CAN 2017 : les raisons du retentissant fiasco de l’Algérie

Par Dahbia Hattabi
6 min.
Algérie @Maxppp

Une désillusion. Voici comment qualifier l'élimination de l'Algérie en phase de poules de la Coupe d'Afrique des Nations. Retour sur le fiasco des Fennecs.

L'Algérie tombe de haut. Les Fennecs ont été éliminés hier soir de la Coupe d'Afrique des Nations 2017. Une immense déception pour des Verts qui figuraient parmi les favoris du tournoi. Tout a commencé par un match nul face au Zimbabwe (2-2). Loin d'être sereins défensivement, les Verts ont pu compter sur la main ferme de Raïs M'Bohli et sur deux buts de Riyad Mahrez. Puis ensuite il y a eu la défaite face à la Tunisie (2-1). Un revers qui ne permettait plus aux Algériens d'avoir leur destin entre leurs mains. Ils devaient absolument battre le Sénégal, déjà qualifié, et compter sur une défaite des Aigles de Carthage. Finalement, cela n'a été ni l'un ni l'autre. Hier, la Tunisie s'est imposée face au Zimbabwe (4-2) et l'Algérie n'a pas pu faire mieux qu'un match nul face à une équipe bis du Sénégal (2-2). Deux points et aucune victoire dans un groupe B qualifié de groupe de la mort, la sélection entraînée par Georges Leekens quitte par la petite porte le Gabon ce mardi. Et la presse algérienne ne se prive pas pour pointer du doigt une sélection décevante. «Honteux !» titre Le Buteur. «C'est l'heure de rendre des comptes !» a titré de son côté Compétition qui ajoute : «Dramatique, catastrophique, horrible, calamiteuse, tous les qualificatifs ne suffiront pas pour décrire cette CAN 2017 disputée par les Verts en ce mois de janvier. Pourtant cette même équipe, et ces mêmes joueurs étaient donnés parmi les favoris avant l'entame de cette compétition».

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Une déception immense

Conscients de la faillite de la sélection, les joueurs ont présenté leurs excuses aux supporters après la rencontre. Mais Le Buteur précise qu'Islam Slimani, auteur de deux buts face au Sénégal, s'est accroché avec une poignée de fans. Outre le public, les Fennecs ont aussi assumé devant les médias. Islam Slimani a confié : «C’est toujours difficile de parler d’une élimination, surtout quand on sait qu’on est venus au Gabon avec beaucoup d’ambition. On a très bien préparé cette CAN et on voulait aller le plus loin possible dans cette compétition. Malheureusement, tout ne s’est pas passé comme prévu. Ce sera difficile de le digérer mais c’est ça le football. On doit aussi apprendre de nos erreurs pour grandir encore et gagner en expérience». Yacine Brahmi est allé dans son sens : «On est très déçus de sortir dès le premier tour. Même si d’un point de vue comptable, la qualification était vraiment difficile, on voulait bien terminer en gagnant au moins un match dans cette compétition. Malheureusement, on n’a pas réussi à le faire même s’il y a eu une bonne réaction des joueurs. On a fait un bon match. On a mené au score mais on prend encore des buts qu’on peut éviter. Maintenant, il faut qu’on assume nos erreurs, qu’on relève la tête très rapidement parce qu’il y a des chances très importantes qui nous attendent dans les mois à venir».

