon, c’était le bon moment et je ne suis vraiment pas déçu d’avoir atterri à QRM en National.

FM : c’est vous qui avez demandé à être prêté en début de saison ?

NM : l’été d’avant (en 2019), j’avais émis le souhait d’être prêté mais la direction de Reims m’avait demandé de rester car deux gardiens sur trois étaient nouveaux. Cet été, le club et moi étions d’accord pour que ça soit le bon moment.

FM : comment vous êtes-vous retrouvé à QRM ?

NM : par le passé, j’ai un peu eu l’occasion de jouer en Ligue 2 et très peu en Ligue 1. J’ai fait un match et la Coupe de France. Quand on m’a parlé de prêt, j’avais l’objectif d’aller en Ligue 2 pour ne pas rester trop loin de la Ligue 1. Mais le mercato a été un peu fermé, il y a eu la covid et je n’avais pas non plus une grande expérience. C’est sûr que les clubs ne font pas toujours confiance à un jeune gardien. Il n’y a pas eu d’opportunité rapide qui s’est présentée mais le coach Bruno Irlès m’a vite appelé durant ce mercato, avant même la préparation physique. Je trouvais ça important d’être fixé avant la prépa. Quand les mercatos sont un peu lents comme cet été, ça peut mettre du temps à se mettre en place. Je voulais bien m’installer, connaître l’équipe et arriver dans de bonnes conditions. Quand le coach Irlès m’appelle et me présente le projet, malgré le fait que c’était un club de National et que j’espérais un peu plus une Ligue 2, ça m’a très vite séduit. Ma réponse a été rapide. J’étais un des premiers qu’il a appelé et qui a répondu.

C’était le bon moment pour sortir de mon confort à Reims

FM : le simple discours de Bruno Irlès vous a motivé ?

NM : c’est quelque chose de nouveau pour moi. Habituellement, c’est plus le directeur sportif qui appelle ou un agent. Le fait que ça soit directement le coach, ça montre son intérêt. Il a en plus du crédit dans le milieu. Ça m’a fait chaud au cœur de voir son appel et ça m’a vite séduit.

FM : qu’est-ce qu'il vous a dit pour vous attirer ?

NM : il m’a expliqué qu’il avait l’opportunité d’aller en Ligue 2, peut-être comme moi, mais qu’il préférait rester en National, refaire une grosse saison pour espérer plus. Lui, comme moi, c’était un peu un palier qu’il espérait franchir en faisant une grosse saison en National. Il comptait beaucoup sur les prêts, qu’il espérait avoir 4 ou 5 joueurs prêtés sur lesquels ils voulaient s’appuyer. Quand on entend, ça on se dit qu’on va avoir une bonne place dans l’équipe. Il m’a mis en confiance. Il connaissait ma situation, que je n’avais pas beaucoup joué, et, en tant que formateur, il savait comment gérer ça, un jeune titulaire parce que je suis plus tout à fait un jeune.

FM : il vous connaissait d’avant ?

NM : plus je le côtoie et plus je me rends compte qu’il regarde beaucoup de matches. Il a aussi pris pas mal de joueurs de Reims. Il a un ami dans le staff rémois, Sébastien Hamel. Il a pu lui proposer mon profil. Le coach a été intéressé et m’a appelé rapidement. Pour moi ça a été plus facile car c’est son ami et mon coach des gardiens. Il a pu avoir de bonnes informations. Après moi, il a enchaîné avec d’autres joueurs et pour créer une affinité dans le groupe. Andrew (Jung) est passé par Reims, Sambou Sissoko c’est pareil, il est prêté par Reims. Virgile Pinson appartenait encore à Reims il n’y a pas longtemps. On peut dire que le coach a un peu fait confiance à l’école rémoise.

FM : après avoir fait monter Pau l’an dernier, Bruno Irlès en est train de réaliser un nouveau coup avec QRM. C’est quoi la "méthode Irlès" ?

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NM : entre joueurs on en parle souvent car on en rigole un peu. Il connaît très bien le championnat. C’est ça qui fait sa force, il sait ce qui marche et les erreurs à ne pas commettre. Il aime bien répéter qu’on peut commettre cette erreur une fois mais pas deux. Il est humain aussi. C’est un formateur, il fait confiance aux joueurs et n’a pas peur de les accompagner, même dans des moments plus difficiles. C’est cette combinaison d’expertise du National, du foot en général, et ce côté formateur et compétiteur qui font un bon cocktail. Il sait mettre les joueurs en confiance, créer un bon groupe et ça apporte de bons résultats.

Habituellement, c’est plus le directeur sportif qui appelle ou un agent

FM : à quel point c’est un fin connaisseur du National ?

NM : il analyse avant l’adversaire, comme beaucoup de coachs je pense, mais il analyse bien les points forts et les points faibles. Il sait comment faire déjouer l’adversaire et quelles erreurs ne pas commettre face à tel adversaire. Parce qu’en National, ce sont souvent les erreurs qui coûtent des points. Son poste d’analyste à Canal+ lui permet de regarder beaucoup de matches de haut niveau. Il n’hésite pas à prendre le positif du haut niveau pour nous le transmettre ensuite. Il nous parle aussi de son expérience de joueur. Il est rarement dans l’erreur et beaucoup dans la discussion. Il peut prendre du temps pour un joueur afin qu’il assimile la consigne.

