L’incroyable parcours de Girona, promu en Liga

En Catalogne, tout le monde n'a d'yeux que pour le FC Barcelone. L'Espanyol parvient tout de même à s'attirer la sympathie d'une petite partie de la population, mais la domination blaugrana reste écrasante, tant en termes de résultats que de supportérisme dans la région. Et l'année prochaine, un nouveau club viendra se frotter au Barça et aux Pericos, puisque Girona, après son match nul 0-0 face à Saragosse, a assuré sa montée dans la première division du football espagnol. Ville d'un peu plus de 98.000 habitants au nord de Barcelone, Gérone n'avait encore jamais vu son club atteindre l'élite. Et il faut dire qu'à quelques détails près, les supporters gerundenses auraient été bien loin de fêter une promotion en Liga Santander hier soir. Il faut remonter au mois de mars 2014. À la 29e journée, le club catalan pointait à la dernière place en deuxième division...

Arrive alors un certain Pablo Machín, jeune entraîneur peu expérimenté, avec pour seul fait d'armes deux saisons du côté de Numancia, à l'issue desquelles il a terminé dans le milieu de tableau à chaque fois. Et pourtant, la sauce a tout de suite pris. Avec 21 points pris sur 39 possibles, les pensionnaires de Montilivi ont réussi ce qui semblait impossible, et se sont sauvés. Les deux saisons suivantes auront été particulièrement réussies, malgré des fins cauchemardesques à chaque fois. A l'issue de l'exercice 2014/2015, Girona termine la saison régulière à la troisième place, avant d'échouer en demi-finale des playoffs*. En 2015/2016, la formation termine à la quatrième position, derrière le Gimnàstic de Tarragone, et cette fois, c'est en finale que les Catalans échouent face à Osasuna ! Cette saison, avec cette deuxième position, le club est directement promu sans avoir à passer par les playoffs, et ce à une journée de la fin de la saison régulière.

Des jolis coups de pouce de Manchester City

Mais c'est surtout en coulisse que le parcours de Girona est intéressant. En raison de finances très instables, en 2013, la direction de l'époque est forcée à demander ce qu'on appelle en Espagne un concurso de acreedores. Il s'agit d'un processus judiciaire pendant lequel un administrateur judiciaire prend le contrôle d'une entreprise en banqueroute, dans le but de la remettre à flot. Dans le cas d'un club de football, on peut assister à des mesures drastiques, à savoir la vente des meilleurs actifs du club et un recrutement forcément très limité. Le processus aura duré deux ans. En juin 2015, TVSE FÚTBOL devient actionnaire majoritaire du club, et commence à tisser des relations intéressantes, grâce à Pere Guardiola, frère de Pep, qui fait jouer ses contacts avec Ferran Soriano et Txiki Beguiristan. Le club sert effectivement plus ou moins de partenaire à Manchester City, qui n'hésite pas à envoyer des joueurs en prêt. Mieux encore, le club anglais a déjà acheté des joueurs de Girona, pour les laisser au club ensuite, comme ce fut le cas avec Florian Lejeune, aujourd'hui à Eibar. Le défenseur central est acheté pour 300.000€ à l'été 2015, avant d'être prêté dans la foulée. De même pour l'attaquant Ruben Sobrino, acheté à la Ponferradina et prêté directement à Girona, toujours en 2015.

Ainsi, grâce aux Citizens, les Catalans ont pu s'offrir des joueurs qu'ils n'auraient pas eu les moyens d'enrôler en temps normal. Cette saison encore, Pablo Machín a pu compter sur Pablo Maffeo, latéral droit annoncé comme un des joueurs les plus prometteurs des Skyblues. Txiki Begiristain, directeur sportif de Manchester City, a déjà confirmé lundi que son club continuera d'aider Girona en vue de la saison prochaine. Autant dire qu'il est probable de voir d'autres pépites du club britannique découvrir la Liga avec le club catalan. Les Citizens auront ainsi un rôle majeur dans la croissance du club. Les Gerundenses toucheront 40 millions d'euros en droits TV la saison prochaine, contre seulement 6,3 millions cette saison. La Vanguardia rapporte également qu'en 2013 il n'y avait que quatre peña - groupes de supporters officiels du club - contre dix aujourd'hui, pendant que l'affluence du stade a également augmenté au point de voir Montilivi à guichets fermés de façon très régulière. Signe que le club déchaîne de plus en plus de passion dans la région.

À quoi s'attendre pour la saison prochaine ?

Avec ses nouvelles entrées d'argent, liées à la montée, citées ci-dessus, le club va donc pouvoir se moderniser. Le Stade de Montilivi, d'un peu plus de 9.000 spectateurs, devrait connaître un petit lifting cet été, afin de l'adapter aux contraintes de la diffusion télévision de la Liga. En plus d'une belle couche de peinture, des gradins supplémentaires vont être installés, mais la priorité du club reste la construction d'un centre d'entraînement, désormais indispensable pour pouvoir se frotter aux meilleures écuries du pays. Il faut dire que, contrairement à ce qu'on a l'habitude de voir lors de rachats de clubs, le groupe investisseur a placé des gens qui connaissent le "terrain", à l'image de Delfí Geli, ancien joueur et président du club. La direction sportive du club travaille à merveille, et Sport dévoile ainsi que 16 des 24 joueurs de l'effectif sont déjà assurés d'être là l'an prochain, leurs contrats ayant récemment été prolongés. C'est très rare à ce niveau.

C'est d'ailleurs cette stabilité qui a permis au club de terminer dans le haut du tableau à trois reprises en deuxième division, ainsi qu'un équilibre défensive quasiment sans faille. Il ne devrait a priori pas y avoir d'énormes bouleversements lors du mercato, comme ce fut le cas à Alavés par exemple, promu la saison dernière, qui avait même changé son entraîneur l'été dernier. Dimanche, interrogé par l'émission El Transistor de la radio Onda Cero, Pablo Machín confirmait avoir déjà commencé à travailler depuis quelque temps sur la saison à venir aux côtés de Quique Carcel, le directeur sportif du club. Ce dernier a d'ailleurs confirmé l'arrivée de 10 recrues. Il faudra cependant retenir des joueurs du niveau de Pere Pons ou de Portu, qui ont une belle cote de l'autre côté des Pyrénées. Avec un groupe déjà bien fourni et d'excellente qualité et un entraîneur talentueux qui aura l'opportunité de faire ses preuves en Liga pour la première fois, Girona a toutes les cartes en main pour poser de sérieux soucis à plus d'un club en Liga la saison prochaine.

*En Espagne, les deux premiers sont promus automatiquement. Le troisième, quatrième, cinquième et sixième disputent des barrages de montée, avec demi-finale puis finale, en deux matchs. Le vainqueur est le troisième promu.