FC Barcelone - Bayern Munich : les notes du match

Une finale avant l'heure. La demi-finale de Ligue des Champions entre le FC Barcelone et le Bayern Munich, affrontement entre deux des meilleures équipes d'Europe, sinon les meilleures, n'aurait pas dépareillé à Berlin le 6 juin prochain. Seulement voilà, le hasard du tirage au sort les a mis à face à face dans le dernier carré. Parmi leurs nombreuses ressemblances, un dénominateur commun à l'importance cruciale : Pep Guardiola, pur produit catalan, de joueur à entraîneur sous le maillot blaugrana avant de filer sur le banc bavarois en 2013, et sa philosophie de jeu. Si elle prend deux formes différentes de l'Espagne à l'Allemagne, elle reste similaire dans la volonté de construire patiemment, exceller dans la maîtrise technique et ainsi étouffer l'adversaire par la possession du ballon.

Les débats partaient sur des bases particulièrement alléchantes avec un jeu direct vers l'avant, sans le moindre round d'observation. Suarez se heurtait rapidement à Boateng dans la surface de réparation du Bayern et chauffait le Camp Nou (4e). Lewandowski puis ce même Suarez tentaient également leur chance de frappes sans danger (7e) ; le rythme de la rencontre était particulièrement soutenu, et le jeu sans fioritures. Après avoir remporté le premier duel, Boateng laissait cette fois filer son vis-à-vis uruguayen dans son dos mais celui-ci butait sur la jambe droite de Neuer lors du face-à-face (12e). C'est ensuite Neymar dont la frappe était repoussée par Rafinha devant sa ligne qui était tout proche d'ouvrir le score (15e).

Du côté bavarois, la première vraie occasion résultait d'une bonne combinaison entre un Müller à la réception d'un long ballon de Neuer et un Lewandowski trop court pour reprendre victorieusement le centre de l'attaquant allemand (18e). Les débats restaient extrêmement animés mais devenaient plus réfléchis ; la bataille du milieu de terrain faisait rage et le jeu d'évoluer peu à peu jusqu'à la pause. Au retour des vestiaires, le Bayern semblait le mieux revenu sur le pré mais sa domination demeurait stérile. De l'autre côté, le Barça obtenait quelques opportunités via ces frappes de Messi (57e, 64e) ou ce ballon dans le dos de la défense à destination de Neymar (61e) que Neuer anticipait bien en sortant de sa surface de réparation.

Et c'est finalement le Barça qui ouvrait le score en fin de match ; Rakitic combinait avec Alves côté droit pour trouver Messi dans l'axe, lequel crochetait avant de frapper. Sa tentative rebondissait devant Neuer qui ne pouvait que constater les dégâts (1-0, 77e). Quelques instants plus tard, le génie argentin s'emparait du cuir à droite de la surface de réparation, ridiculisait un Boateng défendant sur ses talons avant de piquer le ballon devant Neuer (2-0, 80e). La messe était dite pour cette manche mais laissait un petit espoir au Bayern pour le match retour. Mais le troisième but signé Neymar, sur une passe de Messi, dans le temps additionnel (3-0, 90e+3), sonne comme le chant du coq pour la formation d'un Pep Guardiola qui n'aura pas trouvé la clé sur son ancienne pelouse.

L'homme du match : Lionel Messi (9): le virtuose argentin a une nouvelle fois frappé. Avec deux buts, et une passe décisive, le petit barcelonais a vaincu le champion d’Allemagne en trois minutes. Avant sa première réalisation, le buteur blaugrana avait de nombreuses fois tenté de forcer le verrou bavarois mais la majorité de ses dribbles et combinaisons n’aboutissaient pas. Bien cerné par la défense allemande, il a dû attendre le dernier quart d’heure pour devenir flamboyant. Une première fois d’abord en venant crucifier l’excellent Neuer d’une frappe lourde, et précise à la fois, à l’entrée de la surface allemande (77e). Puis une nouvelle fois trois minutes plus tard. Après avoir littéralement enrhumé Boateng, il battait le portier allemand d’un somptueux piqué du droit (80e). Rajoutez ensuite une passe décisive pour le dernier but catalan (90e+3) et vous ne pouvez que constater le génie du numéro 10 barcelonais. Splendide.

FC Barcelone :

• Ter Stegen (6): peu sollicité dans cette partie, le portier a assuré lorsqu’il le fallait. Parfait dans les airs (48e), il a su rester vigilant sur les quelques frappes du Bayern (70e). Match très tranquille pour lui.

