Guardiola explique comment Cruyff a bouleversé sa vision du football

Par Rodolphe Koller
3 min.
Barcelone Josep Guardiola i Sala @Maxppp

Pep Guardiola doit beaucoup à Johan Cruyff. Le technicien catalan doit beaucoup aujourd'hui à son illustre - et regretté - ainé néerlandais, et ne s'en est pas caché dans une interview souvenirs accordée à RAC1.

Ce sont deux génies absolus du football. En tant que joueur puis entraîneur, Cruyff et Guardiola ont eu leurs heures de gloire, et l'ont d'ailleurs toujours. L'un alors que sa mémoire est saluée au lendemain de son décès, l'autre au quotidien pour ses performances sur le banc du Bayern Munich. Mais ils n'ont pas seulement en commun cet ADN de gagneur, cette mentalité d'innovateur, d'électron libre. Le sang blaugrana a irrigué leurs veines, et c'est au et pour le FC Barcelone que leur talent naturel s'est magnifié pour donner naissance à quelque chose de plus grand qu'eux. Lancé dans le grand bain du football professionnel par Cruyff et faisant indéniablement partie de la filiation idéologique du Hollandais volant en ce qui concerne la stratégie et la tactique dans le football, Guardiola s'est souvenu auprès de la radio catalane RAC1 :

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«Le football est un jeu tellement compliqué que tu deviens entraîneur pour pouvoir le contrôler. Tu penses que tu y arriveras par ce que tu fais et ce que tu dis mais c'est impossible de le dominer, sauf si tu t'appelles Messi. Et Johan nous a aidé à y parvenir», débute l'entraîneur bavarois. Lui-même sait ce qu'il doit à son éclosion puis son ascension au Barça. Le fait que Cruyff soit sorti des sentiers battus pour lui donner sa chance, alors même qu'on ne le disait pas assez armé physiquement. Tout au long de sa vie, Johan Cruyff n'a jamais hésité à prendre des risques, quitte à aller à contre-courant, pour non seulement forger sa propre légende mais également donner un coup de fouet au football, un nouveau tournant, ouvrir un nouveau chapitre dans sa longue histoire.

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«Qu'est-ce qu'il dit ce mec !»

Et Guardiola de reprendre : «À la mi-temps, quand tu jouais mal, tu t'attendais à te faire engueuler parce que tu ne courrais pas assez, que tu n'étais pas à fond. Et lui te disait que tu jouais mal parce que tu courrais trop. Il fallait demander le ballon là où tu te trouvais, et non pas courir derrière. Des choses que tu avais entendues toute ta vie, lui te disait complètement l'inverse.» Et Pep de donner un autre exemple parlant : «L'une des premières années, nous jouions contre Valence, qui arrivait en leader. Dans la causerie d'avant match, il nous prévenait que nous évoluerions à trois derrière, et je me suis dit : "Qu'est-ce qu'il dit ce mec ! À trois derrière contre Valence qui arrive en boulet de canon..." Je pensais qu'on allait prendre une valise, et finalement on les a battus sans qu'ils passent le milieu de terrain. Lui t'expliquait tout ça et tu ouvrais grand les yeux», se souvient-il.

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Un héritage qui perdure en lui bien après avoir cessé d'évoluer sous les ordres du grand Cruyff. À l'instar de ce tout récent 8e de finale retour de Ligue des Champions face à la Juventus Turin, match lors duquel le Bayern se retrouve rapidement mené 0-2 chez lui, dos au mur et aux portes de l'élimination, avant d'obtenir la qualification lors des prolongations (4-2) : «Parfois, je me demande ce que ferait Johan. C'est ce qui m'est arrivé face à la Juventus, j'avais déjà la corde au cou, mais nous avons fini par l'emporter.» En plus d'avoir brillé aux yeux du monde de son vivant, le triple Ballon d'Or néerlandais continuera certainement à inspirer des générations de coachs, en herbe ou confirmés, dans les années à venir. Quel meilleur moyen pour lui de devenir immortel ?

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