Porto - Lille : les notes du match

« On s’est qualifiés pour avoir droit à ces matches de qualifications. On va tout faire pour passer, on donnera le maximum et si on peut faire douter cette équipe on ne va pas se gêner ». Le challenge était de taille, mais René Girard voulait y croire. En dépit du revers concédé à domicile face à Porto dans le premier round des barrages (0-1), le LOSC voulait jouer sa chance à fond. Des ambitions palpables dans les propos, pas sur l'entame, où ce sont les locaux qui se démarquent. Les Dragões monopolisent le ballon et imposent un gros pressing, qui gêne sensiblement les Dogues.

Très logiquement, les vagues offensives ne tardent pas. Les occasions non plus : Ruben Neves, au terme d’une remarquable combinaison sur corner (6e) et Jackson Martinez sur une reprise (10e), allument les premières mèches, alors que le match vire déjà à la démonstration technique. Il faut attendre un bon quart d’heure pour voir les Dogues sortir de leur torpeur, et réagir petit à petit dans le jeu, alors que l’adversaire baisse le pied. A la demi-heure de jeu, les hommes de René Girard font même mieux que jeu égal avec leur adversaire. Positionnés bien plus haut, ils parviennent à s’offrir quelques séquences de possessions dans le camp adverse, mais il n’en découle qu’une seule occasion, initiée mais non conclue par Gueye (29e). A la pause, la rencontre apparaît bien plus équilibrée qu’à son départ.

Pourtant, le LOSC est bousculé dès la reprise, alors qu’Herrera vient claquer une tête qui oblige Enyeama à intervenir pour la première fois de la rencontre (47e). Un signe avant-coureur : c’est sur l’action suivante, que Porto ouvre le score, grâce à Brahimi, auteur d’un coup-franc imparable depuis les 25 mètres (1-0, 49e). Dès lors dans l’obligation d’en planter deux, le LOSC réagit dans le même registre que l’international algérien, avec Corchia à la baguette, mais sans réussite (52e). Roux y va de sa tête (56e), Lille pousse, mais les Dragões retrouvent leurs esprits à l’heure de jeu pour opposer une meilleure résistance. Et pas seulement dans le but de tenir le score. Les locaux profitent en effet de leurs plus rares cartouches offensives, et une mauvaise transmission de Souaré conduira à la réalisation de Jackson (2-0, 69e). Sonnés, les Lillois ne réagiront pas. Le rêve de Ligue des Champions s’évapore, le LOSC jouera l’Europa League.

L'homme du match : Yacine Brahimi (8) : tout simplement monstrueux. Redoutable dans les duels et techniquement formidable, l'ancien Rennais a mis au supplice toute l'équipe lilloise et aura débloqué la rencontre d'un maître de coup-franc au retour des vestiaires (49e). Buteur, puis passeur décisif pour Jackson Martinez (69e), il a brillé sur ce match. Sa capacité à jouer simple, sans fioritures, et toujours vers l'avant, aura été la clé du match pour le FC Porto. Remarquable.

FC Porto :

• Fabiano (6) : hormis une superbe parade après le retour des vestiaires (52e), le Brésilien n'aura absolument rien eu à faire ce soir, se contentant d'être vigilant sur ses sorties au sol et de bien négocier ses relances.

• Danilo (7,5) : excellent match de la part du latéral droit brésilien. Très offensif, il a causé énormément de soucis à la défense lilloise sur son couloir via des montées rageuses et des centres d'une précision redoutable. Capable de faire la différence, il a également bien tenu son rang défensivement. Un match plein.

• Maicon (7,5) : ce soir, le défenseur central de 25 ans a livré une prestation de patron dans la charnière. Littéralement impassable, il a régné en maître sur les duels face aux attaquants lillois, à l'image de cette intervention magnifique dans sa surface (29e). Intelligent dans son positionnement, il a également montré beaucoup de précision et de sérénité dans la relance.

• Martins Indi (6) : initialement défenseur central avant de passer sur le couloir gauche suite à la sortie de Sandro, le Néerlandais aura passé un match assez tranquille. S'il n'a pas eu grand chose à faire, il a profité de l'apathie lilloise pour s'offrir quelques montées bien senties en seconde mi-temps.

• Sandro (non noté) : rapidement blessé dans la partie, il est remplacé par Reyes (5,5) avant la mi-temps (38e). L'international mexicain, aligné en défense centrale, aura réalisé une bonne partie, se concentrant à bien réussir ses interventions.

• Neves (6,5) : à seulement 17 ans, le jeune portugais a offert une prestation remarquable ! Fort d'une technique parfaitement maîtrisée, il a créé de nombreuses brèches dans la défense lilloise et aura touché énormément de ballon, notamment en première période. Moins en vue après la pause, il a tout de même su trouver de parfaits angles de passes pour ses attaquants. Remplacé par Evandro (62e).

• Casemiro (6) : belle partie du Brésilien, prêté par le Real Madrid cette saison. Très technique, il a apporté beaucoup de sérénité dans l'entrejeu et a formé un triangle remarquable dans l'entrejeu avec ses partenaires du milieu. Précis et altruiste, il a parfaitement orienté le jeu de son équipe. Remplacé par Pereira (84e).