FM : et à vous les gardiens de but, il vous donne des consignes particulières ?

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NM : sur les relances, ça va dépendre de comment joue l’équipe. Des fois, ça va être repartir court sur les latéraux ou les centraux. Des fois, il va demander de la jouer plus malicieux en attirant l’adversaire pour jouer plus long et direct. C’est quelqu’un qui aime bien l’efficacité. Si on fait beaucoup de passes vers l’arrière et qu’on garde le ballon pendant 5 minutes, ça ne va pas l’intéresser. Il "préfère" qu’on fasse mal rapidement. Ça peut repartir d’une relance de derrière ou plus rapide, ça dépend des matches et des situations. Il dit ce qu’il pense et véhicule son idée. Après, il y a quand même un noyau dans notre jeu. On est connu pour ne pas être une équipe de possession mais efficace vers l’avant. Il aime bien trouver le joueur chez nous le mieux placé pour faire mal à l’adversaire. On a plusieurs armes offensives comme Andrew mais des fois ça va passer par notre ailier gauche ou notre ailier droit.

FM : depuis le début de la saison, on sent une grande force collective à QRM...

NM : c’est un travail de groupe. Cette année, on a des joueurs mis en lumière car on a Andrew qui plante 18 buts (actuel meilleur buteur du championnat), ou Outtman Dadoune avec 9 buts. On a une super défense, un milieu qui travaille et des joueurs devant qui sont très efficaces. C’est vraiment le travail de tout le monde. Maintenant que je connais un peu ce championnat, je ne pense pas qu’on puisse avoir de bons résultats sans un bon groupe. On a de la qualité ensemble et il faut le garder ça. Dès qu’on devient un tout petit peu plus individualistes, c’est là où on est moins bons. C’est quand on est solidaires et qu’on travaille ensemble qu’on est plus efficaces.

FM : on est encore loin de la fin de saison mais à titre personnel, est-ce que vous vous êtes déjà dans la réflexion de la saison prochaine ?

NM : on a eu une réunion à la mi-saison avec le coach pour parler de l’intégration, des performances, des objectifs à court terme car on vise la montée mais j’ai eu une première partie de saison un peu délicate avec notamment une blessure, puis dans l’équipe on a eu la covid, on a été à l’arrêt pendant pas mal de temps. À la mi-saison, je n’avais pas encore beaucoup joué. Mais à court terme on veut tous monter et d’aller vivre une expérience en Ligue 2. Il faut que ça soit l’objectif de tout le monde, pas seulement le staff et les joueurs. Il faut que ce soit tout le groupe qui tire vers le haut.

Il y a aussi la possibilité de continuer avec QRM

FM : la Ligue 2, vous y avez déjà goûté, on imagine que c'est une ambition d'y retourner...

NM : quand on est prêté, on a envie de montrer à son club de belles choses, qu’on a le niveau. En plus de ça, comme ça marche bien avec QRM et que je m’y sens très bien, il y a aussi la possibilité de continuer avec eux. L’avenir pour l’instant est flou car on ne sait pas encore si on va monter. Il ne peut pas y avoir encore de discussions sérieuses. Ça viendra en son temps. Ce qui est bien, c’est de se mettre en valeur par de bons résultats et de bonnes performances, comme on fait cette année. Briller en National pour montrer qu’on a le niveau pour jouer au-dessus. Le prêt est là pour apporter de l’expérience, du temps de jeu, de bonnes performances et continuer à gravir les échelons.

FM : vous avez déjà discuté avec Reims de la suite ?

NM : j’ai pas mal d’échanges avec Sébastien Hamel, l’entraîneur des gardiens après chaque match. Ce sont des retours assez courts sur les matches, rien sur du plus long terme. Au niveau de mon avenir, il n’y a pas eu de discussion. C’est vrai qu’il faudra voir mon évolution. Je sais qu’ils ont un œil sur nous en National, ils savent que ça se passe bien à QRM. Eux dans leur idée, ça serait peut-être de me voir continuer monter un échelon, peut-être avec QRM. On verra car pour le moment c’est trop tôt pour en parler.

FM : vous êtes en fin de contrat en juin 2022, ça voudrait dire que vous seriez probablement prolongé avant d'être prêté à nouveau ?

NM : ce sont des discussions qu’il faudra avoir. Pour être franc, il n’y en a eu aucune dans ce sens-là. On va d’abord bien finir la saison. C’est aussi la façon de Reims de me dire : "Concentre-toi d’abord sur ton travail et on en discutera à la fin de la saison".

FM : maintenant que vous êtes titulaire, vous préféreriez le rester en Ligue 2, ou redevenir remplaçant en Ligue 1 ?

NM : j’ai pu côtoyer ce rôle de numéro 2 et ne pas jouer ça manque. Maintenant que j’ai goûté à la place de numéro un, je ne me vois pas retourner dans un club pour être numéro 2. Ce n’est pas mon ambition. Je ne dis pas que ça n'arrivera pas mais ce n’est pas mon ambition.

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