D’un CDI de jardinier-paysagiste à la Ligue 2, la belle histoire de Thomas Delaine

Par Quentin Dagbert
5 min.
Paris Thomas Delaine @Maxppp

Formé au RC Lens, puis parti en CFA à Arras où il avait même signé un CDI de jardinier-paysagiste en parallèle, Thomas Delaine n'avait jamais vraiment réussi à percer dans le monde professionnel, jusqu'au jour où le Paris FC a fait appel à lui pour jouer d'abord en National 1, puis en Ligue 2. Rencontre.

« C'était l'une des semaines plus intenses de ma vie », lâche Thomas Delaine à la sortie du match Paris FC - RC Lens (2-2) au soir de la 18e journée de Ligue 2. À 25 ans, il est papa pour la première fois (un petit Zack) et retrouve son club formateur dans la peau d'un titulaire en Ligue 2. Et si sa semaine fut intense, que dire de son année.

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Un contrat pro au RC Lens

«On peut dire que c'est un conte de fées. Dans ma tête, je me suis dit que si, à 25 ans, je n'avais pas percé, il fallait tourner la page. Pour ma 25ème année, j'avais commencé à travailler et le PFC est venu me chercher avec l'histoire que l'on connaît derrière», commente le latéral gauche avec émotion. Et pour vous raconter son parcours hors-norme il faut commencer au RC Lens où Thomas Delaine débute à l'âge de 14 ans.

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Le défenseur poursuit toute sa formation de jeune footballeur chez les sang-et-or en remportant notamment le championnat de France U18 et en finissant vice-champion en U17. Jusqu'à obtenir le graal, un contrat professionnel de deux ans. «C'était l'époque où il y avait Antoine Sibierski (directeur sportif) et le Crédit Agricole à la tête du club. Eux, ils croyaient en moi donc je pensais que c'était parti », raconte Thomas Delaine avec nostalgie.

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La cave de Mammadov

Un mois après sa signature, c'est l'ère Hafiz Mammadov qui démarre au RCL avec un changement de projet complet et une mise à la cave pour lui. Il repart alors de zéro et essaye de prendre son mal en patience en équipe B. «Avec le recul, je pense que ça n'est pas bon de végéter dans une équipe réserve d'un club professionnel, la visibilité n'est pas la même que dans une autre équipe de CFA », considère-t-il.

À Lens, ça ne se termine pas comme il le souhaite. Plus le temps passe, plus l'écart encore le groupe de jeunes et lui se creuse. À ce moment-là, il a l'impression que sa carrière lui échappe. «Combien de fois j'ai voulu claquer la porte de Lens... mais je ne peux pas cracher dessus. Aujourd'hui, je n'ai aucune rancœur. En tant qu'homme, ils m'ont guidé pour devenir la personne que je suis aujourd'hui », relativise-t-il. Au terme de son contrat à la Gaillette, il débarque à Arras en CFA 2 avec l'ambition, d'abord, de retrouver goût au football.

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Reprendre goût au football

Sans regret et sans rancœur donc, c'est avec l'Arras Football Association qu'il continue à déborder sur son côté gauche. «Je ne regrette pas mon choix d’être retombé dans le football amateur. Peut-être que, sportivement, on peut considérer ça comme un échec, mais en tout cas, humainement, ça m'a apporté énormément», admet-il.

Au moment où il pense que le haut niveau n'est pas fait pour lui, Thomas Delaine va se révéler dans cette équipe d'Arras. «Je me suis retrouvé à un niveau de jeu que je ne pensais pas atteindre», se remémore-t-il. À l'entraînement, il enchaîne même les séances supplémentaires. Mais pas parce qu'il ambitionne de retrouver le monde professionnel, non. Parce qu'il aime courir et rester en forme, tout simplement.

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Au contact de la nature

Et comme son contrat amateur en National 2 ne lui suffit pas à vivre, les dirigeants arrageois l'aident à trouver un travail à côté. C'est alors que Thomas Delaine décroche un CDI de paysagiste-jardinier. «Je ne me voyais pas derrière un bureau. C'était pour être au contact de la nature, c'était quelque chose qui me correspondait», raconte-t-il. Et c'est seulement après quinze petits jours de jardinerie que le Lensois de naissance reçoit un appel de Pierre Dréossi, le manager général du Paris FC. Le club parisien, qui s'apprête à reprendre la saison en National 1, souhaite le recruter.

Il faut dire que Thomas Delaine sort de deux saisons pleines à Arras, ses performances ne sont pas passées inaperçues. «Avec ma vitesse, on me remarque plus facilement sur le terrain. J'étais devenu un des cadres de l'équipe, ils ont vu en moi un certain potentiel», admet-il.

Le challenge capital

Mais le latéral gauche réfléchit à cette proposition, il ne sait pas quoi en penser. Lui qui n'a jamais quitté son Pas-de-Calais natal. «Pour moi, à 25 ans, c'était fini. J'étais passé à autre chose. J'avais mon CDI, ma compagne aussi, je savais que mon fils allait arriver en décembre, ça me faisait un peu peur de partir sur un nouveau contrat d'un an, plus une année en option en cas de montée. C'est ça qui m'a fait hésiter», s'explique-t-il.

Finalement, il accepte le challenge parisien et, quelques jours plus tard, la nouvelle tombe : le Paris FC jouera en Ligue 2 cette saison. La Commission d'appel de la FFF annonce la relégation de Bastia et c'est le PFC qui en profite. Les décideurs du club n'ont pas le temps de chambouler leurs plans, et les joueurs recrutés pour le National 1 évolueront bel et bien dans l'antichambre de l'élite. C'est le cas de Thomas Delaine, titulaire sur le flanc gauche de la défense parisienne dès la première journée de championnat.

Titulaire indiscutable

Le club enchaîne les victoires en septembre, au nombre de quatre en cinq rencontres. L'ancien Lensois impressionne, autant que son équipe. «C'est sûr que je suis un peu plus sollicité que d'habitude et ça me fait un peu bizarre mais quand je rentre à la maison, je reste toujours le même que j'étais à Arras. Je sais d'où je viens. C'est aussi pour ça, je pense, que j'arrive à aligner des performances intéressantes», raconte-t-il.

À la mi-saison, Thomas Delaine compte 18 matches de Ligue 2 dont 17 en tant que titulaire. Le Paris FC pointe même à une jolie place de 6ème au classement. Mais encore une fois, il refuse de s'enflammer. «De mon expérience, j'ai appris que le foot, ça va trop vite pour se projeter dans l'avenir. D'un côté comme de l'autre. Il suffit d'une blessure, d'une méforme... » Et si ça arrive ? «Ça ne me dérangerait pas de continuer ma petite vie comme elle l'était. Je suis préparé dans ma tête à ce qu'un jour ça s'arrête. Peut-être demain, peut-être à 35 ans....»

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