• Herrera (7) : quel travail dans l'entrejeu de la part du Mexicain ! Fort d'un pressing incessant, il a gratté de nombreux ballons dans les pieds lillois et a constamment apporté le danger, se montrant incisif sur chacune de ses prises de balle. Il aurait même pu s'offrir un joli but sans l'intervention d'Enyeama (47e) tandis que ses appels entre les lignes adverses ont fait mal aux Dogues.

• Brahimi (8) : voir ci-dessus.

• Martinez (6,5) : il avait commencé son match en s'amusant dans la surface lilloise (7e), il le termine en ayant inscrit le but qui a scellé la qualification de son équipe (69e). Toujours bien placé et excellent dans la conservation du ballon, il a beaucoup pesé sur l'arrière-garde adverse, de par ses appels ou bien ses chevauchées balle au pied. Doté d'un bon coup d’œil, il a également bien servi ses partenaires de l'attaque.

• Torres (6,5) : grosse prestation du jeune espagnol de 20 ans. Ce soir, le milieu offensif prêté par l'Atético aura tout fait, et surtout très bien fait. Insaisissable et très percutant, il a toujours joué juste en attaquant, jouant son jeu et a aussi fait jouer ses partenaires. Mieux, il a également beaucoup travaillé dans le repli défensif.

Lille :

• Enyeama (4,5) : rencontre frustrante pour le portier nigérian. Finalement peu mis à contribution, il a sorti une belle parade sur une tête d’Herrera (47e), avant de s’incliner quelques instants plus tard sur la frappe imparable de Brahimi sur coup-franc (49e), puis devant Martinez (69e). Les seuls ballons chauds qu’il a eu à négocier.

• Beria (4) : sans aucun doute le joueur lillois qui a le plus souffert lors des 20 premières minutes infernales du FC Porto. Plus largement, le latéral a souffert face à la vitesse et aisance technique des Torres ou Brahimi. Malgré une amélioration au fil des minutes, on ne compte pas les débordements dont il a été victime depuis son flanc.

• Kjaer (7) : il a parfaitement répondu au défi physique imposé par Jackson. Toujours proche de l’avant-centre colombien, le Danois ne lui a pas concédé le moindre espace, et n’est pas impliqué négativement sur sa réalisation en fin de rencontre (69e). Au four et au moulin, il a multiplié les interventions, et fut de loin le meilleur Lillois de la soirée. Un niveau LdC, à n’en pas douter.

• Rozehnal (5,5) : remplaçant de l’indiscutable Marko Basa, blessé, l’international tchèque n’a pas démérité. Quelques bonnes anticipations à mettre à son actif, et un placement presque toujours irréprochable. Presque, car impossible de ne pas mentionner son attitude sur le but de Jackson, où il a préféré jouer le hors-jeu plutôt que suivre l’avant-centre colombien… Un accroc qui coûte cher.

• Souaré (4) : bilan mitigé pour le Sénégalais. Auteur d’une solide première période, où il a plutôt bien tenu son couloir tout en s’offrant quelques retours bien sentis, il a cédé dans le second acte. C’est lui, qui a perdu le ballon qui a profité à Brahimi et Jackson Martinez sur le second but portugais (69e), avec une mauvaise transmission.

• Balmont (4) : l’aboyeur lillois n’a pas eu son influence habituelle. Débordé par le pressing adverse, il n’a pas pu récupérer le lot de ballons dont il est coutumier, bien qu’il ait souvent apporté son aide en défense et effectué quelques bonnes interventions. Une influence limitée, ce qui s’est bien ressenti dans le jeu du LOSC. A cédé physiquement en seconde période.

• Mavuba (4,5) : constat semblable à celui de son compère de l'entrejeu Balmont. Quelques transversales, quelques ballons grattés, mais une influence limitée dans le jeu. Une prestation insuffisante.

• Gueye (4,5) : du bon et du moins bon dans cette rencontre. S’il a lui aussi souffert à l’entame, il s’est bien ressaisi par la suite, faisant montre de sa capacité de projection, dont une belle occasion, qu’il a initié avec une récupération haute mais manqué de conclure avec l’intervention de Maicon (29e), est l’exemple parfait. Très actif à la récupération, il a cependant cédé avec les minutes. Remplacé par Delaplace (77e).

• Corchia (4,5) : une bonne volonté, comme toujours. Mais sur ce match, mis à part un bon coup-franc (52e) qui a forcé le portier adverse à s’interposer, il ne s’est pas signalé sur le front de l’attaque, lui qui était une nouvelle fois aligné dans une position haute sur la pelouse. Pas avare en replis défensifs, il n’a pas assuré le job au mieux. Remplacé par Lopes (71e).

• Roux (4) : c’était la rencontre frustrante type pour un avant-centre, l’ancien Brestois l’a traversé seul en pointe, avec un faible nombre de ballons à négocier. Sur l’un d’eux, il ne réalise pas la meilleure des transmissions pour Gueye (29e), sur un autre, il n’a pas trouvé le cadre de la tête (56e). Remplacé par Mendes (67e).

• Origi (4) : quelques fulgurances techniques, deux déboulés dans le camp adverse, un dans le premier acte, un dans le second... et c’est tout. Relativement discret, il n’a pas su faire fructifier les ballons dont il a hérité.