Fils de stars du ballon rond, un statut trop lourd à porter ?

Cesare et Paolo Maldini, Carles et Sergio Busquets, Periko et Xabi Alonso, Pablo et Diego Forlan, Christian et Yoann Gourcuff, Abedi Pelé, André et Jordan Ayew : il faudrait plusieurs pages pour faire la liste entière des footballeurs célèbres de père en fils. Pour tous, le ballon rond est visiblement avant tout une histoire de famille. Si les portes des grands clubs s’ouvrent généralement plus facilement pour un « fils de» que pour un joueur lambda, la pression et l’attente autour de lui se font plus fortes. Malgré les espoirs fondés en eux, certains n’arrivent pas à marcher sur les traces de leur père.

S’il fallait retenir un exemple, ce serait celui de Jordi Cruyff. Difficile pour le Néerlandais de soutenir la comparaison avec son père, le grand Johan Cruyff. Ancien joueur de l’Ajax Amsterdam et du FC Barcelone, il fut entre autre le premier footballeur du monde à décrocher le Ballon d’Or à trois reprises (1971, 1973 et 1974). Il a également honoré 48 sélections et marqué 33 buts avec les Pays-Bas. Le chemin semblait tout tracé pour Jordi qui a intégré La Masia à 14 ans après des débuts chez les équipes jeunes de l’Ajax Amsterdam. Malgré un titre de champion d’Angleterre en 1997 avec Manchester United, il n’aura jamais vraiment confirmé, terminant sa carrière en toute discrétion à Malte à la Valletta FC.

Dans la génération actuelle, plusieurs « fils de » sont restés dans l’ombre de leurs pères. C’est le cas de Kasper Schmeichel, gardien comme son papa. Portier de classe internationale, Peter Schmeichel a enfilé entre autre le maillot de Manchester United et a terminé sa carrière à City en 2003. C’est l’année même où son fils Kasper a débuté sa carrière professionnelle à chez les Citizens, où il n’a disputé que dix matches. Le Danois est passé par sept clubs dont Leeds avant d’atterrir à Leicester City. Kasper va devoir s’activer s’il souhaite faire aussi bien que celui qui fut sélectionné à 129 reprises avec le Danemark. Mission quasi impossible puisqu’à 25 ans, il n’a pas encore été appelé avec les A.

En France aussi on attendait beaucoup de Thibault Giresse. Son père, Alain, est l’une des figures du ballon rond des années 70-80. Double champion de France avec Bordeaux, il a aussi remporté l’Euro 84 avec l’équipe de France. Également milieu de terrain, son fils, Thibault était forcément attendu au tournant. Après avoir participé aux montées successives de Toulouse en L2 puis L1, il n’a pas vraiment confirmé au sein de l’élite. Il s’en est allé ensuite en deuxième division à Amiens puis à Guingamp. Meilleur buteur de National en 2011 (21 buts), cette saison il a marqué 4 buts en 11 matches de Ligue 2. Une trajectoire correcte mais à des années lumières de celle de son père.

Les fils des joueurs de France 98 déjà suivis

Une nouvelle génération de fils d’internationaux français pointe déjà le bout de son nez. Les fistons des champions du Monde 98 arrivent en force et suscitent déjà beaucoup d’attente. L’un d’eux, c’est Oan Djorkaeff. Un nom qui compte dans le monde du football. Fils de Youri et petit-fils de Jean Djorkaeff, le jeune homme de 15 ans traîne sur ses épaules un sacré héritage. Formé au Manhattan Soccer Club de New York, ce milieu offensif a signé cet été pour un an en faveur de l’AS Saint-Étienne. Approché par l’Olympique Lyonnais, le jeune homme de 15 ans évolue chez les U17 dans le Forez. « Oan a des gestes, une adresse qui me rappelle Youri au même âge » déclarait même son grand-père au JDD.

« Être le fils de Lilian Thuram et footballeur, ce n’est pas une pression du tout. Au contraire, c’est stimulant ! Quand on est le fils de, il faut toujours prouver que ce n’est pas grâce au papa qu’on est là. Et puis, j’ai aussi envie de le dépasser dans tous les domaines ! » À 15 ans, Marcus Thuram a de l’ambition. Il en faudra pour dépasser son père recordman du nombre de sélections chez les Bleus avec 142 capes. Pour ce faire, l’aîné des Thuram a rejoint le centre de formation du FC Sochaux en 2012 après avoir fait ses gammes à l’INF Clairefontaine. Ayant pour modèle Ronaldinho, ce milieu offensif rêve d’être le joueur le plus jeune à faire ses débuts en L1 et de porter un jour le maillot du Real Madrid.

Mais le chef de file de cette nouvelle génération, c’est bien évidemment Enzo Zidane. Quand on est footballeur et fils de Zinedine Zidane, difficile de passer inaperçu. Comme l’ancien numéro 10 de l’équipe de France, le joueur de 17 ans évolue au milieu de terrain au Real Madrid. Un club qu’il a rejoint lorsqu’il avait à peine huit ans. Surnommé "l’héritier" en Espagne, il est entraîné cette saison par Fernando Morientes. S’il lui reste du chemin à parcourir, le fils de Zizou pourrait bientôt intégrer l’une des équipes réserves de la Casa Blanca. Si certains observateurs le trouvent moins fort que son père, la France et l’Espagne se l’arrachent déjà.

Bref, être le fils d’une star du football n’a pas que des avantages. Scrutés, ils doivent faire leur preuve plus vite et sont soumis à la pression des clubs et des médias en général. Beaucoup sont considérés comme de vrais flops ! Mais certains comme Frank Lampard ont prouvé qu’ils pouvaient surpasser leur père. Si son père a remporté deux Coupes d’Angleterre avec West Ham, lui a raflé trois titres en Premier League, quatre Coupes d’Angleterre ou encore une Ligue des Champions avec Chelsea. Lampard Jr comptabilise 93 sélections en équipe nationale alors que le père n’en a que deux. Si le football est dans les gènes, il n’est pas toujours gage de talent et encore moins de réussite.