Info FM : à la découverte d’Abdoulaye Touré, le jeune attaquant passé d’Excellence à Stoke City !

Un mètre soixante-quatorze, soixante-huit kilos. Un centimètre de moins, le même poids que son idole, Neymar. Un modèle sur lequel le jeune attaquant s'appuie pour progresser. Un surnom aussi, celui que ses partenaires de Stoke City lui donnent à l'entraînement. Après avoir débuté au poste de n°10, Abdoulaye a rapidement été repositionné sur les ailes, le côté gauche ayant sa préférence, sa vitesse étant l'une de ses forces. Mais le jeune attaquant est comme un poisson dans l'eau dans à peu près toutes les zones du front de l'attaque. Et ce sont les supporters des Potters qui peuvent en attester chaque week-end, depuis l'été dernier.

Si le natif de Clamart (Hauts-de-Seine) n'a aucun souvenir perceptible du dernier trophée soulevé par l'équipe de France, en 2000, c'est qu'il allait venir au monde quelques mois plus tard. Abdoulaye Touré a débuté le foot avec ses copains du quartier puis chez les U9/U10 de l'AS Voltaire, à Chatenay-Malabry, dans son 92 natal. « Abdou », comme l'appellent ses proches, évolue alors en Excellence, quand les jeunes pépites dénichées par les clubs formateurs brillent bien souvent en Promotion d'Honneur. Il ferait presque figure d'exception. Mais s'il est déjà doté de réelles aptitudes dès son plus jeune âge, Abdoulaye préfère rester près de chez lui, proche de son école, et ne souhaite pas s'exiler chez les grosses écuries du département, comme l'ACBB ou le Montrouge FC 92.

L'hésitation avant le départ

« J'ai préféré rester près de chez moi, même si je savais que ça allait être compliqué de signer dans un club prestigieux, vu le niveau dans lequel j'évoluais. » Dès la catégorie U13, Abdoulaye est repéré lors de journées de détection du côté de Clairefontaine. Un lieu qui a vu tant de talents côtoyer ses pelouses. Il part faire un essai à Sochaux et le Havre se positionne déjà. « A ce moment-là, j'ai refusé les avances de plusieurs clubs pensant que j'étais encore trop jeune pour déjà tenter l'aventure loin du 92. » Si d'autres auraient sauté sur l'occasion, Abdoulaye mûrit son projet et continue à travailler. Il prend le temps de grandir surtout et pense à l'école. « À l'école, je n'étais pas si mauvais que ça, c'est pour ça que je n'ai pas abandonné, » raconte le joueur qui fréquente toujours ses bancs aujourd'hui.

Resté proche du cocon familial, le jeune attaquant va malgré tout rapidement prendre son envol. Alors qu'il évolue en U15, le Havre revient à la charge. Après plusieurs essais et divers stages de détection, il voit ses concurrents disparaître tour après tour et se retrouve parmi un groupe de cinq élus. En balance entre Le Havre AC et le SCO Angers, Abdoulaye opte finalement pour la Normandie, à tout juste 15 ans, et intègre la formation chez les U16 du club doyen. Après seulement quelques matches disputés en Division d'Honneur, avec les U17, il est rapidement surclassé et évolue avec les U18 nationaux. Il réalise une saison pleine avec des partenaires plus âgés et termine major de sa promotion* pour sa première saison en Normandie.

« Habitué des décisions difficiles »

Au moment d'évoquer ce qui le caractérise, ce dribbleur né ne passe pas par quatre chemins. Il se connaît bien et le langage du football n'a aucun secret pour lui. « Je suis très rapide, depuis petit. Bon en un-contre-un, j'aime bien aller défier mon vis-à-vis, et je suis beaucoup dans la percussion aussi. Et puis, j'aime combiner et jouer dans des espaces serrés, » raconte-t-il, d'un ton robotique, comme une machine parfaitement programmée pour faire mal aux défenses. Cristiano Ronaldo, Eden Hazard, Neymar, les plus grands joueurs l'inspirent. Il scrute leurs mouvements, reproduit leurs gestes, sans pour autant négliger ce qui fait la force des attaquants modernes : travailler sa singularité, se démarquer.

