William Gallas explique ce qui différencie les clubs anglais des clubs français en Ligue des Champions

Par Sébastien DENIS
6 min.
Tottenham Hotspur @Maxppp

Parvenue à inscrire quatre de ses clubs en finale des coupes d'Europe, la Premier League a frappé très fort. De passage dans nos bureaux, William Gallas s'est confié sur cette prise de pouvoir du football anglais sur la scène continentale. L'ancien international tricolore a également confié les raisons des difficultés des Français en Europe, notamment cette saison...

Considérée par beaucoup comme le meilleur championnat du monde, la Premier League avait souffert la comparaison, notamment avec la Liga ces dernières années en Coupe d’Europe. Les clubs anglais ont remis les pendules à l’heure cette saison en s’offrant une double finale 100 % anglaise en Ligue Europa et en Champions League. Si Chelsea a remporté la C3 aux dépens d’Arsenal (4-1), la rencontre de samedi entre Tottenham et Liverpool promet d’être spectaculaire.

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Mais comment expliquer cette outrageuse domination du football anglais sur la scène continentale ? De passage dans nos bureaux il y a quelques jours, William Gallas, ancien joueur de Chelsea, d’Arsenal et de Tottenham, connaît bien les clubs finalistes, et plus globalement la Premier League, d’autant qu’après une carrière riche sur les prés anglais (2 titres de champion de Premier League avec les Blues, 321 matches - 25 buts), l’ancien roc de l’équipe de France sévit aujourd’hui sur RMC en tant que consultant et ne rate pas une miette de la Premier League.

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« À Anfield, les joueurs du Barça n'ont rien compris à ce qui leur arrivait »

Et pour William Gallas, l’intensité mise par les clubs anglais est l’une des principales raisons de leur insolente réussite en Coupe d’Europe. « Je pense que c'est l'intensité qu'ils ont mise dans ces matches. On a pu le voir lors du Barca-Liverpool, notamment au match retour à Anfield. Les Espagnols n'ont pas compris ce qui leur arrivait. À chaque fois qu'ils encaissaient un but, on avait le sentiment qu'ils étaient impuissants, ils n'avaient pas de répondant. »

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Autre élément qui a sans doute joué en la faveur des Anglais dans cette confrontation, le fait d’y croire jusqu’à la dernière seconde, marque de fabrique d’un championnat ou rien n’est jamais gravé dans le marbre tant que l’arbitre n’a pas sifflé la fin du match.« Dans ce genre de matches, vous avez besoin de quelques joueurs qui remobilisent l'équipe par des mots très forts. Au Barça, il n’y en a aucun qui a pris la parole sur le terrain. Tottenham, face à l'Ajax, jusqu'à la dernière seconde ils y ont cru. Ce qu'il faut savoir c'est que dans le championnat anglais, c'est comme ça tous les week-ends. Peut-être que dans d'autres pays cela peut paraître surprenant, mais en Angleterre on sait qu'un match n'est pas terminé tant que l'arbitre n'a pas sifflé. Tottenham l'a très bien montré et c'est peut-être pour ça qu'il y a quatre équipes anglaises en finale. »

« En Ligue des champions, il a manqué au PSG des joueurs qui prennent la parole sur le terrain »

Intensité, force psychologique, impact dans les duels, leadership, sont autant de qualités qui caractérisent les clubs anglais. Et ce sont ces mêmes qualités qui font défaut aux clubs français. Pour William Gallas, tant que les clubs français, et en particulier le PSG, n’auront pas compris cela, ils n’y arriveront pas. « Si on doit parler de l’équipe du PSG face à Manchester United, il lui a manqué des joueurs qui prennent la parole sur le terrain. Ça peut être le capitaine, cela peut être des joueurs qui ont un peu plus d’expérience sur le terrain. On a beaucoup demandé à Kylian (Mbappé) et il ne faut pas oublier qu'il n’a que 20 ans. Si sur ce match-là, il a été moins bon, il aurait fallu que des joueurs d’expérience prennent le relais comme Thiago Silva, Marquinhos ou Marco Verratti. Ce sont ces joueurs-là qui auraient dû réunir les joueurs et dire : ''écoutez les gars, on est moins bien, mais là il ne faut pas qu’on déconne, il faut qu’on se qualifie.'' »

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L’ancien roc défensif de Chelsea parle en toute connaissance de cause et a bien connu ce type de situation. « À aucun moment, on n’a pu voir ça sur le terrain. Je peux en parler, je l’ai vécu. Il y a des matches ou on était moins bien. Des matches où on avait l’impression qu’on n’arrivait pas à répondre physiquement par rapport à l’équipe adverse, mais on avait des joueurs qui haussaient le ton. J’ai eu des coéquipiers comme John Terry, Claude Makelele ou Didier Drogba. Quand on était moins bien, ces joueurs-là prenaient la parole sur le terrain. Quand un joueur était blessé sur le terrain, on se réunissait et ces joueurs-là haussaient le ton et c’est ce qu’il manque aux équipes françaises. Il va falloir qu’elles comprennent que dans les grandes compétitions, il ne suffit pas de bien joueur au ballon, il faut se rentrer dedans. »

« C’est bien de vouloir jouer au ballon, mais si vous ne mettez pas d’intensité dans les matches... »

Bien jouer au ballon ne suffit donc pas, et l’ancien défenseur de l’OM espère que cela servira de leçons aux clubs français pour les prochaines éditions. « C’est dommage parce qu’on a des équipes qui auraient pu faire quelque chose cette année. Rennes a été jusqu’au bout et a fait un joli parcours. On aurait voulu voir le PSG ou l’OL aller plus loin dans la Champions League. J’espère que les erreurs qui ont été commises cette année vont servir pour l’année prochaine. Il va falloir que les entraîneurs puissent inculquer à leurs joueurs, surtout dans ce genre de compétition, que les coupes d’Europe n’ont rien à voir avec le championnat. Il va falloir faire plus, demander aux joueurs de faire plus. Que les joueurs soient capables de faire ce que les entraîneurs leur demandent. »

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Mais à écouter Gallas, il n’y a pas qu’en France que le beau jeu a plombé les ambitions d’un club. Il prend en exemple Manchester City, qui a totalement déjoué en Ligue des Champions, une fois encore. « C'est ce qu’il va falloir intégrer dans les équipes françaises. C’est bien de vouloir jouer au ballon, mais si vous ne mettez pas d’intensité dans les matches, vous allez pécher. Pour moi le meilleur exemple c’est Manchester City. C’est une équipe qui joue très bien au ballon. Mais dès que vous mettez beaucoup d’intensité que vous pressez, ils sont perdus. Cela montre aussi que le football a complètement changé. Il faut savoir jouer au ballon, il faut savoir faire des phases de jeu mais à côté de ça, au niveau du contact, au niveau des duels, il faut savoir être présent. »

Nul doute qu’entre Tottenham et Liverpool on devrait être servi samedi soir (match à retrouver sur RMC Sport à 21h et en live commenté sur Foot Mercato). Pas les équipes les plus attendues et les plus spectaculaires en terme de jeu, mais sans doute les équipes qui avaient le plus envie de soulever la plus célèbre des compétitions de clubs au monde…

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