Les 4 mesures phares d'Aulas pour relancer le football français

Par Rodolphe Koller - Léo Vanpoulle - Alexandre Pauwels
5 min.
Olympique Lyonnais @Maxppp

Dans un long entretien accordé à News Tank, le patron de l'Olympique Lyonnais, Jean-Michel Aulas, a longuement évoqué la situation du football français. Et le président rhodanien a des idées novatrices pour relancer un championnat de France en perte de vitesse.

« Je pense que le football français est aujourd'hui dans une étape obligatoire de restructuration et d'évolution ». S'il y a bien un mot pour caractériser Jean-Michel Aulas, c'est encore visionnaire. Le président lyonnais, dont on dit qu'il a toujours un coup d'avance, a livré une interview conséquente à News Tank pour parler du football français. Et pour lui, il faut réformer, modifier, pour créer un championnat plus compétitif qui rapportera davantage. Pour ce faire, il indique qu'il faut se tourner vers le modèle de la Premier League. Il a livré ses solutions pour y parvenir.

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Réforme de la Ligue et du monde professionnel

Pour JMA, « l'Angleterre a un modèle de gouvernance qui n'est pas si mal que ça : le régalien est dans une seule structure (la FA), c'est l'équivalent de la Fédération, et ce qui est commercial est du domaine d'une société commerciale de clubs (Premier League, Football League) ». Il faut donc, pour lui, séparer le régalien du commercial, et donc mieux répartir les activités des FFF, Ligue et UCPF. « Le défaut de la cuirasse, c'est qu'on fait à la Fédération un certain nombre de choses dans le domaine régalien comme dans le domaine commercial, etc. qui sont refaites à la Ligue, qui sont - pour la partie non-régaliennes - refaites à l'UCPF et cela crée des coûts, des pertes de temps... [...] Comme on fait la même chose, c'est à celui qui prend la décision, à la va-vite pour éviter que l'autre le fasse à sa place. Donc, il y a des dysfonctionnements. » Aulas préconise la transformation de l'UCPF en société commerciale, tandis que la LFP rejoindrait la FFF pour d'autres activités.

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Revoir le système de répartition

En plus d'un besoin évident de clarté dans la répartition des domaines d'activités des instances, le dirigeant estime aussi qu'il faut revoir le système de répartition des ressources. «En France, ce qui est formidable, c'est que l'avenir du football français de première division est décidé par tous les clubs. Et ce sont tous les clubs qui participent le moins à l'élite qui décident pour le compte des autres. On est dans un système démocratique où ce sont ceux qui ne rapportent pas l'argent aux autres qui décident pour le compte de ceux qui rapportent l'argent.» Pour JMA, on donne donc trop à la Ligue 2, qui selon lui est « la deuxième division la plus riche du monde » alors qu'elle est dans le même temps « la plus déficitaire ». Les performants doivent donc décider. « Comme ils décident et comme ils élargissent le gâteau, ils peuvent redonner beaucoup plus à ceux qui ne sont pas dans l'élite, mais qui touchent beaucoup d'argent parce que l'élite est performante. Il faut financer l'élite pour redonner après à la Ligue 2 et aux clubs relégués », a-t-il estimé.

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Alléger le calendrier

Si Paris, Monaco et Guingamp poursuivent leur route en Coupe d'Europe, JMA estime qu'il est actuellement trop compliqué pour bon nombre d'équipes françaises de concilier scènes continentale et nationale : «Il faut donner la possibilité à ceux qui jouent l'Europa Ligue (le jeudi) de jouer en championnat le lundi. C'est aberrant que ce soit la deuxième division qui joue le lundi. Pourquoi Saint-Étienne, Lille et Lyon se sont tués en jouant l'Europa Ligue ? Parce qu'on leur impose de jouer le samedi ou le dimanche ! Il faut qu'il y ait une tranche horaire le lundi : tout le monde sera bénéficiaire.»

Et de préciser : «Les clubs concernés, l'indice UEFA, parce qu'on va gagner des points. Et quand on gagne des points, on gagne plus d'argent. Quand on gagne plus d'argent, pour les clubs de l'élite, on a moins besoin de leur en donner sur le plan des droits nationaux.» Le président lyonnais avance même ses propres mesures : «Soit on ramène la Ligue 1 à 18 équipes, mais contrairement à ce que les gens pensent, ce n'est pas la seule solution. L'Angleterre joue à 20. Soit on peut supprimer la Coupe de la Ligue et on peut aussi, pour privilégier les ressources et valoriser nos droits internationaux, jouer entre Noël et le Jour de l'an. Il y a toute une population qui adorerait venir voir les matches à cette période», plaide-t-il.

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Attirer mais aussi protéger les investisseurs

Dernier point développé par le boss rhodanien, la volonté de dérouler le tapis rouge aux éventuels investisseurs intéressés par notre championnat : «Si jamais on donne moins à la deuxième division, parce qu'elle vaut moins, il ne faut pas donner l'argent à l'élite, il faut le donner aux clubs relégués. Il faut pérenniser les investissements. Aujourd'hui, on fait tout pour que les investisseurs s'en aillent et qu'on ait un accident industriel chaque fois qu'un club est relégué. Je ne veux pas réduire les ressources de la deuxième division, mais donner plus aux clubs qui descendent et, pour pérenniser les investisseurs», explique-t-il avant de proposer sa solution.

«Il faudrait qu'il n'y ait qu'une descente et une montée. Et deux barrages. Cela fera des matches en plus, mais comme on aura allégé le calendrier... On aura plus de chances de ne pas descendre avec deux barrages plutôt qu'avec trois relégations d'un seul coup», lâche-t-il. Ainsi, il serait plus délicat pour un club ayant fait l'objet de lourds investissements de descendre en Ligue 2 et ainsi réduire ces efforts à néant. Lui qui a récupéré un OL moribond végétant en deuxième division en 1987 en sait quelque chose. Reste désormais à convaincre le petit monde si conservateur du football français. Au risque d'accumuler un retard plus grand par rapport aux autres grands championnats européens.

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