• Alves (7): bon match pour lui ce soir. Vif et appliqué défensivement, il n’a jamais été inquiété dans son couloir droit. Avec un bon pressing et quelques retours salvateurs, il a parfaitement défendu. Et le Brésilien aurait même pu être buteur mais sa frappe en bout de course était parfaitement détournée par Neuer (38e). Il était ensuite décisif puisque c’est lui qui éliminait Bernat avant de servir Messi pour l’ouverture du score (77e). Averti (45e).

• Piqué (6,5): aspiré naïvement par le débordement de Müller, il laissait Lewandowski seul au point de penalty qui ratait l’immanquable. Une erreur de marquage qui aurait pu coûter cher (17e). Mais par la suite, l’Espagnol a été parfait. Propre dans ses interventions, serein dans la relance, il a très rarement été inquiété. Une belle rencontre qui a permis au Barça de garder sa cage inviolée. Averti (66e)

• Mascherano (7): tout comme son homologue de la charnière centrale, l’Argentin a été excellent. Auteur de nombreuses interventions, parfois décisives (9e), il a été vigilant et concentré tout le long de la rencontre. Grâce à sa bonne vision du jeu, il a souvent mis fin aux attaques bavaroises en anticipant parfaitement (50e). Très rarement inquiété, il a veillé au grain. Solide. Remplacé par Bartra (88e).

• Jordi Alba (6): match correct pour le latéral gauche. Attentif défensivement en bloquant bien son couloir, il a cependant été beaucoup moins tranchant offensivement que son pendant à droite. Parfois trop imprécis (43e), il a manqué de lucidité dans le dernier geste. À noter tout de même un bon placement qui lui a permis de bien tenir son rang derrière.

• Rakitic (7): très bonne performance pour lui ce soir. Solide défensivement, il a parfaitement su contrôler l’entrejeu. Grâce à de nombreux efforts, il a su apporter son soutien sur le front de l’attaque mais également défensivement grâce à un très bon pressing et quelques bonnes interventions. A noter également quelques lourdes frappes qui n’ont jamais inquiété Neuer (39e) et une passe décisive pour Messi sur le second but (80e). Complet. Remplacé par Xavi (82e) qui a apporté toute son expérience pour gérer la fin de match.

• Busquets (6): un cran en dessous par rapport à ses compères de l’entrejeu, il a tout de même récupéré quelques ballons dans les pieds bavarois. Une bonne présence défensive mais également une grande facilité à orienter le jeu de sa formation. Moins en jambes à la reprise, il s’est quelque peu éteint mais a tout de même imposé son physique dans le cœur du jeu.

• Iniesta (7): une nouvelle belle performance pour le capitaine blaugrana. Toujours aussi précis dans ses transmissions, il a su accélérer le jeu de sa formation lorsqu’il le fallait en brisant les lignes. Grâce à son aisance technique, il a clairement fait la différence au milieu de terrain. Quelques accélérations au bon moment qui ont permis de déstabiliser l’ensemble du bloc allemand à plusieurs reprises. A noter également très peu de déchet. Propre. Remplacé par Rafinha (86e).

• Messi (9): voir ci-dessus.

• Suarez (7,5): solide et généreux dans l’effort, l’Uruguayen a réalisé une belle rencontre. Le plus dangereux en première période, le buteur aurait pu inscrire son nom au tableau d’affichage mais Neuer a toujours été présent sur la plupart de ses tentatives. Tout d’abord en début de rencontre lorsque l’attaquant voyait sa frappe parfaitement captée par le portier allemand (6e). Puis quelques minutes plus tard lorsqu’il perdait son duel face au gardien qui effectuait une superbe parade (10e). Et lorsque le portier n’était pas sur la trajectoire, Suarez ne trouvait pas le cadre, comme sa tête sur corner (26e). Beaucoup d’efforts et de nombreuses bonnes transmissions à ses partenaires. Dommage.

• Neymar (7,5): bon match pour le jeune brésilien également. Assez silencieux en début de rencontre, il aurait pu tout de même ouvrir le score mais sa frappe était contrée in extremis (14e). Peu sollicité jusqu’à la pause, il a tenté de décrocher pour lancer les offensives catalanes, mais la défense bavaroise se montrait solide. Bien plus percutant au retour des vestiaires, ses nombreuses percussions ont finalement payé puisque c’est lui qui inscrit le dernier but de sa formation dans les dernières secondes de la rencontre d’un plat du pied parfait (90e+3). Un troisième but qui pourrait d’ores et déjà envoyer le Barça en finale de la plus prestigieuse des compétitions européennes. Averti (68e).