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Les Verts ont des regrets comme l'a expliqué Brahimi : «On regrette le Zimbabwe, la Tunisie et même la rencontre d’aujourd’hui (hier). Face au Sénégal, on savait très bien que ça allait être très dur. Mais on croyait en la qualification et on a tout fait pour décrocher notre billet pour le second tour. Malheureusement, ça n’a pas suffi pour battre cette équipe du Sénégal». Georges Leekens a lui déclaré : «Si on ne s’est pas qualifiés, c’est tout simplement parce qu’on ne le méritait pas». Au-delà des résultats, comment expliquer l'échec des Fennecs ? Cette élimination précoce n'est au final que le résultat d'une crise qui couve depuis des mois en Algérie. Tout d'abord, l'après Christian Gourcuff a été géré de façon calamiteuse. Milovan Rajevac n'a coaché que deux rencontres. Il n'a pas du tout fait l'unanimité auprès des joueurs. Georges Leekens, lui, a été nommé le 27 octobre pour jouer les pompiers de service. S'il a été difficile pour le Belge de préparer une CAN dans ces conditions-là, il ne faut pas non plus le dédouaner. Ses choix ont posé questions. Ce fut le cas au moment de dresser sa liste des 23. Leekens s'est passé d'éléments d'expérience à l'image de Carl Medjani et Sofiane Feghouli. Deux hommes importants du vestiaire algérien. Puis, il y a eu les choix au moment de faire ses compositions d'équipe. Si plusieurs éléments ont été blessés avant la compétition (Boudebouz et Taïder), d'autres ont été touchés pendant le tournoi à l'instar de M'Bolhi ou Soudani.

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Une faillite collective et individuelle

La presse algérienne a notamment pointé du doigt son choix de reconduire une équipe quasiment similaire hier (Cadamuro et Hanni sont entrés dans le onze de départ). «On ne change pas une équipe qui perd» a indiqué que Le Buteur. Leekens, lui, a assumé ses choix après la rencontre : «Quand on fait des changements, on ne les fait pas juste pour les faire. En ce qui nous concerne, on n’avait pas trop de choix, compte tenu des nombreux joueurs blessés. Nous avons fait jouer de jeunes joueurs qui ont été à la hauteur, mais aujourd’hui, ils ne pouvaient pas bien s’exprimer, car dans leur tête, en apprenant le résultat de l’autre match, ils étaient déjà éliminés et la motivation n’est plus la même. Mais je suis tout de même content de ce match, les joueurs ont montré qu’ils ont de la qualité». Les joueurs parlons en justement. La défense n'a pas été à la hauteur durant ce tournoi. C'était le secteur de jeu où les Fennecs étaient les plus fébriles avant la compétition. Leekens n'a pas réussi à changer la donne. L'équipe a aussi manqué d'expérience et de caractère. En l'absence des leaders Feghouli et Medjani, plusieurs cadres n'ont pas été au rendez-vous comme Brahimi ou Mahrez, dont on attendait forcément plus.

Après le match d'hier, Compétition a pointé du doigt le capitaine Aïssa Mandi. «Si lui c'est le capitaine, on comprend mieux pourquoi cette équipe n'a pas de caractère. Très limite dans tout ce qu'il fait, sa relance est un modèle d'approximation, il se fait bouger par tout le monde, une CAN à mettre aux oubliettes et SVP un défenseur central et vite». Faouzi Ghoulam en a pris aussi pour son grade : «Un tournoi complètement raté, une grosse déception». Des éléments excellents en club comme Nabil Bentaleb ont été critiqués: «Quel gâchis, le joueur le plus en dessous du tournoi». La déception est donc immense pour la sélection et tout le peuple algérien. Le Premier Ministre Abdelmalek Sellal a indiqué : «Une évaluation sera établie après le retour de l'équipe nationale au pays». La Fédération Algérienne de Football va avoir du pain sur la planche. Il faudra trouver un nouveau sélectionneur puisque Georges Leekens, qui a confié hier qu'il ne comptait pas partir, a finalement démissionné ce mardi matin .« Vu la pression qui est exercée sur la fédération et l’équipe nationale, j’ai préféré arrêter mon contrat par amitié au président de la FAF qui mérite le respect. Pour le bien de tous, je préfère donc partir même si je le fais avec un pincement au cœur en souhaitant toute la réussite du monde à l’équipe nationale ». Une équipe en pleine crise qui va devoir vite se relever pour tenter de se qualifier pour la Coupe du Monde 2018 en Russie. Pour rappel, l'Algérie est dernière du groupe B (un nul contre le Cameroun et une défaite contre le Nigéria) où l'on retrouve le Nigéria, le Cameroun et la Zambie. Les prochaines semaines s'annoncent agitées en Algérie.

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