Après une année prometteuse en Seine-Maritime, le joueur qui va sur ses 16 ans se lance, déjà, un nouveau défi. Celui de rejoindre l'autre rive de la Manche. L'Angleterre ! Et de tenter de faire son trou là-bas. Un pari osé, dont Abdoulaye a bien conscience : « partir en Angleterre, c'est quelque chose de risqué. Mais je suis quelqu'un qui a été habitué à prendre des décisions qui ne sont pas les plus faciles. J'ai beaucoup parlé avec ma famille et je pense que c'était ce qu'il y avait de mieux pour moi, pour me faire grandir. Aujourd'hui, je le ressens dans mon jeu. » Et Abdoulaye ne regrette absolument pas son choix.

Un des leaders de son vestiaire

Inscrite dans la North Division de Premier League, l'équipe U18 de Stoke City est installée en milieu de tableau (7e sur 12), devancée par Manchester City, Everton, Manchester United ou Liverpool. Si les jeunes Potters comptent 3 victoires et 2 matches nuls pour 5 défaites cette saison, les résultats semblent secondaires pour des joueurs qui veulent avant tout se montrer. Après une saison d'acclimatation, Abdoulaye débute ce nouvel exercice sur les chapeaux de roues, enchaînant 4 buts et 2 passes décisives lors des 4 premières rencontres. Sa maîtrise de l'anglais l'aide à progresser et son rôle au sein de l'équipe évolue en cours de saison. Abdoulaye se mue davantage en passeur. Décisif contre les Reds, les Red Devils et les Citizens, il est conscient qu'il faut redoubler d'efforts face aux grosses écuries.

Plus important encore, il a la confiance d'un coach qui l'a suivi de U16 à U18. Ce dernier a d'ailleurs fait de lui un leader du vestiaire. « Il compte beaucoup sur moi, me prend à part pour discuter et me confier des directives. Il me dit que mon rôle ne se résume pas à enchaîner les buts. Dans les moments difficiles, il veut que j'essaie de créer quelque chose. Cela me fait énormément progresser que l'on me confie un autre rôle. » Un palier de plus franchi par Abdoulaye, qui découvre depuis quelques semaines les entraînements avec les U23, équipe réserve du 13e de Premier League. Le Real Madrid, Manchester United, ou le Paris Saint-Germain, destinations rêvées par le tout jeune attaquant, sont encore loin, mais la trajectoire de l'Altoséquanais est fulgurante.

L'importance du père

Si Abdoulaye Touré a brûlé les étapes, ses ailes restent intactes. Grâce notamment à un papa passionné du ballon rond et ancien footballeur amateur au Mali, qui l'incite à garder la tête sur les épaules. « Ma famille est là pour moi, on discute beaucoup. Je pense que c'est ce qui fait ma force aujourd'hui. D'être bien entouré, » raconte l'attaquant, qui parvient peu à peu à partager son rêve avec les siens, lui qui au départ n'aimait pas qu'on vienne le voir jouer. « Je n'aimais pas trop que l'on vienne me voir jouer étant petit. Mon père a toujours cru en moi mais ne m'avait jamais vu jouer avant le Havre. Depuis que je suis en Angleterre, il me demande de lui envoyer des vidéos. » Les temps changent, la distance rapproche le père et son fils.

Exilé outre-Manche, dans un club ambitieux, si ce n'est prestigieux, Abdoulaye Touré voit plus loin. Son esprit se plaît à imaginer un futur dans un grand club. « Bien sûr, j'aimerais rejoindre l'un des plus grands clubs du monde, qui me font rêver. Cela dépend de l'avenir, de mes efforts, mais bien entendu pas que de moi. » Il garde également l'équipe de France dans un coin de la tête, espérant être un jour appelé, sans pour autant se mettre trop de pression. Ce week-end, les U18 de Stoke City sont tombés face à Arsenal en Coupe d'Angleterre (4-2). Si le résultat laisse des regrets à Abdoulaye, le but et la passe décisive dont il a été l'auteur le font se projeter vers l'avenir avec un sentiment de sérénité. A seulement 17 ans, la vie n'a certainement pas fini de le surprendre.

*les jeunes joueurs Ciel & Marine du Centre de Formation sont évalués selon les critères scolaires, sportifs et comportementaux.