Bayern Munich :

• Neuer (7) : il a absolument tout arrêté, tout repoussé, tout anticipé jusqu'aux abords du dernier quart d'heure. Sa capacité à capter les tentatives de Suarez (4e, 7e), Rakitic (40e) ou Messi (36, 57e) pour ne pas donner de seconde chance aux Catalans ainsi que son aptitude à gagner ses face à face devant Suarez (12e) et Alves (39e), sans compter ses sorties hors de sa surface comme devant Neymar (61e) ont écœuré le Barça. Jusqu'à ce que Messi fasse tomber la foudre deux fois au même endroit (77e, 80e), et que Neymar ne le crucifie une troisième fois en duel (90e+3).

• Rafinha (5,5) : c'est lui repousse devant sa ligne une frappe de de Neymar à bout portant (15e). En dehors de cela, il n'a que rarement eu affaire au Brésilien qui s'est montré plutôt discret jusqu'à la fin de match. Ses montées n'ont pas apporté grand chose dans le contexte de la soirée mais ont eu le mérite d'exister. Sa tentative de sauvetage acrobatique est vaine sur le deuxième but de Messi (80e).

• Benatia (4) : deux mi-temps bien différentes pour l'international marocain. Une première lors de laquelle il a fait montre d'une certaine assurance, en se montrant intraitable devant Neymar (11e) et sérieux à la relance (4e). Une seconde période lors de laquelle, rapidement averti pour une faute sur Iniesta (52e), il a été nettement moins tranchant pour finalement prendre le bouillon.

• Boateng (5) : alors effectivement, on retiendra sa pathétique chute en arrière devant Messi comme l'une des images du match. Mais c'est en partie grâce à lui si le Bayern n'avait pas cédé plus tôt. Rugueux sur Suarez dès le début du match (4e), avant de le laisser partir dans son dos (12e), il allait par la suite chercher l'Uruguayen très haut (27e). Sérieux dans les duels, il relançait bien (39e, 43e) en première période. Quant au dernier quart d'heure qu'il a vécu, tout le monde le connaît...

• Bernat (3,5) : face à un Suarez des grandes nuits européennes qu'il a été impossible de museler, il a compris dès les premiers instants du match qu'il passerait une rude soirée. Averti pour faute sur Messi (56e), ses capacités défensives étaient rapidement amputées. Effacé trop facilement pas Alves sur le premier but de Messi (77e), c'est également de son côté que vient le deuxième but de l'Argentin (80e).

• Lahm (4,5) : assez propre dans l'entrejeu, souvent moins un cran plus haut, à l'abord de la surface de réparation du Barça, il a proposé un jeu un peu trop simple et naïf, fait de passes courtes sans impact réel sur le jeu. A rempli son rôle défensivement mais n'est jamais vraiment parvenu à prendre la pleine mesure des débats.

• Xabi Alonso (5) : dans le système de Pep Guardiola, il joue devant la défense lors des phases défensives et recule en revanche d'un cran à la construction des offensives de son équipe, lorsque les latéraux montent très haut. Souvent premier relanceur de fait, il a parfois peiné mais imposé en échange un gros défi physique. Un coup franc intéressant botté dans le mur (47e).

• Schweinsteiger (4) : son agacement en fin de match est aisément compréhensible. Cantonné aux besognes défensives ou a un jeu stérile de passes latérales sans jamais entrevoir de failles dans l'arrière-garde barcelonaise, il n'a jamais pu exprimer ses qualités, d'abord étouffé au milieu de terrain en première mi-temps puis au sein d'une équipe dénuée de possibilités offensives.

• Müller (3,5) : hormis cette action lors de laquelle il remise parfaitement le ballon de la tête sur un long dégagement de Neuer pour chercher le une-deux avec Lewandowski et retrouver le Polonais au point de penalty sans que celui-ci ne pousse le cuir au fond des filets (18e), il n'a pas que trop peu pesé sur le match. Remplacé par Götze (80e).

• Thiago (4,5) : si offensivement, sa partition n'a pas été bien loin du néant du fait de la bonne défense catalane et du manque d'allant de son équipe, il s'est en revanche montré plus à son aise dans les tâches défensives en imposant un pressing agressif et efficace sur le porteur du ballon (21e, 24e). Mais ce n'est vraisemblablement pas dans ce registre que Pep Guardiola l'attendait...

• Lewandowski (4) : vêtu d'un masque de protection qui l'a visiblement gêné, le Polonais a eu toutes les peines du monde à se mettre en évidence. Ses seules tentatives auront été cette frappe sur une erreur d'appréciation de Piqué (7e) ainsi que ce centre de Müller sur lequel il est un peu court (18e). Rien à signaler après la pause.