Comment Ghislain Printant a transfiguré Bastia

Par Dahbia Hattabi
8 min.
Bastia Ryad Boudebouz @Maxppp

En 2015, un nouveau vent de fraîcheur souffle sur le SC Bastia. Lancé dans la course au maintien, le club corse affiche un bel état de forme ces dernières semaines. Un renouveau que le Sporting doit en grande partie à Ghislain Printant qui a su remettre sur pied une formation en mal de points.

Entre le Sporting Club de Bastia et Ghislain Printant, c’est l’union parfaite. Une fois le divorce entre Claude Makelele et le club corse consommé, le technicien âgé de 53 ans est venu au chevet d’une formation pointant à une 19ème place peu reluisante. Une ultime défaite face à Guingamp a en effet condamné un Makelele venu gagner ses galons d’entraîneur principal au SCB. Un revers qui a marqué l’équipe se souvient Ryad Boudebouz : « Je n’ai pas parlé avec les joueurs après le match. Mais dans l’avion, tout le monde était abattu. Avec l’équipe qu’on a, on savait qu’on pouvait beaucoup mieux faire. Avec de bons joueurs, on devait faire de meilleurs matches ». A cette époque, le bilan du Sporting ne plaide pas en faveur de Makelele. Sous ses ordres, l'équipe a totalisé 2 victoires, 4 nuls et 6 défaites en L1. «C'est un bilan un peu compliqué. Il est arrivé avec de bonnes intentions, explique Mathieu Peybernes. Il avait une équipe à renouveler du fait qu'il y a eu beaucoup de départs la saison passée. Il a essayé de mettre en place un schéma tactique. Malheureusement, ça a mis du temps à prendre. Les résultats n'étaient pas là et ne suivaient pas ce qu'on essayait de mettre en place la semaine. Les dirigeants ont décidé de le faire partir. Malgré tout, on avait quand même une bonne entente avec lui». La bonne entente, c'est justement ce que veut retenir Ryad Boudebouz : « Claude est une personne que j’apprécie. Déjà, en dehors du terrain. C’est difficile de parler de son passage. Ce n’est pas à moi de le faire. Personnellement, il m’a donné beaucoup de conseils ».

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La page Makelele tournée, Bastia, dos au mur, confie les rênes de la formation à Ghislain Printant. Entraîneur des gardiens puis des jeunes à Montpellier jusqu’en 2010, il rallie l’Île de Beauté pour prendre en charge le centre de formation. Un homme de l’ombre qui a su d’emblée trouvé les mots pour remotiver les troupes nous explique Ryad Boudebouz : « Il nous a dit je suis là pour trois jours, jusqu’à la fin de la semaine. On va relever la tête, on va bosser dur pendant toute la durée où je serai là. Il nous a remis dedans directement. Il a essayé de nous mettre tous en confiance parce que lui sait ce qu’on est tous capable de faire individuellement. Il a su trouver les mots à ce moment-là pour faire basculer le groupe ». Un discours où Printant a notamment mis l'accent sur des valeurs chères au club corse rappelle Mathieu Peybernes : «Son discours a été clair. Il voulait vraiment nous redonner confiance en nous, en nos qualités et retrouver certaines valeurs qui ont fait la force du Sporting. Il a peut-être mis plus l'accent sur la générosité, le combat et l'agressivité que sur les qualités naturelles des joueurs». Finalement, en l’espace de très peu de temps, le technicien âgé de 53 ans est passé d’intérimaire à entraîneur confirmé par le président Pierre-Marie Geronimi : « Le travail fait depuis quelques semaines est très bon. Les résultats mais aussi la manière sont là. Plutôt que d’aller démarcher d’autres entraîneurs, on a préféré ne pas changer les choses. Les joueurs ont répondu à ses attentes. On sent un groupe qui est à l’écoute ».

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Une équipe reboostée

Il faut dire que sous les ordres de Ghislain Printant, Bastia a retrouvé des couleurs. En 13 matches de championnat, les Corses totalisent 5 victoires, 5 nuls et 3 revers. Surtout, ils restent sur une impressionnante série de 8 matches sans défaite en L1 et occupent actuellement à la 13ème place. De quoi donner le sourire à tout un club dont le maintien est l’objectif prioritaire : « On ne se prend pas la tête. On prend les matches les uns après les autres, indique Boudebouz. On essaye de répéter les bonnes performances. Quand la confiance est là, c’est plus facile. On fait beaucoup d’efforts et on joue bien au football par rapport à avant où c’était brouillon. On prend du plaisir. Ça a totalement changé. Après la Ligue 1 va très vite. On en est conscient. Mais on a envie de poursuivre cette série ». Un sentiment que partage forcément son coéquipier Mathieu Peybernes : «On vit très bien cette période parce qu'on revient de loin. Le chemin est encore long. On voit que les concurrents pour le maintien font des résultats positifs. On a fait des choses extraordinaires depuis janvier. On a réussi à battre le PSG à domicile, à faire cette série de 8 matches sans défaite qui nous permet d'avoir beaucoup d'espoirs pour la fin de saison. Le fait de ne pas perdre, d'engranger de la confiance, de gagner nos matches à domicile, fait qu'on est dans une dynamique positive. Quand on reçoit des équipes concurrentes pour le maintien, on arrive à faire la différence beaucoup plus qu'en début de saison. On a eu ce déclic et cet état d'esprit qui font qu'on aborde les matches différemment».

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Un déclic qui s'est traduit par une première victoire acquise face au MHSC. «Le premier déclic qu'on a eu, c'est le match contre Montpellier où on gagne 2 à 0 à domicile, affirme Peybernes. C'était le premier match de Ghislain Printant. On a vraiment senti une équipe qui était remotivée. Le fait de voir Claude Makelele limogé nous a touché». Après avoir tâtonné, Bastia et Printant restent sur une série d'invincibilité incroyable en L1 marquée par une victoire 4 à 2 face au PSG lors de la 20ème journée. Un succès qui a fait du bien à la bande à Ryad Boudebouz. « Mentalement, ça a joué sur tout le monde. On bat la meilleure équipe de France. On a pris confiance. Nous après ce match, on avait envie de bonifier la victoire face au PSG parce que le plus important est de battre les concurrents directs. Gagner contre les gros et perdre contre les petits, ça ne sert à rien. Il faut faire de bons matches contre les équipes de notre championnat. Tout le monde l’a compris et c’est tant mieux. Il faut conserver cette mentalité. C’est notre force ». Un match qui comptera forcément au moment d'affronter le PSG en finale de Coupe de la Ligue le 11 avril prochain : «Aujourd'hui, on ne part pas favoris au niveau des pronostics. Dans un match, tout est possible, indique Peybernes. On n'était pas favori face à Monaco. Mais le soutien du public nous a aidé. Beaucoup de Corses vont se déplacer à Paris. Ca va être une source de motivation supplémentaire. Ce qui est sûr c'est qu'on a confiance en nous. Le PSG aura une petite revanche à prendre sur nous par rapport au match de championnat. On va y aller avec tous nos arguments, notre envie et nos qualités. C'est notre force depuis janvier».

Des valeurs retrouvées

Une mentalité de fer et une rage de vaincre, voici donc la recette du succès du Bastia de Ghislain Printant. : «Il nous apporte cette culture de la gagne importante au Sporting. Il a vraiment transmis les valeurs qu'il faut inculquer aux joueurs pour jouer dans ce stade et cette ambiance qui sont particuliers, insiste Peybernes. Il a réussi à trouver les mots, à toucher nos points sensibles, à nous faire comprendre que jouer pour le Sporting ce n'était pas jouer pour n'importe quel club. Ça je pense que beaucoup l'ont compris à l'arrivée de Ghislain». Tout roule donc pour le Sporting qui en plus d’engranger les points produit un football plutôt intéressant. La patte Printant assurément. «Aujourd'hui, il amène une rigueur tactique et technique qui font qu'on ne prend pas beaucoup de buts poursuit Peybernes. On arrive à être très solide défensivement. Je pense qu'on est une équipe difficile à jouer à l'extérieur. On voit qu'à domicile, depuis Montpellier, on est très difficile à battre (une défaite contre Evian, Ndlr). Je pense que ce sera le cas jusqu'à la fin de la saison. On va être intraitable à domicile parce qu'on sait que c'est notre force, tout en essayant de prendre des points à l'extérieur comme ce week-end face à Nantes». Des résultats qui sont tout sauf anodins. Ils sont notamment le fruit d'un travail important et surprenant de la part du coach à écouter Ryad Boudebouz : « Ce qui me choque chez Ghislain c’est son côté tacticien. Il analyse les équipes contre lesquelles on va jouer pour poser des problèmes. Les coaches que j’ai connu ne s’attardaient pas vraiment sur la tactique en face. Ils montraient juste des vidéos des matches. Là, Ghislain se pose beaucoup de questions. Il sait comment les mettre en difficultés chaque semaine. Ce qu’il nous demande de faire à l’entraînement, marche le week-end. C’est une nouveauté pour moi ».

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A cela, il faut également ajouter ses qualités de meneur d'hommes hors pair. Ses méthodes et ses valeurs parlent énormément à un effectif totalement dévoué à sa cause : « Ghislain a fait quinze ans à Montpellier. Il était adjoint et il connaît beaucoup le football. Tout le monde est obligé de dire qu’il a imposé sa patte à Bastia, souligne Ryad Boudebouz. C’est quelqu’un qui est très proche des joueurs par rapport à son vécu. Il sait vraiment comment s’y prendre. Il a aussi du vécu à Bastia. Il connaît le club mieux que personne. J’ai rarement vu un groupe qui va aussi bien avec un coach. Habituellement, quand les joueurs ne jouent pas ils sont énervés. Là, il arrive à maintenir tous les joueurs concernés à l’entraînement avec la mentalité. C’est pour faire avancer l’équipe. Si on regarde, bien qu’il soit en L1, il a donné sa chance à tout le monde. Il a fait jouer les jeunes en Coupe (...) Je pense que c’était la personne qu’il fallait à Bastia à ce moment là. Ghislain est proche de nous. C'est comme un papa pour nous». Un homme qui fait sans conteste l'unanimité. Passé de l’ombre à la lumière, Ghislain Printant est donc bien le rayon de soleil qu’attendait le Sporting Club de Bastia pour briller sur la Ligue 1.

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